Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

samedi 13 août 2016

Les 500 ans de l’émirat du Mont-Liban (1516-2016) - L'Orient-Le Jour

Les 500 ans de l'émirat du Mont-Liban (1516-2016) - L'Orient-Le Jour

Les 500 ans de l'émirat du Mont-Liban (1516-2016)

En marge de la visite le 6 août 2016 du patriarche maronite au Chouf, à l'occasion du 15e anniversaire de la réconciliation de la Montagne libanaise (4 août 2001), il serait important de souligner que cette année coïncide avec les 500 ans de l'émirat du Mont-Liban.
En effet, après la conquête ottomane sur les Mamelouks en 1516, le sultan ottoman Sélim 1er (le hardi ou le terrible, neuvième sultan ottoman et le premier à porter le titre de calife, père de Soliman le magnifique) octroya la prééminence sur la montagne libanaise à un émir de la famille Maan, Fakhreddine 1er (fierté de la religion, 1516-1544) auquel succéda son fils Korkomaz (sans crainte en turc, 1544-1585) père de Fakhreddine II le Grand (1590-1635), considéré lui-même grâce à sa bravoure et ses accomplissements, comme le père incontestable de la nation libanaise. Ces trois émirs druzes furent tous les trois assassinés ou exécutés, par l'Empire ottoman.
Certes l'émirat n'était pas à proprement parler une principauté fixe et autonome au sein de l'empire, mais les émirs étaient une sorte de gouverneurs, chargés entre autres de faire régner l'ordre et de recueillir les impôts, et avaient le droit d'avoir leur propre armée, leur drapeau et leurs bâtiments officiels notamment des fortifications et dont la charge se transmettait héréditairement au sein de la même dynastie après consentement du sultan ottoman.
C'est cette transmission au sein d'une même famille (deux dynasties : les Maan druzes – 1516-1697 : six émirs et les Chehab sunnites – dont certains convertis dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle au maronitisme – 1697-1842 : huit émirs) ainsi que les fonctions régaliennes dévolues aux émirs, qui vont faire naître l'entité libanaise et assurer une continuité historique et en grande partie géographique (les frontières étaient changeantes et extensibles, et ont pu s'étendre du temps de Fakhreddine II jusqu'à Palmyre, même si l'émirat était partagé administrativement entre les pachaliks de Damas, Tripoli et plus tard sous les Chehab, Saïda).
Un véritable système militaire, politique, économique, social et surtout culturel s'est mis en place, à partir de 1516 avec l'émirat et l'alliance dans la Montagne libanaise, entre les deux communautés minoritaires, druze et maronite. Les chiites avaient été persécutés et largement déplacés vers le Sud et la Békaa par les Mamelouks (1250-1516) qui avaient vaincu les Croisés et précédé les Ottomans. Les orthodoxes et les sunnites s'étaient eux, fondus dans l'Empire byzantin, puis avec la chute de Constantinople (1453), dans l'Empire ottoman.
C'est ce système qui donnera lieu, à la fin de l'émirat (1842), aux deux entités politiques et administratives, au sein de l'Empire ottoman, le double caïmacamat, druze et maronite (1842-1860) et la moutassariffiya (1860-1918) et sera à la base de la proclamation sous mandat français, du Grand Liban pluricommunautaire dans ses frontières actuelles (1er septembre 1920) et de la République libanaise indépendante (1943).
Qu'on le veuille ou pas, cette entité libanaise s'est effectuée à travers cinq siècles d'histoire et s'est construite, grâce à cette disposition géographique particulière, entre la côte longue et étroite sur le versant est de la Méditerranée (220 km), la chaîne de montagnes verdoyante, continue et escarpée du Mont-Liban (160 km), la plaine fertile de la Békaa (120 km) et la chaîne de montagnes aride, continue et peu habitée de l'Anti-Liban (150 km), qui nous sépare de la Syrie. Un pays presque parallèle, à la fois ouvert, divers et naturellement enclavé.
L'histoire du Liban contemporain ne peut faire l'économie de ces cinq siècles d'histoire moderne en Orient, qui ont créé cette spécificité libanaise, au sein de l'Empire ottoman naguère et aujourd'hui, au sein du monde arabe. L'âme libanaise profonde s'est nourrie de cette histoire et s'est enracinée dans cette géographie. Si elles ne sont pas intériorisées par les Libanais, toutes communautés confondues, elles ne peuvent pas engendrer une cohésion et renforcer un sentiment d'appartenance nationale.
Certes la visite du patriarche maronite à la montagne druze-maronite est essentielle dans le processus de la réconciliation et de la résistance à la tutelle syrienne, surtout après les massacres fratricides de 1983, qui avaient ravivé le souvenir tragique, de ceux de 1860, mais à long terme il s'agit de proposer à tous les Libanais une histoire nationale qui s'étend sur une échelle plus longue.
Affirmer aujourd'hui l'originalité et l'existence historique de cette entité libanaise est une manière d'établir définitivement notre identité nationale, transcommunautaire et pluriculturelle. Ces cinq siècles dont l'émirat du Mont-Liban (1516-1842) et le Grand Liban (depuis 1920) en sont la traduction, l'incarnation et la continuité.
Dès le départ, le premier émir Fakhreddine 1er (1516-1544) étend sa domination territoriale jusqu'à Tripoli au Nord et Jaffa au Sud. Il fait construire des édifices publics et des fortifications, et dispose d'une administration et d'une armée. Ce qui laisse supposer une stabilité et une prospérité lors de son règne. C'est lui qui restaure la première mosquée construite en 1493 dans la montagne libanaise (pour ses mercenaires sokmans). D'ailleurs cette mosquée porte toujours aujourd'hui son nom, sur la place de Deir el-Qamar (couvent de la Lune). Cette ville fut la capitale de l'émirat depuis Fakhreddine II (dont le palais est sur la même place), jusqu'à la construction de Beiteddine en 1818 par Béchir II, sur un promontoire face à Deir el-Qamar.
Fakhreddine II Maan le Grand (1590-1635) et Béchir II Chéhab le Grand (1789-1840) régneront à deux siècles d'intervalle, chacun presqu'un demi-siècle, et seront à plus d'un titre, les deux grands émirs (sur les quatorze), dans l'histoire de la montagne libanaise.
Le patriarche maronite s'est d'ailleurs référé dans son discours directement au premier et indirectement au second à travers sa famille, par égard à son hôte Walid Joumblatt dont l'ancêtre cheikh druze Béchir Joumblatt avait été le plus proche allié puis le rival féroce de l'émir maronite Béchir II Chéhab. L'emprisonnement et l'exécution du premier après sa défaite, sur l'instigation du second fut la première coupure historique violente et sanglante entre les deux communautés. La visite du patriarche, outre le souvenir de la réconciliation, avait également pour occasion la restauration de l'église Notre-Dame el-Durr construite par Béchir Joumblatt en 1820 en hommage à ses alliés maronites, les cheikhs el-Khazen, gardiens historiques de Bkerké. Durant l'émirat, le système communautaire libanais était doublé par un système de féodalité transcommunautaire.
On pourrait également signaler la coïncidence de la visite du patriarche, avec le 444e anniversaire de la naissance de Fakhreddine II (né à Baakline, le 6 août 1572 et exécuté avec trois de ses fils, à Istanbul le 13 avril 1635). Les dates symboliques de naissance et de mort en fournissant des repères aident à construire le discours identitaire.
Le processus historique et culturel de ces cinq siècles devrait être étudié dans son ensemble pour parvenir jusqu'à nous. En dehors de l'histoire et d'une mémoire commune, nous ne pouvons pas projeter un avenir ensemble. Certes cette aventure commencée il y a cinq siècles a beaucoup évolué et s'est beaucoup enrichie notamment durant le dernier centenaire (depuis 1920, date à laquelle Walid Joumblatt s'est également référé et dont il ne faudrait pas rater la commémoration le 1er septembre 2020, dans quatre ans).
Au-delà des communautés, des clans, des féodalités et des familles, l'histoire du Liban a construit une entité et une expérience libanaises d'autonomie, de souveraineté, de libertés individuelles et de groupes, de pluralisme culturel partagé, dont tous les Libanais devraient aujourd'hui se sentir dépositaires et solidaires. Il est grand temps de tirer les leçons de ces cinq siècles et d'en assumer collectivement cet héritage global.
Le Liban moderne commence avec l'émirat en 1516 et se poursuit avec le Grand Liban en 1920. Ce petit pays est très précieux pour lui-même, pour son environnement et pour notre monde globalisé aujourd'hui. C'est une histoire miraculeuse et improbable qui a coûté d'énormes sacrifices humains et qui constitue une exception et un espoir.
En se replaçant dans la continuité de l'histoire et en l'absence affligeante et criminelle, depuis plus de deux ans, d'un président de la République (ce à quoi le patriarche maronite et son hôte druze se sont référés), nos dirigeants et surtout les maronites, qui en assument une double responsabilité, compte tenu du privilège, hélas de plus en plus immérité, qui leur a été accordé, devraient considérer qu'ils sont les gardiens de cette histoire et de ces institutions qu'il a fallu patiemment construire et que leur égoïsme et leur narcissisme ne font qu'accélérer leur déclin et celui de leur pays.



JTK

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