29/5/2013-Faut-il accueillir des réfugiés syriens en Europe ? | La-Croix.com
Plus de 1,5 million de Syriens ont fui leur pays depuis le début du conflit en mars
Près de 500 000 sont enregistrés comme réfugiés au Liban, 500 000 en Jordanie, 400 000 en Turquie et 100 000 en Irak. Ils ne sont que quelques milliers en Europe.
ENTRETIEN Philippe Leclerc, représentant du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) en France
« La situation est catastrophique. Le conflit syrien continue de générer le départ en masse de réfugiés vers les États voisins : Jordanie, Liban, Turquie et Irak. Par exemple, la semaine dernière 2000 personnes franchissaient chaque jour la frontière vers la Jordanie. Dans ce pays, les réfugiés représentent environ un habitant sur huit, ce qui est considérable. Un tel afflux présente des risques pour la stabilité et la sécurité des États hôtes.
Si tous assurent qu'ils continueront à accueillir des Syriens, ils attirent l'attention sur les conséquences sociales et financières de cet afflux. De nombreux réfugiés en effet ne résident pas dans les camps. En Jordanie et surtout au Liban, la plupart sont installés dans les villes et les villages. Ils pèsent sur les services publics destinés à l'ensemble de la population. Les effectifs des écoles sont en forte augmentation, obligeant la création de classes supplémentaires. Il y a davantage de malades à prendre en charge dans les hôpitaux.
Au Liban, des citoyens ont du mal à accéder au marché de l'emploi du fait de la concurrence des Syriens. Ici et là, on constate aussi une augmentation des loyers du fait de l'arrivée massive d'étrangers. Cela peut générer un phénomène de rejet de la part des populations locales. D'où la nécessité de soutenir les communautés d'accueil, à travers par exemple le paiement de factures électriques ou la fourniture d'eau.
Les voisins de la Syrie attendent davantage de solidarité des Européens. Cela passe non seulement par une aide financière mais aussi par l'accueil direct des Syriens. Le Haut-Commissariat aux réfugiés demande donc aux États européens de faciliter l'accès à leur territoire pour les demandeurs d'asile, en facilitant le regroupement familial ou en supprimant les visas de transit que des Nations comme la France exigent des citoyens syriens. Rappelons que ce mécanisme n'a pas été créé pour fermer les frontières aux réfugiés, mais pour freiner les migrations économiques.
Au cours des deux dernières années, peu de Syriens ont demandé le droit d'asile en Europe car beaucoup espèrent pouvoir rentrer chez eux. Un millier d'entre eux ont déposé un dossier en France, 11 000 en Allemagne et autant en Suède. Mais si les conditions de vie deviennent trop difficiles en Jordanie, au Liban ou en Turquie, ils seront tentés de quitter le Proche-Orient. »
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