Syrie : Hommage aux otages et appels à leur libération
31/01/2014
Il y a un an, le 9 février, les prêtres Mikael Kayal, arménien, et Maher Mahfouz, syro-orthodoxe, étaient enlevés à Alep, où seront également enlevés deux archevêques orthodoxes deux mois plus tard, le Métropolite Boulos Yazge, et Mgr Youhanna Ibrahim (22 avril). En décembre dernier, c'est un groupe de 12 religieuses orthodoxes du monastère de sainte Thècle qui était kidnappé à Maaloula, au milieu des montagnes de Qalamun, entre Damas et Homs.
Pour tous ces « chers frères et sœurs », la communauté du Collège pontifical arménien à Rome souhaite une libération immédiate et invite les chrétiens à une journée de prière, le 16 février prochain, pour marquer leur soutien à « toutes les victimes innocentes » du conflit syrien. Une messe sera célébrée ce jour-là à l'église arménienne saint-Nicolas-de-Talentino, à Rome, à l'initiative du Collège pontifical arménien (cf. Zenit).
Mais en juillet dernier, disparaissait aussi en Syrie le père jésuite italien Paolo Dall'Oglio, symbole du dialogue entre chrétiens et musulmans. Celui-ci était parti dans le nord de la Syrie pour tenter, entre autres, de négocier la libération des deux évêques. Mercredi dernier, une journée de prière a été organisée pour sa libération et celle de tous les autres détenus en Syrie : à Paris, Lyon, Marseille, Rome, Milan, Bologne, Beyrouth, Souleymanié (nord de l'Irak), Dubaï et Doha, Berlin, Londres, La Haye, Genève, Grenoble, Strasbourg, Bruxelles, Montréal, selon les organisateurs, membres du collectif formé d'anciens de sa communauté, Al-Khalil.
Très connu en Syrie pour ses prises de positions courageuses, Paolo Dall'Oglio y avait fondé une communauté dans un ancien monastère à Mar Moussa, avant d'être invité par le régime Assad à quitter la Syrie en 2012. Mais à la demande de sa famille, cette journée de veille et de prière devait commémorer l'activité humanitaire du prêtre, sans mettre l'accent sur son engagement politique.
« Nous n'avons pas de nouvelles du père Dall'Oglio. Tant de voix circulent dont on ne peut vérifier la véracité. D'ici quelques semaines, douze mois auront passé depuis l'enlèvement de deux autres prêtres, près d'Alep, catholique arménien et grec catholique. Dans trois mois, cela fera un an que deux évêques orthodoxes ont été enlevés. De toutes ces personnes, nous n'avons hélas aucune nouvelle », a commenté mercredi sur Radio Vatican le nonce à Damas, Mgr Mario Zenari, soulignant que « des milliers de personnes sont kidnappées » en Syrie pour des motifs souvent crapuleux.
« La libération des otages, une exigence pour la paix » : c'est le cri lancé, au nom de toute l'Église orthodoxe russe, par le patriarche Cyrille de Moscou aux participants à la conférence de Genève II pour la paix en Syrie, qui s'est ouverte le 22 janvier 2014 à Montreux, en Suisse. Selon lui, le premier pas vers la paix et la stabilité doit être « la libération des otages et l'empêchement de toute profanation des sanctuaires religieux, des monuments culturels et historiques », rapporte Radio Vatican. Pour lui « leur libération immédiate serait un témoignage probant de la bonne volonté de l'opposition dans la recherche de la paix et de la concorde sur le sol syrien ».
« Rappelez-vous, a-t-il lancé aux participants, il est facile de détruire un monde, mais panser les blessures d'une guerre peut durer des décennies, et les vies humaines ne seront jamais rendues. Tout pas vers la réconciliation, vers le rétablissement de l'ordre et la mise en place d'une nouvelle prospérité sera béni de Dieu ».
La Syrie, a-t-il insisté, « doit rester un Etat où les droits et la dignité des représentants de tous les groupes nationaux, ethniques et religieux sont respectés », et donc un pays où « la sécurité et la liberté religieuse des chrétiens qui vivent au Moyen-Orient depuis plus de deux mille ans et qui font partie intégrante de la société syrienne, doit leur être absolument garantie, au même titre que celles des autres habitants du pays ».
Le patriarche Cyrille de Moscou a prié les participants à la conférence de Genève II de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir « l'arrêt immédiat et inconditionnel des opérations militaires et la mise en place d'un dialogue entre tous les Syriens », et appelé « tous les hommes de bonne volonté à faire leur possible pour arrêter l'escalade de la violence en Syrie" en à cesser d'apporter un soutien financier ou militaire extérieur à ces groupes. « J'appelle, a-t-il conclu, à laisser le peuple syrien décider lui-même la voie qu'il souhaite prendre ».
Rappelons que parmi les otages en Syrie, figurent aussi quatre journalistes français : Didier François (grand reporter à Europe 1) et Edouard Elias (photographe) sont retenus en Syrie depuis 240 jours. Nicolas Hénin (Le Point, Arte) et Pierre Torres (photographe indépendant) depuis plus de 200 jours.
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