16/4/2014-Le patriarche maronite à Genève : Les chrétiens et l'avenir du Proche-Orient
Mgr Béchara Raï à l'ONU avec Mgr Boulos Sayyah, vice-patriarche, et le nonce Silvano Tomasi.
Zahi HADDAD | OLJ16/04/2014
Vidéo youtube sur le message de Pâques :
http://youtu.be/m_O3gH6pCT0
Le patriarche maronite Béchara Raï était de passage à Genève, la semaine dernière, pour rencontrer la communauté libanaise et les Genevois, mais aussi pour donner une conférence au siège européen des Nations unies sur « Les chrétiens et l'avenir du Proche-Orient ».
C'est à l'initiative du nonce apostolique Silvano Tomasi, représentant le Saint-Siège auprès de l'ONU à Genève, que le patriarche Raï a fait un passage remarqué en Suisse. Pris en charge par l'Association pastorale maronite en Suisse, son programme de visite a d'abord commencé par l'hôtel Intercontinental pour un dîner avec quelque 150 représentants de la Genève locale, internationale et libanaise, et s'est conclu à la paroisse Jean XXIII, à Saint-Nicolas de Flüe, pour une messe solennelle.
Mais le point d'orgue de ce déplacement helvétique a été la conférence donnée au Palais des Nations devant un parterre de diplomates, journalistes et fonctionnaires internationaux, venus tenter de comprendre la place des « Chrétiens et le futur du Proche-Orient », sujet relativement peu relayé malgré l'intérêt suscité pour une région qui reste, avant tout, empreinte de mystères et de fantasmes.
Le responsable maronite a d'ailleurs commencé par rappeler la présence des chrétiens au Proche-Orient, depuis deux millénaires, ainsi que leur contribution, tant spirituelle que culturelle et économique, au développement des pays dans lesquels ils sont établis. « Les chrétiens sont des citoyens authentiques et originels de la région et leur interaction culturelle avec les musulmans a contribué à la modération et à l'ouverture » au Proche-Orient. Le patriarche a, en outre, défendu l'apport de « valeurs évangéliques, comme la sacralité de la vie humaine, la dignité de la personne, les libertés et les droits fondamentaux, la solidarité et l'interdépendance, la culture de la justice et de la paix, l'unité dans la diversité, les droits de citoyenneté, le respect de la différence, le sens de la démocratie, le dialogue et la participation à la gouvernance de la nation, l'ouverture et la modération ».
Sources instables
Dans la deuxième partie de son exposé, le patriarche a énuméré les causes de déstabilisation du Proche-Orient avec, en premier lieu, les « politiques décidées de l'extérieur », qui cherchent à modeler la région à leur guise. Dans son énumération, on trouve encore la récente « dislocation des régimes arabes » qui a souvent mené à la « mainmise d'une seule catégorie politique sur le pouvoir... marginalisant les autres entités ». La création de l'État d'Israël a, quant à elle, « attisé un conflit ouvert avec les Palestiniens et les pays arabes, introduisant la région dans une lutte idéologique, religieuse et confessionnelle ».
Et lorsqu'il aborde le conflit syrien, le patriarche maronite préconise un cessez-le-feu immédiat, la promotion des droits humains et un engagement, sans préconditions, de toutes les parties, pour que « les réfugiés syriens puissent rentrer chez eux ». En attendant, il demande à la communauté internationale de mettre en place « des camps d'hébergement dans les régions sûres en Syrie même » et de mettre « de côté ses intérêts propres ».
Solutions d'avenir
Puis se tournant vers l'avenir, le patriarche a exprimé l'espoir d'une accession au pouvoir de régimes modérés, « respectueux des droits de l'homme et de la liberté de conscience, de culte et d'opinion », ainsi qu'une « participation active de tous à la gouvernance des affaires de l'État ». Il a souhaité une « médiation active des pays amis et de la diplomatie du Saint-Siège pour encourager » les États de la région à « régler l'ensemble de leurs conflits par voie de négociations et non par les confrontations indirectes ».
Pour Béchara Raï, la stabilité régionale doit également passer par la résolution du conflit israélo-palestinien et l'application des « résolutions du Conseil de sécurité », relatives au retour des réfugiés, la création d'un État palestinien et « l'établissement d'un statut spécial pour la ville de Jérusalem afin qu'elle devienne une ville sainte ouverte au judaïsme, au christianisme et à l'islam ».
Séparation des pouvoirs
Au moment d'en terminer, le patriarche a appelé les religions du Proche-Orient à se séparer de la politique, tout en privilégiant une « indispensable collaboration ». « Tant que cette opération n'est pas faite, nous ne pouvons pas parler de démocratie, de libertés et de droits de l'homme. Le Liban offre un exemple dans ce sens. » Et de conclure : « Chrétiens et musulmans du Proche-Orient sont appelés à construire ensemble un avenir de convivialité et de collaboration, en vue du développement humain et moral de leurs peuples. »
Un argumentaire ambitieux qui, malgré les difficultés actuelles sur le terrain, a touché un auditoire international et onusien, lui aussi rompu au dialogue et à la mise en commun des efforts.
- 19/4/2014- Raï appelle les députés à élire "le meilleur président pour le pays"
OLJ19/04/2014
"Avec le peuple libanais, nous appelons à la protection de l'Etat et de l'argent
public", souligne le patriarche dans son message pascal.
Dans son message de Pâques cette année, le patriarche maronite Béchara Raï a indiqué samedi que "nous devons en cette occasion aspirer à une nouvelle vie capable de nous sortir de nos anciennes traditions". "La résurrection des cœurs est celle qui mène à la résurrection finale, en corps et en âme", a-t-il ajouté. Selon le patriarche, "nous somme appelés à renouveler notre vie et nos forces afin de sortir d'un passé routinier."
Ce renouvellement, selon le chef de l'Eglise maronite, concerne aussi les hommes politiques au Liban, notamment les députés et les ministres qui sont appelés à se consacrer au service du bien général, pour l'intérêt de tout le monde.
"La situation présente doit rappeler aux responsables que leur identité politique leur impose le devoir d'organiser la vie publique dans toutes ses ramifications et de gérer les affaires de l'Etat, a poursuivi le patriarche. Avec le peuple libanais, nous appelons à la protection de l'Etat et de l'argent public, nous appelons aux reformes nécessaires et à la résolution, au sein du Parlement, de toutes les questions en suspens".
Mgr Raï a remercié Dieu pour le gouvernement rassembleur qui œuvre à assumer ses responsabilités. "Nous remercions également le Parlement qui est appelé à élire un nouveau président de la République, un choix qui devrait être mûr à travers les séances électorales qui commencent mercredi prochain", a-t-il souligné.
Et de poursuivre : "Le regard du monde est tourné vers l'Assemblée : nous espérons que les députés respecteront leur devoir qui leur impose d'être présents et d'élire, en vertu des prérogatives qui leur ont été conférées par le peuple, le meilleur président pour le pays".
Les députés ont été convoqués le mercredi 23 avril à midi pour élire un nouveau chef de l'Etat devant succéder à Michel Sleiman dont le mandat s'achève le 25 mai. "La majorité des groupes parlementaires ont donné un avis favorable à la tenue de cette session et garanti que le quorum sera atteint", a expliqué à l'AFP Michel Moussa, un des trois députés désignés par M. Berry pour discuter avec les groupes parlementaires et les partis politiques de cette session. Pour la tenue d'une telle session, la présence des deux-tiers des 128 députés est requise.
21/4/2014-Présidentielle : le patriarche maronite appelle les députés à faire leur devoir
OLJ21/04/2014
Le patriarche maronite Béchara Raï a exhorté dimanche les députés à assister aux séances parlementaires en vue d'élire un nouveau président libanais.
"Les députés doivent jouer leur rôle et élire un nouveau président", a déclaré le patriarche lors de son sermon à Bkerké. "C'est un honneur pour les députés d'élire le chef de l'État", a-t-il souligné, rejetant tout vide à la tête du pays.
Le président de la Chambre, Nabih Berry, a convoqué mercredi dernier l'Assemblée le 23 avril afin d'élire un nouveau chef de l'État. Le collège électoral devra donc se présenter à la séance pour élire un successeur au président Michel Sleiman, dont le mandat expire le 25 mai. Jusqu'à présent, seul le leader chrétien Samir Geagea a officiellement fait acte de candidature. Ce dernier a annoncé mercredi dernier son programme électoral.
En s'adressant au président Michel Sleiman, présent à la messe, le patriarche a déclaré: "Vous avez dit la vérité, et confronté tout le monde sur les scènes locale et internationale".
Envoyé de mon Ipad