Franz Van Der Lught
La citoyenneté comme voie de sainteté
Par Boutros Hallaq
Franz n'est pas le premier prêtre ou religieux à donner sa vie pour la Syrie. Il fait partie d'une cohorte d'âmes ardentes qui se sont mises au service des autres au mépris de leur vie.
Pourtant, son assassinat a suscité une émotion toute particulière, tant chez ceux qui l'ont fréquenté de près qu'auprès de ceux qui l'ont connu dernièrement à l'occasion de l'appel qu'il a lancé à Noêl 2013 pour sauver la vie des assiégés à Homs, ou seulement après l'annonce de sa mort.
Venu de sa Hollande natale pour servir dans la province du Proche-Orient de la Compagnie de Jésus, il a vite opté pour la Syrie. Pendant près de cinquante ans, il l'a servie de multiples manières : par l'écoute individuelle et compétente (en tant que psychanalyste) de toute personne en peine ; par les longues marches à travers la Syrie en toute saison rassemblant des centaines de jeunes de tous horizons et communautés ; par la fondation de « Al-Ard » près de Homs comme lieu de production, de d'habilitation professionnelle, de rencontres (y compris pour des stages de Zen) et de réhabilitation des handicapés moteurs. Et surtout, par sa volonté de rester à Homs assiégée et détruite pour accueillir les réfugiés civiles de toute obédience et leur assurer une certaine protection et survie, en partageant leur sort, à 75 ans passés.
L'ayant connu de près quelque temps après son arrivée au Proche-Orient, et devenu par la suite le parrain baptême de l'une de nos filles, je crois pouvoir traduire, à ma manière, la foi qui l'animait, voire le secret de sa "sainteté", terme qu'il aurait décliné à coup sûr.
Toujours disponible et accueillant avec affabilité, son attitude de fraternité "virile" appelait chacun à prendre conscience de sa dignité d'homme et de femme pour affronter les difficultés et vivre pleinement sa vie, en puisant ses ressources, sinon dans une fois éclairée, du moins dans son humanité même. Pour lui, prenait toute sa valeur cette réflexion d'un père de l'Eglise: « La grandeur de Dieu c'est l'homme vivant», et Franz aurait ajouté : « l'homme debout ». Cela se traduisait dans son comportement : jamais abattu même dans les épreuves les plus atroces, toujours prêt à aller de l'avant. D'où son appel connu de tous : Ila al-amâm ! (En avant !). Il trouvait la force de l'âme, de l'esprit et du corps dans la méditation continue de l'évangile vécu dans les aléas de l'ici-maintenant, mais aussi dans un humanisme ouvert à toute valeur humaine, dans l'exercice continuel du corps (la marche) et de l'esprit (humanisme ouvert à l'universel) et dans la pratique quotidienne du yoga et du zen auxquels il ne cessait d'initier les groupes venus vers lui.
Je reste, cependant, particulièrement sensible à l'un de ses traits de génie, grâce auquel il sut identifier le point névralgique de la société syrienne, celui que la guerre civile a si tragiquement révélé par la suite. Il acquit l'intime conviction que la voie vers la modernisation, le développement et même l'humanisation tout court, passait par le fait de vivre simplement et quotidiennement les valeurs de la citoyenneté. Dans le climat de dissensions et de violence contenue des dernières décennies, être chrétien, croyant ou un simplement humain, , signifiait pour lui : s'efforcer de vivre ces valeurs que tout un chacun revendiquait et bafouait à la fois. Brandis de toute part, les slogans de Démocratie, Modernisation, Progressisme, Authenticité… se vidaient de leur sens. Il fallait de l'héroïsme, dans un tel contexte, pour vivre la citoyenneté comme une vertu allant de soi. Je me plais à croire que, pour lui, la sainteté passait obligatoirement par là, par ce que j'appellerais « La sainteté de la citoyenneté ordinaire ». Il en fallait, de la sainteté, pour que lui, l'étranger et qui plus est vient d'un Occident qui est loin d'être indemne des malheurs et tragédies du Proche-Orient, puisse incarner à ce point parmi les Syriens la figure de la citoyenneté.
Pourquoi n'oserais-je pas, malgré ma réticence à user du terme de martyr si galvaudé par mes concitoyens, appliquer à Franz Vander Lught, jésuite néerlandais, cette adresse du poète palestinien Mahmoud Darwiche au Christ : « De nous tous, tu es le Martyr le plus beau ! ».
Boutros Hallaq
Professeur émérite de littérature arabe
Sorbonne Nouvelle – Paris III.
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Annonce :
A TOUS CEUX QUI L'ONT CONNU ET/OU AIMÉ
Une messe solennelle
présidée par le Provincial de France de la Compagnie de Jésus
sera célébrée, à Paris
Le lundi 14 avril, à 18h3O
En l'Eglise Saint Ignace
Adresse :
33, rue de Sèvres, Paris 6
Tél. 01 45 48 25 25
Métro : Sèvres-Babylone (lignes 10 et 12)
Bus: 39, 70, 87
Envoyé de mon Ipad
Arabes du Christ
" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
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