Le génocide arménien commémoré en Turquie aussi
D'une façon totalement inattendue, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a présenté le 23 avril les condoléances de la Turquie « aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915 » lors des massacres visant cette communauté sous l'empire ottoman. Le chef de gouvernement turc s'exprime pour la première fois aussi ouvertement sur ce drame survenu entre 1915 et 1917, reconnu comme le premier génocide du XXe siècle par de nombreux pays, sauf la Turquie.
« C'est un devoir humain de comprendre et de partager la volonté des Arméniens de commémorer leurs souffrances pendant cette époque », selon le communiqué. « Nous souhaitons que les Arméniens qui ont perdu la vie dans les circonstances du début du XXe siècle reposent en paix et nous exprimons nos condoléances à leurs petits-enfants.
Un épisode de l'histoire tabou en Turquie
Le 24 avril 1915 des centaines de milliers d'Arméniens de l'empire ottoman avaient été déportés, nombre d'entre eux tués (1,5 million selon les Arméniens) et la plupart de leurs biens confisqués.
Cet épisode de l'histoire était tabou en Turquie. Mais les choses ont changé, avec la publication de récits d'histoires de familles turques qui découvrent qu'un membre de leur famille est arménien. Comme le livre de Fethiye Çetin. Avocate, militante des droits de l'homme, dans « Le Livre de ma grand-mère » (1), elle raconte le secret de Seher, sa propre grand-mère, qui un jour lui révèle qu'elle est arménienne, née dans un village de la province anatolienne de Maden, rescapée du génocide.
Encore enfant, sa grand-mère est arrachée des bras de sa mère par un officier qui l'adopte comme sa fille. Elle est plus tard mariée à un Turc. Son frère a, lui aussi, échappé à la mort, comme sa mère, ce qu'elle apprendra des années après.
« Le Livre de ma grand-mère »
L'ouvrage en est à sa douzième réédition en Turquie. Il a levé le voile sur une réalité historique jusque-là occultée. Dans un second livre, Fethiye Çetin, a donné la parole aux « petits-enfants » de ces grands-parents pour qu'ils racontent leur histoire afin que la Turquie regarde son histoire en face.
En septembre 2005, le colloque sur les « Arméniens ottomans au moment du déclin de l'empire », avait réuni à Istanbul plusieurs historiens, politologues et scientifiques pour discuter ouvertement des faits historiques de 1915 et ce malgré de fortes pressions du gouvernement.
Enfin, en 2015, la communauté arménienne s'apprête à commémorer le génocide, pour son centième anniversaire, avec de nombreuses cérémonies un peu partout dans le monde.
Agnès ROTIVELEnvoyé de mon Ipad
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.