«Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête non voilée, déshonore sa tête.» Paul (épître aux Corinthiens)
Marine Le Pen a créé un malaise lors de son déplacement au Liban pour peaufiner sa stature présidentiable à l'extérieur, quitte à créer la zizanie se prévalant de la stature de la fille aînée de l'Eglise pour honorer à travers les siècles, les promesses faites par Saint Louis à l'évêque Maroun. Lors d'un premier déplacement aux États-Unis, en novembre 2011, Marine Le Pen n'avait pas été reçue par Trump. Pour Benjamin Barthe et Olivier Faye du Monde, Marine Le Pen a enfin la possibilité de le faire: «Marine Le Pen va rencontrer publiquement un chef d'Etat étranger. Il n'est pas anodin que cette percée sur la scène internationale se fasse au pays du Cèdre. Le FN y dispose de nombreux relais dans la communauté chrétienne, des contacts hérités de la guerre civile (1975-1990). «Nous avons une tendresse particulière pour le Liban, et c'est réciproque, je pense», confie au Monde Jean-Marie Le Pen. Plusieurs responsables actuels du FN se sont impliqués - armes à la main ou pas - aux côtés des chrétiens durant le conflit inter-libanais, persuadés d'y défendre les valeurs de l'Occident contre «le terrorisme révolutionnaire islamique». L'expression est de Thibault de la Tocnaye, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur et membre de la direction de campagne de Marine Le Pen. (...) Du temps de son exil en France, dans les années 1990, Michel Aoun, le champion de la cause chrétienne et du camp anti-syrien, a rencontré à plusieurs reprises Jean-Marie Le Pen. Elie Hatem, avocat organisateur du déplacement. proche de L'Action française assure avoir décroché pour «Marine» les rendez-vous avec Michel Aoun et Saâd Hariri, «un copain» qu'il aurait appelé directement à son bureau». (1)
Dans une déclaration à l'issue de l'entrevue qu'il a accordée à la présidente du parti d'extrême droite, le Premier ministre libanais Saâd Hariri a mis en garde la candidate d'extrême droite française contre tout «amalgame» entre l'islam et le terrorisme: «L'erreur la plus grave serait l'amalgame entre islam et musulmans d'une part, terrorisme d'autre part», a affirmé le chef du gouvernement libanais. «Les Libanais et les Arabes, comme la majorité du monde, considèrent la France comme la patrie des droits de l'homme et de l'Etat républicain qui ne fait aucune distinction ethnique, religieuse, ou de classe entre ses citoyens.»
Il est connu que ce type de visite est préparé bien à l'avance et la question du voile plus protocolaire et de marque de respect de l'Islam n'a pas posé de problème pour les architectes de la visite au Liban. Parmi eux l'avocat qui a préparé les rencontres et qui dit connaître Rafik Hariri le Premier ministre qui aurait demandé au grand mufti de recevoir la présidente du Front national qu'autre chose due. À l'arrivée de la présidente du Front national pour rencontrer cheikh Abdellatif Deriane, elle a refusé le foulard qui lui était tendu. L'entourage du mufti. Dar al-Fatwa, la plus haute autorité sunnite au Liban, présidée par le mufti, a ainsi déclaré dans un communiqué que «son bureau de presse avait informé la candidate à la présidentielle, par l'intermédiaire d'un de ses collaborateurs, de la nécessité de se couvrir la tête lors de sa rencontre avec son éminence (le mufti) selon le protocole de Dar al-Fatwa». L'institution sunnite a ajouté que «les responsables de Dar al-Fatwa ont été surpris par son refus de se conformer à cette règle bien connue». Elle exprime ses regrets «pour ce comportement inconvenant pour des réunions pareilles». Il est fort possible que Marine Le Pen ait voulu faire un coup d'éclat tout à fait mesquin croyant être dans les bonnes grâces des Français qui sont chrétiens, voire croisés comme elle à l'extérieur vis-à-vis de l'Islam et laïcs à l'intérieur. Ce geste non seulement ne l'honore pas, mais va lui aliéner certainement tous les Français qui ne mangent pas de ce pain-là, celui des guerres de religions à tout prix.
Pour Caroline Hayek la présidente du FN a assuré que la vocation de la France était de protéger les minorités chrétiennes au Moyen-Orient. Ses propos révèlent une vision erronée de la situation des chrétiens d'Orient, relève cette éditorialiste libanaise. Montjoie! Saint Denis! On se croirait revenu au temps où, à l'aune de la septième croisade, Saint Louis se proclamait le défenseur des chrétiens d'Orient, et plus précisément celui des maronites. Le 24 mai 1250, dans une charte adressée au patriarche maronite, Louis IX aurait déclaré que ´´pour nous et nos successeurs sur le trône de France, nous promettons de vous donner à vous et à tout votre peuple notre protection spéciale comme nous la donnons aux Français eux-mêmes´´. Une promesse que cherche à reprendre, à sa manière, Marine Le Pen, à l'occasion de sa visite au Liban.» (2).
La présidente du Front national a souligné, dans une interview à L'Orient-Le Jour, ´´le rôle absolument essentiel de la France dans la protection des chrétiens d'Orient´´, un ´´rôle historique qu'il n'est pas question d'abandonner´´, affirme Marine Le Pen, voulant s'inscrire dans la lignée de François Ier, mais bien plus encore de Napoléon III, venu à la rescousse des chrétiens du Levant lors des massacres de 1860. En 2015 déjà, Marine Le Pen, alors en visite au Caire, avait solennellement prévenu le pape copte Théodore II qu'elle ´´rendrait à la France sa vocation historique, sa mission protectrice des chrétiens d'Orient´´, si elle était élue.Si elle peut séduire les principaux concernés, sa rhétorique sur les chrétiens d'Orient ne manque toutefois pas d'être marquée par de nombreuses contradictions. C'est en tant que ´´fille aînée de l'Église´´ que la France a longtemps assumé le statut de défenseur des valeurs chrétiennes en terre d'Orient. Une image qui ne colle plus vraiment à l'identité française depuis plusieurs décennies déjà. Le chant des sirènes de la candidate d'extrême droite destiné aux chrétiens d'Orient entre en conflit avec l'ADN du discours du FN. Ce dernier prône le renforcement de l'unité de la Nation''». (2)
Les Libanais divisés
Les Libanais à des degrés divers ont été divisés sur les attendus de cette visite: «Interrogé à ce sujet par L'Orient- Le Jour, le journaliste Moustapha Hani Fahs, opposé de longue date au parti de Hassan Nasrallah, estime que «Marine Le Pen n'aurait pas dû se rendre au Liban qui ne peut pas supporter sa campagne». «Le pays du Cèdre s'oppose aux idées de la candidate française», dit-il notant, toutefois, qu'«il existe, au Liban, une sorte de «droite confessionnelle'' qui se réjouit du racisme de Mme Le Pen (...) À son tour, le coordinateur général des forces du 14 Mars, Farès Souhaid, préfère mettre l'accent sur les chrétiens du Liban en tant que modèle à suivre: «Les chrétiens libanais peuvent donner des leçons du vivre ensemble avec l'Autre, à l'heure où les Européens trouvent des difficultés à gérer des sociétés plurielles», dit-il à l'OLJ. Farès Souhaid ne cache pas, d'ailleurs, (son) «étonnement» quant à l'intérêt si particulier accordé au Liban et aux chrétiens de la région. «Cela est très douteux», souligne le coordinateur général du 14 Mars avant de poursuivre: «Nous estimons que tous ceux qui prétendent nous protéger se protègent eux-mêmes.» Selon lui, «Michel Aoun n'aurait pas dû recevoir Mme Le Pen». (3)
«La visite de la candidate du Front national au pays du Cèdre lit-on sur le quotidien «La Croix» achoppe sur sa position favorable au régime syrien, et se termine sur une polémique facile liée au port du voile. Lundi 20 février, lors de sa rencontre avec Sami Gemayel, leader et héritier des Kataeb, parti chrétien maronite des Phalanges, Marine Le Pen était pourtant en terrain favorable. En coulisse, le responsable de la politique économique du parti affiche ses liens avec le FN: «Moi, je préfère le père à la fille. Je suis aussi un intime de Thibaut de la Tocnaye», dit-il à propos du membre de la direction de campagne du FN, qui a combattu aux côtés de la milice chrétienne en 1983. Qu'importe, en rencontrant le président Michel Aoun et le Premier ministre Saâd Hariri, ce dernier qui n'a pas manqué de dénoncer «l'amalgame entre islam et terrorisme», Marine Le Pen a rempli son objectif: s'afficher pour la première fois aux côtés d'hommes d'État. Reste que sa tournée s'achève sur un refus, celui du mufti de la République de l'accueillir sans qu'elle ne soit voilée, «selon le protocole», comme lui avait précisé la veille un membre de Dar el-Fatwa. Une polémique qui aurait donc aisément pu être évitée, mais que n'a pas manqué d'instrumentaliser le parti d'extrême droite: «Un magnifique message de liberté et d'émancipation envoyé aux femmes de France et du monde», a immédiatement tweeté l'eurodéputé FN, Florian Philippot. «Je crois qu'il n'y a pas de lien plus fort que le lien du sang versé, et ensemble nous avons ce lien», renvoyant au soutien des soldats maronites au roi Saint Louis, à l'époque des Croisades.» (4)
Marine Le Pen oublie le pensons-nous, que ce sont des musulmans qui ont versé leur sang pour la France à leur corps défendant contre d'autres musulmans en Syrie en 1865. Il y aurait dans la montagne libanaise un cimetière «français» où il y aurait des tombes avec des noms bizarres pour les Libanais, des Ait...Ces soldats français musulmans étaient blancs de peau et avaient, pour certains, les yeux bleus. C'est dire que le sang versé pour la mère patrie, les Algériens, qui étaient de tous les théâtres d'opération français, en savent quelque chose.
On le voit, la vindicte est entière. Au lieu de prôner l'apaisement, on vient provoquer de paisibles Libanais qui ont toutes les peines du monde à vivre en paix du fait des interférences permanentes. On se souvient dans le même ordre comment des boutefeux de tout ordre éprouvent un malin plaisir à venir détricoter des équilibres subtils de coexistence pendant des centaines d'années entre des Arabes quelles que soient leurs religions. Après la dernière croisade qui s'est soldée par la débâcle des envahisseurs européens, Salah Eddine Al Ayoubbi avait confié les clés du Saint Sépulcre disputées par plusieurs rites chrétiens, à une famille musulmane et ceci depuis plus de huit siècles. C'est dans cet ordre qu'il faut replacer le déplacement de Marine Le Pen et avant elle les déplacements du pape Benoit XVI au Liban et avant lui Jean-Paul II. (6)
Pour rappel, en 1860 se produit une révolte de paysans maronites contre la domination des notables. Cette révolte suscite en réaction le massacre de chrétiens par les musulmans. Les troubles s'étendront jusqu'à Damas, où ils seront arrêtés par l'intervention de l'Emir Abdelkader. Cette tentative récurrente d'ingérence caractérisée, date depuis près de deux siècles dans les affaires arabes. A leur façon, deux Arabes chrétiens répondent. (6)
«Hayat al Huwik Atia, journaliste libanaise de confession maronite interpelle le pape lors de son voyage en Israël: «L'église d'Orient refuse d'être entraînée dans le processus de judaïsation de l'Occident chrétien. (...) Nous, l'Orient arabe chrétien, nous ne voulons pas de ce néo-christianisme judéo-chrétien et nous refusons que l'Occident chrétien utilise l'influence spirituelle occidentale des églises, catholiques et protestantes, pour implanter en Orient et particulièrement dans le monde arabo-chrétien l'idée ou l'influence de judaïsation. Votre Sainteté le pape, sachez que je suis une chrétienne arabe! (...) Par conséquent, cela ne m'empêche pas de vous rappeler ma fierté d'appartenir à cette terre arabe. Cette terre est le berceau de toutes les Religions et de toutes les Révélations monothéistes. (...) La deuxième raison est que c'est l'Occident qui agit depuis des décades contre le Monde arabe pour saper cette cohésion sociale et religieuse dans le Monde arabe. (..) En conséquence, Votre Sainteté, sachez que nous - Arabes chrétiens - ne sommes une minorité en aucune façon, tout simplement parce que nous étions des Arabes chrétiens avant l'Islam, et que nous sommes toujours des Arabes chrétiens après l'Islam. La seule protection que nous cherchons est comment nous protéger du plan occidental qui vise à nous déraciner de nos terres et à nous envoyer mendier notre pain et notre dignité sur les trottoirs de l'Occident.» (...) (7)
Pour sa part, le docteur Rafiq Khoury, prêtre palestinien du Patriarcat latin de Jérusalem, écrit «(...) les chrétiens font partie de l'identité de la terre et la terre fait partie de leur identité, avec leurs concitoyens musulmans. (...) L'arabité et la palestinité des chrétiens de Palestine sont des faits acquis, que nous recevons avec le lait de notre mère, comme on dit en arabe. Les relations islamo-chrétiennes en Orient en général et en Palestine en particulier, s'inscrivent dans une longue histoire, qui a à son actif treize siècles de communauté de vie, où nous avons partagé «le pain et le sel», comme on dit en arabe aussi.» (8
)
L'ingérence permanente de l'Occident
Les ingérences continuelles contribuent à créer cette tension permanente qui n'existait pas avant. Il est à craindre qu'une Eglise conquérante et un Occident dévastateur vont achever de détruire des ´´équilibres´´ culturels et religieux´´ que les sociétés du Moyen-Orient ont mis des siècles à sédimenter. A sa façon et comme Saint Louis, Sainte Marine Le Pen est venue porter la bonne parole à ses ouailles avec un sabre nain. Ne comprenant pas que la symbolique du voile est avant tout une question de civisme. C'est à sa demande que le mufti du Liban a consenti à la recevoir. Cette impolitesse facile ne prouve rien si ce n'est que l'extrême droite revancharde est fidèle à sa croisade. Marine Le Pen oublie qu'elle est en présence d'Arabes, que le Christ est un Sémite, qu'il n'a pas les yeux bleus et les cheveux blonds.
Elle oublie aussi qu'en tant que candidate à la magistrature suprême elle devrait prôner l'apaisement. Elle vient et elle consacre presque la totalité de son temps à s'entretenir avec des personnalités chrétiennes. Où est l'équilibre qui devrait être son credo? De plus, quand il s'agit de ne pas froisser les Français de confession chrétienne ou juive, elle est prête à faire des concessions sur la possibilité d'accepter des binationaux. Plus loin encore, si la croix ou la Kippa est petite, ces signes ne sont pas concernés par l'interdiction des signes ostentatoires. Reste une religion à qui s'appliqueront les oukases de Sainte Marine, l'interdiction de la double nationalité et le signe ostentatoire... Voilà une future présidente que nous risquons d'avoir comme voisine. Sombres Jours en perspective.
1. 1°http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/02/18/au-liban-marine-le-pen-se-cherche-une-stature_5081646_4854003.html#7042ejfGwY3eFQYu.99
2.Http://www.courrierinternational.com/article/vu-du-liban-chretiens-dorient-marine-le-pen-est-restee-au-temps-des-croisades
3.https://www.lorientlejour.com/article/1036318/visite-de-le-pen-les-libanais-divises.html
4.http://www.la-croix.com/Religion/Laicite/Au-Liban-Marine-Le-Pen-tente-rallier-chretiens-2017-02-21-1200826473
5.http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/160472-%20les-chretiens-d-orient-veulent-rester-arabes.html
6. Chems Eddine Chitour http://sos-crise.over-blog.com/article-la-tragedie-des-chretiens-d-orient-la-responsabilite-de-l-occident-105580495.html
7. Hayat al Huwik Atia: Lettre ouverte http:// liberation-opprimes.net/ 24 mai 2009
8. Rafiq Khoury: Palestine http:// www.gric.asso.fr/spip.php?ar... 30.04.2009
Dans une déclaration à l'issue de l'entrevue qu'il a accordée à la présidente du parti d'extrême droite, le Premier ministre libanais Saâd Hariri a mis en garde la candidate d'extrême droite française contre tout «amalgame» entre l'islam et le terrorisme: «L'erreur la plus grave serait l'amalgame entre islam et musulmans d'une part, terrorisme d'autre part», a affirmé le chef du gouvernement libanais. «Les Libanais et les Arabes, comme la majorité du monde, considèrent la France comme la patrie des droits de l'homme et de l'Etat républicain qui ne fait aucune distinction ethnique, religieuse, ou de classe entre ses citoyens.»
Il est connu que ce type de visite est préparé bien à l'avance et la question du voile plus protocolaire et de marque de respect de l'Islam n'a pas posé de problème pour les architectes de la visite au Liban. Parmi eux l'avocat qui a préparé les rencontres et qui dit connaître Rafik Hariri le Premier ministre qui aurait demandé au grand mufti de recevoir la présidente du Front national qu'autre chose due. À l'arrivée de la présidente du Front national pour rencontrer cheikh Abdellatif Deriane, elle a refusé le foulard qui lui était tendu. L'entourage du mufti. Dar al-Fatwa, la plus haute autorité sunnite au Liban, présidée par le mufti, a ainsi déclaré dans un communiqué que «son bureau de presse avait informé la candidate à la présidentielle, par l'intermédiaire d'un de ses collaborateurs, de la nécessité de se couvrir la tête lors de sa rencontre avec son éminence (le mufti) selon le protocole de Dar al-Fatwa». L'institution sunnite a ajouté que «les responsables de Dar al-Fatwa ont été surpris par son refus de se conformer à cette règle bien connue». Elle exprime ses regrets «pour ce comportement inconvenant pour des réunions pareilles». Il est fort possible que Marine Le Pen ait voulu faire un coup d'éclat tout à fait mesquin croyant être dans les bonnes grâces des Français qui sont chrétiens, voire croisés comme elle à l'extérieur vis-à-vis de l'Islam et laïcs à l'intérieur. Ce geste non seulement ne l'honore pas, mais va lui aliéner certainement tous les Français qui ne mangent pas de ce pain-là, celui des guerres de religions à tout prix.
Pour Caroline Hayek la présidente du FN a assuré que la vocation de la France était de protéger les minorités chrétiennes au Moyen-Orient. Ses propos révèlent une vision erronée de la situation des chrétiens d'Orient, relève cette éditorialiste libanaise. Montjoie! Saint Denis! On se croirait revenu au temps où, à l'aune de la septième croisade, Saint Louis se proclamait le défenseur des chrétiens d'Orient, et plus précisément celui des maronites. Le 24 mai 1250, dans une charte adressée au patriarche maronite, Louis IX aurait déclaré que ´´pour nous et nos successeurs sur le trône de France, nous promettons de vous donner à vous et à tout votre peuple notre protection spéciale comme nous la donnons aux Français eux-mêmes´´. Une promesse que cherche à reprendre, à sa manière, Marine Le Pen, à l'occasion de sa visite au Liban.» (2).
La présidente du Front national a souligné, dans une interview à L'Orient-Le Jour, ´´le rôle absolument essentiel de la France dans la protection des chrétiens d'Orient´´, un ´´rôle historique qu'il n'est pas question d'abandonner´´, affirme Marine Le Pen, voulant s'inscrire dans la lignée de François Ier, mais bien plus encore de Napoléon III, venu à la rescousse des chrétiens du Levant lors des massacres de 1860. En 2015 déjà, Marine Le Pen, alors en visite au Caire, avait solennellement prévenu le pape copte Théodore II qu'elle ´´rendrait à la France sa vocation historique, sa mission protectrice des chrétiens d'Orient´´, si elle était élue.Si elle peut séduire les principaux concernés, sa rhétorique sur les chrétiens d'Orient ne manque toutefois pas d'être marquée par de nombreuses contradictions. C'est en tant que ´´fille aînée de l'Église´´ que la France a longtemps assumé le statut de défenseur des valeurs chrétiennes en terre d'Orient. Une image qui ne colle plus vraiment à l'identité française depuis plusieurs décennies déjà. Le chant des sirènes de la candidate d'extrême droite destiné aux chrétiens d'Orient entre en conflit avec l'ADN du discours du FN. Ce dernier prône le renforcement de l'unité de la Nation''». (2)
Les Libanais divisés
Les Libanais à des degrés divers ont été divisés sur les attendus de cette visite: «Interrogé à ce sujet par L'Orient- Le Jour, le journaliste Moustapha Hani Fahs, opposé de longue date au parti de Hassan Nasrallah, estime que «Marine Le Pen n'aurait pas dû se rendre au Liban qui ne peut pas supporter sa campagne». «Le pays du Cèdre s'oppose aux idées de la candidate française», dit-il notant, toutefois, qu'«il existe, au Liban, une sorte de «droite confessionnelle'' qui se réjouit du racisme de Mme Le Pen (...) À son tour, le coordinateur général des forces du 14 Mars, Farès Souhaid, préfère mettre l'accent sur les chrétiens du Liban en tant que modèle à suivre: «Les chrétiens libanais peuvent donner des leçons du vivre ensemble avec l'Autre, à l'heure où les Européens trouvent des difficultés à gérer des sociétés plurielles», dit-il à l'OLJ. Farès Souhaid ne cache pas, d'ailleurs, (son) «étonnement» quant à l'intérêt si particulier accordé au Liban et aux chrétiens de la région. «Cela est très douteux», souligne le coordinateur général du 14 Mars avant de poursuivre: «Nous estimons que tous ceux qui prétendent nous protéger se protègent eux-mêmes.» Selon lui, «Michel Aoun n'aurait pas dû recevoir Mme Le Pen». (3)
«La visite de la candidate du Front national au pays du Cèdre lit-on sur le quotidien «La Croix» achoppe sur sa position favorable au régime syrien, et se termine sur une polémique facile liée au port du voile. Lundi 20 février, lors de sa rencontre avec Sami Gemayel, leader et héritier des Kataeb, parti chrétien maronite des Phalanges, Marine Le Pen était pourtant en terrain favorable. En coulisse, le responsable de la politique économique du parti affiche ses liens avec le FN: «Moi, je préfère le père à la fille. Je suis aussi un intime de Thibaut de la Tocnaye», dit-il à propos du membre de la direction de campagne du FN, qui a combattu aux côtés de la milice chrétienne en 1983. Qu'importe, en rencontrant le président Michel Aoun et le Premier ministre Saâd Hariri, ce dernier qui n'a pas manqué de dénoncer «l'amalgame entre islam et terrorisme», Marine Le Pen a rempli son objectif: s'afficher pour la première fois aux côtés d'hommes d'État. Reste que sa tournée s'achève sur un refus, celui du mufti de la République de l'accueillir sans qu'elle ne soit voilée, «selon le protocole», comme lui avait précisé la veille un membre de Dar el-Fatwa. Une polémique qui aurait donc aisément pu être évitée, mais que n'a pas manqué d'instrumentaliser le parti d'extrême droite: «Un magnifique message de liberté et d'émancipation envoyé aux femmes de France et du monde», a immédiatement tweeté l'eurodéputé FN, Florian Philippot. «Je crois qu'il n'y a pas de lien plus fort que le lien du sang versé, et ensemble nous avons ce lien», renvoyant au soutien des soldats maronites au roi Saint Louis, à l'époque des Croisades.» (4)
Marine Le Pen oublie le pensons-nous, que ce sont des musulmans qui ont versé leur sang pour la France à leur corps défendant contre d'autres musulmans en Syrie en 1865. Il y aurait dans la montagne libanaise un cimetière «français» où il y aurait des tombes avec des noms bizarres pour les Libanais, des Ait...Ces soldats français musulmans étaient blancs de peau et avaient, pour certains, les yeux bleus. C'est dire que le sang versé pour la mère patrie, les Algériens, qui étaient de tous les théâtres d'opération français, en savent quelque chose.
On le voit, la vindicte est entière. Au lieu de prôner l'apaisement, on vient provoquer de paisibles Libanais qui ont toutes les peines du monde à vivre en paix du fait des interférences permanentes. On se souvient dans le même ordre comment des boutefeux de tout ordre éprouvent un malin plaisir à venir détricoter des équilibres subtils de coexistence pendant des centaines d'années entre des Arabes quelles que soient leurs religions. Après la dernière croisade qui s'est soldée par la débâcle des envahisseurs européens, Salah Eddine Al Ayoubbi avait confié les clés du Saint Sépulcre disputées par plusieurs rites chrétiens, à une famille musulmane et ceci depuis plus de huit siècles. C'est dans cet ordre qu'il faut replacer le déplacement de Marine Le Pen et avant elle les déplacements du pape Benoit XVI au Liban et avant lui Jean-Paul II. (6)
Pour rappel, en 1860 se produit une révolte de paysans maronites contre la domination des notables. Cette révolte suscite en réaction le massacre de chrétiens par les musulmans. Les troubles s'étendront jusqu'à Damas, où ils seront arrêtés par l'intervention de l'Emir Abdelkader. Cette tentative récurrente d'ingérence caractérisée, date depuis près de deux siècles dans les affaires arabes. A leur façon, deux Arabes chrétiens répondent. (6)
«Hayat al Huwik Atia, journaliste libanaise de confession maronite interpelle le pape lors de son voyage en Israël: «L'église d'Orient refuse d'être entraînée dans le processus de judaïsation de l'Occident chrétien. (...) Nous, l'Orient arabe chrétien, nous ne voulons pas de ce néo-christianisme judéo-chrétien et nous refusons que l'Occident chrétien utilise l'influence spirituelle occidentale des églises, catholiques et protestantes, pour implanter en Orient et particulièrement dans le monde arabo-chrétien l'idée ou l'influence de judaïsation. Votre Sainteté le pape, sachez que je suis une chrétienne arabe! (...) Par conséquent, cela ne m'empêche pas de vous rappeler ma fierté d'appartenir à cette terre arabe. Cette terre est le berceau de toutes les Religions et de toutes les Révélations monothéistes. (...) La deuxième raison est que c'est l'Occident qui agit depuis des décades contre le Monde arabe pour saper cette cohésion sociale et religieuse dans le Monde arabe. (..) En conséquence, Votre Sainteté, sachez que nous - Arabes chrétiens - ne sommes une minorité en aucune façon, tout simplement parce que nous étions des Arabes chrétiens avant l'Islam, et que nous sommes toujours des Arabes chrétiens après l'Islam. La seule protection que nous cherchons est comment nous protéger du plan occidental qui vise à nous déraciner de nos terres et à nous envoyer mendier notre pain et notre dignité sur les trottoirs de l'Occident.» (...) (7)
Pour sa part, le docteur Rafiq Khoury, prêtre palestinien du Patriarcat latin de Jérusalem, écrit «(...) les chrétiens font partie de l'identité de la terre et la terre fait partie de leur identité, avec leurs concitoyens musulmans. (...) L'arabité et la palestinité des chrétiens de Palestine sont des faits acquis, que nous recevons avec le lait de notre mère, comme on dit en arabe. Les relations islamo-chrétiennes en Orient en général et en Palestine en particulier, s'inscrivent dans une longue histoire, qui a à son actif treize siècles de communauté de vie, où nous avons partagé «le pain et le sel», comme on dit en arabe aussi.» (8
)
L'ingérence permanente de l'Occident
Les ingérences continuelles contribuent à créer cette tension permanente qui n'existait pas avant. Il est à craindre qu'une Eglise conquérante et un Occident dévastateur vont achever de détruire des ´´équilibres´´ culturels et religieux´´ que les sociétés du Moyen-Orient ont mis des siècles à sédimenter. A sa façon et comme Saint Louis, Sainte Marine Le Pen est venue porter la bonne parole à ses ouailles avec un sabre nain. Ne comprenant pas que la symbolique du voile est avant tout une question de civisme. C'est à sa demande que le mufti du Liban a consenti à la recevoir. Cette impolitesse facile ne prouve rien si ce n'est que l'extrême droite revancharde est fidèle à sa croisade. Marine Le Pen oublie qu'elle est en présence d'Arabes, que le Christ est un Sémite, qu'il n'a pas les yeux bleus et les cheveux blonds.
Elle oublie aussi qu'en tant que candidate à la magistrature suprême elle devrait prôner l'apaisement. Elle vient et elle consacre presque la totalité de son temps à s'entretenir avec des personnalités chrétiennes. Où est l'équilibre qui devrait être son credo? De plus, quand il s'agit de ne pas froisser les Français de confession chrétienne ou juive, elle est prête à faire des concessions sur la possibilité d'accepter des binationaux. Plus loin encore, si la croix ou la Kippa est petite, ces signes ne sont pas concernés par l'interdiction des signes ostentatoires. Reste une religion à qui s'appliqueront les oukases de Sainte Marine, l'interdiction de la double nationalité et le signe ostentatoire... Voilà une future présidente que nous risquons d'avoir comme voisine. Sombres Jours en perspective.
1. 1°http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/02/18/au-liban-marine-le-pen-se-cherche-une-stature_5081646_4854003.html#7042ejfGwY3eFQYu.99
2.Http://www.courrierinternational.com/article/vu-du-liban-chretiens-dorient-marine-le-pen-est-restee-au-temps-des-croisades
3.https://www.lorientlejour.com/article/1036318/visite-de-le-pen-les-libanais-divises.html
4.http://www.la-croix.com/Religion/Laicite/Au-Liban-Marine-Le-Pen-tente-rallier-chretiens-2017-02-21-1200826473
5.http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/160472-%20les-chretiens-d-orient-veulent-rester-arabes.html
6. Chems Eddine Chitour http://sos-crise.over-blog.com/article-la-tragedie-des-chretiens-d-orient-la-responsabilite-de-l-occident-105580495.html
7. Hayat al Huwik Atia: Lettre ouverte http:// liberation-opprimes.net/ 24 mai 2009
8. Rafiq Khoury: Palestine http:// www.gric.asso.fr/spip.php?ar... 30.04.2009
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