Les évêques maronites lancent un cri d'alarme et mettent en garde contre une faillite de l'État
02/08/2012-OLJ
L'Assemblée des évêques maronites réunie au siège patriarcal d'été de Dimane.
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La réunion mensuelle que l'Assemblée des évêques maronites a tenue hier à Dimane, sous la présidence du patriarche Béchara Raï et en présence du cardinal Nasrallah Sfeir, a été axée principalement sur la gravité de la situation socio-économique à la lumière, notamment, des bouleversements qui secouent la région et des séquelles des différentes phases de la crise libanaise.
À l'issue des débats, l'Assemblée des évêques a rendu public ce qu'elle a qualifié d' « appel du 1er août », axé sur le dossier économique. Évoquant les retombées de la crise syrienne sur la conjoncture économique locale, le document dénonce les tiraillements politiques qui entretiennent le marasme actuel, lequel « prend une tournure confessionnelle ». « Face à une telle situation, nous assistons à une impuissance chronique au niveau de la décision politique et de la vision économique, ce qui risque de mener à une faillite de l'État si la crise est abordée de manière irresponsable et de façon partielle, affirme l'appel des évêques. De ce fait, il est devenu impératif de plancher sur des solutions radicales. »
Soulignant qu'ils ne pouvaient se tenir à l'écart de problèmes auxquels sont confrontés les citoyens et les couches les plus défavorisées de la population, les évêques maronites ont relevé que la teneur de leur appel constitue « un cri d'alarme et un appel pressant à trouver les solutions adéquates avant qu'il ne soit trop tard ». « Nous nous adressons d'abord à l'opinion publique libanaise afin qu'elle prenne conscience de son rôle dans l'exercice de ses droits démocratiques à la faveur des élections (législatives), de manière à réclamer des comptes (aux responsables officiels), de même que nous nous adressons à tous les responsables afin qu'ils assument leurs responsabilités morales et nationales », souligne le communiqué.
Le document expose ensuite les principaux facteurs qui sont à la base du marasme économique, évoquant plus particulièrement le dossier de l'électricité « qui constitue désormais un danger pour l'économie nationale du fait qu'il accapare près de 20 pour cent du budget annuel de l'État et représente 65 pour cent du déficit public, un chiffre qui est appelé à augmenter chaque année ». L'Assemblée des évêques a également pointé du doigt l'accroissement de la dette publique, mettant l'accent sur le fait que l'État est contraint de s'endetter d'année en année afin de couvrir le service de la dette. « Le déficit budgétaire augmente ainsi annuellement, ajoute le document, du fait que les problèmes relatifs à l'électricité et à la dette publique ne sont pas réglés. Si on ne fait pas face à ces problèmes, ce qui nous attend dans les prochaines années est réellement effrayant. Certains experts s'attendent ainsi qu'en 2016 la dette publique augmente de 33 pour cent pour atteindre un montant de 80 milliards de dollars, le déficit budgétaire annuel augmentant pour sa part de 47 pour cent. »
À la lumière de telles données alarmantes, le document de Dimane avance quelques propositions pour redresser la situation :
- Mettre l'accent sur le rôle régulateur de l'État.
- Stimuler le partenariat entre le secteur public, d'une part, et le secteur privé, tant au niveau des résidents que des émigrés, d'autre part.
- Élaborer un plan quinquennal afin de diminuer la dette publique, ce qui nécessite de traiter les dossiers socio-économiques en suspens en mettant en chantier une réforme radicale.
- Accélérer la mise en application de la décentralisation administrative élargie et la décentralisation au niveau du développement, en favorisant un développement équilibré.
- Imposer l'autorité de l'État dans toutes les régions pour ce qui a trait au paiement des impôts et à la collecte des factures.
En conclusion, l'Assemblée des évêques maronites met en garde contre tout laxisme dans le règlement de ces dossiers dans le contexte des bouleversements en cours dans la région en raison de « l'effondrement socio-économique qui risque de se produire, ce qui accroîtrait la pression sur le tissu social libanais ».
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