Noël de sang pour les chrétiens là où dominent les musulmans
Michel Garroté, réd en chef –- Le Figaro magazine consacre un dossier aux chrétiens en terre d'islam (extraits adaptés de l'introduction signée par Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia). Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Noël, fête de la joie, peut avoir pour certains un goût de larmes : de par le monde, 200 millions de fidèles du Christ ne sont pas entièrement libres de manifester leur foi. Ce rejet, parfois violent, voire mortel, revêt souvent la forme banalisée d'un ostracisme ordinaire (Note de Michel Garroté – Guénois et Sévillia, lorsqu'ils font allusion à Israël, semblent prendre pour argent comptant les inepties racontées par le clergé catholique en Israël, inepties que le clergé catholique dans ce pays raconte, d'une part, par judéophobie ; et d'autre part, pour ne pas se faire lyncher par les nervis du Hamas, du Fatah et Consorts ; un point de vue différent de celui de Guénois et Sévillia a été donné des dizaines et des dizaines de fois sur dreuz.info depuis 2007 par l'abbé Alain-René Arbez, Alexandre del Valle, Bat Ye'or, Guy Millière et moi-même).
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Ce visage insidieux de l'intolérance tue, lui aussi, à petit feu. Jean-Paul II et Benoît XVI ont souvent exprimé leur préoccupation à ce sujet. A son tour, le pape François ne cesse d'alerter sur la menace qui plane. Sur son compte Twitter, le souverain pontife lançait le message suivant : Ne nous résignons pas à penser à un Moyen-Orient sans les chrétiens. Prions chaque jour pour la paix.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : En opérant la synthèse des informations fournies par l'Aide à l'Eglise en détresse et par Portes ouvertes, il ressort que 75% des cas de persécution religieuse dans le monde concernent les chrétiens, dont la situation se détériore gravement en de nombreux endroits. Le Mali, le Cameroun, la République centrafricaine, l'Ethiopie ou la Syrie, non signalés sur la carte des persécutions 2010, figurent ainsi sur la carte des persécutions 2013.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Tandis que certains pays sont montés d'un cran dans le danger pour les chrétiens, passant en zone rouge, notamment le Nigeria, la Libye, l'Egypte, le Soudan, l'Irak, le Pakistan ou l'Inde. Les victimes, en l'occurrence, appartiennent aux différentes confessions chrétiennes.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : C'est ce que le pape François, dans une interview recueillie le 15 décembre par le quotidien italien La Stampa, appelait l'œcuménisme du sang : Dans certains pays, on tue les chrétiens parce qu'ils portent une croix ou possèdent une Bible, et on ne leur demande pas avant de les tuer s'ils sont anglicans, luthériens, catholiques ou orthodoxes.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : En Chine, en Corée du Nord, au Vietnam, c'est toujours au nom du matérialisme athée, qui reste la doctrine officielle du parti communiste au pouvoir, que la religion chrétienne est poursuivie. Mais la source principale de l'antichristianisme, du point de vue du nombre de pays touchés et du taux de progression du phénomène, provient, comme le prouve notre carte, de l'islam politique ou du fondamentalisme musulman.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Attention, pour autant, à ne pas verser dans la caricature de l'opposition entre l'Occident chrétien, alors que l'Occident, précisément, n'est souvent plus chrétien, et, l'islam, dès lors que la religion musulmane s'étend, du Maghreb à l'Indonésie, sur des Etats et des aires culturelles différents, dont les intérêts ne convergent pas forcément.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Mais un trait commun caractérise les Etats à majorité islamique : à de rares exceptions près, dans ces pays, ce sont uniquement ceux qui professent la religion dominante qui disposent des droits complets de la citoyenneté. Les habitants qui appartiennent aux confessions minoritaires sont au mieux tolérés, au pire regardés comme un danger pour la cohésion sociale, et comme tels, deviennent vite suspects.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Le 27 novembre dernier, à Paris, l'AED organisait un colloque sur le thème : « Nouvelles guerres froides, incidences sur les chrétiens ». Analysant trois axes de tension-la relation Russie – Etats-Unis, la relation Chine – Etats-Unis, la relation Arabie saoudite – Iran, les intervenants soulignaient que la fin du monde unipolaire dominé par les États-Unis.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Fin marquée par le grand retour de la Russie sur la scène internationale, modifiait la donne pour les chrétiens, comme on l'a vu en Syrie : dans ce pays, le conflit civil qui oppose les sunnites aux chiites reflète l'antagonisme entre l'Arabie saoudite et l'Iran, un affrontement dans lequel la Russie joue son jeu.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Au Moyen-Orient, où les religions ont toujours été mêlées, beaucoup de chrétiens regrettent de voir se dégrader l'équilibre de la coexistence. A cet égard, l'Eglise catholique sait qu'elle dispose d'une autorité que ni les protestants ni les orthodoxes ne détiennent – bien que la crise syrienne ait vu le patriarche de Moscou prendre position -, parce qu'elle s'exprime d'une seule voix qui se situe à Rome.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Benoît XVI a payé cher ce prix de la vérité avec l'islam. De ce point de vue, son pontificat est une triste parabole des limites de l'exercice, mais l'Eglise catholique sait la force de la persévérance. François, son successeur, en a tiré la leçon, mais il ne peut pas non plus se taire. En neuf mois de pontificat, son discours s'est d'ailleurs charpenté. D'une main franchement tendue, au début, vers l'islam, le pape actuel est passé à des mots plus exigeants.
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Du monde musulman, le pape François attend – dans la ligne de Benoît XVI, qui avait organisé un synode pour le Moyen-Orient en 2010 – la réciprocité pour la liberté religieuse. Aux yeux du Saint-Siège, les chrétiens établis dans des pays à majorité musulmane doivent ainsi bénéficier de la liberté dont profitent les musulmans installés en Occident (Note de Michel Garroté – Les textes conclusifs du synode pour le Moyen-Orient de 2010 sont, sur certains points, assez catastrophiques ; en effet, le clergé chrétien oriental, pour ménager ses relations avec les autorités islamiques locales, a minimisé les crimes perpétrés contre les laïcs chrétiens en terre d'islam et exagéré les difficultés des chrétiens en « terre sainte », se gardant de critiquer le Hamas, le Fatah et Consorts, préférant critiquer, sans motifs valables, les autorités israéliennes).
Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia : Dans un livre où il met en exergue vingt raisons d'espérer, Marc Fromager, le directeur de l'AED en France, évoque une autre réalité sur laquelle règne un lourd silence : les conversions de musulmans au christianisme. Un cheikh s'alarme, observe-t-il, du fait qu'en Afrique, il y a six millions de musulmans qui se convertissent au christianisme chaque année. Comme quoi, rien n'est jamais écrit d'avance, concluent Jean-Marie Guénois et Jean Sévillia.
A propos de l'auteur
Michel Garroté est diplômé Science Po de l'Université de Genève (Suisse). Il a travaillé dans le journalisme puis comme porte-parole du PDG de Nestlé international. Ce fils de diplomate a depuis été porte-parole de la European Roundtable of Industrialists (Bruxelles), porte-parole du Corps consulaire et diplomatique à Lausanne (Suisse) et rédacteur de la lettre d'information Amérique Latine Pétrole (Groupe Europétrole, Georges Bornes) puis monde-info.