" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
Pourquoi le nombre de chrétiens régresse-t-il au Moyen-Orient ?
Il faut avant tout rappeler que le chiffre est une arme politique. Il convient toujours de s'en méfier. Le déclin en proportion des chrétiens d'Orient s'explique surtout par l'émigration et par le dynamisme démographique. Jusque dans les années 1930, en partie grâce à leur taux de mortalité plus favorable, on pensait que l'Orient allait devenir chrétien. Au cours du XXe siècle, la dynamique s'est cependant inversée, car les chrétiennes ont connu la transition démographique bien avant les musulmanes. Aujourd'hui, la fécondité des femmes chrétiennes et musulmanes est relativement identique.
L'émigration s'explique par les vagues de violences récurrentes à l'encontre des chrétiens, mais pas seulement. La politique économique des États de la région, et notamment les nationalisations, y a également joué un rôle. Beaucoup de chrétiens en ont en outre assez de la corruption, de l'autoritarisme, ils sont las de ne pas se sentir en sécurité et de ne pas pouvoir faire de projets à long terme. Comme ils disposent souvent de réseaux au sein de la diaspora, il est plus facile pour eux d'émigrer vers les pays occidentaux et de s'y intégrer.
On sait les chrétiens d'Orient divisés, morcelés. Qu'est-ce qui les rassemble ?
On remarque que les minorités chrétiennes se structurent souvent sur le modèle de la majorité. En Irak, les assyro-chaldéens ont ainsi longtemps été organisés selon le modèle tribal, tout comme les Kurdes au sein desquels ils vivaient. Au Liban, lors de la guerre civile, les chrétiens maronites se sont structurés en milices, tout comme leurs ennemis musulmans.
Les chrétiens d'Orient se rejoignent aussi par leur lien complexe vis-à-vis de l'Occident. De manière générale, nombre d'entre eux sont passés par les universités européennes ou américaines. Pourtant, leur rapport à l'Occident est souvent critique, voire franchement hostile – on le voit chez les coptes d'Égypte.
Enfin, ces chrétiens ont pour point commun de disposer d'importantes diasporas. Un certain nombre de ces Églises – c'est notamment le cas de l'Église assyrienne de l'Est, dont le siège est à Chicago – ont plus de fidèles dans l'émigration qu'au Moyen-Orient. Cette diaspora, par sa puissance financière et sa liberté d'expression, est un acteur incontournable.
Se dirige-t-on vers un Moyen-Orient sans chrétiens ?
Au vu de la situation actuelle en Irak et en Syrie, il est légitime que nombre de chrétiens cherchent à quitter leur pays. Mais de ce fait, des territoires marqués par une présence chrétienne millénaire ne le sont plus aujourd'hui. Dès lors, une question se pose : là où les chrétiens ont disparu, en Turquie ou en Irak, est-ce que les populations sur place vont assumer l'héritage chrétien de leur territoire ? Car en faisant sauter le mausolée de Jonas à Ninive, en Irak, les islamistes veulent faire table rase du passé. Beaucoup de lieux, comme ce mausolée, ont longtemps appartenu aux trois religions du Livre ; ils étaient partagés mais ne le sont plus aujourd'hui. L'enjeu mémoriel devient dès lors essentiel pour l'avenir.
Propos recueillis par Louis Fraysse
En savoir plus
Les chrétiens au Moyen-Orient, de la compassion à la compréhension Bernard Heyberger Manuels Payot, 2013, 16 €
Irak/Syrie: sommet des ambassadeurs du Saint-Siège au Vatican
Les ambassadeurs du Saint-Siège dans tout le Moyen-Orient seront convoqués de jeudi à samedi à Rome, alors que le Vatican a préconisé devant l'ONU une intervention contre l'organisation de l'Etat islamique (EI) sous l'égide du Conseil de sécurité, a-t-on appris mardi au Vatican.
Selon le site d'informations sur le Vatican, Il Sismografo, les nonces (ambassadeurs) en Jordanie-Irak, en Iran, au Liban, en Syrie, en Egypte, en Turquie, en Israël-Palestine, et les ambassadeurs du pape auprès de l'ONU à Genève et à New York, et auprès de l'Union européenne, examineront sous la présidence du secrétaire d'Etat Pietro Parolin la très grave crise due, entre autre, à l'offensive de l'EI.Des chrétiens et d'autres minorités installées depuis des siècles dans la région sont menacés par la poussée des jihadistes.
Plusieurs hauts responsables de la Curie dont le secrétaire pour les relations avec les Etats, le Français Dominique Mamberti, et le cardinal Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, qui avait été envoyé le mois dernier en Irak, seront présents.
Devant l'Assemblée générale de l'ONU, lundi, le numéro deux du Vatican Pietro Parolin a affirmé qu'il est à la fois "licite et urgent" d'arrêter les jihadistes en Irak, toute intervention devant se faire sous l'égide du Conseil de sécurité et avec "l'accord" de l'Etat concerné.
Dans sa très longue intervention dont le texte a été publié mardi par le Bureau de presse du Saint-Siège, Mgr Parolin a repris en substance ce que le pape François avait dit aux journalistes dans l'avion à son retour de Corée en août: "Il est à la fois licite et urgent d'arrêter l'agression par une action multilatérale et un usage proportionné de la force", a dit Mgr Parolin.
Le Saint-Siège s'était opposé à toute intervention contre le régime syrien de Bachar el-Assad en 2013, suivant la demande unanime des évêques de la région hostiles à des raids aériens. Mais il a adopté cette année une attitude favorable à une intervention armée contre l'EI, tout en souhaitant qu'elle se fasse avec l'accord de l'ONU. "Même si le pape a dit de ne pas bombarder et de ne pas faire la guerre, dans les faits le Vatican ferme les yeux" sur l'intervention américaine, avait estimé à l'AFP un diplomate sous le couvert de l'anonymat.
Beaucoup d'évêques du Moyen-Orient ont déploré une réaction trop faible de la diplomatie du Saint-Siège face à la menace jihadiste, certains soutenant bien plus explicitement l'intervention aérienne extérieure au nord de l'Irak, sollicitée par Bagdad. Les évêques de Syrie sont bien plus réservés sur des frappes dans leur pays sans accord de Damas.
Titre : Géopolitique des chrétiens d'Orient Sous-titre : Défis et avenir des chrétiens arabes Auteur : Antoine Fleyfel Editeur : L'Harmattan, novembre 2013, 216 pages, 23 € Collection : Pensée religieuse et philosophique arabe
Antoine Fleyfel, franco-libanais, docteur en théologie et en philosophie, est maître de conférences à l'Université catholique de Lille. Responsable des relations académiques à l'OEuvre d'Orient, il est rédacteur en chef de sa publication annuelle : Perspectives et réflexions.
Son livre, Géopolitique des chrétiens d'Orient, est consacré à une analyse de la situation des chrétiens dans 6 pays arabes, pour chacun desquels il retrace l'histoire de leur relations avec l'Etat et la société de leur pays, la place qui leur est reconnue (ou pas) au sein des institutions, la forme que prend leur « dialogue de vie » avec l'islam, et il énonce les défis qu'ils ont à affronter.
Après avoir précisé la notion de « géopolitique », prise au sens de l'espace géographique, historique, politique et culturel dans lequel les chrétiens s'inscrivent dans ces pays arabes, il consacre un premier chapitre à expliciter le terme de « chrétiens d'Orient » (équivalent pour son étude à celui de « chrétiens arabes ») et à présenter la diversité des Eglises d'Orient, dont il propose un regroupement en 7 grandes familles (cf pages 24 à 26). Bien qu'elles soient loin de constituer un ensemble homogène, ces communautés sont pour lui réunies par 3 caractéristiques essentielles : - l'arabité – en tant que langue, culture et appartenance – qui constitue le dénominateur commun des chrétiens d'Orient ; - le dialogue de vie avec l'Islam, imposé par la cohabitation historique islamo-chrétienne dans l'Orient arabe ; - et enfin, la question palestinienne et l'engagement pour la cause palestinienne, qui constituent la « cause commune » du monde arabe. A l'exception de l'Irak, tous les pays qu'il étudie ont d'ailleurs une frontière commune avec la Palestine. Ces pays se voient ensuite chacun consacrer un chapitre, dont le titre éclaire la situation et les défis des chrétiens arabes qui en font partie : - « Le Liban, pays du régime confessionnel » (ch. 2) - « La Jordanie, royaume des chrétiens heureux ? » (ch. 3) - « L'Irak, terre des exodes chrétiens ? » (ch. 4) - « La Terre Sainte, souffrances et espoirs du lieu d'origine » (ch. 5, consacré à la situation des Palestiniens chrétiens, à la fois en Palestine et en Israël) - « L'Egypte, le combat pour la citoyenneté » (ch. 6) - « La Syrie, pays des minorités protégées ? » (ch. 7)
Chacun de ces chapitres constitue une passionnante étude associant un rappel des principaux évènements historiques ayant durablement façonné la situation des chrétiens dans ce pays ; une estimation de leur poids démographique et politique ; leurs rapports avec les institutions de l'Etat ; leur rôle éducatif, culturel et social ; et les enjeux actuels de leur présence et des questions auxquelles ils sont confrontés. C'est une très utile présentation du contexte historique et politique de ces pays et des relations islamo-chrétiennes qui s'y sont établies, ainsi qu'une aide précieuse à la compréhension des évènements, y compris les plus difficiles voire tragiques, auxquels ces communautés ont pu être confrontées.
A noter, bien que l'écriture du livre ait été achevée à l'été 2013, le chapitre consacré à l'Irak qui s'avère particulièrement éclairant sur les causes et les étapes d'une « longue descente aux enfers qui n'en finit pas » (p. 99) et d'un « chaos sécuritaire poussant violemment et rapidement à l'exode » (p. 115) malgré les efforts des Eglises pour préserver une présence chrétienne dans ce pays.
La question que pose l'auteur pour les chrétiens d'Irak (et qui peut valoir pour d'autres pays arabes) est dès lors la suivante : « Le gouvernement central et l'islam politique auront-ils le courage de relever le défi du pluralisme, de la citoyenneté et des droits de l'homme ? Seul ce défi peut actuellement prévaloir sur le fanatisme et le terrorisme » (p. 121).
Dans la plupart des pays décrits par l'auteur cette question est d'autant plus d'actualité que la légitimité du pouvoir politique est souvent fragile, constituant ainsi une source d'insécurité et un facteur d'émigration pour les minorités (dont les chrétiens). Et par ailleurs la société dans laquelle vivent les chrétiens arabes est confrontée à l'influence croissante d'un islam radical, qui fragilise les formes historiques du dialogue interreligieux qui a pu être établi avec un islam modéré. C'est notamment le cas en Egypte, auquel l'auteur consacre un chapitre très éclairant sur les discriminations subies par les coptes et l'évolution des relations entre l'église copte et le pouvoir politique.
La question de la permanence de la présence de chrétiens dans ces pays se pose donc souvent de façon aiguë, surtout lorsque, comme en Palestine, une situation économique très précaire laisse peu d'alternative à l'exil. A contrario, on lira avec intérêt la description de la situation des chrétiens en Jordanie, où le soutien de la monarchie hachémite mais aussi des garanties institutionnelles paraissent avoir pu assurer une liberté de culte et une protection contre les discriminations, et permettent en corollaire aux chrétiens un engagement important dans le domaine éducatif, culturel et social.
Dans la conclusion du livre, A. Fleyfel souligne que les chrétiens d'Orient représentent « l'Autre » dans l'Orient arabe, « l'élément qui pousse à sortir de soi, qui provoque à la recherche de régimes politiques citoyens, garants de la diversité humaine et de la liberté de conscience » (p. 212). L'auteur, convaincu de l'importance de la présence de communautés chrétiennes dans ces pays, fait preuve d'une grande lucidité sur les menaces qui existent (y compris parfois les « démons internes » des églises) et les défis qu'elles doivent relever. Et à ce titre, sans sous-estimer les difficultés auxquelles ces chrétiens sont confrontés, il relève comme un signe d'espoir pour l'avenir le fait que « beaucoup de chrétiens et de musulmans arabes se rejoignent dans un combat laïc et citoyen pour l'homme arabe ».
Relativement court pour un aussi vaste sujet, d'une écriture dense mais claire, cet ouvrage s'appuie sur une solide documentation complétée par de nombreuses notes de bas de page. Celles-ci fournissent de nombreuses pistes d'approfondissement (par exemple en ce qui concerne les positions des églises chrétiennes arabes sur la Palestine, ou sur l'engagement des communautés chrétiennes dans l'action éducative et sociale). Voici donc un livre qui apporte d'indispensables et passionnantes clés de compréhension historique sur les situations si diverses dans lesquelles se trouvent ces communautés chrétiennes, qu'elles soient importantes quantitativement (Egypte) ou proportionnellement à la population (Liban), ou, au contraire, devenues très minoritaires.
Ce livre ouvre des pistes de réflexion très éclairantes quant à l'avenir possible de la présence et du témoignage des chrétiens sur le sol arabe.
« Les hommes en trop. La malédiction des chrétiens d'Orient », un nouveau livre de Jean-François Colosimo
Jean-François Colosimo, « Les hommes en trop. La malédiction des chrétiens d'Orient », Paris, Fayard, 312 p. Les éditions Fayard viennent de publier un nouveau livre de Jean-François Colosimo, directeur des éditions du Cerf, professeur à l'Institut Saint-Serge, chroniqueur et essayiste dans le domaine de la géopolitique et de la sociologie des religions. Cet ouvrage qui se situe dans la ligne des précédents essais de l'auteur (Dieu est américain, L'Apocalypse russe et Le Paradoxe persan). Présentation de l'éditeur: « Coptes, Chaldéens, Arméniens… Nul ne peut plus ignorer leur tragédie. Les journalistes en font leur une, l'opinion s'en émeut, les publicistes l'exploitent. Nul ne sait pourtant vraiment qui ils sont. Hier encore médiateurs entre l'Orient et l'Occident, ces chrétiens des origines sont devenus les otages de la globalisation. Retour du religieux en politique, choc des civilisations, implosion des cultures, éradication des mémoires, sort des minorités, liberté de conscience, avenir de la démocratie, universalité de la laïcité: les voilà placés au cœur des plus graves enjeux planétaires. Or, de notre crise, ils ne sont pas que le signe, mais aussi le prisme. En rappelant combien ils incarnent le christianisme des sources, en reprenant les heures glorieuses et terribles de leur chronique deux fois millénaire, en montrant comment ils ont résisté aux invasions et aux massacres, aux croisades et aux djihads, et comment seul le règne des idéologies au XXe siècle a inauguré leur déclin, c'est toute une page méconnue de notre histoire que livre ici Jean-François Colosimo. Mais aussi de notre présent le plus brûlant. À l'heure où la sécularisation semble triompher au Nord, et l'intégrisme au Sud, à l'heure aussi où les urnes paraissent consacrer l'islamisme tandis que l'islam lui-même sombre dans une guerre civile entre sunnites et chiites, il n'est d'autre urgence que de renouveler la traditionnelle "Question d'Orient" qui, aujourd'hui comme hier, commande notre vision du monde. Et notre action sur lui. Car c'est aussi de l'avenir des chrétiens d'Orient que dépend notre futur. » Présentation de l'auteur: « Qu'ont à nous dire les petites filles aux prénoms tirés de l'Évangile, aux boucles d'oreille arrachées, aux lendemains sans avenir, qui fuient Mossoul dans les bras de leurs parents pour échapper aux djihadistes? Que, cette fois, c'en est fini des chrétiens à l'endroit même où est né le christianisme. Que, pendant des siècles, ils ont survécu en vain comme otages de la domination musulmane, mais aussi du colonialisme européen. Que la mondialisation a brisé leur résistance. Que nous venons de les sacrifier à la guerre impériale de l'Amérique contre l'islam, à la guerre civile qui dévore sunnites et chiites. Que leur catastrophe est la nôtre, car avec eux sont anéantis notre plus ancienne mémoire, notre seul espoir de médiation entre l'Occident et l'Orient. Et que nos croisades revanchardes comme nos lamentations humanitaires leur sont amères car, jusque dans leur agonie, nous continuons à les instrumentaliser dans la négation de notre dette de civilisation à leur égard. Irak, Syrie, Égypte, Israël, Palestine, Liban, Jordanie, Turquie, Arménie: ce livre éclaire l'actualité à travers vingt siècles d'histoire et permet de comprendre pourquoi cette tragédie signe notre suicide moral. »
Le Caire (Agence Fides) – Les représentants des églises et des communautés chrétiennes présentes en Egypte se réuniront la semaine prochaine afin de perfectionner les derniers détails d'une série de propositions et de suggestions concrètes à propos du projet de loi qui devra être discuté par le prochain parlement relativement aux nouvelles règles en matière de construction de lieux de culte sur le territoire national. « Nous voulons que le nouveau projet de loi – explique à l'Agence Fides S.Exc. Mgr Antonios Aziz Mina, Evêque copte catholique de Gizeh – soit discuté dès la première session législative du nouveau Parlement, lorsqu'il sera élu. C'est pourquoi, il est utile de préparer dès maintenant un projet dans lequel les problèmes sont affrontés et qu'il ne soit pas perdu de temps supplémentaire au cours des phases préparatoires ». En juillet dernier, les fonctionnaires du Ministère de la Justice avaient convoqué les représentants des différentes églises et communautés chrétiennes afin de les solliciter à définir des propositions concrètes visant à surmonter tous les problèmes relatifs à la construction d'églises qui ont marqué également la présidence Moubarak. « Dans ces points importants – indique l'Evêque – notre proposition est désormais presque prête. Elle suggère que soient utilisés pour la construction des églises les mêmes critères que pour la construction des édifices privés, à commencer par l'absence de contentieux portant sur la propriété des terrains sur lesquels devraient être édifiés les églises. Nous suggérons également que l'évaluation de la faisabilité et du caractère congru des projets de construction – tenant compte par exemple du nombre de chrétiens présents dans la zone en question –soient réalisés par des commissions soumises aux collectivités locales ou au plus aux gouverneurs. Actuellement, dans la législation en vigueur, toute nouvelle église doit être autorisée par un décret présidentiel qui arrive seulement lorsqu'une série d'organismes centraux, à commencer par le Ministère de l'Intérieur, ont donné leur nulla obstat ». Les règles bureaucratiques qui compliquent la construction de nouvelles églises remontent en partie à l'époque ottomane. En 1934, le Ministère de l'Intérieur ajouta ce qu'il est convenu d'appeler les « dix règles » - « nous les appelons les dix commandements » précise l'Evêque sur le ton de la plaisanterie – qui interdisent entre autre de construire de nouvelles églises dans les environs des écoles, des canaux, des édifices gouvernementaux, des voies ferrées et des zones résidentielles. Dans de nombreux cas, l'application rigide de ces règles a empêché de construire des églises dans des villes et des villages habités par des chrétiens, surtout dans les zones rurales de la Haute Egypte. Parfois, des communautés chrétiennes provenant de zones privées de lieux de culte, qui se déplaçaient dans d'autres villages pour prier et participer aux liturgies dans une église, ont été agressées par des bandes de salafistes fanatiques. (GV) (Agence Fides 27/09/2014
Cité du Vatican, 25 septembre 2014 (VIS). La XIII session plénière de la Commission internationale pour le dialogue entre les Eglises orthodoxe et catholique s'est achevée mardi à Amman (Jordanie). A l'invitation du Patriarche gréco-orthodoxe de Jérusalem SB Théophile III, y ont pris part des délégués de treize des quatorze Eglises autocéphales orthodoxes (absent le Patriarcat de Bulgarie) et vingt-trois représentants catholiques. Les travaux ont été présidés par le Cardinal Kurt Koch, Président du Conseil pour l'unité, et par le Métropolite Jean de Pergame. Le Prince jordanien Ghazi bin Muhammad, grand expert du dialogue inter-religieux, a été invité à assister à la session du 22. Comme d'habitude, les membres catholiques et orthodoxes se sont d'abord réunis séparément, la délégation orthodoxe discutant notamment le projet de texte préparé par le comité de coordination à la suite des réunions de Rome en 2011 et de Paris en 2012. Le plan de travail porte sur synodalité et primat La part catholique a amélioré le texte pour mieux répondre à l'aspect méthodologique. Face au grand nombre de questions soulevées, la Commission a décidé de revoir le texte provisoire en vue de la prochaine réunion du Comité de coordination, qui préparera la session plénière successive. Les participants, qui se sont rendus sur les lieux attachés au baptême de Jésus, ont exprimé leur grande préoccupation et leur solidarité envers les chrétiens et les autres minorités religieuses persécutées en Irak. Ils ont réaffirmé qu'aucun crime se saurait trouver sa justification dans l'invocation de Dieu ou sous prétexte de la religion, félicitant tous ceux qui assistent ces millions de réfugiés et tout particulièrement l'action du Roi Abdallah II . Suppliant les chefs religieux de la région de soutenir leurs fidèles dans la résolution de retourner dès que possibles dans leurs pays. Avec le soutien de la communauté internationale, c'est le seul moyen de protéger les persécutés et de garantir le maintien de la présence chrétienne dans la région. Relançant leur appel à la libération du Métropolitain d'Alep et de l'Evêque Boulos Yazi, et des autres personnes enlevées, prêtres, religieux et laïcs, les participants ont tenu à remercier l'Eglise locale pour son accueil, y compris la possibilité de travailler sereinement et de prier ensemble avec les fidèles locaux.
« Nous ne sommes pas très nombreux, mais notre foi est grande »
Menacés par l'avancée du groupe État islamique (EI), des chrétiens d'Irak commencent à former leurs propres milices, estimant que les forces kurdes ou fédérales ne les ont pas protégés face aux jihadistes qui ont pris plusieurs villes et villages chrétiens.
Sharafya, dans le nord de la plaine de Ninive. Les jihadistes qui avaient pris ce village en ont été délogés mi-août, mais un mois plus tard, ses rues sont toujours vides. Les combattants de l'EI ne sont qu'à quelques kilomètres, dans le village de Tel Kef, et seuls quelques hommes en uniforme arpentent le secteur. Au premier abord, ils ressemblent aux peshmergas, les forces kurdes : uniforme kaki et kalachnikov en bandoulière. Mais brodé sur la manche ou porté fièrement sur la poitrine, un écusson les distingue : le drapeau assyrien, barré de deux fusils.
Ces hommes appartiennent à une toute nouvelle brigade assyrienne, un peuple chrétien installé depuis des millénaires dans la plaine de Ninive. Formée le 11 août et baptisée Dwekh Nawsha (Futur martyr) dans le dialecte araméen local, elle compte une centaine d'hommes, selon le lieutenant-colonel Odicho. « Nous ne sommes pas très nombreux, mais notre foi est grande », dit-il, avant de retourner travailler à former les nouvelles recrues, pour l'heure loin d'être prêtes. (Lire aussi : « Je ne veux pas y retourner. Nous avons vu la mort. Je veux partir en Europe ») Chez les FL de Geagea Selon le Mouvement démocratique assyrien, l'un des partis politiques assyriens de la région, 2 000 hommes se sont déjà portés volontaires pour combattre l'EI, un groupe extrémiste sunnite responsable de multiples exactions contre les minorités notamment chrétienne. Mais les armes, les uniformes et l'entraînement manquent.
Pour tenter de renforcer les rangs, une délégation d'Assyriens irakiens s'est rendue au Liban rencontrer les Forces libanaises (FL), la principale milice chrétienne durant la guerre civile au Liban (1975-1990), a indiqué une source au sein des FL à l'AFP. Samir Geagea, le chef des FL, a affirmé que son parti était prêt à « soutenir toute décision prise par les chrétiens d'Irak » pour rester dans ce pays, selon cette source.
La création de « brigades » chrétiennes en Irak rappelle en outre l'engagement des Assyriens en Syrie voisine, où ils ont formé le Conseil militaire syriaque, qui se bat activement au côté du parti YPG des Kurdes syriens, pour tenter de renverser le régime. (Pour mémoire : Dix mille chrétiens ont déposé une demande de visa au consulat de France à Erbil)
À quelques kilomètres de Sharafya se trouve la ville chrétienne d'al-Qosh, posée à flanc de montagne, à l'ombre du monastère Rabban Hermizd. Aucun membre de l'EI n'y a posé un pied, mais la population a fui début août, quand les jihadistes se sont emparés de plusieurs villages en contrebas. Au milieu des rues désertes, impossible de rater le bâtiment du Mouvement démocratique assyrien. Son violet (la couleur du parti) tranche avec la couche de sable qui recouvre une grande partie de la région. À l'intérieur du bâtiment, des hommes en uniforme, armes aux pieds, sont assis autour de thés fumants. Ils sont tous chrétiens, civils dans leur immense majorité, et ont décidé de rester pour défendre al-Qosh. À peine assis, leurs voix se mêlent les unes aux autres dans une litanie d'où ressort la même chose : si nous sommes là, c'est parce que les forces kurdes nous ont abandonnés.
Le récit est pareil : dans la nuit du 6 au 7 août, quand les jihadistes ont avancé vers les villages, les peshmergas sont partis, sans prévenir la population. « Ils ont laissé les hommes du village seuls », accuse Athra Kado. « Deux jours avant, ils nous avaient dit que nous n'avions pas besoin d'armes, qu'ils nous défendraient », renchérit un de ses compagnons. « Les Kurdes ne nous ont pas protégés, le gouvernement irakien ne nous a pas protégés », lance un troisième. Une centaine d'hommes en tout patrouillent de jour et restent alertes la nuit. Pourtant des peshmergas sont revenus et gardent désormais l'entrée du village. Mais « peut-être qu'ils vont fuir à nouveau, alors on reste », dit Athra Kado. Lire aussi François : Que personne ne pense pouvoir faire de Dieu un bouclier Chrétiens d'Orient et musulmans de France lancent des appels contre l'Etat islamique
> Coordination « Chrétiens d'Orient en Danger »
> CHREDO
> www.chretiens-dorient-en-danger.org >
> La Coordination Chrétiens d'Orient en Danger (CHREDO) appelle à manifester dimanche 28 septembre à 14h30, Place de la République à Paris, pour rendre hommage à toutes les victimes de DAESH, aussi bien notre compatriote français lâchement assassiné, que les musulmans, les chrétiens d'Orient, et les minorités exposés à la barbarie quotidienne de terroristes sanguinaires.
>
> Patrick Karam, Président de la CHREDO, estime que: "Ce qui est en jeu aujourd'hui ce n'est pas la confrontation entre les civilisations arabo-musulmanes et la civilisation occidentale, ce n'est pas un affrontement entre pays chrétiens et pays musulmans. Ce qui est en jeu est tout simplement le combat de la civilisation contre la barbarie et l'obscurantisme, le combat du bien contre le mal."
> "L'assassinat de notre compatriote Hervé Gourdel par un groupuscule terroriste affilié à DAESH rappelle que cette organisation criminelle constitue aussi une menace non seulement pour l'Orient mais aussi pour notre sécurité nationale et celle du monde.
> La violence des mouvements terroristes aujourd'hui s'exerce principalement contre l'Irak et la Syrie, mais se propage dans toute la région : au Liban où depuis le mois d'août dernier l'armée libanaise a affronté des milices djihadistes et où avec la Jordanie le risque de déstabilisation est le plus grand et même dans le Sinai en Egypte où des pratiques inédites de décapitations commencent à être déployées. Le lâche assassinat de notre compatriote en Algérie, les prochains attentats promis par DAESH en Europe et particulièrement en France sont des métastases du déploiement d'un mouvement de lâches barbares qui a pris pour cible les populations civiles innocentes, en particulier les Chrétiens d'Orient et les minorités, y compris les musulmans eux-mêmes.
> La CHREDO rappelle qu'elle a saisi le procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui a inscrit au rôle sa plainte pour crimes contre l'humanité et génocide contre DAESH et ses affidés.
> Patrick Karam, Président de la CHREDO, estime : "Il est temps d'aborder une autre étape : celle de la judiciarisation des atteintes graves qui peuvent être caractérisées comme 'crimes contre l'humanité', afin d'adresser un message sans ambiguïté aux terroristes et à leurs soutiens qu'il n'y aura aucune tolérance ni faiblesse dans la traque et la sanction.. Ceux qui se réfèrent à DAEH, sont automatiquement coupables de complicités de crime contre l'humanité et doivent répondre devant un Tribunal Pénal International et pas seulement des tribunaux nationaux."
>
> Contact: Patrick Karam: 06 79 08 81 70
>
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Le Liban, réponse historique à « l'État islamique »
Pour maîtriser notre destin, il faut d'abord le comprendre. C'est surtout à la lumière de ce qui s'est passé depuis la Première Guerre mondiale que la chose est possible. Pour Martino Diez, directeur scientifique de la Fondation internationale Oasis, centre d'études créé par le cardinal Angelo Scola, « le Proche-Orient n'en finit pas de payer les conséquences de la disparition de l'Empire ottoman ». Ces conséquences, précise Martino Diez, interrogé par Radio-Vatican, sont de deux ordres, territorial et religieux. Selon le chercheur, la disparition de l'Empire ottoman a ouvert une question territoriale qui a été réglée par l'accord Sykes-Picot. Or pour affaiblir l'Empire ottoman, les Alliés – France et Grande-Bretagne en tête – avaient fait beaucoup de promesses contradictoires. Ainsi, Lawrence d'Arabie avait, de bonne foi, promis aux Arabes la création d'un grand État les réunissant tous, en échange de leur soutien contre les Turcs. Il n'en sera rien. Les Palestiniens paieront, eux, le prix fort des promesses de création d'un foyer national juif en Palestine. Le gouvernement français, pour sa part, a longtemps hésité sur ce qu'il ferait des territoires dont il a hérité : créer une grande Syrie ou bien morceler cet ensemble. Finalement, le Liban réclamé par les maronites verra le jour. Pour les Arméniens et les Assyriens, il en sera autrement. « On peut même dire que l'abysse des communautés chrétiennes a commencé justement après la Première Guerre mondiale », assure Martino Diez. « Le traité de Sèvres prévoyait la possibilité pour les Kurdes d'établir un véritable État. La perspective sera écartée », dit-il. « Les espoirs, les craintes, les incompréhensions qui ont pu naître de la politique des deux puissances mandataires ont contribué au développement de courants de pensée politique au sein des populations arabes », souligne Diez. On pense au panarabisme de Nasser, à l'idéologie du parti Baas ou au nationalisme pan-syrien, etc.
L'abolition du califat « Sur le plan religieux, l'abolition du califat par Kemal Atatürk (1923) fut un véritable choc, affirme ensuite Martino Diez. Muhammad Iqbal, un grand penseur pakistanais (même si le Pakistan n'existait pas encore), va écrire longuement sur le sujet. Les Frères musulmans en Égypte furent fondés juste après la guerre. Même si leur fondateur n'est pas explicite sur ce point, d'autres penseurs proches de lui, comme Rashid Rida, parleront beaucoup de la nouvelle création du califat. Il faut donc faire le lien entre la fin du califat et l'islam politique d'aujourd'hui. La résurgence d'un califat sous la houlette de "l'État islamique en Irak et en Syrie", même purement formel, apparaît, à la lumière de l'histoire, comme une énième tentative de solder les comptes du passé. » Aux musulmans de trouver à l'islam un autre visage que celui de la barbarie jihadiste. Revenons maintenant à la proclamation du Grand Liban (1920), puis faisons un bond en avant de 94 ans, et atterrissons à la mosquée Mohammad el-Amine d'abord, ensuite à Dar el-Fatwa. Qu'y voit-on ? Quelles que soient les ambiguïtés et les hésitations réelles qui ont marqué sa naissance, quels que soient les manquements de ses fondateurs et les soubresauts qu'elle a connus, nous voyons une patrie libanaise qui a pris corps, qui a résisté aux séismes, qui a désormais des racines, une histoire et un avenir. Ce grand succès de l'histoire, il faut le reconnaître, est le succès d'un projet maronite, c'est-à-dire d'un projet chrétien. C'est là l'essence du pacte national passé entre les deux communautés maronite et sunnite, dans les années quarante, banquet auquel furent et continuent d'être invitées toutes les autres communautés. Mais dire que le Liban est un projet maronite – ou chrétien, c'est égal –, a un corollaire, cela signifie que les chrétiens maronites n'ont pas d'autre projet que le Liban, que le Liban est leur seul et définitif projet. C'est la raison pour laquelle le projet de loi électorale prévoyant que chaque communauté vote pour ses propres députés, approuvé au printemps dernier par des personnalités maronites, à Bkerké, était tellement choquant. C'était, d'une certaine façon, un douloureux constat d'échec du Liban. Admettons que ce fut le fruit d'un aveuglement provisoire. Car d'une façon ou d'une autre, ce projet, s'il était passé, aurait abouti à une rupture du pacte national. D'une façon ou d'une autre, les chrétiens y auraient décidé tacitement – ou ouvertement – qu'ils pourraient avoir d'autres projets que le Liban. Certains ont vu luire à l'horizon de ce projet alternatif au Liban la doctrine de l'alliance des minorités. L'alliance des minorités est un projet fédérateur panarabe différent du pacte de convivialité libanais. Y adhérer, c'est tourner le dos à notre ou nos partenaires historiques pour leur préférer la sécurité – illusoire – d'un ensemble où les chrétiens ne seraient qu'une île, et non plus le levain dans la pâte et le sel de la terre. Lors de sa visite de félicitations à Dar el-Fatwa, dans des propos dont l'importance n'a pas encore été assez soulignée, le patriarche maronite a parlé de la culture libanaise comme « instrument de salut » social et politique. C'est là une vision qui rejoint celle de Jean-Paul II, dont la patrie ne survécut que grâce à sa culture. Est désormais assignée à la culture libanaise, à la culture de la convivialité, la tâche d'absorber le « choc culturel » des deux fondamentalismes sunnite et chiite (le Hezbollah doit admettre sa part de responsabilité dans l'état de vulnérabilité où se trouve aujourd'hui le Liban), et d'en triompher, faisant ainsi triompher la diversité, qui est la loi même de la vie, et son corollaire politique, le pluralisme, la démocratie, l'alternance au pouvoir, la liberté. Aujourd'hui, pour faire face au groupe « État islamique » qui cherche à habiller d'uniformité et de ténèbres le monde arabe et l'islam, notre seule réponse, comme Libanais, est le Liban, le succès de notre vocation historique. C'est la seule réponse susceptible d'être apportée non seulement à l'État islamique, mais à tous les fondamentalismes qui se proposeraient à nous, en particulier à cet État voisin dont Benjamin Netanyahu cherche à faire un État juif, un État au nom duquel il pourrait expulser de l'espace national tous les Arabes restés en Israël après 1948. Tout comme aujourd'hui l'État islamique expulse les chiites, les chrétiens, les yazidis et les Kurdes de son espace, pour construire quoi en définitive ? Un anti-Liban.
Dar el-Fatwa parraine un engagement islamo-chrétien contre « la tyrannie et le terrorisme »
Le document élaboré hier lors du sommet islamo-chrétien à Dar el-Fatwa est fondamental. Il valorise l'essence de la pluralité du modèle libanais, en l'élargissant à la région. Il asseoit les normes de cette pluralité face à « la dualité du terrorisme et de la tyrannie ». Ces deux menaces à « l'État civil, seul garant de la diversité arabe », finiront par se dissiper, affirment en chœur les chefs d'Églises orientales, et les cheikhs musulmans et druzes, réunis hier sous l'égide du nouveau mufti de la République, cheikh Abdellatif Deriane. Le communiqué lu à l'issue du sommet par le secrétaire général de la commission nationale du dialogue islamo-chrétien, Mohammad Sammak, a d'abord confié à la présidentielle libanaise une portée symbolique supranationale, liée directement à la maturation d'une citoyenneté arabe et plurielle. Les dignitaires musulmans et chrétiens ont ainsi « exhorté le Parlement à accomplir son devoir constitutionnel fondamental en élisant immédiatement un président (...). Retarder l'élection du seul chef de l'État chrétien dans le monde arabe, à l'heure des souffrances extrêmes subies par les chrétiens d'Orient aux mains des forces terroristes fondamentalistes, paralyse le rôle du Liban dans l'accomplissement du message, à portée nationale et arabe, qui fait sa raison d'être ». Le document a ensuite défendu, sans la mentionner explicitement, la politique de distanciation, qu'il a désignée par « l'éloignement du Liban des conflits extérieurs et des politiques des axes régionaux et internationaux ». Le document a également appelé à une gestion « sage et responsable » du dossier des réfugiés syriens au Liban.
« Être fort par l'État, et non au détriment de l'État » Redonnant un souffle au processus d'édification de l'État, le sommet a appelé à « ne pas paralyser les institutions, à être fort par l'État et non au détriment de l'État, (...) et à respecter le pacte de Taëf dans l'esprit et la lettre ». Les dignitaires religieux ont « renouvelé leur engagement en faveur de la coexistence et de l'unité nationale, l'État étant la seule autorité habilité à résoudre les affaires nationales ». Ils ont refusé « de tirer sa force de l'étranger, ou de se remettre aux armes à l'intérieur ». Ils ont déclaré leur attachement au « dialogue national, comme base de la gestion de la pluralité ».
« Aucune cause ne devance la dignité humaine » Transposant la teneur de ce discours au niveau régional, le sommet islamo-chrétien a déclaré qu'il « n'existe aucune cause sacrée au détriment de la dignité et des droits de l'homme ». De même, « il n'existe aucune guerre sacrée au nom de la religion », l'essence même de la religion étant la paix. « La paix est l'une des qualités de Dieu, et la cause la plus noble à laquelle tendent les vrais croyants. » « La paix est le sacré », a stipulé solennellement le document. Le corollaire de ce principe serait notamment le respect de la liberté de culte et des propriétés privées et publiques. D'ailleurs, le discours d'investiture de cheikh Deriane, qui avait rejoint la déclaration d'al-Azhar en faveur des libertés publiques, a été salué hier. Si le document élaboré hier a stigmatisé la violation de ces libertés, il a souligné que « les chrétiens et les musulmans, de Syrie et d'Irak, ont subi ensemble ces crimes contre l'humanité et la religion ». En même temps, le document a mis sur un pied d'égalité les auteurs de ces actes, en évoquant « la dualité de la tyrannie et du terrorisme, longtemps subie par les sociétés arabes ». « Tirer les leçons de la crise sanglante et destructrice que ces sociétés traversent, c'est apprendre à défendre une gouvernance équitable, participative et favorable aux libertés », est-il indiqué. Deuxième stipulation-clé du document : « L'État civil, respectueux des religions et de la dignité humaine, est la seule formule ayant réussi à maintenir la stabilité et l'essor des États qui gèrent des sociétés plurielles, comme les sociétés arabes. »
Les droits des chrétiens arabes C'est dans le cadre de ces constantes que s'inscrit la protection des chrétiens contre le fondamentalisme. « La stigmatisation des crimes d'agression et de déplacement forcé exercés par des fractions armées contre les chrétiens, les musulmans et d'autres, en Irak et en Syrie (...), impose de mettre en garde contre les conséquences de ces actes sur les chrétiens, ceux-ci étant amenés à se déraciner des patries dont ils sont le fondement depuis 2 000 ans. » Le sommet appelle les victimes, « surtout les chrétiens, à rester attachés à leur terre », et annonce sa décision de « former une délégation islamo-chrétienne commune afin de sensibiliser les autorités religieuses, politiques et arabes à la violation des droits des chrétiens arabes ». « Le crime contre l'humanité est le même, indépendamment de son auteur », a ajouté le document, associant « les atteintes contre les chrétiens de Syrie et d'Irak aux agressions israéliennes contre Gaza ». Cheikh Mohammad Nokkari, membre du comité de dialogue islamo-chrétien, confirme à L'OLJ que ce document consacre « l'abandon de la logique des minorités, l'islam ne percevant que l'homme, égal de l'autre ». Il estime en outre que le sommet d'hier s'est démarqué d'autres sommets similaires par « l'accent mis sur les libertés ». C'est en cela d'ailleurs que le sommet « rejoint certainement la rencontre de Saydet al-Jabal », qui s'était tenue près d'un mois plus tôt. L'une des figures de cette rencontre, et précurseur du vivre-ensemble, l'ancien député Samir Frangié, salue « l'excellente initiative de Dar el-Fatwa, qui rappelle le rôle, assumé il y a longtemps par l'Église maronite, à l'époque où les dirigeants politiques s'enfonçaient dans la léthargie ». L'autorité religieuse sunnite joue désormais un rôle essentiel dans la diffusion du « discours primordial de la modération », ajoute-t-il. Le leader du Futur, Saad Hariri, a effectivement salué le document islamo-chrétien, qu'il a qualifié « de nouvelle charte de la coexistence et de puissant appel en faveur de l'entité libanaise ».
Jean-François Colosimo : «Les chrétiens d'Orient sont un peuple errant et persécuté»
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Alors que la coalition internationale poursuit ses frappes contre l'Etat Islamique, Jean-François Colosimo décrypte la longue agonie des Chrétiens d'Orient dans son livre Les Hommes en trop.
Jean-François Colosimo est écrivain et essayiste. Président du Centre national du livre de 2010 à 2013, il dirige désormais les éditions du Cerf. Son dernier livre, Les Hommes en trop, la malédiction des chrétiens d'Orient, est paru début septembre.
FigaroVox: La France est en guerre contre l'Etat Islamique, qui persécute les minorités chrétiennes. Le sort des Chrétiens d'Orient a-t-il joué dans la décision de cette intervention?
Jean-François COLOSIMO: Il est clair que la situation des chrétiens d'Orient en Irak est désastreuse. Pour le christianisme, l'ancienne Mésopotamie, la terre d'Abraham, est perdue. Soyons clairs: il restera des Chrétiens en Irak, mais ils n'auront plus la taille critique suffisante pour entraîner le mouvement de diversité et de sécularisation nécessaire aux sociétés qui risquent de s'uniformiser dans le fanatisme. De plus, les Chrétiens de Syrie connaissent un destin similaire à celui de leurs semblables irakiens, et empruntent à leur tour le chemin de l'exil via le Liban, la Jordanie et la Turquie.
Les Chrétiens sont persécutés depuis 10 ans en Irak, et souffrent depuis 3 ans en Syrie, sans que cela ait provoqué le moindre engagement militaire d'un quelconque pays occidental. Les décapitations récentes de journalistes américains, toutefois, ont placé Barack Obama devant la nécessité absolue d'un réengagement militaire dans la région. Les Etats-Unis, désormais sur la voie de l'indépendance énergétique grâce aux gaz et aux huiles de schiste, n'ont cependant plus aucun intérêt à être présents sur le terrain. Le but de la conférence de Paris était donc de rassembler une coalition supplétive dans le cadre d'une intervention au Moyen-Orient.
Les chrétiens n'ont donc guère pesé dans cette prise de décision, sinon les grandes puissances auraient agi plus tôt et autrement. On peut par exemple regretter que deux des forces les plus intimement liées au devenir de la région, la Russie et l'Iran, quoiqu'il en soit des régimes en place, n'aient pas été associées à cette initiative. Enfin, et en dépit de la volonté affichée de réunir une coalition qui ne serait pas qu'occidentale, l'Orient y participe donc très peu. La France est ici suiviste: elle a accepté et endossé la ligne pro-sunnite qui est celle des Etats-Unis, et ne fait pas preuve de l'intelligence diplomatique dont elle a pourtant les moyens. Elle renonce, de plus, à son rôle historique de protecteur des Chrétiens d'Orient.
Sait-on quel est le sort des Chrétiens d'Irak et de Syrie dans le désordre du conflit?
La montée de l'islamisme a réussi à provoquer l'exode des chrétiens orientaux qui, pendant des siècles, avaient su résister aux invasions, aux empires, aux colonisations et aux décolonisations. Ils n'avaient jusqu'ici pas fui, malgré les événements terribles du XXème siècle: le génocide arménien de 1915, les massacres des Assyriens pendant la Première Guerre mondiale, les déportations de Grecs de Turquie. L'invasion américaine de l'Irak, en 2003, à la suite du 11 septembre, restera comme la date fatidique de ce tournant, la politique de Washington ayant précipité cette catastrophe.
Ainsi, les Chrétiens d'Orient sont aujourd'hui un peuple errant. On peut considérer que des dizaines de millions d'entre eux ne vivent plus, au Moyen-Orient, là où leurs ancêtres ont vécu, et ont été condamnés au départ au cours du siècle écoulé. Cette dispersion s'est accélérée depuis une décennie. Au total, on compte aujourd'hui un nombre écrasant de chrétiens parmi les 2 millions de réfugiés partis d'Irak et de Syrie vers la Turquie, le Liban, et la Jordanie. La Turquie, qui a maltraité ses propres minorités chrétiennes au point qu'elles sont aujourd'hui quasiment éteintes, est obligée d'accepter à nouveau, d'un mauvais œil, ces flots de réfugiés. Quant au Liban et à la Jordanie, ces deux pays sont instables. On peut donc prévoir de nouveaux malheurs pour les chrétiens réfugiés. Il faut également prendre en compte les présents 10 millions de déplacés, entre l'Irak et la Syrie, pour comprendre la fragilité de ces communautés.
Ces données, auxquelles s'ajoute l'exode silencieux en temps de paix, consécutif à un état de violence latent comme en Egypte, montrent que la présence de Chrétiens est menacée, sur la terre même où le christianisme est né.
Symboliquement, que représente Mossoul dans l'imaginaire chrétien?
A Mossoul, et contrairement à l'idée répandue, la présence de chrétiens est récente: elle date d' un à deux siècles. Chassés, poursuivis et massacrés au tournant des XIX-XXe siècles, puis au tournant de l'an 2000, les Assyro- Chaldéens et les Syriaques se sont regroupés peu à peu dans le nord de l'Irak.
Georges W. Bush, prenant acte de cette concentration, souhaitait créer une sorte de Bantoustan chrétien autour de l'ancienne Ninive. Un tel projet montre l'incompréhension des leaders occidentaux des réalités du Moyen-Orient: ce territoire, encadré de barbelés, outre qu'il aurait coupé les chrétiens de leur lieu naturel et légitime de vie, se serait rapidement transformé un en immense charnier. Benoît XVI lui-même s'est donc insurgé contre cette idée et a bloqué sa mise en œuvre.
Mossoul représente donc une étape de plus dans l'exode des Chrétiens ; cependant, ces lieux, ces étapes cèdent les unes après les autres devant l'avancée de l'Etat Islamique. Da'ech utilise d'ailleurs les images de la fuite des populations pour alimenter une logique de terreur médiatique.
Les Chrétiens d'Orient, pour l'Etat Islamique, sont-ils une cible prioritaire, ou une victime collatérale de la guerre?
Durant l'invasion de 2003, l'armée américaine a soutenu le prosélytisme évangélique au sein des populations irakiennes. Les chrétiens d'Orient sont donc redevenus, dans l'imaginaire arabo-musulman, la 5ème colonne des puissances occidentales, lesquelles n'existeraient de surcroît, toujours dans cet imaginaire, que pour opprimer l'Islam. Avant même la création de Da'ech, Al-Qaïda avait donc posé comme cible prioritaire de la purification de l'Irak les Chrétiens, alliés, selon les djihadistes, des Etats-Unis.
L'islamisme veut éradiquer tout ce qui diffère de sa vision du monde. Aujourd'hui, de plus, le massacre des Chrétiens est un message clair de Da'ech aux minorités et aux musulmans d'Irak: la soumission à l'Etat Islamique est la seule voie possible pour rester en vie. Ceux qui résistent, ne serait-ce que spirituellement comme les chrétiens, seront éradiqués.
En quoi la France a-t-elle un rôle particulier à jouer pour les Chrétiens d'Orient? Quels liens particuliers avons-nous avec eux?
C'est une longue histoire, qui remonte à Saint Louis, aux croisades, lorsque le royaume de France s'est mis au service de la papauté comme garant de la chrétienté. Au XVème siècle, Rome rattache des pans entiers dues christianismes orientaux sous sa juridiction: la monarchie française devient alors naturellement la protectrice des chrétiens d'Orient qui font ce choix en abandonnant l'orthodoxie. Enfin, à partir de Louis XIV, la France investit l'Empire ottoman, y établit des comptoirs marchands et utilise ces communautés comme un levier d'influence.
Cette politique est ensuite réactivée sous Napoléon III, mais se confronte à la Russie qui se veut pour sa part la protectice des chrétiens orientaux orthodoxes. L'élément déclencheur de la guerre de Crimée est ainsi l'affrontement entre des moines franciscains et grecs à Bethléem. Cette logique se perpétue sous la République, sans caractère religieux toutefois: les accords Sykes-Picot, à l'issue de la Première Guerre mondiale, confèrent à la France un mandat sur certains territoires au Moyen-Orient. Ce qui explique, par exemple, la force des liens entre la France et le Liban jusque dans les années 1980, quand Paris commencera à se retirer de la région. La francophonie est jusqu'alors florissante, et les élites locales ne cessent d'attendre de l'aide, du soutien de la France, patrie des droits de l'homme. Depuis, cette attente, cette confiance ont disparues: ces Etats se tournent vers la Russie, aujourd'hui plus proche d'eux, en ce qu'elle continue à jouer de son influence.
Votre livre s'intitule Les Hommes en trop. Pouvez-vous nous expliquer quelle est la «malédiction des Chrétiens d'Orient» que vous citez en sous-titre?
Les chrétiens d'Orient sont des hommes en trop, d'abord pour le monde musulman, pris de convulsions identitaires, et sombrant peu à peu dans l'islamisme ; ensuite pour l'Europe sécularisée, soucieuse d'oublier ses racines, car ils rappellent, par leur simple existence, que le christianisme est originellement une religion orientale tandis que l'idéologie humanitaire dominante, qui se veut dégagée de tout particularisme rechigne de surcroît à aider spécifiquement les chrétiens d'Orient, ce qui permet d'évacuer une forme de culpabilité historique.
La malédiction qui les poursuit depuis des siècles s'est en effet concrétisée au XXe siècle par l'absence de soutien des grandes puissances européennes. En 1915, les Arméniens, prêts à se reconstruire en nation, sont abandonnés par les Russes ; en 1921, les Grecs, qui souhaitent reconquérir leurs territoires ancestraux sont trahis par les Français ; en 1932, les Assyriens, révoltés, sont lâchés par les Britanniques. Cette malédiction se retrouve aujourd'hui encore: jamais l'Union Européenne n'a fait du statut des minorités en Turquie, à commencer par les chrétiennes, mais pas seulement, un critère décisif pour l'entrée d'Ankara dans l'Union. Leur sort importe peu, semble-t-il.
Votre livre décrit le long déclin des Chrétiens d'Orient au cours du XXème siècle, débuté par la dissolution de l'Empire Ottoman et précipité aujourd'hui par l'Etat Islamique. Les interventions américaines de 1991 et 2003 ont-elles précipité cette déstabilisation du Moyen-Orient? Les Etats-Unis ont-ils joué à l'apprenti sorcier dans cette région sans la connaître, au détriment des chrétiens sur place?
Les Etats-Unis se sont montrés aveugles sur les réalités complexes de l'Orient. En choisissant de soutenir l'Arabie Saoudite, les Emirats, le Qatar, donc les Frères musulmans et les Salafistes, comme on l'a vu en Egypte, le camp occidental a fait le choix du monde sunnite, alors que la réforme de l'Islam ne pourra venir que du chiisme. Les chrétiens d'Orient, bien que divisés, choisissent de plus en plus de soutenir le monde chiite ; en Syrie, ils soutiennent les alaouites, proches des chiites ; les seuls lieux où ils peuvent se réfugier, en Irak, sont les territoires chiites ; à Téhéran, à la différence de Ryad, ils bénéficient d'une certaine liberté de culte inhérente à la tradition chiite. Ce qui n'implique pas, évidemment, de mésestimer les problèmes propres au chiisme.
L'Occident, suivant la doctrine états-unienne, a néanmoins fait une terrible erreur en soutenant la pointe extrême du sunnisme qui doit désormais faire face à son Golem.
Vous dites également que la disparition des Chrétiens d'Orient marque la fin de notre «humanité historique». Qu'entendez-vous par là?
L'effacement des Chrétiens d'Orient est un signe précurseur de l'avancée de la mondialisation, qui propose une humanité abstraite et déracinée. Cette logique s'inscrit dans une post-histoire, et propose un modèle unique la logique consumériste.
Cependant, je constate que plus ce mouvement unificateur progresse, plus les populations, en réaction à cette abstraction forcée se tournent vers l'élément le plus fort de leur socle identitaire: leur religion. La mondialisation regroupe donc en son sein deux mouvements: d'une part, une unification autour du concept du marché global ; et d'autre part, une explosion des conflits entre des identités qui défendent leur spécificité, souvent regroupées autour d'une reconstruction aberrante de leur identité confessionnelle.
La disparition des Chrétiens d'Orient, symboliquement, signifie également l'amnésie volontaire de l'Occident, qui refuse d'accepter ses origines, et se lance ainsi à bras ouverts dans le mouvement d'uniformisation de la mondialisation. Ces minorités sont gênantes, car elles forment un trait d'union entre l'Orient et l'Occident, et ne rentrent ainsi pas dans le moule manichéen de la mondialisation.
Le grand clivage actuel n'est donc pas entre le nord et le sud, les libéraux et les conservateurs ou la droite et la gauche, mais entre ceux qui pensent que l'homme n'est pas libre de sa propre histoire et qu'il doit se souvenir de ses origines, et ceux qui pensent que l'humanité peut se réinventer, que chaque individu est son propre maître, absolu, et qu'il peut se donner sa propre définition sans lien historique.
A l'échelle du Moyen-Orient, la disparition des Chrétiens annonce la fin de ce qu'ils représentaient: la différence, le tiers absolu, la puissance de sécularisation dans le politique. Les musulmans modérés, réformateurs, perdront donc un allié de poids avec leur effacement. Et nous-mêmes, une grande partie de notre propension à penser que nous incarnons la morale.
120 savants musulmans écrivent une « lettre ouverte » au chef de l'État islamique
Plus de 120 savants musulmans du monde entier ont publié sur Internet une « lettre ouverte à Ibrahim Awwad Al-Badri, alias 'Abu Bakr Al-Baghdadi', et aux combattants et adhérents du soi-disant'Etat islamique'». La liste des signataires est publiée par ordre alphabétique à la fin du texte, du sultan de Sokoto au Nigeria, Muhammad Saas Ababakar, jusqu'à Zaki Zaidan, professeur de charia à Tanta en Égypte.
L'Égypte – via l'institution Al Azhar, le grand mufti Chawqi Allam notamment – y est particulièrement représentée. Mais d'autres signataires viennent de Jordanie, du Maroc, de Tunisie, du Liban, du Pakistan, d'Indonésie, d'Irak, du Soudan et même d'Arabie saoudite. L'Europe est également représentée avec quelques signatures anglaises, néerlandaises, ou allemandes. Un Français figure également dans la liste : « Marzouk Bakkay, de la Fédération nationale des musulmans de France ». Sans doute la transcription arabe du nom de Merzak el Bekkay, vice-président du Conseil régional du culte musulman d'l'Île-de-France.
« Il est interdit dans l'islam de tuer des innocents »
Un résumé en 24 points expose les fautes commises par le chef autoproclamé du « califat » au regard du droit et des sciences islamiques. Des erreurs longuement commentées, références à l'appui, dans ce texte d'une vingtaine de pages :
« 1. Il est interdit en islam d'émettre fatwas sans posséder toutes les connaissances nécessaires. Même alors, les fatwas doivent suivre la théorie juridique islamique tel que définie dans les textes classiques. Il est également interdit de citer une partie d'un verset du Coran – ou une partie d'un verset – pour en déduire une règle sans regarder tout l'enseignement du Coran et des hadiths lié à cette question. (…) 4 – Il est permis dans l'islam de différer sur n'importe quel sujet, à l'exception des fondements de la religion que tout musulman doit connaître. 5 – Il est interdit dans l'islam d'ignorer la réalité de l'époque contemporaine lorsque l'on rend un avis juridique. 6 – Il est interdit dans l'islam de tuer des innocents. 7 – Il est interdit dans l'islam de tuer des émissaires, des ambassadeurs et des diplomates ; par conséquent, il est interdit de tuer les journalistes et les travailleurs humanitaires. (…) »
Des amis, des voisins
Dans un paragraphe intitulé « Gens du Livre », les auteurs rappellent que l'EI leur a « donné trois choix : jizyah (paiement de l'impôt), l'épée, ou la conversion à l'islam. Vous avez peint leurs maisons rouges, détruit leurs églises, et dans certains cas, pillé leurs maisons et leurs biens. Vous avez tué certains d'entre eux et poussé de nombreux autres à fuir leurs maisons sans rien, à l'exception de leurs vies et des vêtements qu'ils portaient sur leur dos. Ces chrétiens ne sont pas combattants contre l'islam ou des transgresseurs mais des amis, des voisins et concitoyens ».
Du point de vue juridique de la charia, souligne en effet le texte, « ils relèvent tous d'accords anciens, qui ont environ 1400 ans, et les décisions du djihad ne s'appliquent pas à eux. (…) En bref, ils ne sont pas étrangers à ces terres, mais plutôt les peuples autochtones de ces terres avant l'époque islamique ; ils ne sont pas ennemis, mais amis ».
L'esclavage interdit par consensus
Dans un autre paragraphe consacré aux yézidis, considérés par l'EI comme « des adorateurs de Satan » et, pour cette raison, « tués par centaines et enterrés dans des fosses communes », ces savants musulmans affirment, références à l'appui, qu'ils doivent être considérés eux aussi comme des « Gens du Livre ».
Quant à l'esclavage, « aucun érudit de l'islam ne peut contester que l'un des objectifs de l'islam est de (l') abolir », affirme le texte, qui rappelle que Mohammed lui-même avait affranchi ses esclaves. « Vous avez remis en vigueur une pratique que la charia avait travaillé sans relâche pour réparer et qui était considérée comme interdite par consensus depuis plus d'un siècle », déplorent les auteurs. « Vous portez la responsabilité de ce grand crime et toutes les réactions auxquelles il peut conduire contre l'ensemble des musulmans ».
Revenir à la religion de la miséricorde
En conclusion, ces 120 savants musulmans du monde entier reprochent aux combattants de l'État islamique d'avoir « mal interprété l'islam » et d'en avoir fait « une religion de dureté, de brutalité, de torture et d'assassinat ». « C'est un grand mal et une atteinte à l'islam, aux musulmans et au monde entier », affirment les auteurs, qui appellent les coupables à « se repentir », à « cesser de nuire à autrui et revenir à la religion de la miséricorde ».
Le 3 janvier 2014, le pape François célèbre une messe d'action de grâce pour la canonisation du jésuite français Pierre Favre à l'église du Gesù à Rome.
À l'occasion du bicentenaire du rétablissement de la Compagnie de Jésus par son lointain prédécesseur Pie VII, le pape François célébrera l'office des Vêpres et le Te Deum à l'église romaine du Gesù, samedi 27 septembre à 17 heures, annonce le site de la Curie générale des jésuites.
Fondée en 1539 par saint Ignace de Loyola (1491-1556) puis supprimée par le pape Clément XIV en 1773, sous la pression des cours européennes, la Compagnie de Jésus avait été restaurée par la bulle Sollicitudo omnium ecclesiarum de Pie VII, le 7 août 1814.
L'église du Gesù, à Rome, est le centre névralgique d'où partit l'élan missionnaire des jésuites. À l'intérieur sont d'ailleurs conservées les reliques de saint Ignace de Loyola. On y trouve également les tombes de nombreux autres supérieurs généraux de la Compagnie de Jésus.
Pendant le rassemblement organisé devant la Grande mosquée de Paris vendredi 26 septembre 2014.
« Nous, musulmans de France, disons halte à la barbarie », a lancé vendredi 26 septembre le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, face à des centaines de personnes rassemblées devant la grande mosquée de Paris en hommage à l'otage assassiné Hervé Gourdel.
« Ce rassemblement, c'est l'expression forte et vivante de notre volonté d'unité nationale et de notre volonté inébranlable de vivre ensemble », a-t-il ajouté, en martelant que l'« islam est une religion de paix » qui « ordonne le respect de la vie ».
Citant un verset du Coran, le recteur de la grande mosquée a dit que tuer un homme revenait à « tuer toute l'humanité », mais que « sauver un homme, c'est sauver l'humanité ».
Hervé Gourdel, un guide de haute montagne de 55 ans, a été enlevé dimanche en Algérie par le groupe Jund al-Khilafa, lié à l'organisation État islamique qui réclamait l'arrêt des frappes françaises en Irak. Dans une vidéo, mise en ligne mercredi, ses ravisseurs ont montré sa décapitation.
« Je suis là pour vous dire de redresser la tête, soyez fiers de ce que vous faites »
« Nous ne céderons pas à la peur car nous sommes debout ici ensemble », a commenté la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS). « La communauté nationale ne se laissera pas diviser », a renchéri la présidente du groupe UMP au Conseil de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet
Tous s'adressaient à une foule plutôt masculine, de tous les âges et apparences, qui a respecté une minute de silence en hommage à Hervé Gourdel.
« Je suis là pour vous dire de redresser la tête, soyez fiers de ce que vous faites », leur a aussi lancé Mgr Michel Dubost, chargé du dialogue interreligieux à la Conférence des évêques de France. Le rassemblement, lancé jeudi 25 septembre par Dalil Boubakeur, avait suscité le scepticisme du Collectif contre l'islamophobie en France, pour qui « les musulmans ne doivent pas jouer le jeu islamophobe, qui consiste à les placer en coupable et suspect idéal, les poussant sans arrêt à se justifier pour les agissements de tiers ».
« Nous sommes là en solidarité avec Hervé Gourdel, pas pour nous justifier », a rétorqué Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie, lié au CFCM.