Le Comité du patrimoine mondial de l'Unesco, réuni pour sa 37e session annuelle à Phnom Penh (Cambodge) du 16 au 27 juin, a inscrit jeudi 20 juin sur la liste du patrimoine mondial en danger six sites historiques syriens menacés par les combats : les anciennes villes de Damas, Bosra et Alep, l'oasis de Palmyre, le Krak des Chevaliers et Qal'at Salah El-Din, ainsi que des villages antiques du Nord de la Syrie.
« La décision est destinée à rassembler du soutien pour la sauvegarde des sites », a commenté Roni Amelan, porte-parole de l'organisation. Le comité a également soutenu la proposition française de création d'un fonds spécial pour aider à la conservation des sites.
Dans des documents préparatoires à la réunion, l'Unesco avait noté que les informations sur les destructions étaient « partielles » et provenaient de sources pas toujours vérifiables, comme les réseaux sociaux, ainsi que d'un rapport des autorités syriennes qui « ne reflète pas nécessairement la situation réelle dans son ensemble ».
Mais face au conflit armé, « les conditions ne sont plus réunies pour assurer la conservation et la protection de la valeur universelle exceptionnelle des six biens », soulignait-elle. « Alep, en particulier, a subi des dommages considérables ».
Une perte pour toute l'humanité
En avril, le minaret de la mosquée des Omeyyades, joyau historique de cette métropole du nord de la Syrie autour de laquelle se sont déroulés de violents combats, s'est effondré. À l'automne 2012, la mosquée, construite au VIIIe siècle et rebâtie au XIIIe siècle, avait déjà subi d'importants dommages. En septembre de la même année, le souk d'Alep, avec ses boutiques parfois centenaires aux portes de bois, avait été partiellement détruit par les flammes. La citadelle a également été endommagée.
Depuis le début des combats, l'Unesco a plusieurs fois appelé les belligérants à épargner le patrimoine culturel du pays et a alerté la communauté internationale sur le risque de trafic d'objets culturels.
« J'appelle les responsables de ces dommages à cesser immédiatement toute destruction et à faire preuve de respect pour les croyances et les traditions de tous les Syriens », avait ainsi déclaré début juin la directrice générale de l'organisation, Irina Bokova. « La destruction du patrimoine culturel irremplaçable du peuple syrien est une perte pour toute l'humanité », avait-elle ajouté, évoquant les mausolées, mosquées, sites archéologiques, objets culturels et traditions vivantes.
De nouveaux sites en danger inscrits sur la liste de l'Unesco
Le Comité du patrimoine mondial a également placé sur la liste du patrimoine en danger Rennel Est, île de l'archipel des Salomon et plus grand atoll corallien surélevé du monde, menacé par l'exploitation forestière.
Il a en revanche retiré de cette liste la citadelle iranienne de Bam, très endommagée par un séisme dévastateur en 2003, estimant que le site était désormais sain.
Le Comité doit examiner dans les prochains jours l'inscription de 31 nouveaux sites naturels et culturels au patrimoine mondial qui compte déjà 962 noms dans 157 pays.
Parmi les candidats cette année figurent le Mont Fuji (Japon), la ville d'Agadez (Niger), les villas Médicis et le mont Etna (Italie), le désert du Namib en Namibie et la station baleinière canadienne de Red Bay où opéraient les marins basques au XVIe siècle.