7/7/2013-En Egypte, les coptes sont victimes de la crise politique | La-Croix.com
Des partisans des Frères musulmans s'en prennent ouvertement aux coptes.
Les attaques contre les chrétiens se multiplient depuis l'éviction de Mohamed Morsi par l'armée.
Avec cet article
Les premières violences contre les coptes ont eu lieu juste après la déclaration d'Abdel Fattah Al Sissi, le chef des forces armées, annonçant que Mohamed Morsi n'était plus président.
« C'est à Delga, une petite ville près de Minia, en Haute-Égypte, où 20 % de la population est chrétienne, que la première attaque a eu lieu. Des hommes ont pris d'assaut le centre social de l'église catholique. Ils l'ont saccagé, pillé, puis ont incendié le bâtiment », décrit Isaac Ibrahim, chargé de la question des minorités au sein de l'Initiative égyptienne pour les droits de la personne, une association de défense des droits de l'homme. « Le prêtre de Delga a immédiatement appelé l'armée et la police, mais ils ne sont arrivés sur les lieux que le lendemain matin », précise-t-il.
Les violences ne se sont pas limitées à des dégâts matériels : le 4 juillet, alors que des hommes étaient en train de piller son magasin, un habitant copte de Delga a ouvert le feu sur les assaillants, tuant l'un d'entre eux. En représailles, ils ont tiré à leur tour et blessé la femme du propriétaire du magasin et deux autres chrétiens.
« On ne sait pas si les assaillants sont membres des Frères musulmans ou de partis salafistes qui les soutiennent, mais ce sont très certainement des partisans de Mohamed Morsi, furieux de son éviction », affirme Isaac Ibrahim.
Des victimes faciles
Cette flambée de violences est loin d'être isolée. Depuis que l'ex-président islamiste a été chassé du pouvoir par les militaires, les attaques contre les coptes se multiplient dans tout le pays. À Marsa Matrouh, le 3 juillet, une église a été attaquée à coups de cocktails Molotov. À Dabawiya, un village près de Louxor, des affrontements entre chrétiens et musulmans ont fait quatre victimes coptes et un musulman, tandis que vingt-cinq maisons appartenant à des chrétiens ont été brûlées. Tous les coptes du village sont, depuis, réfugiés dans l'église.
Et à El-Arich, dans le nord du Sinaï, un prêtre copte a été tué samedi : des hommes armés ont obligé le P. Mina Aboud Charouine, 39 ans, à sortir de sa voiture, avant de le tuer et de s'enfuir au volant du véhicule. Un copte a aussi été kidnappé à Rafah, près de la frontière avec Gaza.
Dans le Sinaï, où des groupes islamiques armés attaquent chaque jour l'armée ou la police depuis mercredi – cinq policiers et un soldat ont jusqu'ici été tués –, les chrétiens, peu nombreux, sont des victimes faciles. « Pendant les périodes de transition, les minorités sont toujours prises pour cibles, elles deviennent un outil de pression sur le pouvoir, analyse Isaac Ibrahim. D'autant que ceux qui soutiennent Morsi savent que les Occidentaux sont particulièrement sensibles aux attaques contre les chrétiens. »
Théorie du complot
Même si les Frères musulmans prônent une résistance « pacifique » au coup d'État et n'appellent pas leurs partisans à attaquer les coptes, ils sont indirectement responsables, par leurs discours, de ces violences. Plusieurs leaders du mouvement ont ainsi affirmé, ces dernières semaines, que les coptes étaient derrière le mouvement de protestation contre Mohamed Morsi.
« Au moins 50 % de ceux qui sont descendus dans les rues le 30 juin sont chrétiens, affirmait ainsi très sérieusement Adel Shalaby, un Frère présent jeudi au rassemblement des pro-Morsi, dans le nord du Caire. Ils ont peur de notre projet islamiste, c'est pour cela qu'ils se sont alliés au complot de l'armée et de l'ancien régime contre les Frères musulmans. » Une théorie du complot où les coptes ont un rôle central, et à laquelle beaucoup d'islamistes pro- Morsi croient dur comme fer.
Parmi la communauté copte, on s'inquiète désormais de la tournure des événements. « Lorsqu'ils ont entendu qu'il allait y avoir des manifestations pro-Morsi, les Coptes ont fermé leurs magasins et sont restés chez eux », témoigne Bola Abdou, un habitant de Nag Hammadi, en Haute-Égypte.
De grandes manifestations des pro-Morsi étaient prévues dimanche dans tout le pays et on redoutait de nouvelles violences. Vendredi, à l'issue d'une journée de mobilisation massive des partisans des Frères musulmans contre le coup d'État, des affrontements ont éclaté au Caire, à Alexandrie et dans plusieurs villes de province. 38 personnes auraient été tuées et plus de 1 500 blessées, souvent par balle : des armes à feu ont été utilisées dans les deux camps.
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