28/09/2011 OLJ
La table centrale des assises de Dar el-Fatwa : cheikh Naïm Hassan, le patriarche Raï, le mufti Kabbani et cheikh Abdel Amir Kabalan. Photo Sami Ayad
À l’initiative du patriarcat maronite, un sommet interreligieux islamo-chrétien s’est tenu hier à Dar el-Fatwa auquel toutes les familles libanaises ont participé, et au cours duquel les présents ont réfléchi sur la meilleure manière de se réapproprier leur pacte national et de donner de la crédibilité au modèle libanais.Voulues par le patriarche Raï comme une suite à un premier sommet qui s’était tenu à Bkerké, les assises d’hier ont permis au chef de l’Église maronite d’expliciter à ses interlocuteurs ses prises de position controversées devant le président Nicolas Sarkozy et d’autres officiels français.
Le patriarche avait notamment paru défendre le régime syrien, en affirmant qu’il fallait « lui donner une chance »,et accorder au Hezbollah un droit permanent à posséder des armes.
En reprenant pour ses interlocuteurs les propos qu’il a tenus en France, le patriarche a replacé ses propos dans leur contexte global et rectifié la caricature qui en avait été faite, et l’impression qu’il prenait parti en matière de politique interne. Ce dont tous les partis prosyriens n’ont pas manqué de tirer avantage.
L’allocution du patriarche est intervenue après un mot d’introduction du mufti Kabbani dans lequel se dernier s’est félicité « de la victoire du Liban sur la discorde » et la guerre civile.
Selon M. Sammak, qui a dirigé la réunion, le patriarche a affirmé dans son mot « avoir décrit une situation » à l’adresse de ses interlocuteurs français, qu’il a « placés devant leurs responsabilités ».
« Le patriarche Raï n’a, à aucun moment, été mis en demeure de s’expliquer ou de se justifier, a ajouté le secrétaire du Comité national pour le dialogue. Il a affirmé que l’Église n’appuie aucune régime politique particulier, mais qu’elle est en droit de s’inquiéter des dérives confessionnelles qui menacent le vivre ensemble et l’avenir de ses fidèles ».
Devant le Sénat français, le 5 septembre dernier, le patriarche Raï avait affirmé : « Oui aux réformes, à la démocratie, à la liberté et à la modernité dans le respect des valeurs. Mais soyons vigilants contre toute dérive vers l’extrémisme, ou l’effritement sur des bases religieuses ou confessionnelles. »
« À la fin de son exposé, les choses étaient si claires et évidentes qu’aucune question ne lui a plus été posée », a conclu M. Sammak.
À aucun moment le patriarche n’a évoqué la visite qu’il doit effectuer aux États-Unis, et dont l’étape de Washington a été éliminée, ou la visite qu’en principe, un jour ou l’autre, il doit effectuer en Syrie dans le cadre de ses charges pastorales, qui lui imposent de visiter tous les diocèses, et si possible, toutes les paroisses de l’Église maronite.
Incident
Les assises chrétiennes ont quand même été marquées par un incident. Celui-ci aurait pu embarrasser le patriarche Raï, mais a fini par jouer en sa faveur. En effet, après la retransmission de la séance d’ouverture des assises islamo-chrétiennes et le bienvenue du mufti de la République par la radio La Voix du Coran, les micros devaient en principe être débranchés. Erreur involontaire du directeur technique, ceux-ci sont restés branchés et une grande partie de l’allocution du patriarche Raï, soumise en principe à un embargo, a été retransmise sur les ondes. Une aubaine dont se sont immédiatement saisis de nombreux sites en ligne. Toutefois, certains de ces sites ont notamment fait dire au patriarche : « J’ai demandé au président Sarkozy le renforcement de l’armée, afin que l’on puisse se débarrasser du Hezbollah. »
Cependant, selon Camille Menassa, membre du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien, la phrase exacte prononcée par le chef de l’Église maronite se présentait comme suit : « J’ai demandé à la France de nous aider à renforcer notre armée, pour que le maintien des armes du Hezbollah ne se justifie plus. »
À l’issue des assises interreligieuses, un communiqué définissant les convictions communes de toutes les communautés a été publié. Le texte réaffirme notamment le principe de la parité entre députés musulmans et chrétiens au Parlement, mais occulte les questions controversées du Tribunal international et des armes du Hezbollah, au centre d’une vie polémique entre la majorité et l’opposition. Une opposition qui voit d’un mauvais œil Dar el-Fatwa, après Bkerké, s’éloigner de ses thèses les plus affirmées.
Le communiqué final de Dar el-Fatwa Liban
Le communiqué final de Dar el-Fatwa
Voici, résumé, l’essentiel du communiqué final des assises de Dar el-Fatwa 1 – « La présence des chrétiens en Orient est une présence historique et authentique, et leur rôle ans leurs différentes patries, est fondamental et nécessaire. »
2 – « Le vivre ensemble est la base de la stabilité du Liban, patrie définitive pour tous ses fils. Les bases de l’entente nationale ont été posées par le document d’entente nationale de Taëf, dans le respect du principe de la parité.
3 – « Respect de la dignité de l’homme, de ses libertés fondamentales, et notamment des libertés individuelles : liberté religieuse, liberté d’expression, respect de la diversité, de la citoyenneté et de la Charte des droits de l’homme. »
4 – « Le Liban fait partie du monde arabe, de son identité, de sa culture et de son avenir. »
5 – « Il faut protéger les mouvements d’émancipation qui se produisent dans le monde arabe de toute dérive qui le dénaturerait ou serait de nature à susciter les inquiétudes. Il faut rester attaché à la nature civile de l’État basée sur la citoyenneté (...), sachant par ailleurs que toutes les ingérences extérieures dans les affaires internes des pays de la région doivent être bannies, dans le refus également de tous genres d’oppressions, de violence et de tyrannies. »
6 – « Le Liban est le pays du message, du vivre ensemble, du respect des libertés. Pour faire face à la discorde, seul le langage du dialogue tranquille et de la communication directe et franche est de mise. Les divergences doivent être réglées loin des discours accusateurs propagés par les médias. »
7 – « Rejet catégorique de l’implantation au Liban des Palestiniens et réaffirmation du droit de retour. »
En conclusion, les interlocuteurs présents se sont engagés à poursuivre leurs concertations de manière régulière ( ...) Ils exhortent leurs frères arabes à toujours s’en tenir aux règles morales authentiques et aux valeurs religieuses chrétiennes et musulmanes, à défendre leur vivre ensemble en ce tournant critique de leur histoire et de celle du monde contemporain.
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2 – « Le vivre ensemble est la base de la stabilité du Liban, patrie définitive pour tous ses fils. Les bases de l’entente nationale ont été posées par le document d’entente nationale de Taëf, dans le respect du principe de la parité.
3 – « Respect de la dignité de l’homme, de ses libertés fondamentales, et notamment des libertés individuelles : liberté religieuse, liberté d’expression, respect de la diversité, de la citoyenneté et de la Charte des droits de l’homme. »
4 – « Le Liban fait partie du monde arabe, de son identité, de sa culture et de son avenir. »
5 – « Il faut protéger les mouvements d’émancipation qui se produisent dans le monde arabe de toute dérive qui le dénaturerait ou serait de nature à susciter les inquiétudes. Il faut rester attaché à la nature civile de l’État basée sur la citoyenneté (...), sachant par ailleurs que toutes les ingérences extérieures dans les affaires internes des pays de la région doivent être bannies, dans le refus également de tous genres d’oppressions, de violence et de tyrannies. »
6 – « Le Liban est le pays du message, du vivre ensemble, du respect des libertés. Pour faire face à la discorde, seul le langage du dialogue tranquille et de la communication directe et franche est de mise. Les divergences doivent être réglées loin des discours accusateurs propagés par les médias. »
7 – « Rejet catégorique de l’implantation au Liban des Palestiniens et réaffirmation du droit de retour. »
En conclusion, les interlocuteurs présents se sont engagés à poursuivre leurs concertations de manière régulière ( ...) Ils exhortent leurs frères arabes à toujours s’en tenir aux règles morales authentiques et aux valeurs religieuses chrétiennes et musulmanes, à défendre leur vivre ensemble en ce tournant critique de leur histoire et de celle du monde contemporain.
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Réactions des internautes à cet article
- C'est vrai que c'est ahurissant d'apprendre que les chrétiens ont le droit d'exister...et qu'ils sont présents historiquement!merci de nous l'apprendre...tous les jours,un complément d'information...çà va,les chrétiens historiques?Vous savez,on commence par être historique,et un jour,pffffft....Qu'elle était mauvaise,l'idée de Bkerké!
GEDEON Christian
- Ce sont là de grandes lignes qui me paraissent honnêtes, on ne va pas rentrer dans les détails, là où se niche le diable. Je reste convaincu que la démarche du Patriarche, celle de l'ouverture vers ses voisins et competriotes , est la bonne voie.Je me réjouit de lire le point 7, qui à mon avis est le point central de ce qui se passe au M.O. Ne jamais perdre de vue que la politique d' israel est le poison que le Liban refuse d'avaler depuis un certain rapprochement.
Jaber Kamel
- Commentaires sur les 7 points du communiqué de Dar El Fatwa : 1 - La présence des Chrétiens... comme si les Chrétiens venaient de Mars. 2 - Le " vivre ensemble " quel terme expressif ! - 3 - Les paroles ne garantissent rien. 4 - On aurait dû dire : Le Liban fait partie des pays Arabes ( multiconfessionnels ) 5 - Il faut protéger les mouvements ( d'émancipation ) de toute dérive ... je laisse à chacun le soin de l'y expliquer !!! 6 - Les médias sont le bouc émissaire, affublé de tous les péchés. 7 - Et, comme s'ils étaient les détenteurs des ordonnaces. Un communiqué né borgne et estropié. Anastase Tsiris
Anastase Tsiris
- - - Je suis d'accord avec le communiqué de Dar el Fatwa , sauf avec la partie 4 évoquée par Christian ! Et comme tu dois savoir mon cher Chris , pour Dar el Fatwa , tout ce communiqué tourne autour de l'arabité du LIBAN et de Taef , donc de l'article 4 ! tout le reste n'est que maquillage et politiquement correct (...) On n'entend jamais les Français par exemple , marteler à chaque déclaration , que la France est Française et fait partie de je ne sais quel monde , de quelle culture et de quel avenir ....... C'est l'exception Hypocrite d'une partie des Libanais .. . Cela nous ramène au fameux article du grand Georges Naccache , écrit dans ce même journal en 1949 , Deux négations ne font pas une Nation ! je conseille à tout le monde de le lire .
JABBOUR André
- Ainsi donc,le Liban fait partie du "monde arabe,de son identité,de sa culture et de son avenir....je laisse les lecteurs apprécier le cractère surréaliste de ces mots....
GEDEON Christian
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