2011-09-17 apic/orj
la polémique autour du patriarche maronite Béchara Raï s’enflamme
Liban :
Alors que le régime syrien est critiqué de toutes parts pour la répression sanglante de son opposition, le président syrien Bachar el-Assad a reçu, la semaine dernière, l’appui inattendu du patriarche maronite du Liban, Mgr Béchara Raï. A Paris, celui qui est aussi président de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques d’Orient, a demandé que l’on octroie une chance au président Assad. Au Liban, la polémique fait désormais rage.
Le patriarche maronite libanais, avec en arrière-plan le sort dramatique des chrétiens d’Irak depuis l’invasion américaine de 2003, craint que les révolutions en cours dans le monde arabe ne portent préjudice aux chrétiens du Moyen-Orient et n’amènent les Frères musulmans au pouvoir. "Les chrétiens en paieraient le prix fort", a-t-il laissé entendre, suscitant la polémique en justifiant les armes du parti chiite "Hezbollah" et en parlant de la présence des réfugiés palestiniens au Liban.
Au retour de son voyage en France, le patriarche a déclaré à la presse au siège patriarcal de Bkerké: "J’ai porté avec moi les appréhensions et préoccupations exprimées lors de la réunion, au Vatican, du synode pour les Eglises catholiques d’Orient d’octobre dernier (…) Ce sont les préoccupations des chrétiens non pas seulement au Liban, mais dans tout le Machrek et le Moyen-Orient arabe, en Egypte, en Palestine, en Syrie, en Irak, en Jordanie et en Terre sainte".
Attention à une prise de pouvoir par les Frères musulmans
Le patriarche a précisé que les forces armées syriennes sont attaquées par des groupes bien entraînés, bien armés et organisés. Il craint que la situation en Syrie ne dégénère en une guerre civile entre alaouites et sunnites, ou entre sunnites et chiites. Une guerre qui, éventuellement, débouchera sur une partition du pays et l’instauration possible d’un régime fondamentaliste. Dans ce cas, les chrétiens feront inévitablement les frais de ce conflit. Ils fuiront le pays ou seront poussés à l’exode, a-t-il déclaré à la presse.
Dans les colonnes du quotidien francophone "L’Orient-Le Jour", la journaliste Scarlett Haddad écrit que le patriarche maronite, "très à l’écoute de l’avis du Vatican et du pape Benoît XVI, ne s’est en fait pas écarté des recommandations du dernier synode du Vatican organisé pour les Eglises d’Orient". Elle rappelle cependant qu’au moment de la tenue de ce synode, les émeutes, ainsi que la répression, n’avaient pas encore commencé en Syrie.
Crainte de la fuite des chrétiens suite à la montée des fanatismes
"Toutefois, poursuit-elle, pour le patriarche et pour le Vatican, les chiffres seraient plus concluants que les discours, et nul ne peut oublier le fait que le nombre de chrétiens dans la région se réduit, suite aux exactions israéliennes en Palestine et à l’incapacité des troupes américaines à protéger les chrétiens d’Irak. Le patriarche Raï aurait voulu ainsi exprimer surtout la grande crainte des chrétiens du Liban et des pays voisins qui ont peur d’être contraints à l’exode, sans qu’aucune force ne soit en mesure de les protéger, face à la montée des fanatismes".
Dans les colonnes de ce même journal, d’autres contestent que le régime baassiste en place à Damas pourrait être une garantie pour les chrétiens de Syrie et du Liban, et qu’une victoire de la révolution syrienne risquerait de porter préjudice à ces mêmes chrétiens. Pour eux, pas question donc de donner "une chance" au président Bachar el-Assad.
Depuis les dernières élections parlementaires de 2005, le Liban est déchirée entre deux mouvements: celui du "8 Mars", coalition pro-iranienne et prosyrienne comprenant les chiites du Hezbollah et les partis Amal, Parti National Social Syrien (SSNP) et le Mouvement patriotique libre chrétien (FPM), face au mouvement du "14 Mars", une coalition anti-syrienne composée du parti chrétien Phalange et Forces libanaises (LF), des Druzes du Parti socialiste progressiste (PSP) et du groupe sunnite Future Movement.
Suite aux déclarations du patriarche maronite, le "8 Mars" exulte et le "14 Mars" fulmine, tout comme nombre de centristes ou d’indépendants, note mardi 13 septembre le quotidien "L’Orient-Le Jour". L’affaire envenime le climat ambiant et exacerbe le clivage entre les deux camps, peut-on lire dans le quotidien francophone, qui écrit que l’écho est très critique à Washington, "où Raï risque de payer l’écot de ses sorties de route".
"Pris de court, comme les Français, les Américains ont condamné sans ambages, par le truchement d’un cadre ministériel, les propos de Mgr Raï en faveur du régime syrien, qu’ils sanctionnent, et de l’armement du Hezbollah, qu’ils qualifient de terroriste. Il se peut dès lors que le patriarche, qui doit se rendre en tournée pastorale en Amérique du Nord, en visitant Washington, n’y soit pas reçu par les autorités, comme d’usage", écrit le journaliste Philippe Abi-Akl dans l’édition du 13 septembre de "L’Orient-Le Jour". Dans une déclaration au correspondant du quotidien libanais "an-Nahar" à Washington, un haut responsable américain souligne que les propos du patriarche sont "injustifiés et déplacés", de même qu’ils "portent préjudice à sa notoriété et son poste".
Des propos injustifiés et déplacés"
Au Liban, relève Philippe Abi-Akl, l’opposition juge que le patriarche tourne brusquement le dos aux constantes nationales que Bkerké (siège du patriarcat maronite) a toujours défendues. "Il s’inscrit contre la ligne libaniste, pour laquelle son prédécesseur, Mgr Sfeir, s’est battu". Le patriarche actuel, tout en rejetant la violence "d’où qu’elle vienne" et en soulignant que l’Eglise n’appuyait aucun régime politique, a estimé qu’"en Orient, nous ne pouvons pas transformer facilement les dictatures en démocraties. Les problèmes de l’Orient doivent être résolus en respectant la mentalité de la contrée".
Le patriarche maronite a considéré que l’armement du Hezbollah restait légitime tant qu’Israël occupe des terres libanaises et tant qu’il y a des Palestiniens armés, dans l’attente de leur retour dans leur pays. Mgr Béchara Raï relève qu’une portion de territoire libanais continue d’être occupée par Israël, qui détourne les richesses hydrauliques du Liban, et qu’un demi-million de Palestiniens résident au Liban, faute d’une application par Israël de la résolution 194 de l’ONU.
Le patriarche maronite libanais, avec en arrière-plan le sort dramatique des chrétiens d’Irak depuis l’invasion américaine de 2003, craint que les révolutions en cours dans le monde arabe ne portent préjudice aux chrétiens du Moyen-Orient et n’amènent les Frères musulmans au pouvoir. "Les chrétiens en paieraient le prix fort", a-t-il laissé entendre, suscitant la polémique en justifiant les armes du parti chiite "Hezbollah" et en parlant de la présence des réfugiés palestiniens au Liban.
Au retour de son voyage en France, le patriarche a déclaré à la presse au siège patriarcal de Bkerké: "J’ai porté avec moi les appréhensions et préoccupations exprimées lors de la réunion, au Vatican, du synode pour les Eglises catholiques d’Orient d’octobre dernier (…) Ce sont les préoccupations des chrétiens non pas seulement au Liban, mais dans tout le Machrek et le Moyen-Orient arabe, en Egypte, en Palestine, en Syrie, en Irak, en Jordanie et en Terre sainte".
Attention à une prise de pouvoir par les Frères musulmans
Le patriarche a précisé que les forces armées syriennes sont attaquées par des groupes bien entraînés, bien armés et organisés. Il craint que la situation en Syrie ne dégénère en une guerre civile entre alaouites et sunnites, ou entre sunnites et chiites. Une guerre qui, éventuellement, débouchera sur une partition du pays et l’instauration possible d’un régime fondamentaliste. Dans ce cas, les chrétiens feront inévitablement les frais de ce conflit. Ils fuiront le pays ou seront poussés à l’exode, a-t-il déclaré à la presse.
Dans les colonnes du quotidien francophone "L’Orient-Le Jour", la journaliste Scarlett Haddad écrit que le patriarche maronite, "très à l’écoute de l’avis du Vatican et du pape Benoît XVI, ne s’est en fait pas écarté des recommandations du dernier synode du Vatican organisé pour les Eglises d’Orient". Elle rappelle cependant qu’au moment de la tenue de ce synode, les émeutes, ainsi que la répression, n’avaient pas encore commencé en Syrie.
Crainte de la fuite des chrétiens suite à la montée des fanatismes
"Toutefois, poursuit-elle, pour le patriarche et pour le Vatican, les chiffres seraient plus concluants que les discours, et nul ne peut oublier le fait que le nombre de chrétiens dans la région se réduit, suite aux exactions israéliennes en Palestine et à l’incapacité des troupes américaines à protéger les chrétiens d’Irak. Le patriarche Raï aurait voulu ainsi exprimer surtout la grande crainte des chrétiens du Liban et des pays voisins qui ont peur d’être contraints à l’exode, sans qu’aucune force ne soit en mesure de les protéger, face à la montée des fanatismes".
Dans les colonnes de ce même journal, d’autres contestent que le régime baassiste en place à Damas pourrait être une garantie pour les chrétiens de Syrie et du Liban, et qu’une victoire de la révolution syrienne risquerait de porter préjudice à ces mêmes chrétiens. Pour eux, pas question donc de donner "une chance" au président Bachar el-Assad.
Depuis les dernières élections parlementaires de 2005, le Liban est déchirée entre deux mouvements: celui du "8 Mars", coalition pro-iranienne et prosyrienne comprenant les chiites du Hezbollah et les partis Amal, Parti National Social Syrien (SSNP) et le Mouvement patriotique libre chrétien (FPM), face au mouvement du "14 Mars", une coalition anti-syrienne composée du parti chrétien Phalange et Forces libanaises (LF), des Druzes du Parti socialiste progressiste (PSP) et du groupe sunnite Future Movement.
Suite aux déclarations du patriarche maronite, le "8 Mars" exulte et le "14 Mars" fulmine, tout comme nombre de centristes ou d’indépendants, note mardi 13 septembre le quotidien "L’Orient-Le Jour". L’affaire envenime le climat ambiant et exacerbe le clivage entre les deux camps, peut-on lire dans le quotidien francophone, qui écrit que l’écho est très critique à Washington, "où Raï risque de payer l’écot de ses sorties de route".
"Pris de court, comme les Français, les Américains ont condamné sans ambages, par le truchement d’un cadre ministériel, les propos de Mgr Raï en faveur du régime syrien, qu’ils sanctionnent, et de l’armement du Hezbollah, qu’ils qualifient de terroriste. Il se peut dès lors que le patriarche, qui doit se rendre en tournée pastorale en Amérique du Nord, en visitant Washington, n’y soit pas reçu par les autorités, comme d’usage", écrit le journaliste Philippe Abi-Akl dans l’édition du 13 septembre de "L’Orient-Le Jour". Dans une déclaration au correspondant du quotidien libanais "an-Nahar" à Washington, un haut responsable américain souligne que les propos du patriarche sont "injustifiés et déplacés", de même qu’ils "portent préjudice à sa notoriété et son poste".
Des propos injustifiés et déplacés"
Au Liban, relève Philippe Abi-Akl, l’opposition juge que le patriarche tourne brusquement le dos aux constantes nationales que Bkerké (siège du patriarcat maronite) a toujours défendues. "Il s’inscrit contre la ligne libaniste, pour laquelle son prédécesseur, Mgr Sfeir, s’est battu". Le patriarche actuel, tout en rejetant la violence "d’où qu’elle vienne" et en soulignant que l’Eglise n’appuyait aucun régime politique, a estimé qu’"en Orient, nous ne pouvons pas transformer facilement les dictatures en démocraties. Les problèmes de l’Orient doivent être résolus en respectant la mentalité de la contrée".
Le patriarche maronite a considéré que l’armement du Hezbollah restait légitime tant qu’Israël occupe des terres libanaises et tant qu’il y a des Palestiniens armés, dans l’attente de leur retour dans leur pays. Mgr Béchara Raï relève qu’une portion de territoire libanais continue d’être occupée par Israël, qui détourne les richesses hydrauliques du Liban, et qu’un demi-million de Palestiniens résident au Liban, faute d’une application par Israël de la résolution 194 de l’ONU.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.