Les Églises libanaises se rencontrent, en pleine crise politique
Pour le politologue libanais Ziad Majed, professeur de science politique à l'université américaine de Paris, interrogé par Cyprien Viet, compte tenu de l'instabilité régionale le Liban n'est pas mûr pour une révolution et un changement total de système. Il a surtout besoin d'un assainissement des pratiques des responsables politiques.
La pression s'est encore accrue sur le gouvernement libanais au lendemain de la plus grande manifestation jamais organisée par la société civile qui lui a donné jusqu'à mardi soir pour trouver une issue à la crise actuelle. En raison des divisions politiques, le Parlement a prolongé à deux reprises son propre mandat depuis les élections de 2009. Les députés se montrent également incapables d'élire un président de la République, poste vacant depuis mai 2014. Aucune véritable réforme n'a été entreprise depuis la fin de la guerre civile en 1990.
Le sommet islamo-chrétien qui aurait dû s'ouvrir ce lundi a été reporté après une décision commune des chefs spirituels des différentes communautés. Les musulmans ont préféré laisser les Églises se rencontrer d'abord entre elles parce que la présidentielle a une importance particulière pour les chrétiens. Réunis au siège du patriarcat maronite près de Beyrouth, les participants au sommet chrétien ont affirmé dans un communiqué la nécessité que le gouvernement reste en place.
Lors de cette réunion présidée par le patriarche maronite Béchara Rai, les participants se sont par ailleurs prononcés en faveur de l'adoption de la part des autorités d'une feuille de route avec comme priorité l'élection d'un président de la République qui ensuite formera un nouveau gouvernement.
Alors que la crise du ramassage des ordures qui empoisonne la vie des Beyrouthins depuis un mois, la classe dirigeant libanaise est jugée très largement corrompue et incompétente. Les affaires de corruption et le manque de services de base comme l'électricité et l'eau cristallisent la colère. Les chefs spirituels chrétiens ont indiqué soutenir les demandes des manifestants, mais ils ont estimé que recourir à la rue était dangereux alors que le feu menace le Liban. (Avec L'Orient-le Jour/Le Point)
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