Le pape réclame la libération du jésuite Paolo Dall'Oglio
Après avoir rappelé que, « dans quelques jours, aura lieu le deuxième anniversaire de l'enlèvement, en Syrie, du P. Paolo Dall'Oglio », le pape a lancé, dimanche 26 juillet, depuis une fenêtre du palais apostolique place Saint-Pierre, un « appel affecté et pressant pour la libération de ce religieux estimé ».
Jusqu'à présent, le Vatican avait été particulièrement discret pour demander la libération de ce jésuite italien de 60 ans, qui a été enlevé le 30 juillet 2013 près de Raqqa, la « capitale » de l'État islamique (EI), dans le nord de la Syrie. L'appel très clair du pape, prononcé dimanche, laisse penser qu'il repose sur des informations solides provenant du réseau de relations que la diplomatie vaticane a tissé dans la région.
Le P. Dall'Oglio était revenu clandestinement dans le pays pour soutenir la rébellion, après avoir été expulsé le 12 juin 2012 par le régime de Bachar Al Assad pour avoir publié sur le site Internet du monastère un an plus tôt des solutions pacifiques pour sortir de la guerre civile.
« Je ne peux pas oublier non plus les évêques orthodoxes enlevés en Syrie et toutes les autres personnes qui, dans des régions de conflit, ont été enlevées », a poursuivi le pape François en référence aux deux évêques orthodoxes d'Alep – Mgr Boulos Yazigi de l'Église orthodoxe d'Antioche, et Mgr Mar Gregorios Youhanna Ibrahim de l'Église syrienne orthodoxe –, enlevés fin avril 2013 et dont on reste également sans nouvelles. Le pape a souhaité « un engagement renouvelé des autorités locales et internationales compétentes afin que nos frères retrouvent vite la liberté ».
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Des nouvelles contradictoires
Depuis deux ans, les nouvelles demeurent contradictoires quant au sort du P. Dall'Oglio, refondateur de Mar Moussa (monastère syrien-catholique, dans le désert au nord de Damas) et artisan du dialogue islamo-chrétien en Syrie.
Certains assurent qu'il aurait été tué par les djihadistes de Daech ; d'autres qu'il serait toujours vivant et détenu dans une prison syrienne, à Raqqa. C'est ce qu'affirmait à La Croix en juin dernier le P. Jens, qui a vécu une douzaine d'années auprès du P. Dall'Oglio dans la communauté oecuménique Al-Khalil (« l'ami de Dieu », en arabe) à Mar Moussa. Ce moine d'origine allemande est installé depuis 2012 dans l'ancien monastère Deir Mariam à Souleymanié (Kurdistan irakien) où il héberge, depuis un an, une quinzaine de familles chrétiennes de Mossoul et Karakosh ayant fui Daech.
Quant au nonce apostolique en Syrie, Mgr Mario Zenari, il confiait sur Radio Vatican en juillet 2014, qu'« il n'y a malheureusement toujours aucune preuve concrète, sécurisée et fiable pour étayer une hypothèse ou l'autre ».
En 2014, la famille du P. Dall'Oglio avait diffusé un message vidéo, relayée par le Vatican, s'adressant aux responsables de sa disparition et aux autorités syriennes : « Nous demandons aux responsables de la disparition d'un homme bon, d'un homme de foi, d'un homme de paix, d'avoir la dignité de nous faire connaître son sort. Nous voudrions pouvoir à nouveau le serrer dans nos bras, mais nous sommes aussi prêts à le pleurer. » Lundi 27 juillet sur Radio Vatican, au lendemain de l'appel du pape, Francesca Dall'Oglio, la sœur du P. Dall'Oglio, a vivement remercié le pape François pour la « consolation » qu'apporte ce message.
Une messe sera célébrée mercredi 5 août, jour anniversaire de l'enlèvement de Paolo en 2013, à l'église saint Ignace, dans le 7ème arrondissement de Paris.
CLAIRE LESEGRETAINEnvoyé de mon Ipad