Une visite « exceptionnelle » du pape copte à Jérusalem
Cette visite, la première de la part du chef de l'Église égyptienne dans la Ville sainte depuis des décennies, a été qualifiée « d'exceptionnelle » par son porte-parole.
C'est la première fois depuis des décennies qu'un patriarche copte se rend à Jérusalem. Le pape Tawadros II, leader de l'Église copte, effectue avec sa délégation une visite de quelques jours, au cours de laquelle il présidera, le 28 novembre, les funérailles d'Anba Abraham, archevêque métropolitain de Jérusalem mort quatre jours plus tôt.
Après les accords de Camp David en 1978, le pape Chenouda III, décédé en 2012 après avoir dirigé l'Église copte orthodoxe durant près de 40 ans, avait prononcé une interdiction pour les fidèles égyptiens de se rendre en Terre Sainte. Mais il se pourrait que le dernier pape copte à s'y être rendu soit Peter VII, qui visita Jérusalem en 1832, il y a presque deux siècles, à l'invitation d'Ibrahim Pasha, Grand vizir de l'empire ottoman.
La position de l'Église copte reste « inchangée »
Le pape copte Tawadros II « se rendra à Jérusalem pour les funérailles et rien d'autre », a toutefois tenu souligné le porte-parole, qualifiant cette visite « d'exceptionnelle » et écartant d'emblée toute implication politique. « La position de l'Église demeure inchangée », a-t-il ajouté.
Cette mesure du pape Chenouda III avait pour objectif de s'aligner sur les fatwas au contenu similaire édictées par les musulmans pour empêcher la visite des Égyptiens dans la Ville sainte, « tant que la Palestine ne serait pas libérée de l'occupation israélienne », et ce malgré la signature de la paix entre l'Égypte et Israël. Outre ces exigences religieuses, les autorités égyptiennes ne délivrent que difficilement des autorisations de sortie du territoire à ceux qui souhaiteraient se rendre en Israël.
Mais en dépit de ces interdictions et restrictions, plusieurs milliers de pèlerins coptes se rendent chaque année à Jérusalem, notamment à l'occasion de la fête de Pâques, période où les visas sont accordés plus facilement.
Soutien au peuple palestinien
« Il est probable que ce patriarche soit plus ouvert sur cette question, mais il doit composer avec d'autres, estime-t-on à Jérusalem, peut-être que les choses vont lentement évoluer ».
Plus tôt dans le mois, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait rendu visite au patriarche dans sa résidence au Caire. La cause palestinienne reste « en tête » des priorités arabes, lui avait alors rappelé Tawadros II, soulignant que le « dialogue » était le meilleur moyen d'arriver à une résolution du conflit. Le président avait invité le pape copte à visiter Jérusalem, un « grand pas en soutien au peuple palestinien ».
La visite de Tawadros II n'est pas sans rappeler celle du cardinal Béchara Raï, patriarche de l'Église maronite, qui avait effectué une visite de quelques jours en Terre Sainte à l'occasion du voyage du pape François, en mai 2014. Il en avait profité pour aller à la rencontre des maronites locaux, devenant le premier leader religieux libanais à se rendre en Israël.
Cette démarche avait été très critiquée par certains au Liban, qui l'avaient accusé de « normaliser les relations avec l'État hébreu ». Le patriarche s'était toutefois gardé de toute rencontre officielle avec des représentants israéliens.
Marie Malzac (avec AFP)Jtk