Huvelin, microcosme du Liban
La cérémonie de remise des certificats de médiateurs à des étudiants du campus le plus turbulent et le plus politisé de l'Université Saint-Joseph, celui de la rue Huvelin, n'était pas une séance comme les autres. Au total, ce sont 12 étudiants et étudiantes qui ont franchi le pas (8 de la faculté de droit et sciences politiques,1 de l'Institut de sciences politiques, 2 de la faculté de gestion et management et 1 des relations internationales). L'initiative pionnière venait conjointement du Centre professionnel de médiation et de la cellule citoyenneté de l'Opération 7e jour. Un temps de formation de 15 heures a été consacré au projet.S'adressant aux nouveaux médiateurs, le P. Salim Daccache, s.j., recteur de l'USJ, les a félicités pour leur engagement. « Je suis sûr, leur a-t-il dit, que vous allez donner le meilleur de vous-mêmes. Vous êtes désormais au service des autres étudiants pour les aider à gérer des situations conflictuelles au sein de votre campus et peut-être ailleurs. »
Ces félicitations étaient marquées d'un léger pincement de cœur : « Est-ce vrai que les relations entre nos étudiants sont devenues aussi mauvaises et conflictuelles à cause de la politique ? Sont-ils devenus incapables de dialoguer à visage découvert ? C'est quoi cette politique qui éloigne les gens les uns des autres et en fait des êtres ennemis (au mépris des) règles politiques et démocratiques les plus simples ? »
La chaîne de la paix
Pour sa part, Johanna Hawari-Bourgély, directrice du Centre professionnel de médiation, a rappelé les grands principes de la formation qu'il assure : accompagnement des personnes dans la gestion de leurs différends, y compris politiques, respect des convictions et opinions de chacun, le respect des règles éthiques, impartialité et confidentialité.
Et d'ajouter que le CPM vient de lancer un projet intitulé la « chaîne de la paix » dont tous les membres s'engagent « à promouvoir un esprit d'humanisme et de bienveillance, car s'il faut des héros pour faire la guerre, il faut certainement des humains pour faire la paix. ».
À l'image du Liban
Prenant la parole au cours de la cérémonie, le Dr Joseph Otayek, délégué du recteur pour la vie étudiante et l'engagement citoyen, a affirmé : « Huvelin est à l'image du Liban. Des étudiants politiquement radicalisés, et qui arrivent très souvent et très rapidement à la confrontation avec l'autre. »
« Avec le RP recteur, avec les doyens, avec l'administrateur et avec les étudiants responsables des partis politiques nous avions décidé d'œuvrer tous ensemble et chacun de son côté pour changer radicalement cette situation. Surtout parce que Huvelin est à l'image du pays, ce défi valait la peine d'être relevé. Huvelin va montrer l'exemple et nous allons y développer tous ensemble un modèle de vie commune qui servira de modèle au pays », a-t-il conclu.
Au nom des médiateurs ayant achevé leur formation, Paul Vurambon a analysé avec une grande justesse la situation à laquelle les médiateurs sont confrontés, notamment l'existence d'un « passé sombre qui empêche la construction d'une mémoire collective, qui empêche de se projeter dans le futur ou de regarder son voisin sans peur, doute ou méfiance ».
« La médiation, a-t-il précisé, n'a pas pour unique but de trouver une solution. Elle a pour but d'établir un rapport, de recréer un lien, de rétablir une bonne communication afin de garantir la paix. » À suivre l'actualité, nous en sommes encore loin.
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