Article de notre collègue , Georges Sassine ,ancien de Ghazir;
publié aujourd'hui dans La Croix 4/10/2013:
Par Georges Sassine, éditorialiste libanais
Les patriarches des églises d’Orient ont entrepris d’innombrablesdémarches, notamment ces dernières semaines, afin de mettre un terme à la guerre en Syrie, exhortant toutes les parties au dialogue pour faire prévaloir la paix au Levant.
On a parallèlement constaté chez les catholiques, les orthodoxes et les protestants levantins une mobilisation sans précédent pour relever les défis qui menacent leur présence multiséculaire sur cette terre d’Orient, suite aux appels de plus en plus assourdissants émanant de certains opposants fanatiques prônant l’application de la « Charia »dans la région.
En écho au tocsin unanime de toutes ces églises, l’appel du Pape François, le 7 septembre dernier, à une veillée de prière et de jeûnecontre l’intervention militaire en Syrie, a eu dans l’opinion publiqueles résultats escomptés. C’était le premier acte abouti d’une série d’actions de sensibilisation et de mobilisation. La convocation desambassadeurs accrédités auprès du Saint Siège au Vatican, en pleine gesticulation militaire et diplomatique a été le deuxième acte. Le troisième acte a été celui de la lettre que le pape avait adressée aux dirigeants du G20 réunis en sommet à St Petersburg, en Russie.
Le quatrième acte de cette diplomatie est l’initiative prise par lecardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical « justice et paix », pour exhorter l’ONU à adopter une résolution « contre la persécution, notamment celle exercée contre chrétiens », pris en otages dans des conflits militaires et sciemment visés par les groupes islamistes. Ce projet complète une autre proposition onusienne de la part des Etats musulmans et de prélats représentant les chrétiens d’Orient « contre la diffamation des religions ».
Le cinquième acte de la diplomatie vaticane aura lieu lors de la réunion œcuménique, en novembre prochain à Rome, en présence du pape François et de tous les chefs des églises catholiques, orthodoxes et protestantes du Proche –Orient. Ce sera une première dans les annales, bien que l’exhortation apostolique post-synodale "Ecclesia in Medio Oriente", en ait déjà tracé la feuille de route en 2012.
Deux évènements importants en ont balisé le chemin :
1) la rencontre du pape François avec le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Yohanna X Yazigi au Vatican, fin septembre, afin de se concerter au sujet de la paix en Syrie et au Moyen – Orient et des moyens de consolider la présence chrétienne et le pluralisme dans cette région.
2) la concertation entre les patriarches catholiques et orthodoxes,réunis au Liban la semaine dernière, au sujet de la voie à suivre en vue de préparer la réunion avec le pape François le mois prochain.
Dans ce cadre, le « premier congrès général des chrétiens du Levant »se réunira fin octobre à Beyrouth, avec les chefs et représentants des églises d’Irak, de Syrie, de Jordanie, de Palestine, d’Egypte et duLiban et des représentants de la diaspora issue de ces pays. L’objectif est de rassembler les efforts pour consolider la présence des chrétiens dans leur pays natal, d’activer leur participation à la vie publique sur la base de l’égalité entre les citoyens, de protéger les libertés politiques et religieuses et les droits de l’homme, de refuserl’extrémisme religieux ainsi que d’étudier les conséquences du conflit israélo – arabe sur le devenir des chrétiens levantins.
Cette dynamique devrait avoir également des effets sur l’assembléeplénière des évêques de France prévue à Lourdes début novembre. Il n’est pas exclu, à cette occasion, de soulever la question de lasolidarité épiscopale suite à l’attaque véhémente de Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême, contre le Patriarche Grégoire IIILahham, chef de l’église grecque – catholique d’Antioche et de tout l’Orient qui , en phase avec le Pape, exhorte, depuis le déclenchement des événements en Syrie, au dialogue et au règlement pacifique de la crise.
Pour contribuer à la campagne de sensibilisation des églises de France et des autorités politiques du vieux continent à cette cause, une première pétition en faveur de l’enracinement des chrétiens d’Orient dans leurs pays d’origine a été lancée la semaine dernière à Paris.
Ainsi, en attente du sixième acte de la diplomatie vaticane, le papeaura ainsi fixé la feuille de route de Mgr Pietro Parolin, le nouveau secrétaire d’Etat, qui entrera en fonction le 15 octobre.