" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
AFRIQUE/EGYPTE - Annonce d'une invitation du Président égyptien au Pape François à se rendre en Egypte de la part l'Ambassadeur égyptien près le Saint-Siège
Le Caire (Agence Fides) – Le Président égyptien, Adel Fattah al-Sisi, a officiellement invité le Pape François à accomplir une visite en Egypte. C'est ce qu'indique dans un entretien publié sur Al Ahram S.E. Wafaa Ashraf Moharram Bassim, Ambassadeur de la République arabe d'Egypte près le Saint-Siège. Dans une longue conversation avec le plus connu des quotidiens égyptiens, Mme Wafaa Bassim répond à diverses questions sur le rôle international du Pape François et sur les positions du Saint-Siège à propos des urgences que connaît le Proche-Orient. Dans ce contexte, le représentant diplomatique musulman indique que des bureaux du gouvernement est partie une invitation formelle signée par le Président al Sisi demandant au Pape d'accomplir une visite officielle en Egypte, y compris en sa qualité de Chef d'Etat. L'invitation du Président – ajoute Mme Wafaa Bassim – vient s'ajouter à celle adressée au Pape François par le Patriarche copte orthodoxe Tawadros II. A propos du calendrier d'une possible visite papale en Egypte, l'Ambassadeur avertit que n'est encore à l'étude aucune date et qu'elle ne doit pas être attendue pour 2015, ajoutant toutefois que « les deux parties désirent que la visite intervienne au plus tôt ». La nouvelle d'une possible visite du Pape François en Egypte est accueillie avec grande joie également par les catholiques égyptiens : « Il n'existe pas de confirmations officielles de ce que publient les journaux – déclare à l'Agence Fides S.Exc. Mgr Antonios Aziz Mina, Evêque copte catholique de Gizeh – mais une visite du successeur de Saint Pierre en Egypte à ce moment historique constituerait certainement un grand réconfort et un fort encouragement, y compris pour tous les chrétiens de la région ». Entre temps, des sources égyptiennes coptes indiquent que le Pr. Mohamed Emara de l'Université al-Azhar, a démissionné de la direction de la revue de l'Université islamique, après les polémiques suscitées par sa publication – diffusée avec la revue – dans laquelle le chercheur qualifiait de « ruineuse » l'histoire du Christianisme au Proche-Orient. Les considérations de l'enseignant avaient provoqué des réactions négatives au sein de la communauté copte et la publication avait été retirée. (GV) (Agence Fides 15/06/2015)
ASIE/IRAQ - Acquisition frauduleuse de milliers de maisons appartenant à des chrétiens de Bagdad
Bagdad (Agence Fides) – Avec la complicité de fonctionnaires corrompus, des imposteurs et des groupes organisés d'escrocs sont parvenus au cours de ces dernières années à acquérir illégalement des milliers de maisons appartenant à des familles chrétiennes de Bagdad qui ont abandonné la ville pour fuir le chaos, l'instabilité et la violence qui règnent en Irak depuis l'époque de la dernière intervention militaire conduite par les Etats-Unis. Parmi les dizaines de milliers de chrétiens ayant quitté le pays au cours de ces dernières années, nombre sont ceux qui n'avaient pas vendu les maisons et autres biens immobiliers, conservant l'espoir de revenir en Irak en des temps plus tranquilles. Mais maintenant, leur éventuel retour serait marqué par une amère découverte, à savoir que leurs propriétés ont changé de mains et que les nouveaux possesseurs sont parvenus dans de nombreux cas à obtenir également de faux documents de propriété qui rendent impossible la récupération des biens par des voies légales de la part de leurs légitimes propriétaires. Mohammed al-Rubai, membre du conseil municipal de Bagdad, a déclaré dans un récent entretien accordé à une chaîne de télévision que près de 70% des maisons appartenant à des chrétiens dans la capitale irakienne ont été expropriés illégalement, les titres de propriété ayant été falsifiés au travers de manumissions du cadastre rendues possibles au travers de la connivence de bureaucrates malhonnêtes. L'ONG Baghdad Beituna a calculé que les violations des propriétés des chrétiens réalisées avec la complicité de fonctionnaires corrompus n'ont pas été moins de 7.000. Selon un rapport publié en février dernier par le site Internet al-Arabi al- Jadeed, des membres des institutions politiques et militaires auraient également bénéficier des vols « légalisés » des propriétés chrétiennes. Dans ce cadre, le Conseil de la Justice, organe judiciaire suprême en Irak, avait accusé des membres du gouvernement alors conduit par Nuri al- Maliki d'avoir acquis illégalement des propriétés privées , ayant appartenu en grande partie à des chrétiens, au travers d'opérations rendues possibles par le chaos juridique ayant suivi l'intervention militaire conduite par les Etats-Unis qui avait abattu le régime de Saddam Hussein. (GV) (Agence Fides 13/06/2015)
13/6/2015-Raï tance la dureté de cœur de la classe politique
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a dénoncé hier, dans une homélie prononcée à Bkerké, les « fautes de nature politique » commises par les membres de la classe politique, quand la politique « va à l'encontre du bien commun ». Le chef de l'Église maronite en a fait état lors de la messe solennelle célébrée hier, en fin d'après-midi à Bkerké, à l'occasion de l'arrivée au Liban de la statue de Notre-Dame de Fatima acheminée le jour même par avion du Portugal. Plusieurs milliers de fidèles venus de toutes les paroisses du Liban ont assisté à la messe, qui a coïncidé avec la fête du Sacré-Cœur, célébrée le troisième vendredi après le dimanche de la Pentecôte, dans l'Église latine. La messe marquait aussi le 30e anniversaire de la fondation d'une association consacrée à cette dévotion, la Famille du Cœur de Jésus, dont la présidente, Salwa Stéphan, a reçu la tâche de lire l'épître durant l'office religieux.
Le Machrek dévasté Le patriarche n'a pas été tendre pour la classe politique. « Nous célébrons cette messe alors que notre Machrek est dévasté par des crises, des guerres, des divisions et le terrorisme, comme si les cœurs des hommes étaient devenus si secs qu'ils en ont perdu toute humanité, tout amour, toute miséricorde. » « Au Liban, a ajouté Mgr Raï, les divisions politiques reflètent les divisions confessionnelles liées à la crise qui secoue la région (...). Chez nous, la paralysie des institutions a atteint son paroxysme avec la non-élection du président de la République il y a 14 mois. L'absence d'un président a, à son tour, perturbé le travail de l'Assemblée nationale et celui du gouvernement, empêchés d'exercer leurs fonctions. » « Toutes les fautes ne sont pas de nature purement morale, a affirmé le patriarche. La faute peut être commise au niveau politique, quand elle porte atteinte au bien commun, économique, quand elle a pour conséquence l'appauvrissement des hommes, social, quand la justice et l'égalité de tous devant la loi sont bafouées, sur le plan sécuritaire, quand elle expose la vie des Libanais au danger. Ce sont là autant de fautes graves contre Dieu et Ses commandements, contre Son plan de salut et Son amour pour tout ce qu'il a créé. »
Visite emblématique La statue de N-D de Fatima est emblématique de l'histoire contemporaine, étant étroitement liée à des apparitions de la Vierge Marie à Fatima, au Portugal, en 1917. Au cours de ces apparitions, la Mère de Jésus annonça l'extension du communisme, la Seconde Guerre mondiale et l'attentat contre le pape Jean-Paul II, en 1981. Aux trois enfants qui l'avaient vue, la Vierge avait demandé la consécration du monde à son cœur immaculé. Ce qui ne fut accompli qu'en 1985. L'acte de consécration du pape Jean-Paul II est aujourd'hui reproduit, à l'échelle des pays et des continents, dans la promesse que « la paix sera rendue au monde » avec « le triomphe de son cœur immaculé ». C'est à ce titre que le 16 juin 2013, le patriarche Raï consacra le Liban et le Moyen-Orient au cœur immaculé de Marie. Une consécration qu'il commémorera ce dimanche 16 juin, en la basilique de Harissa. Entre-temps, le statue de Notre-Dame de Fatima fera un petit tour des sanctuaires du Liban, du nord au sud, en passant par Zahlé.
Accueillie au salon d'honneur La statue de Notre-Dame de Fatima était arrivée en début d'après-midi à l'aéroport, accompagnée d'une délégation coprésidée par NN.SS. Antoine Baylouni, ancien vicaire patriarcal syriaque-catholique, et Hanna Alwane, secrétaire général de l'Assemblée des patriarches catholiques d'Orient, et comprenant notamment Mme Salwa Stéphan. La statue avait été conduite au « salon d'honneur » de l'aéroport, avant d'être transportée en hélicoptère au couvent Saint-Antoine des franciscains, à Harissa, puis à Bkerké. La statue a « passé la nuit » au Carmel de Harissa, veillée par les prières des moniales. On sait que le pape a enchâssé dans la couronne de la statue de Notre-Dame de Fatima la balle extraite de son corps, après l'attentat du 13 mai 1981 commis le jour même de la fête de Notre-Dame de Fatima. Toutefois, le patriarche Raï devait préciser au cours de la messe que la tiare couronnant la tête de la statue « en visite » est une réplique de la véritable couronne. Relevons que le pape François a solennellement consacré tout son pontificat à Notre-Dame de Fatima.
Séjean Azzi. « Les chrétiens prêts à prendre les armes au Liban »
Quatre ans après le début de la crise syrienne, le Liban n'est pas tombé dans l'engrenage de la violence. Comment l'expliquez-vous ? Le Liban parvient à maintenir une certaine stabilité sécuritaire suite à un accord politique conclu entre les différents partis sur la scène libanaise. Mais l'équilibre reste très fragile. Les forces de sécurité démantèlent presque chaque jour des cellules terroristes qui préparent des attentats. La situation est particulièrement préoccupante dans les régions frontalières de la Syrie, en raison de l'implication du Hezbollah dans la guerre aux côtés de Bachar el-Assad. Cette ingérence militaire dans un pays étranger ne fait que développer les tensions confessionnelles au Liban et met gravement en péril l'unité nationale. L'intervention du Hezbollah ne fait que servir la stratégie de l'Iran, qui cherche à étendre son hégémonie sur tout le Moyen-Orient, du Yémen à l'Irak.
Le poids des réfugiés n'est-il pas trop lourd à porter pour un si petit pays ? Le Liban est un pays de 10.452 km², qui accueille 1,7 million de déplacés syriens, dont 1,2 million ont été enregistrés par le Haut-commissariat aux réfugiés. C'est une situation inédite dans le monde et difficilement supportable. Nous avons un devoir humanitaire de solidarité avec le peuple syrien mais qui ne doit pas mettre en danger l'avenir du Liban. Le taux de chômage a grimpé à 25 %, et touche 36 % de jeunes, alors qu'il était de 11 % en 2011, avant le début des événements en Syrie. La main-d'oeuvre syrienne représente une concurrence déloyale pour les travailleurs libanais. Elle a investi de nombreux secteurs d'activités, et ne se limite plus à l'agriculture et à la construction, où elle a toujours historiquement travaillé. Résultat : la cadence de l'émigration libanaise a repris comme dans les années 70, au début de la guerre civile libanaise.
Les efforts de la communauté internationale sont-ils insuffisants ? Fin mars, les bailleurs internationaux ont encore fait des promesses de dons d'une valeur de 3,8 milliards de dollars pour aider les pays voisins de la Syrie à supporter le fardeau des réfugiés mais jusqu'ici, nous n'avons toujours rien reçu. L'économie libanaise n'a pas les moyens de faire face à un tel afflux. Il ne faut pas oublier que la dette publique atteint 72 milliards de dollars et que le Liban ne possède pas de manne pétrolière ou gazière comme d'autres pays de la région. Je lance un appel solennel à la communauté internationale pour aider davantage le Liban. Il en va de la survie du pays.
La livraison d'armes françaises à l'armée libanaise, financée par un don saoudien de 3 milliards de dollars, est une autre forme de soutien... Les premières armes sont arrivées fin avril mais leur acheminement se fait encore au compte-gouttes. Une fois que toutes les livraisons seront concrétisées, cela peut changer la donne sur le terrain, en permettant notamment à l'armée de repousser les assauts du Front Al-Nosra (ndlr : branche d'Al-Qaïda en Syrie) ou de l'État islamique, qui sont campés aux frontières libanaises. Le Liban a besoin d'une armée forte qui puisse faire l'unanimité au sein de la société et qui doit être la seule autorité légitime à avoir recours aux armes.
François Hollande s'est beaucoup rapproché des États du Golfe ces derniers mois, en particulier avec l'Arabie Saoudite et le Qatar. N'est-ce pas un pari risqué ? La France se doit de garder des liens privilégiés avec l'axe sunnite, qui représente plus de 90 % des musulmans dans le monde. Les chiites sont surtout présents dans quelques pays du Moyen-Orient : en Iran, en Irak, au Bahreïn, au Yémen et au Liban. Mais elle ne doit pas totalement se couper de l'Iran, qui reste un acteur important en Asie mineure et qui demeure en position de force au Moyen-Orient. La France est l'un des seuls pays occidentaux à vouloir maintenir la stabilité et à la démocratie dans la région mais elle n'a plus les moyens d'imposer sa politique.
Avec la multiplication des conflit
s dans tout le monde arabe, se dirige-t-on vers une partition du Moyen-Orient ? On s'achemine clairement vers une balkanisation du Moyen-Orient. La Syrie est déjà, de facto, divisée et partagée. Ni les alaouites, ni les sunnites ne pourront être maîtres du pays. On risque d'aboutir dans l'avenir à la création de nouveaux États ou entités au Moyen-Orient. La communauté internationale porte une importante part de responsabilité dans les conflits de la région. Le démantèlement du Moyen-Orient a commencé avec la guerre lancée par les Américains en Irak, en 2003. Tous les grands acteurs régionaux ou internationaux cherchent à déstabiliser le Moyen-Orient pour garder la mainmise sur ses richesses.
Les chrétiens sont-ils aujourd'hui en danger dans le monde arabe ? Oui, beaucoup n'ont pas eu d'autre choix que de prendre le chemin de l'exode. Au Liban, nous sommes prêts à prendre les armes pour maintenir à tout prix notre présence. Nous refusons catégoriquement de revenir au statut de dhimmi, un statut de citoyen de seconde zone prévu par le droit musulman, et que l'État islamique a déjà instauré dans certaines zones en Irak. Les chrétiens n'ont besoin de la protection, ni des chiites, ni des sunnites. La résistance chrétienne existait bien avant celle du Hezbollah, et existera bien après elle.
Cela fait plus d'un an que le Liban fonctionne sans président de la République. Peut-on espérer une solution à court terme ? C'est l'axe iranien, incarné par le Hezbollah et son partenaire chrétien, le général Aoun, qui bloque depuis des mois l'élection du président de la République, un poste qui est traditionnellement réservé à un chrétien. Le rôle des chrétiens au Liban s'en trouve considérablement affaibli. Ce vide à la tête de l'État, s'il se prolonge, pourrait préparer un changement des institutions libanaises, avec un président qui ne serait plus chrétien. C'est un projet très dangereux souhaité par le Hezbollah, qui propose déjà de manière officieuse d'élire un vice-président chiite. Si le Liban perd son visage chrétien, il perdra sa raison d'être.
"C'est un véritable cataclysme de civilisation» | L'Hebdo
Interview. Dans un livre érudit, à la fois lumineux et crépusculaire, l'essayiste français Jean-François Colosimo dresse une géopolitique historique des chrétiens d'Orient, dont il est un grand connaisseur.
En quoi les chrétiens d'Orient sont-ils des «hommes en trop», ce qu'affirme le titre de votre livre?
En Irak, en Syrie, mais aussi en Egypte, les chrétiens d'Orient sont en trop face à la radicalisation de l'islam. En trop, parce qu'ils témoignent d'un autre passé, parce qu'ils sont l'antécédent. Les fondamentalistes musulmans, tout à leur processus de reconstruction identitaire, veulent purifier le territoire de toute présence qu'ils jugent indésirable: de la présence chrétienne parce qu'elle est le marqueur de l'histoire et le vecteur de la sécularisation; de la présence musulmane, lorsque celle-ci nourrit un rapport à la culture. Mais les chrétiens d'Orient sont aussi en trop pour nous.
Pour nous, Occidentaux?
Oui, pour nous, Occidentaux, parce qu'ils nous rappellent que le christianisme est d'abord une religion orientale. Pensons aux voyages de saint Paul au premier siècle, à Chypre, à Antioche, pensons à la naissance, à Alexandrie, au IIe siècle, de la première école catéchétique. C'est entre Alexandrie et Le Caire qu'apparaît le monachisme qui donnera l'aventure de saint Benoît. Etre en dette par rapport à – les guillemets sont de rigueur – «cette bande de métèques, un peu olivâtres, barbus, satrapes orientaux», ceux-là mêmes qui ont fait la civilisation européenne, c'est quelque chose de déroutant.
Quels sont ces peuples, communautés et rites formant cet ensemble un peu fantasmatique appelé chrétiens d'Orient?
Au moment où l'Empire romain se convertit au christianisme, c'est-à-dire au début du IVe siècle, le monde méditerranéen est divisé en des sphères culturelles, qui sont à peu près au nombre de trois. Il y a Rome, la capitale, Alexandrie, sur le delta du Nil, et Antioche (dans l'actuelle Turquie), qui est la porte vers l'Asie. Alexandrie et Antioche divergent. A Alexandrie, où il y a une forte colonie juive hellénisée, règne l'héritage de Platon. On y conçoit Jésus-Christ plus comme un dieu que comme un homme, l'exégèse est très allégorique et très peu historique. C'est un génie grec. A Antioche, le génie est sémitique. On porte beaucoup d'attention à l'homme Jésus et l'exégèse est littérale, on veut comprendre le sens du texte dans son contexte historique. Deux écoles s'affrontent donc, deux mégalopoles, deux New York, si l'on veut bien, pour l'époque.
Quelles sont les conséquences de cet affrontement doctrinal?
Elles prennent la forme de conciles, qui réunissent les dirigeants politiques et religieux dans une sorte d'ONU du christianisme. L'Empire romain s'est converti, mais il ne veut pas que cette conversion soit facteur de divisions. A Ephèse en 431, on proclame Marie mère de Dieu, c'est une victoire claire d'Alexandrie. Les Antiochiens, pour qui Marie est plutôt la mère de l'homme Jésus, en sont fâchés. Ceux des Antiochiens qui sont dans l'Empire perse, à la bordure de l'Empire romain, font sécession. On va les appeler les Assyriens. Ils ont une langue sémitique, l'araméen, celle du Christ. Comme ils ne peuvent plus aller vers la Méditerranée, ils vont aller vers l'Asie, développer des missions extraordinaires, en Chine, en Thaïlande, en Inde, au Tibet, avant d'être mis sous le boisseau par l'arrivée des Mongols au XIIe siècle. C'est la première famille, appelée péjorativement nestorienne, celle qui privilégie l'humanité de Jésus-Christ.
Quelle est l'étape suivante?
Vingt ans plus tard, en 451, à Chalcédoine, aujourd'hui une banlieue d'Istanbul, inversion des tendances: Jésus est défini comme une personne en deux natures, divine et humaine. Et là, ce sont les marches de l'empire qui se séparent, qui englobent les Arméniens du Caucase, les Syriaques (établis sur des territoires appartenant aujourd'hui à la Syrie et à l'Irak, ce sont les petits-cousins des Assyriens, mais qui s'estiment différents d'eux), les Coptes d'Egypte. Les Coptes et les Syriaques vont mener deux missions importantes, une passant par la péninsule Arabique, dont le Yémen, et allant jusqu'en Ethiopie. Une autre, les Syro-Malabars et les Syro-Malankars, dans le Kerala, au sud de l'Inde, où il y a encore des chrétiens, quinze siècles plus tard. On les nomme péjorativement monophysites.
Quelle est la place des chrétiens dans les sociétés arabes?
Ils tiennent en quelque sorte la place qu'ont tenue les juifs dans la société occidentale au XIXe siècle: leur statut leur interdisant la terre, ils partent vers les villes, vivent dans des quartiers autour de leurs lieux de culte, parlent leur propre langue, favorisent l'éducation de leurs enfants, ont des métiers de service ou des métiers intellectuels. Ils ont donc cette fonction de minoritaires qui est vecteur de progressisme mais qui les désigne aussi comme boucs émissaires de tous les conservatismes – c'est pourquoi, aujourd'hui, la rue arabe bruisse de folles rumeurs, selon lesquelles les chrétiens empoisonnent l'eau, kidnappent les enfants pour les manger à Pâques…
Politiquement, comment se situent les chrétiens d'Orient?
Au XIXe siècle et ce sera vrai au XXe aussi, ils sont partisans d'une société ouverte. Au Levant, ils sont pour la renaissance de l'arabité. Ils vont voir les Arabes et leur disent: vous êtes des musulmans comme les Turcs, nos maîtres, mais vous êtes surtout des Arabes comme nous, on va faire ensemble une grande société laïque, progressiste, arabe, contre le Turc, en marche vers le progrès dans une citoyenneté partagée.
Cela, finalement, ne se fera pas. Pourquoi?
Trois phénomènes vont faire exploser ce scénario: premièrement, les courbes démographiques s'inversent au détriment des chrétiens d'Orient; deuxièmement, les puissances occidentales interviennent et brouillent leur image; troisièmement, le panislamisme naissant les voit d'emblée comme des étrangers.
Aujourd'hui, en Irak et en Syrie, les chrétiens sont menacés de disparition totale. Avec quelles conséquences?
Avec le départ des chrétiens, ce sont les couleurs du monde qui disparaissent. On entre dans un monde global en noir et blanc, dans lequel les fanatiques ont gagné. L'extinction en marche des chrétiens d'Orient est un véritable cataclysme. Dépositaires des premières civilisations d'écriture, chaînons vivants entre l'Est et l'Ouest, le Nord et le Sud, ce sont des médiateurs-nés. Congelés par l'histoire, ils ont donc façonné un univers fondé sur la verticalité, la liturgie, la spiritualité, la contemplation, la prière, l'art, l'esthétique. Les voir disparaître, c'est accepter que la mondialisation se fasse par la destruction de la primauté de la médiation et du symbolique, ce que j'appelle dans mon livre la piété. Nous sommes en voie d'accepter une civilisation dont le synonyme est barbarie. Et c'est en cela que nous signons une forme de défaite morale, de suicide moral pour l'Europe.
«Les hommes en trop. La malédiction des chrétiens d'Orient». De Jean-François Colosimo. Ed Fayard, 2014. 295 pages.
10/6/2015-L'appel des cinq patriarches d'Antioche contre la désagrégation de la Syrie
Réunis lundi 8 juin à Damas, au siège patriarcal grec orthodoxe, les cinq patriarches d'Antioche ont lancé un vibrant appel contre la désagrégation de la Syrie, exhortant les Syriens à défendre l'unité de la Syrie et leur droit à « déterminer librement leur avenir, en dehors de toute ingérence étrangère » et condamnant « les desseins racistes et confessionnels, étrangers à notre culture » qui alimentent les campagnes de nettoyage ethnique et religieux mises en œuvre dans différentes zones du Proche-Orient, rapporte l'agence Apic.
Les patriarches — le cardinal Boutros Bechara Rai, patriarche d'Antioche des Maronites, Grégoire III Laham, patriarche d'Antioche des grecs melkites, Ignace Youssef III Younan, patriarche d'Antioche des syro-catholiques, le patriarche grec orthodoxe Yohanna X et le patriarche syro-orthodoxe Ephrem II — ont réaffirmé l'urgence de faire obstacle à toute idéologie intégriste au travers d'une éducation religieuse adéquate, dans une perspective « soutenue également par la très grande majorité des musulmans ».
Déplorant l'exode massif des chrétiens fuyant les pays martyrisés par les conflits et les dérives sectaires, ils ont déclaré ne pas condamner ceux qui choisissent de s'en aller, mais ils tiennent à rappeler aux chrétiens que « le fait d'être fermes dans la foi passe souvent également au travers de nombreuses tribulations ».
Espérance
Les cinq patriarches ont également rappelé le sort des évêques grec orthodoxe et syro-orthodoxe d'Alep, Boulos Yazigi et Gregorios Yohanna Ibrahim, ainsi que celui du Père Jacques Mourad, enlevé jeudi 21 mai 2015 en compagnie du diacre Boutros Hanna au Monastère de Mar Elian (Saint Julien), dont il est le prieur. Ils font partie de la longue liste des personnes enlevées par les jihadistes, et dont on a perdu la trace.
Dimanche, lors de son arrivée, le patriarche des Maronites Bechera Raï avait appelé à prendre « patience » et à ne pas perdre « l'espérance »,selon l'agence Zenit : « Beaucoup ont versé leur sang, beaucoup sont morts en martyrs, mais leur sang n'a pas été versé en vain. Beaucoup aussi ont été poussés à l'exode. On avance le chiffre de 12 millions de Syriens. Ceux-là non plus, leurs souffrances ne sont pas vaines. Dieu est le Seigneur de l'histoire et non pas les trônes de ce monde. »
Nouveau rebondissement dans l'affaire des deux métropolites de l'Église d'Orient enlevés à Alep il y a deux ans. Le mufti suprême de Syrie, Ahmad Badreddine Hassoun, accuse la Turquie d'être directement impliquée dans leur kidnapping : "Lorsque l'on me demande où sont ces gens, je réponds de demander aux autorités de sécurité turques", a déclaré le chef religieux musulman à Moscou ce jeudi 11 juin.
Le mufti soutient qu'un ancien procureur général américain, Ramsay Clark, lui aurait assuré qu'un des métropolites enlevés était tombé malade et avait été soigné dans la capitale turque avant de retourner à ses ravisseurs. "Demandez au gouvernement turc, cette question (relative à la libération des métropolites, ndlr) dépend de lui", a asséné Ahmad Hassoun. Selon lui, les services secrets turcs ont activement participé à l'enlèvement des deux hiérarques, dans le but de délocaliser le siège de l'Église d'Antioche depuis la Syrie vers la Turquie et ainsi exercer des pressions sur le patriarche d'Antioche et tout l'Orient.
Les deux évêques syriens – le métropolite de l'Église orthodoxe d'Antioche, Boulos Yazigi, et le métropolite de l'Église syro-orthodoxe, Mar Gregorios Youhanna Ibrahim –, ont été enlevés le 22 avril 2013 par un commando de l'opposition syrienne. Les prélats étaient engagés dans des opérations humanitaires dans le village de Kafr Dael, tout près de la frontière entre la Syrie et la Turquie. Leur enlèvement n'a jamais fait l'objet d'aucune revendication. La Turquie, déjà accusée au moment des faits, avait nié toute implication et assuré que ses services travaillaient activement à la libération des deux otages chrétiens.
10/6/2015-Colosimo : «Pour le Pape, l'ennemi prioritaire est le djihadisme et non la Russie»
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Ukraine, Bachar el-Assad, Chrétiens d'Orient: Jean-François Colosimo a accordé un entretien fleuve à FigaroVox dans lequel il analyse les enjeux géopolitiques de la visite de Vladimir Poutine au Vatican.
Jean-François Colosimo est écrivain et essayiste. Président du Centre national du livre de 2010 à 2013, il dirige désormais les éditions du Cerf. Son dernier livre, Les Hommes en trop, la malédiction des chrétiens d'Orient, est paru en septembre 2014 aux éditions Fayard.
Le pape François rencontre Vladimir Poutine ce mercredi après-midi au Vatican. Pourquoi organiser maintenant un tel face à face?
L'entrevue historique entre Mikhaïl Gorbatchev et le pape Jean Paul II avait ouvert la voie. Cette rencontre entre le pape François et Vladimir Poutine, la deuxième après un premier entretien en novembre 2013, est devenue quasiment impérative face à l'actualité qui secoue l'Europe et le Proche-Orient.
Diverses raisons expliquent, en effet, l'urgence de cette audience.
La première porte sur la résolution du conflit ukrainien. Au VIIIe siècle, l'Europe connaît en son cœur une division majeure. La confrontation entre missionnaires byzantins et missionnaires francs va déboucher sur la rupture entre Constantinople et Rome, les Grecs et les Latins, laquelle annonce la séparation entre orthodoxes et catholiques. Elle donne lieu à la ligne de fracture qui court de Riga, dans les pays Baltes, à Split, en ex-Yougoslavie, et qui traverse l'Ukraine en son milieu. Il est évident que l'opposition entre les Ukrainiens de l'Ouest et de l'Est, sans être une guerre de religion, implique cette longue mémoire. Ce pays-frontière est ainsi partagé entre les mentalités contradictoires nées de l'Occident et de l'Orient chrétiens et de leurs disputes autour de l'héritage impérial, d'où les fortes tensions entre Bruxelles et Moscou. Les catholiques ukrainiens de rite oriental, originellement issus de l'Église orthodoxe mais unis depuis plusieurs siècles à l'Église catholique, forment une minorité concentrée à l'ouest dans la région de Lviv, très active et à l'inclination nationaliste. Par son pouvoir à la tempérer, le Saint-Siège dispose d'un véritable levier pour apaiser la crise.
Cette audience, deuxième raison, est également motivée par la situation dramatique des chrétiens d'Orient. Comme le soulignent ses déclarations à Sarajevo sur le présent climat de «troisième guerre mondiale», le pape défend sans doute la notion d' «ennemi prioritaire». Or celui-ci est le djihadisme, et non pas la Russie.
De ces deux raisons, découle la troisième. Pour Vladimir Poutine, cet entretien représente l'occasion de sortir de l'isolement diplomatique qui est le sien, particulièrement au regard de l'Union européenne. Le pape ne manquera pas, dans le secret de ce tête-à-tête, d'aborder les épineuses questions des risques pour la paix de la diplomatie offensive du Kremlin et de la menace sur les libertés fondamentales en Russie. Mais le successeur de Pierre entend aussi, et d'abord, que cette audience s'inscrive dans l'accélération de la démarche œcuménique qui marque son pontificat.
Une source vaticane aurait effectivement confié à La Croix que «Le Saint-Siège comprend qu'une solution au conflit en Syrie passe inévitablement par la Russie»…
C'est la position informée, judicieuse et raisonnée à adopter face à la situation du Levant. Il est regrettable que ce réalisme de la diplomatie vaticane fasse défaut à l'Elysée et, plus largement, à l'Union Européenne.
Il ne peut en effet y avoir de résolution durable au conflit qui enflamme désormais le Proche-Orient sans le concours de la Russie et de l'Iran. Ces deux puissances régionales ont une longue histoire, une diplomatie séculaire, et des réseaux dans la région parce qu'elles y possèdent des intérêts stratégiques, voire vitaux.
Depuis que la Russie est entrée dans l'espace des relations internationales au XVIIIe siècle, elle a voulu garantir son accès aux mers chaudes et a agi, en Orient, à travers les communautés orthodoxes. Cette politique d'influence a été continuée par l'URSS via les régimes socialistes arabes. Moscou, qui dispose de bases militaires en Syrie, représente non seulement un soutien actif au régime de Bachar el-Assad, mais est, de surcroît, un interlocuteur de premier plan avec Téhéran. Or, les États-Unis eux-mêmes viennent de se rendre compte du caractère indispensable de la participation de l'Iran pour régler, sur le terrain, l'avancée de Da'ech que ne peuvent endiguer les seuls bombardements.
Vladimir Poutine et Bachar el-Assad, qui est actuellement très affaibli, seraient-ils devenus les meilleurs alliés des chrétiens d'Orient?
Il ne faut pas s'illusionner: Bachar, comme son père, est indiscutablement un tyran. Mais les chrétiens d'Orient vivent sous la tyrannie depuis treize siècles. Ils ont ainsi appris à résister aux «dictatures classiques», si l'on peut dire. D'autant plus que, sous la domination alaouite de la famille el-Assad, leur liberté de culte était garantie. Lui- même minoritaire, le régime alaouite orchestrait volontiers une politique de mise en valeur des autres minorités. Les chrétiens de Syrie souffraient donc des mêmes privations de liberté que leurs compatriotes musulmans mais ils s'agissaient pour eux d'une tyrannie «ordinaire» qui permettait leur maintien territorial et leur persistance historique. Face à celle-ci, l'avènement de Da'ech leur semble un bien plus grand mal car il s'agira alors d'une tyrannie «totalitaire».
C'est pourquoi les hiérarchies chrétiennes orientales, qu'elles soient catholiques ou orthodoxes, et qui étaient toutes de tradition francophone et francophile, ont cessé de se rendre à Paris car elles considèrent que l'interventionnisme gribouille de la France revient à armer, même si c'est involontaire, leurs égorgeurs. Et que cet aveuglement têtu conduit, dans tous les cas, à favoriser les conditions de leur disparition. Elles se sont donc tournées vers la Russie. Il y a là une perte d'influence grave pour notre pays.
Ces hiérarchies chrétiennes ne sont toutefois pas dupes. Elles savent que la Russie, à travers les déclarations d'amitié de Poutine, poursuit ses propres intérêts. Elles n'entendent pas sacraliser l'homme du Kremlin en sauveur du christianisme. Loin s'en faut. Mais comme les chrétiens d'Orient sont les seuls, dans la région, à ne pas bénéficier d'un protecteur international et que la Russie se propose d'exercer ce rôle -qui a été le sien pendant des siècles en concurrence avec la France-, Poutine marque un point. Et cela, parce notre pays a adopté une politique de la chaise vide. Parce qu'il a renoncé à ses devoirs historiques.
Le pape peut-il soutenir des régimes autoritaires comme celui de Bachar pour faire face à la menace de Da'ech?
François fait face à l'urgence de la tragédie qui est en train de se dérouler sous nos yeux, qui se calcule en centaines de milliers de victimes et en millions de réfugiés ou de déplacés, de toutes confessions, dans l'indifférence de la communauté internationale -laquelle s'apparente de plus en plus à une forme de complicité passive. Il s'agit très certainement pour lui de parer à l'imminence d'une catastrophe irrémédiable qui entachera le sens même de l'humanité.
Pour le reste, le combat du Saint-Siège pour la liberté de conscience et les libertés démocratiques sur les cinq continents ne fait pas de doute. Le penser serait lui faire un procès indigne. On a pu observer depuis un demi-siècle que la diplomatie vaticane, en avançant patiemment, parfois secrètement, réussissait à renverser des situations que l'on croyait inamovibles. C'est ainsi que, face aux États encore communistes en Asie ou en Amérique latine, ou nouvellement fondamentalistes en Afrique ou au Moyen-Orient, l'action de Rome demeure invariablement positive, dénouant le circonstanciel tout en restant intransigeante sur l'essentiel. De surcroît, il y a chaque jour dans le monde des chrétiens qui luttent et meurent pour la dignité de tous.
La position du Saint -Siège envers le régime de Bachar el-Assad tiendrait-elle donc de la politique du moindre mal?
Je ne pense pas qu'il y ait une volonté particulière de sauvegarder Bachar el-Assad ou une quelconque indulgence pour ses crimes. Il y va seulement de l'impératif de stopper au plus vite la barbarie croissante et de la lucidité à admettre que dans l'actuel chaos du Proche-Orient, que l'Amérique et l'Europe ont négligemment favorisé, il n'y aura pas de solution magique. Qu'on le veuille ou non, le régime alaouite, à défaut de mieux, est devenu un point de ralliement pour de très nombreuses communautés qui refusent l'arrivée au pouvoir de l'islamisme. La politique du Saint-Siège découle d'une connaissance réelle de l'histoire et du présent. Un savoir qui manque cruellement à l'humanitarisme inconséquent qui tient lieu désormais de politique étrangère à la France et aux pays de l'Union européenne.
Certains parlent déjà d'un voyage du pape à Moscou, un axe Vatican/Moscou est-il crédible?
Le seul axe dont on peut véritablement parler aujourd'hui, renouvelé et fort, est celui qui existe grâce au dialogue œcuménique, toujours plus soutenu, entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe. Il passe aussi par Constantinople et le patriarche Bartholomée.
Le pape Jean Paul II, qui fut un voyageur planétaire, n'avait pas pu se rendre en Russie. Une visite du Pape François à Moscou, mais plus probablement une rencontre avec le patriarche Cyrille Ier dans un lieu symbolique, à équidistance des deux sièges pontificaux, représenterait un témoignage encourageant pour tous les fidèles catholiques et orthodoxes sincèrement engagés dans la recherche concrète de l'unité.
Le pape a-t-il une véritable influence diplomatique, ou se contente-t-il du ministère de la parole?
On retrouve là la fameuse question de Staline: «Le Pape, combien de divisions?» L'URSS n'est plus là. Le Vatican l'est toujours. La diplomatie du Saint-Siège, qui a pour chef le pape, pour expérience une bonne quinzaine de siècles d'existence, pour réseau de relations internationale le premier au monde avec ses innombrables nonciatures, et pour statut le rang d'observateur à l'ONU représente une véritable force d'information et d'influence.
Elle a surtout pour elle le ministère prophétique de l'évêque de Rome en tant que serviteur de l'Évangile. Plus que jamais, la mondialisation qui allie l'unification mortifère du marché en son centre et l'explosion meurtrière des identités à sa périphérie éprouve le besoin vital d'une parole de vie. En se rendant au Parlement de Strasbourg pour réveiller l'Europe, à Lampedusa pour secourir les migrants, à Istanbul pour réclamer une intervention militaire dans les limites de la guerre juste, c'est ce que fait inlassablement François.
Un an après la prise de Mossoul, le cardinal Sako appelle l'Irak à la réconciliation
« Un an après la tragédie de Mossoul » et l'invasion de la plaine de Ninive par Daech, le patriarche de Babylone des Chaldéens, Mgr Louis Sako, a publié un message, mercredi 10 juin, s'adressant tant au peuple dont il est le pasteur qu'aux autorités d'Irak et à la communauté internationale.
Aux chrétiens chassés de leur terre par les djihadistes, le patriarche des Chaldéens fait part « de sa prière, dans l'espoir d'un rapide retour à la maison, sur la terre de nos pères ».
Le cardinal répète son « appel à la communauté internationale et aux autorités religieuses pour qu'elles travaillent sérieusement à résoudre la crise, tant au plan humanitaire que politique ». « Si la situation ne change pas, nous allons vers le pire. Le chômage et la pauvreté, la mort, la destruction sont presque partout ! » témoigne-t-il.
Il appelle les responsables politiques irakiens à entreprendre « une vraie réconciliation et une réforme politique radicale », car « par la réconciliation, nous sommes tous gagnants, il n'y a pas de perdant sinon le démon, comme nous disons ».
Dieu seul peut faire un miracle
La réconciliation suppose « une vision » et « des concessions » martèle le patriarche qui appelle encore : « Réconcilions-nous et plus un seul Irakien ne mourra à cause de sa religion, de sa langue ou parce qu'il sera homme ou femme. Réconcilions-nous, afin que plus un seul enfant meure de faim, de soif, par manque de médicaments. Réconcilions-nous, pour que plus une seule famille irakienne soit déplacée et dispersée. Réconcilions-nous, pour bannir l'humiliation, la violence, l'esclavage d'aucune femme irakienne ».
En tant qu'Église « nous nous efforçons de soutenir les personnes déplacées au plan humanitaire et spirituel » affirme le cardinal Sako, qui conclut par une allusion à l'évangile de la tempête apaisée (cf. Mc 4, 35-41) : « Un miracle ne peut être accompli que par Dieu pour réduire les vagues et ramener la tempête au silence. »
Un an après la prise de Mossoul, le cardinal Sako appelle l'Irak à la réconciliation
« Un an après la tragédie de Mossoul » et l'invasion de la plaine de Ninive par Daech, le patriarche de Babylone des Chaldéens, Mgr Louis Sako, a publié un message, mercredi 10 juin, s'adressant tant au peuple dont il est le pasteur qu'aux autorités d'Irak et à la communauté internationale.
Aux chrétiens chassés de leur terre par les djihadistes, le patriarche des Chaldéens fait part « de sa prière, dans l'espoir d'un rapide retour à la maison, sur la terre de nos pères ».
Le cardinal répète son « appel à la communauté internationale et aux autorités religieuses pour qu'elles travaillent sérieusement à résoudre la crise, tant au plan humanitaire que politique ». « Si la situation ne change pas, nous allons vers le pire. Le chômage et la pauvreté, la mort, la destruction sont presque partout ! » témoigne-t-il.
Il appelle les responsables politiques irakiens à entreprendre « une vraie réconciliation et une réforme politique radicale », car « par la réconciliation, nous sommes tous gagnants, il n'y a pas de perdant sinon le démon, comme nous disons ».
Dieu seul peut faire un miracle
La réconciliation suppose « une vision » et « des concessions » martèle le patriarche qui appelle encore : « Réconcilions-nous et plus un seul Irakien ne mourra à cause de sa religion, de sa langue ou parce qu'il sera homme ou femme. Réconcilions-nous, afin que plus un seul enfant meure de faim, de soif, par manque de médicaments. Réconcilions-nous, pour que plus une seule famille irakienne soit déplacée et dispersée. Réconcilions-nous, pour bannir l'humiliation, la violence, l'esclavage d'aucune femme irakienne ».
En tant qu'Église « nous nous efforçons de soutenir les personnes déplacées au plan humanitaire et spirituel » affirme le cardinal Sako, qui conclut par une allusion à l'évangile de la tempête apaisée (cf. Mc 4, 35-41) : « Un miracle ne peut être accompli que par Dieu pour réduire les vagues et ramener la tempête au silence. »
Un sommet spirituel rassemblant les patriarches des Églises chrétiennes d'Orient s'est tenu ce lundi à Damas au siège du patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche. Le but de cette rencontre était de réfléchir ensemble à une sortie de crise pour la Syrie ravagée par la guerre et de trouver des solutions pour lutter efficacement contre les djihadistes.
Le sommet œcuménique de Damas a permis la rencontre des représentants de l'Église grecque catholique d'Antioche, de l'Église syriaque orthodoxe, de l'Église grecque-catholique melkite, de l'Église catholique syriaque et de l'Église maronite. L'ambassadeur du Saint-Siège à Damas participait également au sommet.
Au cours de ce sommet, les patriarches ont eu l'occasion d'interpeller la communauté internationale sur la nécessité de trouver une solution politique accompagnée de l'engagement des puissances globales et régionales pour lutter contre les djihadistes de l'État islamique et couper tout soutien en leur faveur. Ils l'ont ainsi appelé à « prendre ses responsabilités pour mettre fin aux guerres… et travailler au retour des réfugiés dans leur pays ».
Les participants à ce sommet ont également proposé de s'attaquer aux racines de l'idéologie intégriste par une éducation religieuse généralisant la culture d'ouverture et de paix, un point de vue qui est soutenu par de nombreux musulmans.
Appelant les syriens à défendre l'unité de la Syrie, les cinq patriarches ont également condamné les campagnes de nettoyages religieux et ethniques mises en œuvre dans différentes zones du Proche-Orient.
Ils ont enfin tenu à rappeler à tous les chrétiens des pays martyrisés par des conflits et des dérives sectaires, que s'ils ne les condamnaient pas le choix de partir, le fait d'être ferme dans la foi passe souvent à travers des tribulations. L'enracinement des chrétiens dans la région devrait les pousser à y demeurer, aujourd'hui plus que jamais.
Qui s'en souviendra ? 1915 : le génocide assyro-chaldéo-syriaque, par Joseph Yacoub (*) | Crif - Conseil Représentatif des Institutions Juives de France
8/6/2015-Qui s'en souviendra ? 1915 : le génocide assyro-chaldéo-syriaque, par Joseph Yacoub (*)
Une recension de Jean-Pierre Allali À l'heure où le monde entier commémore le génocide des Arméniens de 1915, voici un livre qui permet de sortir de l'oubli un génocide parallèle dans le temps comme dans l'espace, celui des assyro-chaldéens-syriaques. Avec un même coupable : l'Empire ottoman. Pour accomplir leur sinistre besogne faite d'assassinats, de viols, d'exils meurtriers et de marches harassantes dans le désert ou encore de conversions forcées de jeunes enfants, les Turcs de l'époque, souvent secondés par des supplétifs kurdes et, dans une moindre mesure par des Persans, ont ratissé de larges régions : le Hakkari et le Diyarbékir, Ourmiah, Salamas, comme la province de Van , Mossoul et bien d'autres lieux, terroirs ancestraux de populations chrétiennes parlant toujours l'araméen. Qu'on les désigne sous les vocables d'Assyriens, de Chaldéens, de Syriaques, de Nestoriens, de Jacobites ou d'Araméens, ils vivaient depuis des millénaires dans cette Mésopotamie historique. Inlassablement, Joseph Yakoub analyse les livres et témoignages d'époque, souvent d'ecclésiastiques, qui concordent tous : des centaines de villages ont été détruits et leur population massacrée, quelque 250 000 âmes en tout. Si la tragédie de ces populations est moins connue que celle que subirent les Arméniens, c'est, notamment, parce que les Assyro-Chaldéens étaient moins nombreux que les Arméniens, qu'ils étaient éparpillés sur un vaste territoire, et, surtout, qu'ils n'avaient jamais disposé d'un État. Au fil des pages de ce livre très intéressant, on découvre que les premières persécutions visant les Assyro-Chaldéens datent des premiers siècles de notre ère avec les méfaits des Romains sous les empereurs Trajan et Dioclétien. Les Perses sassanides sous Shapur II, ArdashirII, BehramV et Yazdegerd II prendront le relais. Et, bien avant la catastrophe de 1915, les Ottomans et les Kurdes se livrèrent, entre 1843 et 1847, à de terribles tueries dans le Hakkari. En 1895, ce sera au tour du sultan Abdul Hamid II de poursuivre les massacres. L'islamisation, explique Joseph Yacoub, aura été, au cours des siècles, un moyen de suppression de l'identité d'un groupe humain. Ce véritable ethnocide ne cessera pas en 1915. En 1918, les exactions continuent, puis en 1925. De nos jours, avec la décomposition de l'Irak et de la Syrie, les Chrétiens dits « d'Orient » qui demeurent encore dans ces régions sont la proie des tenants de l'État islamique. L'exode continue. En France, en Europe, en Amérique, des communautés assyro-chaldéennes s'organisent et résistent envers et contre tout. Un excellent document. Note : (*) Éditions du Cerf. Janvier 2015. 304 pages. 24 euros
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a affirmé mercredi que "la violation de la Constitution et du Pacte national ont dévié le Liban de son message au point de bloquer l'élection du président de la République", regrettant que l'échéance ait été "liée aux conflits politiques, communautaires et armés de la région". Mgr Raï tenait ses propos à l'occasion de l'ouverture du saint-synode annuel de l'Église maronite à Bkerké.
La magistrature suprême est vacante depuis le 25 mai 2014. La dernière séance électorale au Parlement ayant à nouveau échoué faute de quorum, un nouveau scrutin a été fixé au 24 juin.
"Les églises du Liban et du Moyen-Orient traversent une période très compliquée", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'elles sont "les victimes de la violence, de la guerre et de l'exode".
ASIE/LIBAN - Prières pour l'unité du pays devant la statue de Notre-Dame de Fatima
Beyrouth (Agence Fides) – Du 12 au 16 juin, une série de célébrations liturgiques et de moments de dévotion mariale se tiendront dans différentes localités du Liban, à l'occasion du 2ème anniversaire de la consécration de la nation libanaise au Cœur Immaculé de Marie. En ces jours, sera présente au Liban la statue de Notre-Dame de Fatima provenant du Sanctuaire portugais, qui sera exposée en différentes occasions à la dévotion des fidèles. Le 12 juin, au Patriarcat maronite, à Bkerké, une méditation mariale sera tenue par le Patriarche d'Antioche des grecs melkites, S.B. Ignace Youssef III Younan, alors que le Patriarche d'Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Boutros Bechara Rai, célébrera le Saint Sacrifice de la Messe. Par la suite, le statue de Notre-Dame de Fatima sera transférée au Carmel d'Harissa. Les jours suivants, sont prévues des Messes, des récitations du chapelet et des célébrations avec des chants mariaux dans différents sanctuaires et églises du pay s. Au Liban, depuis 2010, la Solennité mariale de l'Annonciation de Notre Seigneur Jésus Christ a été proclamée fête nationale dans le but déclaré de trouver dans la dévotion à la Très Sainte Vierge Marie – partagée également par les musulmans – un point de convergence entre les différentes communautés religieuses. (GV) (Agence Fides 10/06/2015)
ASIE/IRAQ - Pour le Patriarche de Babylone des Chaldéens, un an après la chute de Mossoul, seule la réconciliation nationale peut sauver le pays
Bagdad (Agence Fides) – A la date anniversaire de ce qui est qualifié de « tragédie de Mossoul » - à savoir la prise de la deuxième ville d'Irak de la part des djihadistes du prétendu « Etat islamique » - le Patriarche de Babylone des Chaldéens, S.B. Louis Raphaël I Sako, adresse un message aux évacués et aux réfugiés contraints à fuir leur ville afin de leur exprimer sa proximité dans la prière et l'espoir « que vous puissiez retourner bientôt chez vous, sur la terre de vos pères ». Voici un an, dans la nuit du 9 au 10 juin 2014, face à l'assaut des milices du prétendu « Etat islamique » munies de lance-grenades et de mitrailleuses montées sur des tout-terrains, les troupes de l'armée irakienne basées à Mossoul s'étaient enfuies, abandonnant entre les mains des djihadistes jusqu'aux bases militaires et aux armes lourdes qui s'y trouvaient. Dans son message, parvenu à l'Agence Fides, le Patriarche appelle les hommes politiques irakiens à travailler sincèrement en vue de la réforme et de la réconciliation. Seule la perspective de la réconciliation nationale – rappelle-t-il – pourra mettre un terme à la tragédie d'un peuple entier, en faisant en sorte que les irakiens ne continuent pas à combattre et à se tuer en justifiant les conflits au travers de motifs religieux, et que les enfants ne continuent pas à mourir « de faim, de soif ou par manque de médicaments ». Le Patriarche confirme que l'Eglise fera tout ce qui est en son pouvoir pour continuer à soutenir, matériellement et spirituellement, les multitudes d'évacués et de réfugiés éparpillés sur le territoire national et dans les pays voisins, en continuant à prier afin que le Seigneur accorde bientôt le don de la paix. (GV) (Agence Fides 10/06/2015)
ASIE/SYRIE - Sommet des cinq Patriarches d'Antioche à Damas contre la désagrégation de la Syrie
Damas (Agence Fides) – La seule voie à suivre pour tenter de sortir de la crise syrienne est celle d'une « solution politique » s'accompagnant de l'engagement des puissances globales et régionales à lutter contre les djihadistes du prétendu « Etat islamique » ou à tout le moins à suspendre tout type d'appui en leur faveur. Tels sont quelques-uns des points clefs du communiqué diffusé par les cinq Patriarches portant le titre d'Antioche au terme du sommet qui les a vus réunis le 8 juin à Damas au siège patriarcal grec orthodoxe. La présence dans la capitale syrienne des cinq Patriarches – S.Em. le Cardinal Boutros Bechara Rai, Patriarche d'Antioche des Maronites, S.B. Grégoire III Laham, Patriarche d'Antioche des grecs melkites, S.B. Ignace Youssef III Younan, Patriarche d'Antioche des syro-catholiques, le grec orthodoxe Yohanna X et le syro-orthodoxe Ephrem II – a été accueillie chaleureusement par les chrétiens de Damas, qui ont envahi la partie de la Vieille Ville allant de Bab Tuma à Bab Sharqi, où se trouve le Patriarcat grec orthodoxe et où sont concentrées de nombreuses autres églises. Dans le communiqué final de la rencontre, parvenu à l'Agence Fides, est réaffirmée l'urgence de faire obstacle à toute idéologie intégriste au travers d'une éducation religieuse adéquate, dans une perspective – répètent les Patriarches – soutenue également par la très grande majorité des musulmans. Le document invite les syriens à défendre l'unité de la Syrie et leur droit à « déterminer librement leur avenir, en dehors de toute ingérence étrangère ». Sont également cités les noms des Evêques grec orthodoxe et syro-orthodoxe d'Alep, Boulos Yazigi et Gregorios Yohanna Ibrahim, ainsi que celui du Père Jacques Murad, dans la liste des personnes enlevées dont on a perdu la trace. Les cinq Patriarches condamnent par ailleurs « les desseins racistes et confessionnels, étrangers à notre culture » qui alimentent les campagnes de nettoyage ethnique et religieux mises en œuvre dans différentes zones du Proche-Orient. Des paroles éloquentes sont également dédiées à l'exode des chrétiens des pays martyrisés par des conflits et des dérives sectaires. « Nous ne condamnons pas ceux qui choisissent de s'en aller – écrivent les Patriarches – mais nous rappelons aux chrétiens que le fait d'être fermes dans la foi passe souvent également au travers de nombreuses tribulations ». (GV) (Agence Fides 09/06/2015)
Le patriarche des maronites du Liban et de tout l'Orient, le cardinal Béchara Raï, est arrivé dimanche 7 juin à Damas (Syrie) pour une visite pastorale, à l'invitation du patriarche grec-orthodoxe Jean X Yazigi. « Nous sommes venus pour la paix et les solutions pacifiques en Syrie et pour que les chrétiens et les musulmans restent sur leurs terres », a-t-il déclaré depuis l'hôpital français de Damas, première étape de sa visite, rapporte le quotidien l'Orient le Jour.
Présidant une messe à l'archevêché maronite de Damas, dans le quartier de Bab Touma, il y a évoqué « une stratégie de guerres absurdes qui ne visent que la destruction ». « Tout est question de commerce d'armes », ajoute le cardinal Raï, rappelant certaines déclarations du pape François.
Il s'agit de la deuxième visite pastorale du patriarche maronite en Syrie depuis le début du conflit syrien. La visite du prélat maronite est « purement pastorale et ne comprendra aucune rencontre politique ou réunion avec des responsables syriens », avait précisé quelques jours plus tôt le conseiller médias du patriarche, Walid Ghayad.
Le cardinal Raï se rend cette fois dans la capitale syrienne « à l'invitation de Mgr Yazigi pour l'inauguration du nouveau siège du Patriarcat orthodoxe ainsi qu'à l'invitation du patriarche syriaque orthodoxe Mar Ephrem II pour participer à l'inauguration du synode de l'Église syriaque orthodoxe », selon Walid Ghayad. Cette visite « reflète le rapprochement et la coopération entre les Églises chrétiennes dans le contexte difficile dans lequel vivent les chrétiens de la région », avait-il ajouté.
Avant le conflit de 2011, les chrétiens de Syrie représentaient 5 % de la population
La première visite du cardinal Raï en Syrie, à l'occasion de l'intronisation de Jean X Yazigi patriarche grec-orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient, avait été la première d'un patriarche maronite depuis 70 ans en raison des relations tumultueuses entre le Liban et la Syrie. Elle avait provoqué une controverse au Liban, divisé entre partisans et détracteurs du régime syrien de Bachar Al Assad.
Les chrétiens de Syrie, en grande majorité des orthodoxes, représentaient avant le conflit de 2011 près de 5 % de la population, mais nombre d'entre eux ont quitté le pays à l'instar de leurs compatriotes musulmans à mesure que la Syrie s'enfonçait dans la guerre et notamment avec la montée en puissance de groupes djihadistes comme Daech. Les Syriens maronites sont estimés, eux, à près de 60 000 personnes.
Des hommes de religion chrétienne ont été assassinés ou kidnappés, comme Boulos Yazigi, évêque grec-orthodoxe d'Alep, deuxième ville de Syrie, et Youhanna Ibrahim, métropolite syriaque orthodoxe de la même ville, enlevés en avril 2013 dans le nord du pays. On ignore également toujours le sort du jésuite italien Paolo Dall'Oglio, kidnappé en 2013 par Daech dans la province de Raqqa (nord).