Syrie : Trois années de guerre n'ont pas tué l'espérance des chrétiens
18/03/2014« Nous autres chrétiens vivons dans la peur, l'avenir est incertain, mais nous ne voulons pas quitter notre patrie », a confié Mgr Jean Abdo Arbach, archevêque catholique des Grecs melkites de Homs, Hama et Yabroud, à l'occasion d'une visite à l'AED (Association Aide à l'Eglise en Détresse), le 12 mars dernier.
Malgré des rapports contraires, assure l'archevêque syrien, environ 20 000 chrétiens de différentes confessions vivent à Homs, une ville située non loin de la frontière avec le nord du Liban. Dans la région autour de Homs, ils seraient environ 200 000.
A Homs et autour de la ville, assure-t-il, « la situation est calme. Les troupes du gouvernement contrôlent presque entièrement la région ». Les combats se concentraient surtout dans les villes de Hama et Yabroud, sur la route Damas-Homs. Selon les dernières nouvelles, les soldats du régime syrien sont entrés dans Yabroud et contrôleraient totalement la ville. Comme le souligne RFI, La prise de Yabroud par les forces loyalistes est une perte importante pour les rebelles qui voient ainsi disparaître leur axe d'approvisionnement par le Liban.
En réaction à la prise de la ville, le groupe jihadiste syrien, le Front al-Nosra et un autre groupe armé sunnite ont revendiqué un attentat à la voiture piégée dans l'est du Liban, non loin de la frontière avec la Syrie. Quatre personnes ont été tuées.
Néanmoins, de son côté l'Evêque chaldéen d'Alep, Mgr Antoine Audo, qui est aussi le président de Caritas Syrie, veut « croire à la possibilité de la paix ». Trois ans après le début de la crise syrienne, il veut « célébrer un anniversaire d'espérance… malgré la peur, l'inquiétude face aux extrémistes de tout bord, le chômage, la pauvreté et la misère qui augmentent de jour en jour…nous pousse au découragement et nous invite inconsciemment à entrer dans le cercle de la violence, dans nos cœurs comme dans nos comportements », souligne-t-il dans un message diffusé par le Secours Catholique en France.
Alors que le pays se détruit et se divise, Caritas Syrie déclare faire l'expérience - « comme chrétiens tout d'abord, et comme Syriens ensuite », souligne Mgr Audo - d'un nouveau langage, celui de la communion, cherchant à « regarder la réalité avec objectivité », à « respecter la dignité » des personnes et à « ne pas les classer selon des critères d'appartenance ».
« Quand nous cessons de nous regarder nous-mêmes pour défendre nos intérêts, quand nous sortons de nous-mêmes pour accueillir la richesse et la beauté des Églises, nous devenons ensemble de plus en plus chrétiens. De même, Caritas, au service des Syriens et surtout de nos frères, les musulmans de différentes confessions et ethnies, nous fait grandir dans une attitude de vraie citoyenneté », conclut Mgr Audo.
La Caritas, qui fait aux besoins immenses d'une population complètement anéantie, y compris au niveau psychologique, est obligée de tenir compte des nouvelles urgences, telles que l'arrêt des activités productives et l'assistance psychosociale. A ce propos, Mgr Audo, dans un entretien à Fides, relève qu' : « au sein des comportements individuels, se multiplient les signaux d'effondrement spirituel et intérieur », qui font planer le risque « d'avoir des générations entières d'enfants et de jeunes dévastées pour toujours par l'expérience qu'elles ont vécue ».
Durant leur semaine de formation, les dix premiers jours de mars, à Harissa, au Liban, les dix les opérateurs syriens de la Caritas, ont émis l'espoir de pouvoir prendre cette nouvelle direction liée au travail et à l'assistance psychosociale, avec le soutien de Caritas d'autres pays, comme l'Italie, les Etats-Unis, l'Allemagne et la France.
Le conflit, qui a fait plus de 146 000 morts, est entré samedi 15 mars dans sa quatrième année sans issue en vue. D'après l'ONU, 9,3 millions de personnes auraient besoin d'une assistance dans le pays, dont 570.000 blessés. Selon Handicap international, 60% des personnes déplacées sur le territoire ayant été blessées l'ont été par des armes explosives (Le JDD)
Envoyé de mon Ipad
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