Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

jeudi 22 décembre 2016

Le Liban, une terre d’espoir pour les chrétiens d’Orient | Valeurs Actuelles 16/12/2016

Le Liban, une terre d'espoir pour les chrétiens d'Orient | Valeurs Actuelles

Le Liban, une terre d'espoir pour les chrétiens d'Orient

Scène de liesse à Beyrouth au moment de l'élection du général Aoun à la présidence de la République, le 31 octobre 2016. Photo © REUTERS

Feux d'artifice et coups de Klaxon dans Beyrouth la pluriconfessionnelle. Des drapeaux aux fenêtres et des cris de joie, quelque chose qu'en France on ne verrait qu'après un match de football. L'émoi suscité par l'élection de Michel Aoun, en ce dernier jour d'octobre, dépasse volontiers les limites d'Achrafieh, quartier chrétien de l'est de la capitale libanaise. Reproduit à l'infini sur les affiches qui tapissent les grandes artères, le visage de l'ancien héros de la guerre civile semble apaiser et réconcilier sunnites, chiites et chrétiens. Ces derniers, que la Constitution charge, depuis 1926, de fournir au pays un président de la République, ont toujours su jouer un rôle de pont entre les deux grandes familles de l'islam, présentes sur le territoire. Une communauté chrétienne multimillénaire, l'une des plus anciennes au monde, qui ne doit cependant pas sa survie à l'angélisme ou à la "solidarité" sur le mode occidental, quand on songe au nombre de paroisses qui portent ici le nom de Saint-Élie, le prophète de l'Ancien Testament, défenseur du Dieu unique devant les impies, devenu patron protecteur de multiples lieux de culte.

La volonté d'enracinement est prégnante chez les maronites

À la faveur des chaînes de montagnes du Liban et de l'Anti-Liban, barrières naturelles séparées par la plaine de la Bekaa, les chrétiens s'établirent le long de l'étroite bande côtière qui s'étend de Tyr (actuellement Sour) à Tripoli, encore aujourd'hui mieux protégés que leurs frères de foi d'Antioche (Antakya), de Syrie ou d'Irak. « Si Damas tombe un jour aux mains de Dae'ch, rappelle cependant le père Daoud Reaïdy, l'État islamique atteint Beyrouth en deux heures… » Supérieur général de l'ordre des Antonins maronites, depuis 2011, ce prêtre de 55 ans demeure au monastère Saint-Roch (Mar Roukoz), un ensemble architectural au style oriental caractéristique, fondé en 1768, qui a été élargi après la guerre civile par les moines eux-mêmes. Secondé par ses assistants, le père Daoud y mène une vie de prière et de patronage (le monastère soutient en effet une école, un centre de formation ecclésiastique, un atelier artistique et un centre d'accueil). « Ici nous existons encore dans la société, nous ne sommes pas une communauté cachée. On tient les écoles : elles sont mixtes et accueillent des gens de toutes confessions. »

La volonté d'enracinement est prégnante chez les maronites, qui ont conscience du rôle que le Liban a à jouer dans la survie des chrétiens d'Orient. Le territoire n'est cependant pas épargné par un vivace prosélytisme musulman, qui prend dorénavant les traits d'une hostilité systématique envers les chrétiens. « Depuis les années 1990, certains étudiants musulmans exigent l'érection de mosquées au sein de nos universités et de nos écoles. Ils essuient un refus catégorique de notre part. Désormais, ce sont les réseaux sociaux qui aggravent la situation, en diffusant impunément des messages qui encouragent l'extermination de nos frères. »

L'oeuvre des religieux libanais se veut pourtant porteuse d'espérance, avec la culture comme vecteur. La première imprimerie du Liban n'a-t-elle pas été créée au monastère Saint-Antoine dans la vallée de Qozhaya, dans le nord ? Les établissements scolaires chrétiens, surtout, permettent l'existence d'« une oasis de dialogue » unique au Proche- Orient, selon le père Daoud. Même son de cloche à Jounieh, chez le père Paul Naaman, de l'Ordre libanais maronite (OLM), ancien recteur de l'université Saint-Esprit de Kaslik (Usek). Sous la pluie fine, « la première, celle qu'on attendait tant », il nous a promenés dans les allées de l'université désertées par les étudiants, un 1er novembre. « Les musulmans éduqués savent depuis longtemps ce que les chrétiens peuvent apporter à leurs enfants, affirme-t-il. Une éducation à l'occidentale : l'ouverture sur le monde, bien sûr, mais aussi l'excellence dans les disciplines académiques — mathématiques, langues, histoire. » L'OLM possède 80 monastères et maisons religieuses au Liban, en Afrique, au Canada et en Amérique latine, qui constituent des centres spirituels et socioculturels d'importance. Le père Naaman détaille l'étendue de son patronage : nombre de collèges et d'écoles, ainsi que l'Usek, qui compte douze facultés, dans des domaines aussi variés que la médecine, les sciences de l'ingénieur, le droit, les lettres ou la théologie.

« Nous relayons l'État dans ce qu'il n'arrive pas à faire », affirme de son côté le père Germanos , recteur pour la sixième année de l'Université antonine (UA) (lire notre encadré), qui déplore la gabegie dans l'enseignement public. « Un étudiant de l'université libanaise coûte pratiquement le double d'un étudiant d'une université privée. » L'UA, elle, ne reçoit aucune subvention de l'État. Seuls quelques étudiants bénéficient de l'aide de la municipalité d'où ils sont originaires. La mission des religieux est sociale, quand il s'agit d'assurer la meilleure formation à un prix abordable. Elle est aussi culturelle. « Au Liban, ironise le père Germanos, on défend la langue française mieux que les Français ! Notre objectif est qu'elle continue à demeurer la langue de la culture, contre l'anglais, plus volontiers la langue des affaires. » Cursus anglophones et cursus francophones existent donc à parts égales dans les facultés de l'UA.

Il est enfin une autre mission, spirituelle, que se donnent les Antonins à l'université. C'est la plus importante.

En multipliant les chantiers, les chrétiens préparent l'avenir.

Bien que son campus principal se situe à Hadat, dans le district de Baabda, une région où cohabitent chrétiens et musulmans, notamment druzes, l'Université antonine (UA) n'en est pas moins profondément attachée à son identité maronite. Sur les cinq dernières années, les pères ont baptisé trois étudiants. Ces baptêmes se sont déroulés dans l'intimité et rappellent l'importance de l'évangélisation en ce « pays message » pour tout le Proche-Orient, comme se plaisait à l'appeler Jean-Paul II. La spiritualité ne saurait d'ailleurs être désolidarisée de la culture. « L'affaire des crèches dans les mairies, en France, c'est symptomatique, rappelle le recteur de l'université. On refuse d'avouer que le religieux est le tronc de la culture. On veut laïciser la culture, mais elle englobe pourtant la dimension sacrée de l'être humain. » Preuve en est, sur le terrain même de l'université, la construction de Notre-Dame-des-Semences, un nouveau couvent qui sera inauguré le 17 décembre prochain. Tandis que, sur la "colline antonine", ainsi qu'il est courant de la nommer, des bâtiments destinés aux étudiants sont rénovés. Il faut voir, dans la multiplication de ces chantiers, la certitude que les chrétiens sont là pour rester et qu'ils préparent l'avenir.

Depuis la fi n de la guerre que nul n'a su gagner, le territoire est constitué à 60 % de ghettos confessionnels. Sur les autres 40 %, c'est la cohabitation. Le conflit a provoqué un repli sur soi, une crispation identitaire, souvent marquée chez les jeunes générations. Dans la région de Saïda, ce sont les chiites qui dominent. Quelques enclaves chrétiennes demeurent cependant. C'est à Joun, sur les hauteurs du fi ef de Rafic Hariri, l'ancien président du Conseil des ministres assassiné en 2005, que se dresse le couvent Saint-Sauveur, maison mère de l'Ordre basilien salvatorien. Là, au milieu des oliviers, vécut et mourut en paix le vénérable père Béchara Abou-Mrad, une figure centrale de l'Église grecque-melkite catholique au XXe siècle. Nous visitons sa cellule, nous arrêtons dans la chapelle où méditent les moines et, sur le pas de la porte, croisons le chemin de vendeurs de pâtisseries et de légumes en bocaux. « Des réfugiés syriens, nous indique-t-on alors, le Liban en accueille au-delà de sa capacité. » Ils viennent s'ajouter aux réfugiés palestiniens, sans que les Libanais aient leur mot à dire.

Un peu plus loin, à Maghdouché, au sud de Saïda, se trouve la grotte d'apparition mariale de Notre-Dame-de-Mantara. C'est ici que la Vierge aurait attendu (Mantara signifie "attente") Jésus-Christ alors parti prêcher. L'épisode est relaté dans l'Évangile de saint Matthieu (15, 21-28) et le lieu a vu advenir plusieurs miracles. Cette inscription à l'entrée en anglais, français et arabe attire le regard : « J'attends mes enfants. » La messe de la Toussaint s'y déroule avec ferveur. Les femmes chantent, a cappella, la divine liturgie de saint Jean Chrysostome. Une immense statue de la Vierge se dresse à proximité. Dans les années 1990, le nombre de pèlerins présents chaque année à Maghdouché a encouragé l'archevêque de Saïda, Georges Kwaiter, à faire construire une basilique. Les Italiens et les Polonais, sarments actifs du catholicisme européen, semblent toujours les plus nombreux à se rendre sur cette terre de pèlerinage. Pour combien de temps le restera-t-elle ? « On doit refuser de baisser les bras. » Cette phrase, prononcée, quelques jours plus tôt, par le père Daoud Reaïdy au couvent des Antonins, nous revient en mémoire. Mais la profession de foi était teintée de gravité : « Le martyre importe peu. Il faut mourir de toute manière. Autant mourir pour une cause. »

De notre envoyée spéciale au Liban

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