" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
Du 6/4/2015-Le pape appelle à défendre les chrétiens persécutés
CITE DU VATICAN (Reuters) - La pape François a appelé en ce lundi de Pâques la communauté internationale à accorder une aide concrète aux chrétiens persécutés à travers le monde, "martyrs de notre temps", quelques jours après le massacre de près de 150 personnes par des islamistes sur un campus du Kenya.
S'adressant à une foule de fidèles massés place Saint-Pierre au Vatican, le souverain pontife a dressé la liste des souffrances infligées à des personnes pour leur foi et exhorté la communauté internationale à passer aux actes.
"Ce sont les martyrs de notre temps, et ils sont nombreux. On peut dire qu'ils sont plus nombreux dans ce cas qu'en des siècles reculés. J'espère que la communauté internationale n'assistera pas, muette, sans rien faire, face à de tels crimes inacceptables", a dit François dans sa bénédiction pascale.
Le pape François a appelé le monde à une "participation concrète et à une aide tangible pour défendre et protéger nos frères et soeurs qui sont persécutés, exilés, tués, décapités, pour le simple fait d'être chrétiens".
La communauté internationale serait fondée à utiliser la force militaire en dernier recours pour empêcher toute "agression injuste" commise par les djihadistes de l'Etat islamique (EI), a dit François.
Evoquant le bain de sang au Kenya et en Libye, le père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale au Vatican, a parlé vendredi d'une "indifférence inquiétante" de la part des institutions internationales et de l'opinion publique face au massacre de chrétiens.
Jeudi, un commando d'islamistes somaliens d'Al Chabaab a pris pour cibles les chrétiens et tué près de 150 personnes sur le campus universitaire de Garissa, dans l'est du Kenya. Les églises kényanes ont engagé depuis lors des gardiens armés pour se protéger.
En Libye, au mois de février, des djihadistes de l'EI ont décapité 21 Egyptiens coptes (chrétiens).
Pour les assyriens, le Liban est la dernière étape de leur périple avant de quitter le Moyen-Orient
Au Liban, deux associations tentent tant bien que mal de faire entendre la voix des assyriens, la Ligue assyrienne sociale, présidée par Rowell Rowell, et le Mouvement patriotique assyrien, présidé par Ashour Giwargis. Les deux hommes craignent que les derniers développements marquent la fin de cette communauté au Moyen-Orient.
« Tous ceux qui quittent la Syrie et l'Irak pour arriver au Liban partiront inévitablement vers l'Europe, les États-Unis et l'Australie », souligne M. Giwargis. M. Rowell, de son côté, indique que « les assyriens qui quittent leur pays d'origine s'adaptent très facilement aux pays hôtes ». « Ils s'intégrent rapidement dans les communautés d'accueil, précise-t-il. Cela est visible même au Liban. » Il explique dans ce cadre que les 5 000 assyriens libanais sont originaires pour la plupart des villages syriens du Khabour. Ils sont arrivés au Liban durant les années cinquante. Les assyriens libanais n'ont pas d'évêque au Liban. « Notre évêque est aussi chargé de l'Australie et il siège là-bas, souligne M. Rowell. C'est donc un archimandrite qui est présent à Beyrouth. Et cela nous donne moins de poids vis-à-vis des autres communautés chrétiennes dans le pays. »
Le patriarche assyrien, responsable de toute la communauté dans le monde et qui est décédé la semaine dernière, ne siège plus au Moyen-Orient depuis les massacres de Simele en 1933, en Irak (qui avaient ciblé des assyriens dans divers villages de Dohuk et de Ninive) mais à Chicago, aux États-Unis, où la communauté est bien implantée. « Les assyriens, riches d'une culture vieille de 6 000 ans, et connus pour avoir été de grands guerriers, sont devenus pacifistes avec le christianisme », disent certains. M. Rowell l'explique d'une façon différente : « Nous n'avons jamais eu des partis politiques importants, à l'instar du Tachnag arménien qui a fait du génocide sa bataille. Or syriaques et assyriens ont été massacrés également en 1915 par les Turcs (massacres de Seyfo), et ce n'est qu'actuellement que l'on en parle vraiment. Durant 2 000 ans, nous avons préféré suivre l'Église au lieu de mettre en place des partis politiques. »
C'est donc avec le récent exode du Khabour syrien, et celui de l'Irak, qui a commencé en 2003 pour atteindre son paroxysme l'été dernier avec l'occupation par le groupe État islamique de la plaine de Ninive et de Mossoul, que le nationalisme assyrien a commencé à se réveiller. « Actuellement, nombre d'assyriens, de syriaques et de chaldéens se réclament de la même communauté qui est la plus vieille d'Orient, malgré les divisions qui ont eu lieu... En fait, ces trois communautés ont la même histoire et culture. C'est une même nation », souligne de son côté M. Girwagis.
Aujourd'hui, les requêtes de ces trois communautés, surtout parce qu'elles ont été chassées d'Irak, sont les mêmes : mettre en place des zones sécurisées en Irak, que ce soit à Ninive où à Dohuk. Les deux responsables assyriens notent dans ce cadre que Dohuk est originairement assyrienne et non kurde. « Au siècle dernier, des Kurdes ont massacré des assyriens à Dohuk. La terre est la nôtre. De plus, ils parlent aujourd'hui de chrétiens kurdes. C'est une aberration. Nous sommes des assyriens et nous n'avons jamais été Kurdes », lance, un brin de colère dans la voix, M. Girwagis, accusant les États-Unis d'être responsables du chaos au Moyen-Orient. M. Rowell note de son côté que « les assyriens auraient pu, dès 2003, avoir à l'instar des Kurdes un territoire autonome en Irak ». « Un plan pour la mise en place d'une province autonome à Ninive existait mais ce sont les quelques députés assyriens au Parlement irakien qui n'ont pas vraiment suivi l'affaire », accuse-t-il.
Les deux responsables, tout comme les membres de la communauté, parlent avec hargne des Kurdes, qui avaient pris part aux massacres de Seyfo et de Simele. Ils évoquent aussi les maisons assyriennes récemment occupées et pillées par les Kurdes dans les villages du Khabour syrien. Ni l'histoire ni le présent ne servent à apaiser les tensions...
MM. Rowell et Girwagis œuvrent avec le peu de moyens dont ils disposent à préserver les assyriens au Moyen-Orient. Le premier en encourageant les membres de sa communauté qui arrivent au Liban à rester sur place en attendant que la situation se calme en Irak et en Syrie et le second en se rendant en Russie et en Europe pour exposer le problème de la communauté afin d'encourager ses membres à rester sur place au lieu de les pousser à l'émigration. Les deux responsables sont bien conscients que leur tâche est sur ce plan particulièrement difficile.
Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org> Date: 3 avril 2015 19:34:46 UTC+3
Irak: les "colombes" du card. Filoni pour les réfugiés
Proximité de l'envoyé spécial du pape François
Marina Droujinina
ROME, 3 avril 2015 (Zenit.org) - Le « mystère de souffrance » des chrétiens chassés de leurs villages par les djihadistes « est précieux aux yeux de Dieu parce qu'elle est unie à celle du Christ en cette Semaine Sainte », a déclaré le cardinal Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l'Évangélisation des Peuples à l'antenne de Radio Vatican.
Il ne faut pas penser que cette souffrance est « inutile » et qu'elle « ne vaut rien », a-t-il ajouté.
Mgr Filoni a apporté 6 000 « colombes » pascales – une grosse brioche italienne typique de Pâques, en forme de colombe - de la part des familles du diocèse de Rome « comme un symbole de paix, mais aussi comme un cadeau autour duquel la famille se réunit » à Pâques. Cela « établit un pont » entre les familles italiennes et celles de réfugiés ici, en Irak, a souligné Mgr Filoni.
En continuant la mission que lui a confiée le pape François en Irak, Mgr Filoni a constaté certains changements positifs dans la situation des réfugiés. Cependant, cette situation reste « difficile et délicate ». Les gens continuent à garder l'espoir même si plusieurs se posent des questions relatives à leur sort. « Plus le temps passe, plus les gens ont la perception que peut-être il n'y a pas d'avenir pour eux », a expliqué le cardinal Filoni.
Mgr Filoni croit que sa présence en Irak ainsi que celle de « plusieurs » autres prêtres c'est un signe de la « solidarité » et de la « proximité » de l'Église qui peut « encourager » les réfugiés. Il ajoute aussi que sa « présence pendant la Semaine Sainte … a un sens d'ordre spirituel: l'exploitation de la souffrance de ces personnes avec le mystère de la souffrance du Christ. »
En rappelant que le pape François a annoncé une Année Sainte de la Miséricorde, le préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples a appelé des musulmans de « vivre » cet événement « ensemble, avec les chrétiens » pour « reconstruire cette fraternité, cette proximité … basées sur le mystère de Dieu, pour la paix, la réconciliation et la miséricorde. »
Irak : "Dans une situation dramatique, la lumière du Christ Ressuscité"
Une mission de Cor Unum dans les camps des réfugiés
Marina Droujinina
ROME, 3 avril 2015 (Zenit.org) - Le P. Segundo Tejado Munoz, sous-secrétaire du Conseil pontifical Cor Unum, a expliqué au micro de Radio Vatican que sa mission dans les camps des réfugiés de la province du Kurdistan Duhok consistait à « apporter la solidarité et une aide concrète » aux personnes souffrantes en Irak.
Les participants de la mission sont venus aussi pour encourager de nombreux travailleurs humanitaires qui « travaillent dans des situations extrêmement difficiles », note Mgr Tejado Munoz: « Ce sont eux qui font le travail, dit-il, mais ils sont souvent oubliés. En tant que l'Église nous apportons notre contribution, mais ils sont nos mains et nos bras. »
Selon le père Munoz, l'Église locale et la Caritas dIrak sont très présents parmi les 250 000 réfugiés enregistrés dans la région. Cependant, la situation reste difficile et risque à s'aggraver à cause de diminution de fonds et des coupures probables de certains programmes humanitaires.
Apportant avec lui en cadeau deux icônes de la Vierge Marie bénies par le pape François, Mgr Tejado Munoz dit que la mission apporte « le message pascal de la résurrection du Christ et la certitude que, même dans une situation aussi difficile et dramatique, il y a la lumière du Christ Ressuscité», rapporte la même source.
Irak: "Notre présence ici est importante, historique", déclarent les chrétiens
Le cardinal Filoni assure les chrétiens irakiens du soutien de toute lÉglise
Marina Droujinina
ROME, 3 avril 2015 (Zenit.org) - Le cardinal Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, qui continue sa visite en Irak, au nom du pape François, témoigne de la volonté des chrétiens irakiens « de rentrer dans leurs villages » et de « reprendre leur vie » sur leurs terres historiques.
« Pour notre part, j'ai assuré que tant qu'il restera un chrétien en Irak, nous, les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses, nous serons ici avec eux », a déclaré Mgr Filoni.
Il a souligné que l'émigration des familles syriennes et irakiennespourraitcontribuer à « l'appauvrissement de la présence chrétienne » dans la région, mais qu'elle est très rare ici.
« Je dois dire que la grande majorité, pour ne pas dire toutes les personnes que j'ai rencontrées, manifestent au contraire la certitude de vouloir rester ici », a souligné le cardinal: « Notre présence ici est importante, elle est historique », disent les gens.
Les réfugiés sont reconnaissants à l'Église et au pape François qui « a encore une fois montré » qu'il ne les « oublie pas ».
Plusieurs personnes demandent, souligne Mgr Filoni, quand le pape « viendra personnellement »: « C'est une marque d'affection, de gratitude, de reconnaissance », affirme le préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Mgr Filoni a assuré les gens que cette visite éventuelle « est dans le cœur et dans la pensée du pape. »
Tout au long de sa visite en Irak, Mgr Filoni célébrait les messes dans des camps des réfugiés et dans différents villages du pays: « J'ai dit que je faisais un pèlerinage parmi eux », remarque le cardinal.
Après avoir présidé la célébration de la dernière Cène du Seigneur dans la cathédrale de Duhoc et la messe du Vendredi saint à Erbil, Mgr Filoni se prépare à passer la nuit de Pâques dans le camp des réfugiés du diocèse d'Erbil. Une fête de Pâques passée avec des familles de réfugiés sera « très belle », « unique et très riche d'expériences », ajoute le cardinal Filoni.
Les catholiques représentent près de 18% de la population mondiale (Vatican)
Le nombre de baptisés de l'Église catholique a continué de progresser en 2013 pour atteindre 1,253 milliard, soit 17,7 % de la population mondiale, a indiqué l'Annuaire statistique publié mardi par le Vatican.
Au 31 décembre 2013, alors que la population mondiale avait augmenté de 1%, le nombre de catholiques a augmenté de 2%, a précisé cet annuaire publié chaque année. Avec 25 millions de baptisés en plus, l'Église comptait fin 2013 1,253 milliard de catholiques. Ces chiffres n'incluent pas les baptisés en Chine et en Corée du Nord, faute de décompte possible dans ces deux pays.
Le nombre de prêtres a aussi augmenté : 415.348 contre 414.313 un an plus tôt. Mais celui des séminaristes (les prêtres de demain) a baissé : les candidats à la prêtrise étaient 118.251 fin 2013, contre 120.051 un an plus tôt, toujours selon les mêmes statistiques.
Du 4/4/2015-"Nous traversons au Liban une sorte de mort politique", estime Raï
Le patriarche maronite Bechara Raï a adressé samedi, à l'occasion de la Pâques, un message aux Libanais dans lequel il estime que le Liban vit "une mort politique".
"Nous traversons aujourd'hui au Liban une sorte de mort politique qui contrôle notre destin en tant que peuple ainsi que le destin de l'État, a-t-il déclaré. Il n'existe aucune justification politique au boycott des séances électorales ni à l'atermoiement dans la prise d'une initiative visant à mettre fin à la vacance (présidentielle). On dirait que tout le monde attend le mot de passe de l'extérieur, a déclaré Mgr Raï. Nous nous adressons aux consciences des députés de la patrie et nous les appelons à se rendre au Parlement et à faire leur devoir constitutionnel en élisant un président de la République", a-t-il poursuivi.
La présidence est vacante depuis le 25 mai, date de la fin du mandat de Michel Sleiman. La vingt-et-unième séance parlementaire consacrée à l'élection d'un nouveau président de la République libanaise n'a pu se tenir jeudi, le quorum des deux-tiers (86 députés sur 128) n'ayant pas été atteint. Une vingt-deuxième séance a été fixée au 22 avril.
Le patriarche maronite s'est ensuite dit "solidaire des fils de l'Église et de tous les chrétiens du Moyen-Orient, en particulier ceux qui souffrent des tragédies de la guerre, de la destruction, du terrorisme et de la violence en Palestine, en Irak et en Syrie". Il a en outre appelé les responsables à "trouver des solutions pacifiques, politiques et diplomatiques pour arrêter les guerres et permettre le retour des réfugiés dans leurs maisons de manière digne".
Du 3/4/2015-Raï à Roumieh : Les prisonniers de la rigidité de pensée sont plus dangereux que ceux derrière les barreaux
Le patriarche maronite, Mgr Béchara Boutros Raï, a procédé hier à la traditionnelle cérémonie de lavement des pieds de douze détenus à la prison de Roumieh, où il a également célébré l'office divin. Dans son homélie, Mgr Raï a affirmé que « les personnes prisonnières du péché, de leurs intérêts qu'elles font prévaloir sur l'intérêt public, du mal, de l'esclavage, de la rigidité de pensée et de positions, sont plus dangereuses que les personnes détenues derrière les barreaux ». Le patriarche a en outre insisté sur la nécessité de « réhabiliter les prisonniers » et de les aider à s'intégrer de nouveau dans la société qui doit les « accepter sans tenir compte de leur casier judiciaire ». Il a de même appelé à « traiter les motifs du crime au Liban, comme la pauvreté », et à « œuvrer à assurer un développement pour empêcher toute exploitation politique et militaire ». Étaient notamment présents NN. SS. Samir Mazloum, Hanna Alouane et Chucrallah Nabil el-Hajj, le directeur du Centre catholique d'information, le père Abdo Abou Kasm, le procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Sakr Sakr, le chef de la police, le général Élias Saadé, le caïmacam du Metn, Marlène Haddad, et l'aumônier des prisons, le père Joseph Andari. Mgr Raï a également présidé dans l'après-midi la cérémonie du lavement des pieds à Bkerké.
Peut-on protéger militairement les chrétiens d'Orient ?
Durant les fêtes de Pâques, le pape François a évoqué « l'immense tragédie humanitaire en Syrie et en Irak ».
Il a appelé à la fin des tragédies et des persécutions dans un climat de violences dans le monde au nom de la religion.
Pierre Servent, spécialiste des questions de défense et de stratégie revient sur la difficulté de protéger les chrétiens d'Orient.
« En théorie, il pourrait y avoir trois possibilités. Premièrement, on envoie les chrétiens d'Orient au Liban, en Turquie ou ailleurs. Cela paraît impossible, y compris si l'on considère les capacités d'accueil de ces pays.
Deuxièmement, on les protège in situ. Dans ce cas, il faudrait un très grand nombre de soldats avec des postures guerrières assez musclées pour pouvoir les protéger. Il faudrait éviter que se reproduise ce qui s'est passé en Bosnie dans les poches bosno-musulmanes en territoire à majorité serbe. Les casques bleus de la Forpronu devaient protéger un certain nombre d'entre elles, mais à Srebrenica, cela s'est terminé par l'exécution de 7 000 hommes et jeunes hommes. Et les autres poches ont été impossibles à défendre.
L'ONU n'a pas suffisamment de troupes. Et les casques bleus sont souvent dans des positions difficiles pour combattre, même si le président Chirac a fait évoluer le concept pour que l'on arrête de les attacher comme des chèvres à un piquet pour qu'ils se fassent dévorer…
Ainsi, au Mali, il y a, aux côtés des Français, la Minusma, une force de l'ONU beaucoup plus musclée. En Irak, l'armée – 250 000 hommes – n'est pas en mesure de protéger les chrétiens, parce qu'elle a été complètement désorganisée l'été dernier et elle est en cours de reconfiguration.
Troisième solution : faire bouger les différentes populations menacées, notamment les chrétiens qui ont fui Mossoul, mais aussi les Yézidis, visées par les djihado-terroristes et les chiites, pour les regrouper dans des endroits, en Syrie ou en Irak, où on pourrait les défendre.
Je n'en vois pas la faisabilité, d'autant plus que très souvent ceux qui sont restés veulent rester. On ne va pas les bouger de force, rajoutant la force à la violence ambiante.
L'exclusion aérienne n'est pas envisageable non plus parce que le califat terroriste de Daech n'utilise pas d'avions de combat. Il a des combattants prêts à se faire sauter, à coups de mines et d'explosifs.
Enfin, il faut tenir compte de l'aspect financier. Déployer des soldats coûte de l'argent que personne n'est prêt à mettre. Les contributeurs de l'ONU, et notamment les Américains, sont de plus en plus réticents, et la France déjà très engagée est limitée sur le plan budgétaire. Cet ensemble de facteurs fait que techniquement, sur le plan militaire, je ne vois pas de solution immédiate. »
« À ceux qui envisagent de rejoindre divers groupes takfiristes, djihadistes ou d'autres groupes terroristes, nous disons : "Rejoignez le milliard et demi de chrétiens qui célèbrent la fête de la résurrection et de la vie, de l'amour, du pardon, de la joie et de la fraternité universelle" ! » Ainsi s'exprime Grégoire III Laham, patriarche melkite catholique d'Antioche et de tout l'Orient, dans sa lettre pastorale pour Pâques.
Après avoir rappelé le sens de la résurrection du Christ, cette « Bonne nouvelle de la vie », le patriarche melkite regrette que « malheureusement, l'homme invente des instruments de guerre, de mort, de terrorisme et de destruction ; l'homme détruit ce que Dieu a construit ; il détruit la vie », faisant allusion à la Syrie, entrée dans sa « cinquième année du chemin de croix et du Golgotha » du fait de la guerre civile qui la ravage depuis mars 2011.
« Face à toutes ces scènes de mort, face aux meurtres, aux égorgements, aux décapitations, aux corps brûlés et démembrés, poursuit-il, nous renforçons notre foi dans la vie, dans le Christ qui a vaincu la mort et donné la vie, qui nous appelle tous à être des enfants de la résurrection et de la vie, à être porteurs de l'Évangile et à travailler à la victoire de la vie sur la mort, de l'amour sur la haine et du pardon sur la vengeance. »
Avec des hymnes de la Résurrection
En cette Pâques 2015, Grégoire III Laham rappelle que « chacun est enfant de la vie, de la résurrection, et porteur de vie aux autres ». En conséquence, il encourage les chrétiens d'Orient à se soutenir de façon fraternelle et à s'apporter de la joie. « Visitez-vous les uns les autres dans la charité, l'entraide, la danse, le chant, en particulier avec des hymnes de la Résurrection dans nos maisons, nos rassemblements, nos réunions, nos confréries, nos diverses activités pastorales et nos réunions scoutes », écrit-il encore en appelant à cette joie tous les fidèles « en Syrie, en Irak, en Palestine, au Liban, en Égypte et dans le monde entier ».
Après avoir rendu hommage « aux paroissiens et autres citoyens tombés en martyrs et en victimes de la sauvagerie de la guerre », le patriarche melkite mentionne trois événements qui ont particulièrement aggravé la peur et poussé les chrétiens d'Orient à émigrer : d'abord, la prise de Mossoul et de la plaine de Ninive par Daesh à l'été 2014 ; puis la décapitation, en février dernier, des 21 Coptes égyptiens par des hommes se réclamant d'État islamique (EI) en Libye ; enfin, tout récemment, l'attaque par l'EI de 33 villages dans la province d'Hassaké (nord-est de la Syrie), provoquant la mort et l'enlèvement de dizaines d'Assyriens et obligeant des milliers d'autres à fuir.
Même à ceux qui nous haïssent
Présentant ses « plus sincères condoléances à tous ceux qui sont en deuil », le patriarche melkite invite les chrétiens d'Orient à garder « toujours » confiance en Jésus-Christ, ressuscité des morts et qui a détruit la mort.
Et après avoir rappelé que Damas est « le lieu de l'apparition de Jésus à Saül le persécuteur, venu à Damas avec l'intention de détruire la nouvelle Église née à Damas », il s'adresse à tous les terroristes : « Nous voudrions vous voir prendre part à la joie de cette fête. Nous vous aimons par les mots de l'Église : 'C'est aujourd'hui le jour de la résurrection ! Soyons rayonnants pour la fête et embrassons-nous les uns les autres. Disons, 'O frères', même à ceux qui nous haïssent ! Et crions : le Christ est ressuscité d'entre les morts ; à ceux qui sont dans les tombeaux, il a donné la vie' ! »
Chrétiens d'Orient : "Faute avouée n'est pas pardonnée !", estime Alba Ventura
REPLAY / ÉDITO - La RATP a finalement accepté que figure sur les affiches du concert des Prêtres la mention "en faveur des chrétiens d'Orient". La direction devrait un peu sortir du métro de temps en temps.
LA RATP a finalement corrigé le tir. La régie du métro parisien était au cœur d'une polémique pour avoir refusé d'inscrire la mention "au bénéfice des chrétiens d'Orient" sur les affiches faisant la promotion du concert du groupe Les Prêtres. Une décision qui a provoqué un concert d'indignations justifié, et pas qu'un peu.
Gérard Larcher, le président du Sénat, Jean-Paul Huchon, le président de la région Île-de-France, Jean-Christophe Lagarde, le patron des centristes de l'UDI, l'écologiste Jean-Vincent Placé, et même Jean Luc Mélenchon (laïque jusqu'au bout des ongles), ont réagi.
Oui, c'était "honteux" de refuser de mentionner qu'un concert était organisé au profit des chrétiens d'Orient. C'était, comme beaucoup l'ont souligné, "une faute de jugement sur la laïcité, et surtout sur la solidarité".
Manque d'humanité
On aurait bien aimé entendre les amis politiques de Pierre Mongin, le patron de la RATP. Il a été le directeur de cabinet d'Édouard Balladur et de Dominique de Villepin, et camarade de promotion de François Hollande à l'ENA. Les voix des grands ténors de la droite et de la gauche ont quand même un peu manqué dans ce concert d'indignations, ou ont réagi assez tardivement.
Par ailleurs, le silence assourdissant de monsieur Mongin était insoutenable. Quand on a reçu la Légion d'honneur, on essaie d'en être à la hauteur !
Lundi 6 avril, la RATP a décidé de rétablir la mention "en faveur des chrétiens d'Orient" sur l'affiche. Faute avouée est-elle à moitié pardonnée ? Et bien non ! La RATP est revenue sur sa décision sous la pression, donc ça ne compte pas. Ou alors il faut avoir une foi immense pour pardonner très vite. Dans les valeurs chrétiennes, il y a bien le pardon des offenses. Mais ce n'est pas donné à tout le monde.
Dans cette affaire, la RATP a été tout simplement dépourvue d'humanité. Ne pas voir ce qui se passe en dehors de la ligne 1 ou de la ligne 14 du métro, ne pas relever les yeux alors que 150 étudiants chrétiens viennent de se faire massacrer au Kenya, que les chrétiens sont chaque jour persécutés par Daesh en Syrie et en Irak.
Il n'y a pas de neutralité face à un génocide
Alba Ventura
Dire que cette décision a été prise "au nom de la neutralité du service public", "dans le contexte d'un conflit armé". Conflit armé ! Les chrétiens d'Orient ne sont pas dans un conflit, ils sont victimes de la barbarie, et même, comme l'a dit Laurent Fabius, d'un génocide. Dire cela en plein week-end de Pâques, c'est au mieux de la bêtise, au pire de la lâcheté.
Il n'y a pas de neutralité face à un génocide. Cela vaut pour toutes les victimes des autoritarismes ou des intégrismes. Lorsqu'il y a des atrocités, on n'est pas neutre. Lorsqu'il y a des massacres, la laïcité n'a rien à faire la dedans.
Préserver notre capacité d'indignation
En réalité, ce que révèle l'attitude de la RATP, c'est que l'on est dans la peur ou dans l'indifférence. Ou les deux à la fois. On est dans cette incapacité à faire la différence entre faire la promotion d'une religion et défendre des victimes. C'est une chose d'être communautarisme, c'est autre chose de compatir ou de soutenir des personnes qui souffrent. On a totalement perdu le sens commun.
Le débat sur la religion dans notre pays est tellement épidermique que l'on n'ose même plus apposer des mentions toutes simples relatives à la religion. Le résultat de tout ça, c'est "merci pour la promo", comme l'a dit Monseigneur André Vingt-Trois le week-end dernier au Grand Jury RTL. La RATP aura réussi à faire une exceptionnelle promotion au concert des Prêtres à l'Olympia le 14 juin.
La leçon qu'il faut en tirer, c'est quand même d'essayer de préserver un peu notre capacité d'indignation.
Chrétiens d'Orient : appel à la France et au monde
FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour Patrick Karam, président de la Coordination des chrétiens d'Orient en danger (Chredo), l'affrontement n'est ni entre la chrétienté et l'islam ni entre l'Occident et l'Orient mais entre les civilisations millénaires et la barbarie.Ancien délégué interministériel, Patrick Karam est président de la Coordination des chrétiens d'Orient en danger (Chredo).
Le refus de la RATP d'apposer, sur les supports d'une campagne de publicité pour un concert du groupe vocal Les Prêtres, la mention «Au bénéfice des chrétiens d'Orient», au motif qu'une telle mention s'inscrirait «dans le contexte d'un conflit armé à l'étranger» et constituerait une atteinte au «principe de neutralité du service public» doit être condamné avec la plus grande fermeté.
Nous ne pouvons accepter que les chrétiens d'Orient soient considérés comme étant parties à un quelconque conflit armé. Comment peut-on mettre sur le même plan les agresseurs, les criminels, en l'occurrence les groupes armés islamistes, et les victimes civiles, désarmées, d'exactions graves qui peuvent s'apparenter à un crime contre l'humanité ou à un génocide?
Il y a une spécificité de la question chrétienne en Orient. Contrairement aux autres communautés sunnites, chiites ou encore kurdes, les chrétiens n'ont ni territoire sanctuaire où ils pourraient se réfugier, ni armée ou milice pour les protéger, ni parti politique pour défendre leurs droits à l'exception notable du Liban, ni protecteur international pour les financer et les soutenir. Ils sont les plus vulnérables et abandonnés à la mauvaise conscience de l'Occident.
Au moment de la Pâques chrétienne, le message du Christ ressuscité nourrit notre espoir que ces populations présentes depuis deux millénaires sur les terres de naissance du christianisme survivent une fois de plus à l'ignominie et à l'horreur absolue.
C'est pourquoi, la Coordination des chrétiens d'Orient en danger (Chredo), ses organisations affiliées ainsi que les responsables religieux des Églises d'Orient qui nous soutiennent tiennent à s'adresser aux dirigeants de la France et du monde pour leur demander d'assumer leur responsabilité pour éviter la disparition des derniers chrétiens en Orient et un affrontement entre les civilisations. Cette responsabilité passe ainsi par quatre engagements fondamentaux:
1. Nous appelons la France à obtenir du Conseil de sécurité des Nations unies la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide et crimes contre l'humanité, et nous appelons les États à soutenir cette saisine. Terroriser les civils, tuer des innocents, massacrer à grande échelle en raison de la religion ou de l'origine, asservir des êtres humains et réduire en esclavage sexuel des femmes, violer les droits, les biens, les lieux de culte sont des crimes contre l'humanité et doivent être condamnés par la communauté internationale.
Nous appelons aussi la France et les États à soutenir concrètement la plainte de la Chredo pour génocide et crimes contre l'humanité déposée en septembre 2014 devant la CPI et qui fait l'objet d'une instruction.
2. Nous confirmons que les musulmans et les chrétiens en Orient sont frères, qu'ils appartiennent à un même univers et aux mêmes nations. Ils ont vécu ensemble pendant des siècles. Ils doivent pouvoir vivre avec les mêmes droits et jouir des mêmes libertés.
Nous demandons donc aux responsables politiques, aux penseurs, aux journalistes occidentaux de ne pas instrumentaliser ces crimes pour propager des stéréotypes sur l'islam et remettre en question la position des musulmans dans les sociétés occidentales.
3. Nous faisons appel à tous les chrétiens, nos parents, pour leur demander de rester dans leurs pays d'origine, jusqu'à ce que la vague d'extrémisme dont nous souffrons tous prenne fin. Nous lançons également un appel aux pays du monde entier afin qu'ils accordent des visas d'asile seulement en cas d'extrême nécessité, car l'émigration permet aux forces d'oppression d'écraser et de déstabiliser les États et de démembrer les sociétés civiles. Et parce qu'il ne suffit pas d'appeler les chrétiens d'Orient à demeurer sur leur terre, nous plaidons pour la création d'un fonds d'aide spécifique international à la reconstruction destiné à permettre le retour des chrétiens d'Orient et des minorités sur leur terre. Ce fonds devra prendre en charge la reconstruction des maisons, des écoles, des hôpitaux et des églises. Nous demandons instamment au ministre français qui s'engage à soutenir la demande de la Chredo de concrétiser au plus vite sa promesse par la réunion d'une conférence de donateurs pour mettre en place ce fonds.
4. Nous affirmons que l'Orient, musulmans et chrétiens réunis, considère que la lutte contre l'extrémisme, le radicalisme et le terrorisme, quelles que soient leurs origines et quels que soient leurs objectifs, est la responsabilité de tous. Il n'y a pas d'affrontement entre la chrétienté et l'islam, il n'y a pas de conflit entre les civilisations, ce n'est pas la guerre entre l'Occident et l'Orient. Toutes les civilisations millénaires doivent affronter ensemble, solidairement, la barbarie la plus odieuse et la plus inhumaine: c'est la guerre des civilisations contre la barbarie la plus abjecte. Nous rappelons que la barbarie et le terrorisme perpétrés par des groupes qui manipulent l'islam concernent toute la communauté internationale, Occident comme Orient; que plus aucun pays ne pourra dans le futur être à l'abri de telles dérives, soit par l'intrusion de groupes armés sur son sol, soit par des actes terroristes à une échelle jamais atteinte; qu'il est donc urgent de réaffirmer sans ambiguïté la nécessaire solidarité entre les pays concernés. Nous demandons à la communauté internationale de mettre en œuvre tous les moyens pour éradiquer au plus vite cette gangrène qui menace tous les États de la région, convaincus que plus on tarde et plus les risques pour l'Orient et l'Occident s'aggravent.
Raï accuse « un groupe politique » de manquer à son devoir constitutionnel d’élire le président de la République
DISCOURS
Le Liban a besoin de la France pour appliquer sa politique de distanciation, souligne le patriarche
OLJ
07/04/2015
Comme chaque année à l'occasion des fêtes pascales, le patriarche maronite a célébré à Bkerké une messe aux intentions de la France en présence de l'ambassadeur de France, Patrice Paoli, et des hauts responsables de la chancellerie. Dans son homélie prononcée à cette occasion, le cardinal Béchara Raï a rappelé que cette rencontre, « liée à la fête de la Résurrection, est une tradition que nous renouvelons chaque année pour réaffirmer, renforcer et consolider notre attachement aux valeurs communes qui nous unissent ».
Dans une allocution prononcée à l'issue de la messe, le patriarche a par ailleurs exprimé à l'ambassadeur français ainsi qu'à ses collaborateurs à la mission diplomatique française ses vœux qu'il a souhaité voir transmis au chef de l'État français, François Hollande, et à tout le peuple français.
« Notre rencontre pascale de chaque année est une bonne occasion pour renouveler l'amitié franco-libanaise et consolider les liens séculaires entre la France et l'Église maronite », a souligné le patriarche. Il a évoqué à ce propos « les débuts de ces liens d'amitié avec le roi de France St-Louis, marqués par sa "Charte " donnée à la " nation maronite " le 24 mai 1250, où il fait l'éloge " de l'amitié de cette nation pour les Français, qui ressemble à l'amitié que les Français se portent entre eux " ».
Le prélat maronite a tenu à exprimer sa reconnaissance aux troupes françaises au sein de la Finul, qui, a-t-il dit, s'évertuent depuis 1978 à maintenir la paix au Liban-Sud.
« Jamais la France n'a cessé d'être politiquement, diplomatiquement, économiquement, culturellement et humainement à l'écoute du pays du Cèdre », a relevé Mgr Raï, rendant hommage à ceux qui ont payé de leur vie le prix de leur engagement indéfectible.
Évoquant la situation au Liban, et plus globalement au Moyen-Orient, le patriarche a insisté sur le fait que le peuple libanais est « plus que jamais attaché à la ferme volonté de préserver la convivialité entre chrétiens et musulmans sur un pied d'égalité ». Un exercice d'autant plus difficile à l'ombre des conflits géopolitiques et confessionnels, et de « la barbarie terroriste » qui dominent la scène régionale.
Le patriarche a toutefois exprimé ses regrets de voir que le Parlement libanais, « du fait du blocage par un groupe politique, a manqué à son devoir constitutionnel d'élire le président de la République. Cette situation de vacance expose le pays à tous les dangers et paralyse les institutions de la République, comme tout le monde le sait », a poursuivi le patriarche dans une allusion on ne peut plus directe aux forces du 8 Mars, notamment le Courant patriotique libre et le Hezbollah.
« Le Liban a besoin aussi du soutien de la France pour appliquer sa politique de distanciation à l'égard des conflits et alignements régionaux, pour parvenir à reconnaître sa neutralité dite positive et pour renforcer ses forces de sécurité », a encore ajouté le prélat maronite qui a par ailleurs sollicité le soutien de la France pour gérer « humainement et dignement le problème des réfugiés syriens et irakiens ».
Le patriarche s'est dit par ailleurs effaré devant la violence générée par les courants intégristes qui sévissent dans la région. « La violence a remplacé l'espérance et le chaos destructeur a remplacé les dictatures ; des États ont disparu ou presque (...), mais ce sont les citoyens innocents qui en sont les victimes et quittent leurs terres millénaires et se réfugient là où ils le peuvent », dit-il, en parlant notamment des chrétiens d'Orient.
Et d'ajouter : « Il ne peut y avoir modernité, développement et respect des droits de l'homme sur la rive nord avec une rive sud qui accumule tous les malheurs, à commencer par la grande injustice qu'a subie, voilà bientôt 70 ans, le peuple palestinien et qui n'a pas encore trouvé une solution pacifique et équitable. »
Mgr Raï n'oublie pas de mentionner d'autres problèmes majeurs qui ont gangréné la région, à savoir les dictatures, les atteintes flagrantes aux libertés, la surpopulation, le manque de développement économique et d'éducation, la propagation de la pauvreté extrême en même temps que l'opulence des élites. Selon lui, c'est principalement sur le conflit israélo-palestinien que « sont venus se nourrir tous les intégrismes violents avec une haine vis-à-vis de l'Occident ». « Monsieur l'Ambassadeur, il est grand temps de rendre justice au peuple palestinien et d'aider sans équivoque à la construction, dans notre région, d'États justes, compétents et au service de leurs peuples », a souligné le patriarche.
Et de poursuivre : « Le moment est grave, parce que la Syrie, l'Irak et le Yémen ressemblent beaucoup aux Balkans du début du XXe siècle : nationalisme, extrémisme religieux et luttes d'influence entre les puissances font un mélange très dangereux... » « L'histoire nous avertit très clairement », conclut le patriarche en soulignant l'urgence d'agir sérieusement pour mettre fin à l'effusion du sang.
4/4/2015-"Nous traversons au Liban une sorte de mort politique", estime Raï
Le patriarche maronite Bechara Raï a adressé samedi, à l'occasion de la Pâques, un message aux Libanais dans lequel il estime que le Liban vit "une mort politique".
"Nous traversons aujourd'hui au Liban une sorte de mort politique qui contrôle notre destin en tant que peuple ainsi que le destin de l'État, a-t-il déclaré. Il n'existe aucune justification politique au boycott des séances électorales ni à l'atermoiement dans la prise d'une initiative visant à mettre fin à la vacance (présidentielle). On dirait que tout le monde attend le mot de passe de l'extérieur, a déclaré Mgr Raï. Nous nous adressons aux consciences des députés de la patrie et nous les appelons à se rendre au Parlement et à faire leur devoir constitutionnel en élisant un président de la République", a-t-il poursuivi.
La présidence est vacante depuis le 25 mai, date de la fin du mandat de Michel Sleiman. La vingt-et-unième séance parlementaire consacrée à l'élection d'un nouveau président de la République libanaise n'a pu se tenir jeudi, le quorum des deux-tiers (86 députés sur 128) n'ayant pas été atteint. Une vingt-deuxième séance a été fixée au 22 avril.
Le patriarche maronite s'est ensuite dit "solidaire des fils de l'Église et de tous les chrétiens du Moyen-Orient, en particulier ceux qui souffrent des tragédies de la guerre, de la destruction, du terrorisme et de la violence en Palestine, en Irak et en Syrie". Il a en outre appelé les responsables à "trouver des solutions pacifiques, politiques et diplomatiques pour arrêter les guerres et permettre le retour des réfugiés dans leurs maisons de manière digne".
Le patriarchat chaldéen aurait lancé un appel aux prêtres et évêques « rebelles »
Selon le site Internet Saint-Adday, site officiel du Patriarcat chaldéen, celui-ci aurait lancé un appel aux évêques et prêtres « rebelles » de San Diego (États-Unis) « à s'excuser publiquement pour retrouver un service normal dans l'Église et à régulariser leur situation moralement et légalement ». L'article n'est toutefois pas signé du patriarche lui-même, Louis Raphaël Sako Ier.
Réuni à Bagdad, en Irak, début février, le synode de cette Église unie à Rome s'était déjà penché sur le cas de ces évêques, Mgr Sarhad Jammu et Mgr Bawai Soro, et de ces prêtres et moines qui ont quitté l'Irak sans autorisation ces dernières années.
Le diocèse chaldéen de Saint-Pierre-Apôtre en Californie « a accueilli des prêtres rebelles contre les lois ecclésiastiques, boycotté le synode chaldéen, refusé de mettre en œuvre les décisions synodales, et expulsé de son diocèse tous les prêtres et fidèles qui voulaient rester fidèles à l'Église Mère. Il a causé le scandale à partir de la tribune même de l'Église, cette tribune qui est faite pour prêcher la joie de l'Évangile », affirme l'article, selon lequel les fidèles chaldéens seraient divisés au point d'assister aux offices dans des églises distinctes.
Année de la miséricorde
« C'est une occasion que le Patriarcat leur offre à l'occasion des saintes fêtes de Pâques » de restaurer la communion au sein de l'Église chaldéenne, indique l'article, à la suite aussi de « la déclaration du pape François pour une année sainte de la miséricorde et à l'occasion de la visite de son envoyé spécial, le cardinal Fernando Filoni », préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples.
La crise remonte à il y a deux ans, rappelle le site Saint-Adday (Addaï est le nom araméen de Thadée, ou Jude, l'apôtre qui, selon la tradition, aurait évangélisé la Mésopotamie avec saint Thomas).
Peu après son élection, en février 2013, le patriarche Sako a tenté de faire revenir en Irak ces prêtres et moines partis le plus souvent sous son prédécesseur, Emmanuel III Delly, malade et affaibli lors des dernières années de son Patriarcat. De sources internes, l'Église chaldéenne attendrait désormais « une décision de Rome » les concernant, allant peut-être jusqu'à leur excommunication…
Église divisée
« Nous avions pris des mesures juridiques avec la congrégation des Églises Orientales, qui a promis de donner des solutions radicales, mais sa tergiversation et sa politique double, nous ont fait perdre beaucoup, surtout dans ces circonstances difficiles que traverse l'Irak », critique durement cet article non signé, qui promet de « défendre vigoureusement » les droits politiques du peuple assyro-chaldéen « sur sa terre en Irak » et « les droits de notre Patriarcat glorieux jusqu'au dernier soupir ».
Cette affaire ne cesse de diviser l'Église chaldéenne, dans l'un des pires moments de son histoire, alors que la majeure partie de ses fidèles en Irak ont dû quitter leurs églises et leurs villages, à Mossoul ou dans la plaine de Ninive. Sans être partisans de l'évêque de San Diego, certains reprochent au patriarche Sako sa ténacité dans un dossier qu'ils jugent non-prioritaire et disent ne pas comprendre, à l'inverse, les raisons pour lesquelles l'évêque de Mossoul, Mgr Emil Nona, a été nommé en Australie.
Soutien majoritaire
C'est ainsi que Mgr Saad Sirop, doyen de la faculté de théologie, le « Babel College », à Erbil (Kurdistan irakien), a « demandé une année sabbatique » et quitté son poste sans attendre la réponse du Patriarcat.
La présence d'un grand nombre d'évêques, lors du synode de février qui s'est penché aussi sur le moyen de permettre le maintien à long terme d'une présence chrétienne en Irak, témoigne néanmoins du soutien majoritaire de l'Église chaldéenne à son patriarche.
« S'ils risquent une mort certaine en rentrant en Irak, pourquoi sommes-nous encore en vie, nous qui y vivons ? Leur départ encourage les autres à partir », fait valoir Louis Sako dans un livre d'entretiens accordés à la journaliste Laurence Desjoyaux (« Ne nous oubliez pas », Bayard, 2015).
Daech a détruit une église à Tal Nasri, à l'ouest de la grande ville de Hassaké, au nord est de la Syrie, a annoncé l'agence de presse syrienne Sana, dimanche 5 avril, jour de Pâques
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« Selon des sources locales, les terroristes ont réparti des explosifs dans l'église avant de déclencher la mise à feu », indique l'agence.
L'église de la Vierge Marie, construite en 1934, est l'une des trois églises de la petite ville située sur la rivière Nahr al Khabur, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec la Turquie.
Le 23 février, Daech, présent dans la région depuis un peu plus d'un an, a lancé une razzia sur la vallée du Khabour, kidnappant 250 des chrétiens qui s'y trouvaient. Le reste des habitants, environ 800 familles, a fui vers Hassaké, chef-lieu de la région encore sous contrôle de l'armée syrienne.