Chrétiens d'Orient : "Faute avouée n'est pas pardonnée !", estime Alba Ventura
LA RATP a finalement corrigé le tir. La régie du métro parisien était au cœur d'une polémique pour avoir refusé d'inscrire la mention "au bénéfice des chrétiens d'Orient" sur les affiches faisant la promotion du concert du groupe Les Prêtres. Une décision qui a provoqué un concert d'indignations justifié, et pas qu'un peu.
Gérard Larcher, le président du Sénat, Jean-Paul Huchon, le président de la région Île-de-France, Jean-Christophe Lagarde, le patron des centristes de l'UDI, l'écologiste Jean-Vincent Placé, et même Jean Luc Mélenchon (laïque jusqu'au bout des ongles), ont réagi.
Oui, c'était "honteux" de refuser de mentionner qu'un concert était organisé au profit des chrétiens d'Orient. C'était, comme beaucoup l'ont souligné, "une faute de jugement sur la laïcité, et surtout sur la solidarité".
Manque d'humanité
On aurait bien aimé entendre les amis politiques de Pierre Mongin, le patron de la RATP. Il a été le directeur de cabinet d'Édouard Balladur et de Dominique de Villepin, et camarade de promotion de François Hollande à l'ENA. Les voix des grands ténors de la droite et de la gauche ont quand même un peu manqué dans ce concert d'indignations, ou ont réagi assez tardivement.
Par ailleurs, le silence assourdissant de monsieur Mongin était insoutenable. Quand on a reçu la Légion d'honneur, on essaie d'en être à la hauteur !
Lundi 6 avril, la RATP a décidé de rétablir la mention "en faveur des chrétiens d'Orient" sur l'affiche. Faute avouée est-elle à moitié pardonnée ? Et bien non ! La RATP est revenue sur sa décision sous la pression, donc ça ne compte pas. Ou alors il faut avoir une foi immense pour pardonner très vite. Dans les valeurs chrétiennes, il y a bien le pardon des offenses. Mais ce n'est pas donné à tout le monde.
Dans cette affaire, la RATP a été tout simplement dépourvue d'humanité. Ne pas voir ce qui se passe en dehors de la ligne 1 ou de la ligne 14 du métro, ne pas relever les yeux alors que 150 étudiants chrétiens viennent de se faire massacrer au Kenya, que les chrétiens sont chaque jour persécutés par Daesh en Syrie et en Irak.
Il n'y a pas de neutralité face à un génocide
Alba Ventura
Dire que cette décision a été prise "au nom de la neutralité du service public", "dans le contexte d'un conflit armé". Conflit armé ! Les chrétiens d'Orient ne sont pas dans un conflit, ils sont victimes de la barbarie, et même, comme l'a dit Laurent Fabius, d'un génocide. Dire cela en plein week-end de Pâques, c'est au mieux de la bêtise, au pire de la lâcheté.
Il n'y a pas de neutralité face à un génocide. Cela vaut pour toutes les victimes des autoritarismes ou des intégrismes. Lorsqu'il y a des atrocités, on n'est pas neutre. Lorsqu'il y a des massacres, la laïcité n'a rien à faire la dedans.
Préserver notre capacité d'indignation
En réalité, ce que révèle l'attitude de la RATP, c'est que l'on est dans la peur ou dans l'indifférence. Ou les deux à la fois. On est dans cette incapacité à faire la différence entre faire la promotion d'une religion et défendre des victimes. C'est une chose d'être communautarisme, c'est autre chose de compatir ou de soutenir des personnes qui souffrent. On a totalement perdu le sens commun.
Le débat sur la religion dans notre pays est tellement épidermique que l'on n'ose même plus apposer des mentions toutes simples relatives à la religion. Le résultat de tout ça, c'est "merci pour la promo", comme l'a dit Monseigneur André Vingt-Trois le week-end dernier au Grand Jury RTL. La RATP aura réussi à faire une exceptionnelle promotion au concert des Prêtres à l'Olympia le 14 juin.
La leçon qu'il faut en tirer, c'est quand même d'essayer de préserver un peu notre capacité d'indignation.
Envoyé de mon Ipad
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