Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

lundi 12 novembre 2012

Egypte: questions autour de la charia et de la citoyenneté pour tous à égales parties...

Au Moyen-Orient, la prise de pouvoir des adeptes de la charia met en danger les chrétiens d'Orient et les autres minorités, jadis protégés par la dictature laïque ou le despotisme éclairé.
Les chrétiens d'Orient, comme d'ailleurs toutes les autres minorités, sont inquiets, et pour cause. Car lorsque des adeptes de lacharià prennent le pouvoir, ceci est très rarement une bonne nouvelle pour ceux qui ne sont pas « islamiquement corrects » : « apostats », laïques, libre-penseurs, sectes musulmanes « hérétiques », minorités chrétiennes, juives, païennes ou autres. Ainsi, ce que j'avais appelé « Le dilemme turc », dans un essai (2005) consacré à la réislamisation de la Turquie, jadis laïque, s'applique aujourd'hui aux pays arabes et aux minorités de ces pays : hier, la dictature laïque ou le despotisme éclairé protégeaient les minorités religieuses. Aujourd'hui, c'est la démocratisation qui risque de les placer sous le joug revanchard des partisans de la charià, sponsorisés par les Etats du Golfe et la Turquie néo-ottomane de T.R. Erdogan, tous grands protecteurs du mouvement islamo-terroriste palestinien Hamas, qui règne en maître à Gaza. 
Rien ne serait donc plus faux que de croire que les révolutions arabes ont profité à leurs premiers instigateurs, laïques et libéraux, armés de blogs et d'appels à manifester démocratiquement. Car elles ont toutes été récupérées par les adeptes de la « synthèse islamo-nationaliste », vision de l'identité basée sur un chauvinisme post-colonial, à la fois politique et religieux. L'exemple le plus caricatural de ce dilemme est offert par la Syrie, où les minorités chrétienne, alaouite, chiite et druze sont protégées depuis des décennies par la tyrannie du régime nationaliste-laïc Baas, mais que les islamistes veulent soumettre – comme dans le passé, avant le colonialisme européen -  au statut de « citoyens de seconde zone » prévu par la Charià: la dhimmitude (ahl al –Dhimma). Ce danger est illustré de façon encore plus terrible par ce slogan des rebelles salafistes syriens : « les Alaouites au cimetière, les chrétiens à Beyrouth »… Ainsi, depuis le début de la guerre civile syrienne, les chrétiens et leurs églises sont pris pour cibles par les rebelles sunnites. D'où la peur des Chrétiens de Syrie - en cas de chute du régime et de victoire des islamistes - de subir le sort funeste de leurs frères d'Irak, rackettés ou assassinés en masse depuis 2003 et donc poussés à l'exil jusqu'à l'éradication de toute présence chrétienne, but ultime des islamistes.
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Les choses ne sont pas plus réjouissantes en Egypte, où l'application de la charià a été renforcée et où les chrétiens, là aussi associés à l'ancien régime dictatorial honni, sont pris pour cible. Ainsi, durant le mois de septembre 2012, après les émeutes islamistes déclenchées en « réaction » au film anti-islam (produit par un copte américain), un tribunal du Caire a condamné à une peine de prison le blogueur copte Albert Saber, coupable « d'insulte à la religion », après avoir posté sur Internet la vidéo anti-islam. En revanche, preuve de l'infériorité juridique des chrétiens, aucune accusation n'a été portée contre le salafiste Khaled Abdallah, qui diffusa le 9 septembre 2012 sur une chaîne égyptienne, cette même vidéo, ce qui entraîna des agressions de chrétiens et d'Occidentaux en Egypte, en Libye, ou au Pakistan.
Dans ce contexte global de dénigrement des Chrétiens coptes, accusés de « souiller l'islam », nombre de Coptes fuient la nouvelle Egypte dirigée par les Frères musulmans : 100.000 coptes ont déjà fait une demande d'immigration aux États-Unis et dans les pays scandinaves. Faits peu mentionnés dans les reportages sur les « printemps arabe », nombre de familles coptes ont été expulsées de leurs maisons suite à des pogroms anti-chrétiens perpétrés dans des villages égyptiens. Mais au lieu de défendre les Chrétiens d'Orient, certains journalistes de renom, comme par exemple Robert Fisk, ont délibérément choisi de les blâmer (cf The Independent), les accusant d'avoir défendu les despotes déchus (Moubarak) ou encore en place (Bachar Assad), ce qui les rendrait responsables de leur propre malheur… Un fait de persécutions anti-chrétiennes parmi tant d'autres : en Egypte, le 4 mars 2012, dans le village d'Abu Al-Reesh (province d'Assouan), des villageois islamistes ont kidnappé deux religieuses-enseignantes bénévoles d'une école, accusées de vouloir «construire une église», et ont saccagé l'établissement aux cris de « Allah Ouakbar ». Dans la région de Qena, des manifestants islamistes ont fait annuler la nomination d'un gouverneur chrétien qui devait succéder à l'ancien gouverneur (lui aussi chrétien), au prétexte que le nouveau gouverneur copte aimait le vin et avait été proche de l'ancien régime de Moubarak, accusation souvent utilisé
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e par les islamistes pour jeter opprobre sur les chrétiens, perçus comme une « cinquième colonne » de l'Occident et de « l'impérialisme judéo-croisé », ou suspects d'être nostalgiques de Moubarak... Autre exemple, en octobre 2012, des Coptes ont été criblés de balles par des islamistes qui leur reprochaient d'avoir manifesté à la suite de l'incendie criminel d'une église copte. Régulièrement, des groupes islamistes manifestent devant les églises des coptes, chaque vendredi afin de les intimider. Les pogroms ou attentats contre les Chrétiens sont monnaie courante et ne sont presque jamais condamnées par la justice (encore moins empêchés par la police ou l'armée, souvent complices).

Alors qu'ils furent les pionniers du nationalisme depuis la Nahda, les chrétiens des pays arabes, qui représentent une quinzaine de millions d'âmes, essentiellement réparties entre l'Egypte, le Liban, la Syrie, l'Irak, la Jordanie, ou la Palestine, et qui forment une certaine élite, sont aujourd'hui les grands perdants de l'Hiver islamiste qui a succédé au court « Printemps arabe ». Et ceci a une explication assez logique : les idées laïques, l'émancipation des minorités, la sécularisation sont associées au colonialisme occidental et à sa supposée « cinquième colonne » : les chrétiens locaux. Inversement, l'islamisation du pouvoir, considérée comme la plus haute forme d'émancipation et de démocratisation, est la façon la plus radicale de se débarrasser de l'influence idéologique de cet Occident honni judéo-chrétien, globalement associé au despotisme des anciens dictateurs, et bien sûr à l'impérialisme et au sionisme diabolisés. Les Chrétiens arabes sont donc à la fois perçus comme des « traîtres à la nation arabe » et à sa « religion nationale » : l'islam, que les chrétiens, juifs ou autres minorités auraient brimé en promouvant le nationalisme laïque, aujourd'hui discrédité partout en pays sunnite, exceptés certains pays musulmans ex-communistes.  
En conclusion, revenons à la question fondamentale – hélas occultée par les dirigeants occidentaux: la liberté religieuse et le principe de réciprocité. Quelques chiffres parlent d'eux-mêmes : «Sur 131 pays de culture chrétienne, il
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 n'y en a pas un seul où la législation sur la liberté religieuse laisse à désirer. Sur 49 pays de culture musulmane, 17 ne tolèrent aucune autre religion et contrôlent étroitement les croyants non musulmans, 19 reconnaissent théoriquement la liberté religieuse mais ne l'appliquent pas en pratique». Tel est le constat émis par Marc Fromager, directeur France de l'Aide à l'Église en détresse (AED), qui a présenté le rapport annuel de l'AED sur la liberté religieuse dans le monde. Or celui-ci déplore « une diminution de la liberté religieuse partout dans le monde arabe depuis les révolutions». Le cas le plus emblématique du manque de réciprocité est celui de l'Arabie saoudite, où un million de Chrétiens est privé de toute liberté religieuse. Mais bizarrement, les dirigeants occidentaux, d'habitude si vigilants face au moindre propos "islamophobe", n'ont pas jugé opportun de dénoncer la honteuse fatwa du Grand Mufti d'Arabie saoudite du 23 mars 2012 qui interdit « toute construction d'église et appelle à détruire toutes les églises de la Péninsule ». Comble de l'ironie, c'est cet Etat théocratique, parrain du salafisme mondial, qui fustige « l'islamophobie de l'Occident » et tente depuis les années 1990 de faire adopter aux Nations Unies (avec son allié pakistanais, également grand persécuteur de chrétiens)  la pénalisation du « blasphème », lequel n'a manifestement désormais cours que lorsque qu'il touche la religion musulmane. D'évidence, l'Occident culpabilisé, qui dépend bien trop du pétrole du Golfe, semble bien résigné à s'accomoder de cette « dhimmitude volontaire ».

Alexandre del Valle, in. « Atlantico »
le 12 novembre 2012


Alexandre del Valle est un géopolitologue renommé. Éditorialiste à France Soir, il enseigne les relations internationales à l'Université de Metz et est chercheur associé à l'Institut Choiseul. Il a publié plusieurs livres sur la faiblesse des démocraties, les Balkans, la Turquie et le terrorisme islamique.

    http://www.chretiensdorient.com/article-egypte-questions-autour-de-la-charia-et-de-la-citoyennete-pour-tous-a-egales-parties-112357781.html


    Envoyé de mon iPad jtk

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