En Irak, les chrétiens ont repris le chemin de Qaraqosh
Victime d'une offensive des djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant, la ville chrétienne de Qaraqosh s'est vidée en quelques heures.
Les troupes irakiennes et kurdes ayant repoussé les attaquants, les habitants ont commencé à regagner leurs maisons.
Depuis samedi 28 juin, une noria de voitures surchargées et de bus bondés ramène les réfugiés dans Qaraqosh. Victime d'une offensive de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), la principale ville chrétienne d'Irak, située au Nord dans la plaine de Ninive, s'est vidée en quelques heures de ses habitants entre jeudi et vendredi. « Des dizaines de milliers de familles se sont réfugiées dans des conditions insoutenables, dans des écoles et des salles paroissiales à Erbil », au Kurdistan irakien, rapporte Faraj-Benoît Camurat, président de l'association Fraternité en Irak, présent sur place.
Devant la réaction combinée des forces irakiennes et kurdes, qui ont réussi à repousser les troupes de l'EIIL en direction de Mossoul, et grâce à l'envoi de « renforts kurdes » pour la protéger, Qaraqosh, ville fantôme, « revient à la vie ».
« Elle n'est plus à portée d'obus. Les gens veulent reprendre confiance », constate Faraj-Benoît Camurat. Une messe a été célébrée dimanche matin, en présence du patriarche syriaque catholique, Ignace Joseph III Younan (venu du Liban) et des prêtres restés sur place autour de l'évêque, Mgr Petrus Moshe. Même le marché a timidement rouvert.
Le synode de l'Église chaldéenne
Reste le criant problème de l'approvisionnement en électricité, en eau – rationnée par l'EIIL – et en médicaments. « Tout l'enjeu, si l'on veut que les habitants restent chez eux et ne prennent pas le chemin de l'exil, est de répondre à ces besoins, en installant des turbines au diesel, en fournissant des produits anesthésiques à l'hôpital, etc. », souligne le président de la petite association de solidarité, qui a profité de ces quelques jours sur place pour évaluer « très concrètement » les besoins, avant de relancer un appel aux dons.
Coïncidence du calendrier, c'est pendant ces heures de crise que s'est déroulé, à Erbil et non à Bagdad comme prévu initialement, le synode de l'Église chaldéenne, sous la présidence de son patriarche, Louis-Raphaël Sako Ier , et en présence de la quasi-totalité des évêques d'Irak mais aussi des diocèses australien, américain, syrien, etc. Les participants ont procédé à l'élection des évêques aux sièges vacants, avant de bousculer leur ordre du jour pour se pencher sur les « situations d'urgence qui caractérisent la condition des communautés chrétiennes et de tout le pays ».
« On m'a dit que Kirkouk accueillait déjà 250 000 réfugiés »
Samedi, ils ont appris l'enlèvement de deux de leurs sœurs chaldéennes de Mossoul et de trois orphelins dont elles s'occupent. « Le patriarche a à nouveau appelé toutes les parties au dialogue pour éviter la division du pays et les atrocités », rapporte Mgr Yousif Mirkis, évêque de Kirkouk. Un appel relayé par le pape, dimanche, lors de l'Angélus.
« Les réfugiés de Qaraqosh rentrent chez eux, mais d'autres arrivent, appartenant à toutes ces petites minorités du pays incapables de se protéger », observe Mgr Yousif Mirkis depuis sa ville, elle aussi sous domination kurde. « Des exactions affreuses ont eu lieu dans des villages turkmènes chiites, beaucoup de villages sont vidés de leur population. On m'a dit que Kirkouk accueillait déjà 250 000 réfugiés et refusait désormais ceux qui arrivent. » Avec les maigres moyens de son diocèse, il souhaiterait pouvoir distribuer « du sucre, du thé, de l'huile ou du savon » dans les écoles où s'entassent les familles…
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