Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, s'en est pris encore une fois à la classe politique, lui demandant quels intérêts publics assure-t-elle au peuple libanais et quel avenir garantit-elle aux générations futures, alors qu'elle se dispute, qu'elle s'accuse respectivement et qu'elle s'abstient d'élire un président de la République.
« Vous avez paralysé le Parlement, vous menacez d'en faire autant avec le gouvernement, a-t-il ajouté dans son homélie durant la messe célébrée au siège patriarcal d'été à Dimane. Vous facilitez la propagation de la corruption et des pots-de-vin dans les administrations, vous ligotez les mains des juges, vous portez atteinte aux lois et vous polluez le Liban avec les déchets. »
Le cardinal Raï a rappelé que « le système politique libanais est basé sur l'égalité et l'équilibre dans l'exercice du pouvoir tout comme dans l'administration entre toutes les composantes » du pays. « Si nous ne rétablissons pas ce concept, le Liban n'aura pas de président, ni d'institutions, ni de vie et ni d'avenir », a encore insisté Mgr Raï.
Et le patriarche de lancer un appel aux personnes de « bonne volonté » afin qu'elles se livrent à « un sursaut de conscience et à un dialogue profond et commun qui n'exclurait personne, pour penser sérieusement aux moyens de rétablir l'équilibre et le vrai partenariat entre les deux composantes chrétienne et musulmane du Liban, en se basant sur le pacte national, sa formule exécutive et sur la Constitution ». Cela permettra, selon le patriarche, de sortir le pays de cette « tragédie nationale qui démantèle les composantes du pays, paralyse son rôle et son message » dans la région.
Le patriarche a également dénoncé les crimes et les rapts répétés, appelant les autorités concernées à arrêter les meurtriers de Sobhi et Nadimé Fakhri (tués en automne 2014, à Btedii, caza de Deir el-Ahmar, par des hors-la-loi, originaires du village voisin de Dar el-Wassaa, qui avaient fait irruption à leur domicile), et tous les criminels.
Mgr Raï a aussi appelé les juges à prononcer les peines les plus sévères à l'encontre des meurtriers de Georges Rif (assassiné en juillet dernier dans un quartier de Saïfi, à Beyrouth, en raison d'une priorité de passage) et du commandant Rabih Kahil (officier des commandos de l'armée, atteint par plusieurs balles fin juillet sur la route de Qmatiyé-Bdédoun).
Le cardinal Raï a enfin salué l'armée et toutes les forces de l'ordre, mettant l'accent sur leurs réalisations, leurs sacrifices et les efforts qu'elles déploient pour « préserver la frontière et la sécurité sur la scène locale ». Il a dans ce cadre déclaré sa solidarité avec les familles des militaires otages, appelant à leur libération.
Tournée à Qnat
Samedi, le cardinal Raï avait célébré la messe à l'occasion de la fête de l'Assomption à Qnat, caza de Hadath Jebbé (Liban-Nord), en présence notamment de M. Élie Keyrouz, membre du bloc parlementaire des Forces libanaises. Dans son homélie, Mgr Raï avait dénoncé la paralysie qui règne dans les différents secteurs. Il a, en outre, mis l'accent sur « notre culture chrétienne » qui consiste à respecter « la vie humaine et la dignité de tout homme » et par conséquent refuser d'agresser un autre homme, quel que soit le motif.
Après la messe, le patriarche et M. Keyrouz ont levé le voile sur la plaque commémorative de la rue qui relie l'église Saint-Georges au couvent Saint-Michel, qui a été baptisée au nom de Mgr Baissari.
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