Balamand/Liban, 5 janvier 2015 (Apic) Aux origines de l'islam au début du VIIe siècle – une période caractérisée par la présence à La Mecque d'un panthéon d'idoles aux côtés de populations juives ou issues des différentes confessions chrétiennes-, la Péninsule arabique n'était pas peuplée que de tribus arabes restées polythéistes. Ces tribus, selon les savants musulmans, seraient restées païennes, dans un état d'ignorance appelée «jahilyya», avant que Mahomet ne leur apporte la lumière de la révélation coranique. Si les réalités chrétiennes arabes ont été détruites par l'islam, les traces archéologiques sont cependant bien là.
On connaît depuis longtemps l'existence d'évêchés chrétiens tout autour de la Péninsule arabique, mais les chrétiens étaient également présents au cœur de la Péninsule, comme le prouvent les vestiges chrétiens du monastère de Kilwa, dans le passé en Transjordanie, mais aujourd'hui en territoire saoudien. Les autorités saoudiennes ont classé le site comme un temple nabatéen et avaient rapidement fait recouvrir le monastère sorti des sables par des archéologues saoudiens. En février 2008, une mission archéologique sur le site de Kilwa était conduite par Saba Farès, de l'Université de Nancy.
Guy-Roger Conchon, qui enseigne à l'Académie Libanaise des Beaux-Arts de l'Université de Balamand (ALBA), a pris part à la mission archéologique de Kilwa au nord de l'Arabie Saoudite, où les fouilles ont révélé les vestiges d'un monastère datant du début de l'ère chrétienne. Dans une conférence sur «Le patrimoine religieux en Orient chrétien», donnée à l'ALBA, le chercheur français révèle que dans les années quarante déjà, un ensemble monastique avait été signalé à Kilwa par une expédition anglaise.
Une occupation chrétienne datant du Ier siècle de l'ère chrétienne
Les explorations menées par la mission archéologique de l'Université de Nancy 2, dirigée par Saba Farès, indiquent que Kilwa, située sur la route caravanière de la myrrhe et de l'encens, a fait l'objet d'une occupation chrétienne au Ier siècle de l'ère chrétienne, rapporte le quotidien libanais «L'Orient-Le Jour».
La communauté tirait profit d'une agriculture irriguée au moyen de systèmes hydrauliques ambitieux. Ces chrétiens ont également laissé de nombreux témoignages architecturaux, cellules isolées pour des moines, chapelle, église, cuisine, réfectoire, citernes d'eau, jardins, une quantité de croix marquées sur la pierre et des épigraphies commémorant les cultes, dont une inscription gravée sur le linteau de la porte d'une cellule.
«Le toponyme et l'architecture sont des détails qui indiquent une culture syrienne», souligne Guy-Roger Conchon. En effet, rapporte «L'Orient-Le Jour», le système constructif rappelle celui de la plaine de Hauran, en Syrie. «Les bâtiments collectifs, bien préservés, sont en pierres de très grande taille, avec un lien à base de chaux. Des pierres sèches sont employées pour la construction des cellules des moines, dont l'état de conservation est très mauvais. Les pierres tombales sont regroupées en nécropole évoquant un tumulus». Quant à l'église, il fait observer qu' «elle est construite sur le modèle des églises nestoriennes qu'on retrouve en Mésopotamie». Hormis une mission des archéologues spécialistes de la préhistoire, qui ont étudié la région, ce monastère n'a guère suscité l'intérêt des chercheurs, note Guy-Roger Conchon .(apic/orj/be)
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