Cheikh Abdul Aziz bin Abdullah prône la destruction des églises chrétiennes
Abu Dhabi, 29 mars 2012 (Apic)
Plusieurs évêques catholiques en Allemagne et en Autriche ainsi que l'archevêque Marc d'Egorievsk, responsable des établissements à l'étranger du patriarcat de Moscou, ont vivement réagi à l'appel à la destruction des églises dans la Péninsule arabique lancé récemment par le grand mufti d'Arabie saoudite, le cheikh Abdul Aziz bin Abdullah. Ils ont qualifié ce décret religieux lancé par ce leader sunnite influent de "dangereux" et d'"inacceptable".
De son côté, le capucin suisse Paul Hinder, vicaire apostolique d'Arabie du Sud, basé à Abu Dhabi, ne souhaite pas jeter de l'huile sur le feu, en réagissant trop fort face à la fatwa du haut responsable religieux saoudien interdisant l'érection d'églises dans la Péninsule arabique. Cela concerne non seulement l'Arabie saoudite, mais tous les Etats du Golfe.
#Des assertions "inquiétantes" dans la bouche du grand mufti
Mgr Paul Hinder, dans une interview à l'agence de presse catholique allemande KNA, a notamment relevé que le gouvernement koweitien avait une autre position concernant la présence d'Eglises chrétiennes dans le pays. Le vicaire apostolique d'Arabie du Sud a estimé "inquiétant" de telles assertions dans la bouche du grand mufti. Elles auront des effets sur une partie de la population. Il compte toutefois sur le gouvernement pour discrètement rehausser le niveau de protection des chrétiens.
Le religieux suisse a souligné que l'avis juridique (fatwa) du grand mufti avait été plus ou moins ignoré par les médias arabes. L'évêque estime que cette attitude a été adoptée à dessein, la qualifiant de signal positif pour les chrétiens.
En fait, ce sont des parlementaires koweitiens qui sont la cause de cette fatwa.
Ils ont annoncé, à la mi-février, vouloir déposer un projet de loi interdisant tous les lieux de culte chrétiens, suite à une autorisation de construction octroyée par le ministère koweitien des Affaires islamiques.
Répondant à la question de députés koweitiens, le grand mufti Abd al-Aziz Ibn Abdullah – un leader religieux influent de la mouvance wahhabite (islam rigoriste) - avait répondu que l'érection d'églises sur le sol de la Péninsule arabique était interdite.
#Une déclaration totalement inacceptable
La semaine dernière, les évêques autrichiens avaient souligné qu'une "telle déclaration est pour nous, évêques, complètement inacceptable et incompréhensible, alors qu'il existe différentes initiatives de dialogue interreligieux dans la Péninsule arabique". La Conférence épiscopale autrichienne estimait, dans un communiqué publié le 23 mars à Vienne, à l'occasion d'une marche silencieuse pour les chrétiens persécutés, qu'elle menaçait non seulement les chrétiens de cette région, mais aussi du monde entier.
Les évêques autrichiens se sont demandés comment il était possible que le grand mufti d'Arabie saoudite proclame une telle fatwa dans le dos du roi Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, qui se veut le défenseur du dialogue interreligieux.
Mgr Robert Zollitsch, président de la Conférence épiscopale allemande, a également réagi à cette fatwa. Les évêques des deux pays germanophones déclarent que cet avis juridique est un inacceptable déni des droits humains de millions de travailleurs étrangers actifs dans la région du Golfe.
L'archevêque de Fribourg-en-Brisgau a déploré que le mufti ne montrait aucun respect pour la liberté religieuse et la coexistence entre les religions. Plusieurs millions de travailleurs chrétiens vivent dans cette région et contribuent à sa prospérité. La plupart d'entre eux viennent d'Inde, des Philippines, d'Egypte, de Corée, mais on compte également nombre d'expatriés des pays occidentaux appartenant à de nombreuses dénominations chrétiennes.
Notons qu'en octobre dernier, l'Autriche et l'Arabie saoudite avaient ouvert un centre pour le dialogue interreligieux à Vienne. Le projet s'est attiré les critiques en Autriche, car il a été initié et financé par l'Arabie saoudite, où règne l'islam wahhabite le plus intolérant. JB
#Pas de liberté religieuse dans la "grande mosquée"
En Arabie Saoudite, qui considère l'ensemble de son territoire comme une grande mosquée", toute manifestation religieuse publique autre que la foi musulmane est prohibée. La pratique religieuse en privé est théoriquement permise, mais une police religieuse spécialisée veille et peut arrêter des suspects. Connue sous le nom d'Al Mutawa'in ou de Hayat al Amr bil Maaruf wan Nahi an al Munkar (Comité pour la propagation de la vertu et la prévention du vice, CPVPV), elle a pour mission de veiller au strict respect des règles de conduite établies. Cet organisme œuvre en étroite collaboration avec la police et les gouverneurs des différentes localités. Dans les Emirats arabes unis (EAU), au Qatar, au Kuweit, à Bahreïn, à Oman et au Yémen, il y a par contre des lieux de prières autorisés pour les minorités chrétiennes.
Source: http://www.kipa-apic.ch/index.php?pw=&na=0,0,0,0,f&ki=230306
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