La provocation à l'Université antonine : le Hezbollah garde le mutisme
Par Sandra NOUJEIM | 22/03/2012- OLJ
Le campus Hadath-Baabda de l'université antonine.
LIBAN « Si ces jeunes s'avèrent être des membres du Hezb et non de simples sympathisants, le parti prendra de fermes mesures à leur égard », affirment des sources hezbollahies.
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Geste de défi dénué de subtilité, l'acte de provocation mené par un groupe d'étudiants chiites pro-Hezbollah à l'Université antonine est d'autant plus maladroit qu'il exploite la liberté de culte pour imposer une certaine présence.
Or si le vivre-ensemble a toujours été problématique au Liban, les détails qui touchent aux pratiques religieuses, dont la prière est l'expression la plus éthérée, n'ont jamais été mêlés aux affronts, même en temps de guerre.
Les 37 étudiants chiites qui ont pris part, dans la cour intérieure du campus de Hadeth-Baabda, à une prière collective devant le parvis de l'église de l'Université antonine cherchaient d'abord à se faire entendre, d'une manière ou d'une autre, dans un espace dont ils ne sont pas maîtres.
Selon le vicaire du comité directeur supérieur de l'Université antonine, le père Antoine Rajeh, interrogé par L'Orient-Le Jour, « chaque année, quelques étudiants chiites portés par un certain extrémisme parviennent à polariser un petit groupe, pour réclamer en vain à l'administration l'édification d'un lieu de culte ».
Or, comme le rappelle, de manière ferme, le communiqué publié mardi par l'Université antonine et l'ordre maronite des pères antonins duquel elle relève, « la directive émanant de la présidence de l'ordre maronite des antonins ne permet pas de négocier l'aménagement, au sein de l'université, d'un lieu de culte ne relevant pas de sa confession ».
Le père Rajeh explique que ce principe est d'abord fondé sur le respect mutuel. Soucieux d'établir régulièrement un dialogue régulier avec ces jeunes, il leur demandait, pour les convaincre de se rétracter au sujet de leur demande, « s'il est possible d'édifier un lieu de culte chrétien sur le campus de l'Université islamique, à Khaldé par exemple ».
La relation de réciprocité ne se traduit pas par la diversification des lieux de culte aux couleurs des 17 confessions, mais par le respect de l'espace de l'autre. Or ce qui échappe à ces jeunes, c'est que cet espace leur est ouvert, au nom de ce même respect. Croire l'inverse, c'est occulter cette sorte d'équilibre des espaces reconnu par tous. C'est donc voguer à contre-courant des intérêts de toutes les parties, y compris – surtout – du Hezbollah.
Le père Rajeh ne dément pas l'appartenance de ces jeunes au Hezbollah, avant de confier néanmoins, sans donner de détails, que le parti de Dieu « s'est excusé après l'incident auprès de l'administration de l'université ». Toutefois, c'est un mutisme total qu'observe le Hezbollah sur l'affaire, et avec lui l'ensemble de ses alliés. L'incident en soi porte un coup fatal à l'image et à la crédibilité des parties qu'elle risque d'impliquer.
C'est dans ce contexte que des sources proches du Hezb soulignent que ce dernier « ne veut pas se prononcer sur l'affaire, pour ne pas donner la fausse impression d'être en confrontation avec la communauté visée ». Rappelant « les bonnes relations du Hezbollah avec le patriarche maronite », les sources hezbollahies affirment que « si ces jeunes s'avèrent être des membres du Hezb et non de simples sympathisants, le parti prendra de fermes mesures à leur égard ».
Si ces jeunes sont effectivement des membres du Hezbollah, c'est toute la question de la maîtrise par le parti de sa base qui se pose. Soit sa raison d'être se minimise progressivement, après qu'elle eut atteint son apogée en 2006, et de ce fait les nombreux jeunes que le parti a recrutés alors se distancient de l'image de discipline accolée à la « résistance » ; soit le Hezb se convainc de l'incompatibilité de sa nature milicienne avec le terrain libanais, et se résigne auquel cas à une reconversion en simple parti politique.
Réactions des internautes à cet article
- Je lis que le Hezbollah a présenté ses excuses à la direction de l'université. le Père Rajeh, qui a eu une attitude ferme, les a acceptées.L'incident est clos. Pourquoi les medias cherchent-ils à monter en épingle une histoire qui ne devrait pas sortir off campus? Politiser dans le seul but de politiser, laissons cela à ceux qui invitent à la grève. Ce n'est même plus l'art pour l'art!
Tina Chamoun
- On pardonne difficilement aux puissants ne dit on pas ? Encore un article où on titre une chose et lisant le contenu on s'apperçoit d'une contradiction. Un mutisme c'est un silence total, de muet aussi loin que mes connaissances littéraires peuvent me porter, et présenter des excuses, déclarer attendre de voir si ces jeunes sont du parti ou pas, c'est une rupture de ce mutisme ! on ne va pas aussi se mettre à enseigner aux professionnels de ce journal le sens des mots ! Veuillez excuser mon agacement, mais ce que je lis aujourd'hui va dans le sens de l'apaisement, attendons de voir la suite pour conclure.Par contre je ne serai pas contre la réciprocité, souvent on se plaint que des lieux de culte sont autorisés chez les chrétiens et pas chez certains musulmans, si ça peut aider à rapprocher , pourquoi pas ? Et comme on est à la détente,une cousine, instit dans un collège de Beyrouth me raconte qu'à la question qu'on pose aux enfants de 10/12 ans, que voudriez vous faire plus tard, elle a constaté que les éléves chrétiens voudraient être PDG de grosses firmes, comme C.Ghosn, les sunnites proprio d'hotel 5 ou 7 étoiles comme Ben Walid et les chiites ingénieurs ou physiciens nucléaires. Si on arrivait à canaliser ces ambitions de nos petites pousses, ça pourrait faire de nous le pays de nos rêves.
Jaber Kamel
- L'aveuglement de certains, prétendus chrétiens, et certains prétendus laïcs et pseudo-démocrates, est tel, et les oeillères sont si larges, et le fanatisme partisan si aigu, que leur moelle grise "si grise elle est" car elle est "NOIRE" et "OBSCURE" ( obscurantisme AVEUGLE ), qu'ils jugent de normale la "PROVOCATION" et en sont satisfaits ou lui trouve des excuses et des raisons.
SAKR LEBNAN
- - - Puisque le père Rajeh a confirmer que le Hezb a présenter des excuses à l'administration de l'université et promis de prendre des mesures fermes à leur égard s'ils s'avèrent être membres du parti et non de simples sympathisants ! en rappelant les bonnes relations entre le Hezb et le patriarche Maronite ... ! Alors de quoi je me mêle ?
JABBOUR André
- Le Hezbollah s'est excusé auprès des libanais pour la guerre de 2006 en disant « si j'aurais su ». Le Hezbollah a déclaré « jour de gloire » le 7 Mai 2008. Le Hezbollah s'est aussi excusé auprès de la famille de Samer Hanna assassiné de sang froid par un de leur fidèle. Le Hezbollah s'est excusé pour le « Achraf el Ness » du député Moussaoui contre le député Samy Gemayel. Et aujourd'hui, le Hezbollah s'est excusé auprès de l'administration de l'université pour le comportement de ses fidèles. Voilà la formule : 1. Menace, 2. Provocation, 3. Incident, 4. Excuses et 5. On passe l'éponge. (Replay) 1. Menace, 2. Provocation, 3. Incident, 4. Excuses et 5. On passe l'éponge. (et ainsi de suite). Merci de publier.
Élie Khoueiry
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