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Date: 5 février 2016 13:57:46 UTC+2
Emboîtant le pas à une campagne en cours dans certains milieux, l'Assemblée mensuelle des évêques maronites, réunie sous la présidence du patriarche Béchara Raï, a mis en garde hier contre toute discrimination dans l'accès à la fonction publique, dans le respect de l'article 95 de la Constitution. Les évêques ont par ailleurs salué comme il se doit le rapprochement entre le Courant patriotique libre et les Forces libanaises et la relance de l'action gouvernementale, qu'ils ont souhaité mettre à l'abri des tiraillements internes. Ils ont enfin exprimé des inquiétudes au sujet de la situation aux frontières, et de la situation économique et financière.
ASIE/LIBAN - Préoccupation des Eglises libanaises suite aux discriminations confessionnelles appliquées pour l'accès aux fonctions et aux ressources publiques
Beyrouth (Agence Fides) – Les Evêques maronites expriment leur inquiétude suite au déséquilibre qui se produit actuellement en ce qui concerne l'accès aux fonctions et aux deniers publics, au travers de discriminations silencieuses pénalisant les chrétiens. La préoccupation ressort de la dernière rencontre mensuelle de l'Assemblée des Evêques maronites, réunie le 3 février au siège patriarcal de Bkerkè, sous la présidence du Patriarche d'Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Boutros Bechara Rai.
Depuis des années – dénoncent les Evêques – se produit une érosion silencieuse de la présence chrétienne au sein des fonctions publiques, au profit des composantes chiite et sunnite. Récemment, des manifestations évidentes de ce phénomène auraient eu lieu au sein de l'organigramme du Ministère des Finances. Dans le même temps, selon ce qui a été mis en évidence par de récentes enquêtes journalistiques, seuls 27% des projets récemment réalisés par le Ministère chargé des œuvres publiques ont concerné des zones habitées par la population chrétienne.
Les Evêques maronites voient dans ce phénomène une grave embûche pour la coexistence nationale et invitent les hommes politiques et les institutions à respecter l'article 95 de la Constitution qui prévoit que les différentes communautés confessionnelles doivent être « équitablement représentées » dans l'administration publique ». Ces jours derniers, de semblables préoccupations avaient également été mises en évidence par l'Eglise gréco melkite.
Dans le communiqué diffusé au terme de l'Assemblée des Evêques maronites, parvenu à l'Agence Fides, les Evêques ont également évalué de manière positive le rapprochement de forces politiques maronites jusqu'ici opposées, comme les Forces libanaises et le Mouvement patriotique libre (voir Fides 19/01/2016), souhaitant qu'un tel processus favorise la fin de la paralysie institutionnelle dans laquelle le pays se débat depuis mai 2014, et qu'il permette finalement l'élection d'un nouveau Chef de l'Etat. (GV) (Agence Fides 05/02/2016
Voici l'essentiel de leur communiqué final :
– Les pères saluent l'évolution du dialogue interne et encouragent ses protagonistes à le poursuivre dans l'espoir qu'il se généralise. Ils appuient en outre toute initiative de nature à conduire à l'élection d'un président de la République et insistent sur le fait que les polarisations rendent le Liban ingouvernable, et que cette gouvernance n'est possible que dans la coopération et la solidarité entre tous. Ils aspirent à voir le processus politique se dérouler au sein des institutions constitutionnelles, estimant qu'en dépit de toutes les manifestations de bonne volonté et des dialogues en cours, c'est l'hémicycle qui, en définitive, teste leur crédibilité. Partant de là, les pères demandant à tous les blocs parlementaires de faire acte de présence à la Chambre et de permettre au processus démocratique prévu par la Constitution de suivre son cours.
– Les participants saluent la relance de l'action gouvernementale, compte tenu du grand nombre de dossiers vitaux en suspens. Ils exhortent les responsables politiques de tenir le gouvernement à l'écart de leurs tiraillements et de lui permettre de jouer son rôle comme pouvoir exécutif au service de la population et du bien commun. Compte tenu de la gravité de la situation économique et financière, de la paupérisation et des privations endurées par un tiers de la population vivant sous le seuil de pauvreté, du problème du chômage et de la situation sécuritaire précaire, les pères appellent tous les hommes politiques concernés à protéger l'action gouvernementale, à faire en sorte que le sens de la responsabilité nationale prévale et à satisfaire en priorité les besoins de la population, notamment les revendications légitimes des hommes de la Défense civile. Le gouvernement doit protéger et renforcer le rôle positif du Liban et des Libanais au sein des communautés arabe et internationale ; il faut préserver les amitiés du Liban avec toutes les nations, sur la base de la justice, de la paix et de la coopération constructive.
La situation aux frontières
– Les dignitaires religieux joignent leurs voix à celle du patriarche maronite pour mettre en garde les responsables contre tout atteinte à l'obligation découlant de la formule de coexistence nationale en ce qui concerne le droit d'accès à la fonction publique, dans l'esprit de la Constitution, en particulier de son article 95. Celui-ci prévoit l'évolution graduelle d'une situation confessionnelle à une situation nationale, dans le respect de la participation équilibrée de toutes les communautés à la fonction publique, en vue de garantir la stabilité du pouvoir au sein d'une société pluraliste.
– Les développements aux frontières est et sud du Liban inquiètent les évêques, ainsi que l'état général de la sécurité ; ils considèrent que ces réalités imposent que tous, dans le plus grand sérieux et loin des étroits calculs politiques, apportent leur appui à l'institution militaire et aux forces de sécurité en hommes et en matériel, en paroles et en actes, pour leur permettre de faire face aux dangers qui guettent le Liban.
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