Un nouveau diocèse canadien pour les réfugiés syriaques
Au moins 500 familles de réfugiés chrétiens syriaques ont été admises au Canada depuis trois ans, selon Georges Chahine, coordonnateur général de la communauté syriaque catholique du Canada. Cela ajoute quelques milliers de fidèles aux 15 000 syriaques que comptait le Canada en 2009, au dernier recensement de la communauté.
« Ma priorité sera d'apporter une aide spirituelle à la souffrance de la communauté syriaque, de faire l'alliance entre les parties syrienne, irakienne, libanaise et égyptienne de notre communauté et de l'aider à s'intégrer à une société multiculturelle où règne la liberté religieuse », explique Mgr Nassif, qui était auparavant au Liban. Il veut aussi créer des paroisses dans l'Ouest canadien, où se sont établis plusieurs réfugiés syriaques irakiens. L'ancien diocèse syriaque d'Amérique du Nord couvrait aussi les États-Unis.
QUI SONT LES SYRIAQUES ?
Les syriaques font partie des 23 « Églises orientales » de l'Église catholique. Il y a 150 000 syriaques dans le monde, dont entre le tiers et la moitié vivent en exil, généralement en Occident. Après s'être éloignées de Rome au Ve siècle, ces Églises orientales ont reconnu officiellement l'autorité du pape au XVIIIe siècle. Elles regroupent les « communautés apostoliques », qui existent depuis l'ère des apôtres, voilà 2000 ans. Ces communautés apostoliques ont été décimées par les guerres de religion qui touchent le Moyen-Orient depuis l'invasion américaine de l'Irak, en 2003.
UNE FORTE PRÉSENCE CANADIENNE
Mgr Younan, qui habite Beyrouth, était l'évêque du diocèse du Canada et des États-Unis depuis sa création en 1992, poste qu'il a occupé jusqu'à son élection comme patriarche syriaque en 2009. La première paroisse syriaque d'Amérique du Nord a été créée au Québec en 1975 par des réfugiés libanais. Et l'évêque actuel de Bagdad, Yousif Abba, était jusqu'en 2011 curé dans la communauté syriaque de Toronto.
GÉNOCIDE
Les trois principaux représentants des chrétiens d'Irak et de Syrie, Mgr Younan, le patriarche chaldéen et le patriarche syriaque orthodoxe, ont demandé l'an dernier au Congrès américain, au Parlement européen et au Conseil des droits de l'homme des Nations unies de reconnaître qu'un génocide est en cours dans ces deux pays à l'égard des chrétiens et des yézidis, une confession musulmane très minoritaire. « Certains disent que ce n'est pas un génocide parce que beaucoup de syriaques ont fui le pays plutôt que d'être tués, dit Mgr Younan. Mais un génocide, c'est aussi la disparition d'une communauté du lieu où elle était enracinée depuis des milliers d'années. D'autres disent que beaucoup plus de musulmans sont réfugiés ou tués. Mais ils sont beaucoup plus nombreux que les chrétiens au départ, et leur communauté n'est pas menacée de disparition. » Le Conseil de l'Europe a reconnu le génocide des chrétiens en janvier dernier.
PRIORISER LES RÉFUGIÉS CHRÉTIENS
Mgr Younan déplore que l'Union européenne veuille empêcher les pays de l'Est, notamment la République tchèque et la Pologne, d'accueillir quelques centaines de familles de réfugiés chrétiens syriens à l'exclusion des musulmans. « L'Europe est très indifférente envers la religion et ses racines chrétiennes, dit le patriarche. C'est très difficile à comprendre pour les réfugiés syriaques. Oui, en Europe, il y a le pluralisme religieux et l'égalité de tous les citoyens, mais au Moyen-Orient ce n'est pas comme ça. Les syriaques sont chassés et menacés parce qu'ils sont chrétiens. »
LA RUSSIE
Mgr Younan est reconnaissant de l'appui de l'Église orthodoxe russe et de l'intervention militaire russe en Syrie, même si la Russie n'a pas accueilli de réfugiés syriaques. « Les Américains frappent Daech [acronyme arabe du groupe armé État islamique] en Irak depuis un an et cinq mois et ils n'ont pas réussi à en finir. L'intervention russe a permis aux forces du gouvernement de reprendre du terrain. Une fois qu'ils auront protégé la population des villes de l'ouest du pays, ils vont voir comment affronter Daech. »
CAMPS DE RÉFUGIÉS
L'an dernier, un rapport du University College de Londres a fait état du fait que les réfugiés chrétiens de Syrie évitent les camps de l'ONU par peur d'être fichés comme chrétiens. L'ONU a par la suite affirmé enregistrer les Syriens comme réfugiés à l'extérieur des camps, dont 2,3 % de la population est chrétienne - les chrétiens formaient 10 % de la population syrienne avant le début de la guerre civile en 2011, selon le département d'État américain.
« Les syriaques préfèrent s'entasser à trois ou quatre familles dans des appartements plutôt que d'aller dans les camps, confirme Mgr Younan. Les sunnites, qui sont majoritaires dans les camps, ont malheureusement été radicalisés par la guerre civile et, parfois, considèrent que les chrétiens sont responsables de leurs maux. »
JTK
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