Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

jeudi 11 avril 2013

Une feuille de route pour les chrétiens d’Orient | Paris planète

« Le 'printemps arabe' gagnerait à devenir le 'printemps de l'homme' »

Cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche de l'Église maronite

Mercredi 10 avril, à l'Institut catholique de Paris

 « En suivant les changements en cours dans certains pays arabes, nous craignons qu'ils ne conduisent à des conflits interconfessionnels, à des régimes plus durs encore et à une partition de la région sur une base confessionnelle. Il ne doit y avoir qu'une identité nationale partagée, sur la base de la citoyenneté, inclusive de tous les apports culturels, et qui puisse assurer la base d'un 'vivre ensemble' serein et fructueux« .

Le cardinal Béchara Boutros Raï aura passé toute la semaine à Paris. Patriarche d'Antioche et de Tout l'Orient, chef de l'Église maronite, solidement arrimée au Liban, il a notamment rencontré le président de la république François Hollande mardi 9 avril .

Mercredi 10 avril, ce patriarche élu le 15 mars 2011 et créé cardinal par le pape Benoît XVI le 24 novembre 2012, a donné une conférence devant deux cents personnes à l'Institut catholique de Paris dans le cadre d'un Colloque intitulé : 'Christ et César, quelle parole publique des Églises » organisé par l'Institut supérieur d'études œcuméniques (ISEO) (1). L'occasion pour lui de rappeler la situation des chrétiens au Moyen Orient et de préciser les formes de soutien qu'il attend de la France.

« Vingt millions de chrétiens parmi 350 millions de musulmans »

« Le Moyen-Orient, berceau du christianisme, compte environ 20 millions de chrétiens, dont 5 millions de catholiques« , rappelle le cardinal Raï. « Ils y vivent avec 350 millions de musulmans et 7 millions de juifs dans les territoires occupés. Parlant des musulmans, il faut inclure Sunnites, Chiites, Alaouites et Druzes« .

« Une culture théocratique souvent fermée à l'altérité »

« Les chrétiens, de culture démocratique et plurielle, vivent dans ces pays avec des concitoyens musulmans et des juifs dont la majorité est de culture théocratique souvent fermée à l'altérité« , poursuit-il. « Dans tous les pays arabes, la religion de l'État est l'Islam, la source de la législation est le Coran, le pouvoir politique, militaire et judiciaire est entre les mains des musulmans – le Liban fait exception« .

« La liberté de culte est entravée dans les pays arabes »

« La liberté de conscience ou de croyance est strictement défendue (interdite) dans les pays arabes« , assène le patriarche maronite. « Elle est permise seulement, et même encouragée, quand il s'agit de se convertir à l'Islam. La liberté de culte est entravée par des procédures difficiles et injustes, comme pour l'obtention de permis pour la construction de lieux de culte ou de leur restauration, pour l'enseignement de la catéchèse aux chrétiens, pour l'installation de croix sur les clochers des églises, pour la sonnerie des cloches« .

« Dans les mariages mixtes, la partie chrétienne perd beaucoup de ses droits »

« Quant au statut personnel, la famille chrétienne et ses membres ne jouissent pas de fait de tous les droits« , continue-t-il. « Nous relevons les discriminations entre l'homme et la femme, les mariages mixtes où la partie chrétienne perd beaucoup de ses droits, le changement de religion ou de confession facilité pour obtenir un divorce ou se libérer de la législation et de la compétence des tribunaux » chrétiens.

« L'Islam reconnait difficilement la notion de laïcité »

« Tout cela est dû au fait que, selon la doctrine classique, l'Islam se définit comme un ensemble indissociable : Religion, Société et État« , explique le patriache Raï. « Le pouvoir politique ne peut pas se détacher de la considération religieuse, surtout que l'État, dans son fonctionnement, doit respecter les préceptes de la Loi islamique (Charia) qui puise elle-même ses sources dans le Coran et les Hadith. Par conséquent, l'Islam reconnaît difficilement la notion de laïcité« .

« La question insoluble du conflit israélo-palestinien »

« Les chrétiens d'Orient sont confrontés aujourd'hui à trois grands défis« , ajoute-t-il. « Leur cohabitation de plus en plus difficile avec un Islam dénaturé par la croissance des fondamentalistes; la question insoluble du conflit israélo-palestinien; l'insécurité sociale et économique. Cependant, les chrétiens moyen-orientaux vivent depuis des siècles le dialogue islamo-chrétien. Pour eux, il s'agit surtout d'un dialogue de vie au quotidien. Ils en connaissent les richesses et les limites« .

« Les chrétiens doivent jouir d'une pleine citoyenneté »

« Grâce à leur présence effective dans les pays du Moyen-Orient qui remonte à 2000 ans, les chrétiens ont le droit et le devoir de participer pleinement à la vie nationale de leurs patries« , insiste-t-il. « Ils doivent jouir d'une pleine citoyenneté et ne pas être traités en citoyens de second ou troisième degré« .

« La sécurité est un droit fondamental »

« La sécurité est fondamentale pour toute vie individuelle et collective », rappelle-t-il. « C'est un droit de tout citoyen que l'État se doit d'assurer. Il ne s'agit donc en aucune manière d'une protection d'une minorité par une majorité, mais d'un droit fondamental et commun à tous, sans distinction et sans discrimination aucune« .

« Les grandes douleurs de l'édification d'un État moderne »

Le cardinal Raï a commenté plus précisément « ce que l'on a appelé le 'printemps arabe', qui a introduit les peuples dans une expérience dont nous éprouvons aujourd'hui les joies et les peines, les promesses et les appréhensions. Ce sont les grandes douleurs et les grandes difficultés de l'édification d'un État moderne, efficace et stable, au régime démocratique respectueux de la dignité de l'homme, de la rotation du pouvoir, de la transparence des résultats des élections« .

« Les deux facettes du 'printemps arabe' »

« Il est juste de prendre en considération les deux facettes de ce printemps arabe« , nuance-t-il. « D'un côté, le printemps arabe s'avère une révolte effective contre des systèmes totalitaires. Des groupements, qui étaient jusque là marginalisés voire persécutés, ont pu émerger au profit d'un certain pluralisme d'allure démocratique, et essaient d'œuvrer plus efficacement pour une citoyenneté juste et respectueuse des libertés et du droit à la différence. Le droit des peuples de décider eux-mêmes de leur propre sort retrouve ainsi toute son ampleur« .

« En Syrie, on n'arrive plus à comprendre la violence »

« D'un autre côté, l'écroulement des systèmes totalitaires a frayé le chemin du pouvoir à l'extrémisme musulman, sous le couvert de l'adoption de la démocratie et des réformes politiques. Mais en réalité, c'est l'anarchie, le chaos, la violence, le terrorisme et la guerre. L'Irak a perdu un million de chrétiens et subit une guerre civile entre Sunnites et chiites. L'Égypte passe avec les Frères musulmans à un régime islamiste basé sur la charia et le pays souffre d'une forte cassure du peuple. En Syrie, on n'arrive plus à comprendre l'objectif de la violence et de la guerre entre belligérants« .

« Des États d'Orient et d'Occident ne font que fomenter la guerre »

« Des États d'Orient et d'Occident ne font que fomenter la guerre sans aucun appel aux parties en conflit en faveur de la paix, du dialogue et des négociations« , s'indigne le cardinal Raï. »Nous soutenons que les réformes politiques et la démocratie doivent être l'œuvre des populations concernées, selon leur propres aspirations. Dans ces pays, la majorité dite « silencieuse » doit pourvoir s'exprimer librement. Sa modération est une nécessité« .

« Le Liban n'a pas de religion officielle »

À plusieurs reprises, le patriarche maronite, ancien évêque de Jbeil (Byblos), au nord de Beyrouth, a souligné la singularité de son pays. « Le Liban sépare entre Religion et État, il n'a pas une religion officielle, tout en respectant toutes les religions; il adopte le système démocratique qui reconnait toutes les libertés publiques et les droits fondamentaux de l'homme; il se base sur le dialogue et la convivialité entre chrétiens et musulmans selon un Pacte national, ainsi que sur leur participation égalitaire au pouvoir et à l'administration. Dans la Constitution libanaise, la liberté du culte ou de croyance est qualifiée d'absolue« .

« Une interdépendance qui va jusqu'à marquer l'identité des uns et des autres »

S'appuyant sur l'Exhortation apostolique « Ecclesia in Medio Oriente : Communion et Témoignage », signée par le pape Benoît XVI le 14 septembre 2012 à Beyrouth, le prélat libanais a souligne que « le Concile Vatican II nous enseigne que l'Église est appelée à être 'le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain' ». »Cela montre que les fondements de notre présence en Orient se trouvent inscrits au cœur de notre foi, et pas uniquement liés aux circonstances historiques et matérielles ou à notre propre choix. Notre 'vivre-ensemble' ne signifie pas une existence parallèle ou une simple collaboration entre les différentes parties d'une même société mais une conscience de vie partagée et d'une interdépendance qui va jusqu'à marquer l'identité culturelle et spirituelle des uns et des autres« .

« Jean Paul II disait : Le Liban est plus qu'un pays, c'est un message »

« Avouons qu'il n'est pas facile à un croyant d'accueillir l'autre différent, comme un élément positif dans son espace social et culturel, ainsi que dans son espace intérieur« , argumente le cardinal Raï. « Cependant, l'histoire plus que millénaire du 'vivre ensemble' entre chrétiens et musulmans dans la région nous apprend, par le biais du dialogue, que ces différences irréductibles peuvent être surmontées, voire même transformées en source d'enrichissement mutuel. Parlant précisément de cette réalité, le Bienheureux Jean Paul II avait déclaré que 'le Liban est plus qu'un pays : il est un message de liberté et un modèle de pluralisme pour l'Orient comme pour l'Occident'« .

« Un réexamen de nos discours religieux et éducatifs »

« En ces temps de bouleversements et de quête de vérité, notre espoir est de voir le Liban assumer son rôle de message« , affirme le patriarche maronite. « Malgré ses multiples fragilités, le Liban reste en effet porteur de cette mission humaniste et civilisationnelle d'une pluralité réconciliée, dont l'Orient ainsi que l'Occident ont tant besoin. Cette responsabilité passe par la lutte contre toutes les formes de fondamentalisme et de fanatisme aveugles et de xénophobie. Elle exige un réexamen de nos discours religieux et éducatifs et l'interpellation des autres pour faire de même, afin que nos pratiques soient cohérentes avec nos principes« .

« Les chrétiens sont les gardiens de cette région »

« Les chrétiens du Moyen Orient sont les gardiens de cette région du monde qui est la patrie des trois grandes religions : le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam« , conclut le cardinal Raï, à l'adresse des « pays amis« , dont « en premier lieu, la France« . « Il est donc nécessaire d'y soutenir leur présence pour que l'Évangile de salut, de fraternité, de justice et de paix soit toujours proclamé, célébré et vécu dans ses valeurs spirituelles, humaines et sociales« .

Cela passe selon lui par les objectifs suivants :

- « soutenir les valeurs de pluralisme, d'égalité et de liberté dans les pays du Moyen-Orient, tout en conservant une totale neutralité vis-à-vis du fait religieux et s'appuyer sur les textes internationaux pour défendre les droits fondamentaux des citoyens, tant majoritaires que minoritaires« ;

- « respecter la diversité et les particularités des différentes communautés chrétiennes, musulmanes et juives et soutenir en même temps les initiatives aptes à reconnaitre la juste place des chrétiens dans leurs sociétés« ;

- « préserver la présence chrétienne effective et influente dans les pays du Moyen-Orient face à la montée croissante des groupements fondamentalistes et djihadistes qui risqueraient de pousser les musulmans, qui sont modérés dans leur majorité, vers l'intégrisme, lequel menacerait la paix dans le monde« ;

- « lutter contre la marginalisation des chrétiens et veiller à ce qu'ils soient bien intégrés dans la vie sociale, culturelle et politique de leurs pays d'origine« ;

- « endiguer le conflit sanglant entre Sunnites et Chiites et lutter contre la partition des nations en mini-Etats confessionnels« ;

- « pratiquer une politique d'accueil humanitaire quand c'est nécessaire mais ne favoriser en aucun cas l'émigration des chrétiens de la terre d'Orient et les aider plutôt par des projets de développement, à s'y enraciner« .

 

(1) L'intégralité de la conférence du cardinal Raï sera publié dans les Actes du colloque, organisé par le pasteur Jacques-Noël Pérès, qui dirige l'ISEO

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

- Le reportage de La Croix auprès des chrétiens maronites libanais, paru le 23 novembre 2012 (payant)

- Le texte de l'Exhortation apostolique « Ecclesia in Medio Oriente : Communion et Témoignage » signée par le pape Benoît XVI le 14 septembre 2012 lors de son voyage à Beyrouth.

- Le texte du document de travail (Lineamenta) de l'assemblée spéciale pour le Moyen Orient du synode des évêques qui s'était réuni à Rome du 10 au 24 octobre 2010 et le dossier que La Croix avait réalisé à cette occasion.

- l'histoire de l'Église maronite par le P. Karam Rizk, directeur de l'Institut d'histoire de l'université Saint-Esprit de Kaslik,  par le site lesclesdumoyenorient et par Wikipédia

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