29/5/2013-De la « compassion à la compréhension » à l'égard des chrétiens d'Orient | La-Croix.com
LES CHRÉTIENS AU PROCHE-ORIENT
De la compassion à la compréhension
de Bernard Heyberger
Manuels Payot, 153 p.,
L'histoire des chrétiens d'Orient ne se réduit pas à celle d'une « lente dégénérescence imputable aux musulmans ». En cent cinquante pages, solidement documentées mais accessibles au grand public, l'historien Bernard Heyberger contredit la thèse selon laquelle, depuis 622, date du début de l'Hégire, le christianisme est condamné à disparaître au Moyen-Orient et l'islam à « l'emporter ».
Le tableau que dresse ce spécialiste des chrétiens d'Orient et des relations entre islam et christianisme, en particulier en Syrie et au Liban, n'est pas idyllique, loin de là : les chrétiens ont disparu en Turquie et sont « en voie de l'être en Palestine, en Irak et en Syrie ». De surcroît la « confessionnalisation » croissante des fidèles des deux grandes religions monothéistes – c'est-à-dire leur plus grande homogénéisation, sous la houlette d'un clergé renforcé – fait que « jamais sans doute (ils) n'ont été aussi éloignés dans leurs croyances et leurs pratiques qu'aujourd'hui ».
Mais tel n'a pas toujours été le cas, démontre Bernard Heyberger, qui rappelle que les « premières élaborations théologiques islamiques » ont traité de leur rapport au christianisme, et n'ont pas été sans conséquences à leur tour sur la doctrine chrétienne. Et qui cite également ces nombreux lieux de pèlerinage, en Palestine ou en Égypte, partagés par les croyants de diverses religions et confessions.
Sur le plan démographique, la thèse du déclin inéluctable ne tient pas davantage : un coup d'œil en arrière, aux XIXe et XXe siècles notamment, suffit à le démontrer. Quoi qu'il en soit de l'avenir des chrétiens d'Orient, et sans nier les épreuves qu'ils traversent actuellement dans de nombreux pays, ce petit livre a le mérite de nous pousser à reconsidérer la question non plus seulement sous l'angle de la « compassion » mais de la « compréhension », et à mettre l'accent sur les ressources dont ils disposent, ici ou là, pour se prendre en charge.
Quant aux sociétés majoritairement musulmanes, même confrontées à une « islamisation galopante », elles devront inévitablement se poser la question du pluralisme en leur sein, assure Bernard Heyberger, que ce soit en raison de la persistance de fidèles chrétiens sur leur sol natal, ou – dans le pire des cas – à partir des traces historiques de leur passage : églises, monastères, etc.
Envoyé de mon iPad jtk
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