L'Église maronite est l'une des nombreuses églises d'Orient à autoriser l'ordination des hommes mariés.
Père Antoine Sarkis a six enfants. Pendant dix-sept ans, sa propre expérience d'époux et de père a enrichi les séances de préparation au mariage dont il avait la charge pour les jeunes couples de son diocèse. Ce prêtre libanais maronite, l'une des Églises catholiques orientales, a lui-même réfléchi longuement à la signification du mariage avant de décider qu'il ne pouvait y renoncer. «J'ai terminé mes études au séminaire des pères jésuites avec l'idée qu'un prêtre se devait d'être célibataire. C'est pourquoi je me suis donné du temps. Ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai été ordonné, en 1989, 13 ans après mon mariage. Car la vocation a toujours été là. L'appel de Dieu ne fait pas la différence entre un homme marié ou célibataire.» Ce prêtre du diocèse d'Antélias, au nord de Beyrouth, dit ne pas comprendre que l'Église occidentale reste figée dans des interdictions datant du XIIe siècle.
Fondée au Ve siècle par saint Maron près d'Antioche, l'Église maronite est la seule d'Orient à avoir été fidèle à Rome dès l'origine. La tradition y est depuis des siècles d'autoriser l'ordination des hommes mariés. Il reste impossible de se marier après le sacerdoce, pas même après le diaconat. Un prêtre marié peut assumer tout type de charges, mais il n'a pas la possibilité de s'élever dans la hiérarchie ecclésiale. «Des veufs ont été nommés évêques: ce sont des exceptions», explique Mgr Issam Abi Khalil, recteur du séminaire maronite. Au total, la moitié des prêtres maronites sont mariés, même si cette proportion varie beaucoup suivant les 23 diocèses: dans celui de Beyrouth, elle tombe à 42 %, alors qu'elle atteint 86 % à Tripoli, la principale ville du nord du Liban, soit autant que la moyenne des mariages parmi les prêtres de l'Église orthodoxe qui frôle les 90 %. «Notre culture catholique dominante, le fait de poursuivre des études en Europe, explique cette différence. Le taux de célibat était nettement plus faible dans l'Église maronite au début du XXe siècle», précise Mgr Abi Khalil.
Selon lui, la possibilité du mariage est tellement ancrée dans la culture des Églises orientales qu'il est difficile d'en évaluer l'impact sur les vocations. «Nous n'avons jamais lié ces deux courbes», dit-il. Si l'acceptation des hommes mariés facilite l'ordination, elle pose aussi des problèmes à l'Église, souligne le recteur du séminaire: les diocèses ont moins de flexibilité pour organiser leurs paroisses, car il s'agit de gérer des familles au lieu d'hommes seuls, sans compter le coût de leur prise en charge. En terme de successions en revanche, aucune difficulté: à la différence des moines, les prêtres ont un patrimoine propre. Malgré tout, explique-t-il, «la tendance dans les villages est de préférer les prêtres célibataires jugés plus disponibles par leurs ouailles».
Envoyé de mon iPad jtk
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