CE VILLAGE DE 15 000 ÂMES DONT DEUX TIERS DE CHRÉTIENS AVAIT ÉTÉ RELATIVEMENT ÉPARGNÉ PAR LE CONFLIT
Les villageois de Maaloula, à 55 km au nord de Damas, ont longtemps vécu à l'écart de la guerre, formant un havre de paix dans la Syrie déchirée. Appartenant à la communauté chrétienne ou à la minorité musulmane, ils refusaient de choisir entre les rebelles de l'Armée syrienne libre et les forces de Bachar Al Assad. Les habitants avaient même refusé les armes proposées par le régime qui pousse à la constitution de milices armées, rapportait en décembre dernier La Croix . Mais la guerre a finalement rattrapé le village aux célèbres refuges troglodytes, lové au creux des montagnes.
Les djihadistes du Front Al-Nosra sont tombés comme la foudre mercredi 4 septembre 2013 à l'aube. « Un véhicule conduit par un kamikaze a explosé devant un barrage, donnant le signal de l'attaque », précise l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les dix militaires qui gardaient le poste à l'entrée de Maaloula ont été tués durant l'assaut. Les rebelles ont ensuite paradé dans le village aux cris d'« Allah Akbar », avant d'essuyer des tirs de l'aviation syrienne. Ils ont fini par quitter les lieux sans combattre. Jeudi matin, une dizaine de militaires du régime avaient remplacé leurs camarades décédés la veille sur le check-point.
Avant cet assaut, ce village de 15 000 âmes dont deux tiers de chrétiens avait été relativement épargné par le conflit. Les rebelles se contentaient d'occuper un hôtel et le couvent Saint-Serge situés sur les hauteurs de Maaloula, mais s'abstenaient de tirer sur la commune. Une sorte de pacte de non-agression existait entre les hommes en armes originaires des clans des montagnes et les troupes du régime de Bachar Al Assad. De la guerre, les habitants subissaient surtout les enlèvements crapuleux qui fleurissent dans cette région, proche du Liban et propice à tous les trafics.
« Par cette démonstration de force, les islamistes d'Al-Nosra ont voulu démolir l'idée que le gouvernement est capable de protéger les minorités »
Ce premier assaut d'importance a profondément choqué les habitants. D'après deux témoignages, les djihadistes au cours de leur passage ont commis des vols et des dégradations dans une église paroissiale. Ils ont aussi rassemblé des villageois à l'intérieur d'une salle commune, puis les ont obligés à crier « Allah Akbar » sous la menace des armes. « Par cette démonstration de force, les islamistes d'Al-Nosra ont voulu démolir l'idée que le gouvernement est capable de protéger les minorités », analyse l'historien Frédéric Pichon, auteur d'une thèse sur Maaloula.
Longtemps les chrétiens ont semblé relativement épargnés par les djihadistes en guerre contre le régime. « Mais nous constatons depuis quelques semaines une multiplication des enlèvements de chrétiens ou de mises à sac des Églises par des groupes proches de la rébellion, observe le P. Pascal Gollnisch, directeur général de l'Œuvre d'Orient. Nous exigeons des autorités françaises et internationales qu'elles obtiennent des rebelles la protection des lieux de cultes, l'arrêt du racket et des persécutions contre les chrétiens et nous demandons que toute aide à la rébellion soit soumise à ces exigences. »
Envoyé de mon iPad jtk
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