8/9/2013-La planète divisée sur la « punition » à infliger à Damas | La-Croix.com
Le secrétaire d'État américain John Kerry multiplie son offensive diplomatique pour rallier des soutiens en faveur des frappes aériennes sur la Syrie avant le vote du Congrès américain attendu en fin de semaine.
Selon la presse américaine, le Pentagone prépare des frappes plus longues et plus intenses que prévu contre les forces de Bachar Al Assad.
« Les choses ont beaucoup bougé au cours de ce week-end » sur le dossier syrien, s'est réjoui dimanche 8 septembre Laurent Fabius sur France 3. Le ministre français des affaires étrangères a estimé que Paris et Washington n'avaient « pas besoin » de l'engagement militaire des 28 États membres de l'Union européenne pour lancer des frappes militaires contre le régime syrien de Bachar Al Assad, accusé d'avoir franchi la ligne rouge en tuant des centaines de civils à l'arme chimique le 21 août dernier dans les banlieues de Damas. Le « soutien politique » des Européens est suffisant pour le chef de la diplomatie française qui estime en l'occurrence avoir clairement obtenu un tel soutien visant à conférer une légitimité internationale à une intervention militaire.
Les ministres des affaires étrangères des Vingt-Huit ont en effet appelé samedi à une « réponse claire et forte » aux attaques chimiques à l'issue d'une réunion de deux jours à Vilnius en Lituanie. La veille, 11 des membres du G20 réunis à Saint-Pétersbourg avaient également fait une déclaration lancée à l'initiative des États-Unis appelant à « une réponse internationale forte » à laquelle s'est ralliée dans un deuxième temps l'Allemagne.
De plus les six pays du Conseil de coopération du Golfe (Bahreïn, Koweït, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Arabie saoudite) ont exhorté la communauté internationale à intervenir en Syrie pour « délivrer le peuple frère de Syrie de la tyrannie de son régime, et mettre fin à sa souffrance ».
« C'est notre Munich à nous ! »
Le secrétaire d'État américain John Kerry, aux côtés de son homologue français, s'est aussi déclaré samedi soir assuré d'un soutien international « large et grandissant » afin de « punir » Damas. « Les États-Unis ne peuvent laisser un dictateur se servir impunément des armes les plus effroyables » a-t-il justifié en lançant « C'est notre Munich à nous ! », à l'adresse des opinions occidentales de plus en plus hostiles à toute intervention.Selon un sondage Ifop pour Le Figaro publié samedi, 64 % des Français sont opposés à une intervention militaire internationale (et 68 % à un engagement militaire de la France) alors qu'ils étaient 45 % à être contre le 29 août.
Dimanche 8 septembre, John Kerry a rencontré plusieurs ministres des pays arabes, notamment les ministres égyptien et saoudien avant de gagner Londres, contraint à l'inaction en raison du veto du Parlement. Le gouvernement britannique de David Cameron appelle toutefois à la mobilisation internationale. « Le risque de ne rien faire est plus grand que celui d'agir » a affirmé dimanche 8 septembre le ministre des affaires étrangères, William Hague. Selon lui, la situation deviendrait « alarmante » si les autres parlements du monde venaient à s'opposer à une intervention.
Hollande s'adressera aux Français après la décision du Congrès américain
John Kerry poursuivait ainsi son offensive diplomatique pour convaincre du bien-fondé d'une intervention militaire avant les échéances cruciales américaines. Le Congrès américain qui se réunit à partir d'aujourd'hui doit débattre de la question syrienne avant de donner son éventuel feu vert à des frappes. L'issue du vote, envisagé au mieux en fin de semaine, est jugée très incertaine. Le président Barack Obama doit, lui, s'adresser à la nation américaine demain.D'après l'édition dominicale du Los Angeles Times, le Pentagone prépare d'ores et déjà une opération d'envergure concentrée sur soixante-douze heures. Celle-ci mobiliserait des bombardiers et destroyers lance-missiles pour viser une liste d'objectifs beaucoup plus large que les 50 cibles initialement envisagées.
Quant à François Hollande, il s'adressera aux Français après la décision du Congrès américain et la publication du rapport de l'ONU sur les attaques chimiques, attendu dans les jours ou semaines à venir ; le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'étant juste engagé à aller « le plus vite possible ». John Kerry a, lui, estimé que si frappes il devait y avoir, les États-Unis se laissent le droit de ne pas attendre l'échéance onusienne considérée par de nombreux pays comme une étape essentielle, susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations d'attaques aux gaz toxiques.
« Ambiguïté »
La communauté internationale a-t-elle pour autant réellement progressé sur le dossier syrien ces derniers jours ? « La France et les États-Unis étaient dans une situation très difficile à l'ouverture du G20 », commente Denis Bauchard, conseiller pour le Moyen-Orient à l'Institut français des relations internationales. « Ils ont certes réussi à sortir de leur isolement mais au profit de l'ambiguïté. Les communiqués des onze du G20 et des 28 de l'UE ne valident aucunement le principe d'une intervention militaire, ni une intervention hors du cadre de l'ONU. On peut même considérer que Vladimir Poutine sort renforcé du G20, sa position hostile à toute action quelle qu'elle soit a été avalisée par les Brics [Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud] ».Et celle-ci a été suivie par les neuf pays membres de l'Alba (alliance latino-américaine). Le ministre iranien des affaires étrangères d'Iran, principal soutien de Damas dans la région, a rappelé haut et fort hier qu'une frappe militaire contre la Syrie serait « illégale » selon la charte de l'ONU, et avait beau jeu de dénoncer le fait que les États-Unis fassent « fi du droit international ».
Quant à la portée des frappes ciblées, la question reste entière. S'agit-il de sauver la face en tirant les oreilles du régime de Bachar al Assad au risque de renforcer ce dernier ? interrogeait en substance François Heisbourg, conseiller du président de la Fondation pour la recherche stratégique samedi sur les antennes de RFI. « Il n'y a pas de solution militaire à la situation en Syrie. Il faut une solution politique », avait déclaré le président du conseil européen Herman Van Rompuy avant l'ouverture du G20. Une solution politique qui s'est encore un peu plus éloignée à Saint-Pétersbourg. La perspective d'une nouvelle conférence de Genève n'a même pas été envisagée.
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Les échéances prévues
Lundi 9 septembre : Fin des vacances parlementaires aux États-Unis. Le Congrès commence à débattre des frappes voulues par le président Barack Obama en réaction à l'attaque chimique du 21 août près de Damas, dont il accuse le régime de Bachar Al Assad. Barack Obama enregistre une interview avec les six grandes chaînes de télévision américaines, qui sera diffusée dans la soirée. John Kerry, son secrétaire d'État, regagne Washington, après avoir rencontré à Londres le président palestinien Mahmoud Abbas, puis le chef de la diplomatie britannique, William Hague.
Mardi : Barack Obama adresse un message à la nation, un jour avant les commémorations des attentats du 11 septembre 2001. Le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Mouallem, se rend à Moscou, grand allié de Damas.
Jeudi ou vendredi : Vote du Congrès américain, dont l'issue est très incertaine, notamment à la Chambre des représentants. Possibles frappes, les États-Unis ne s'étant pas engagés à attendre le rapport des inspecteurs de l'ONU.
Durant les jours suivants : Remise du « rapport des inspecteurs » de l'ONU, qui ont enquêté fin août sur les accusations d'attaques aux gaz toxiques le 21 août. Après une éventuelle saisine des Nations unies, intervention de François Hollande à la télévision.
Envoyé de mon iPad jtk
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