Justin Welby voit en Daech « l'Hérode d'aujourd'hui »
« À tous ceux qui sont – ou ont été – déshumanisés par la tyrannie et la cruauté d'un Hérode ou d'un État islamique, l'Hérode d'aujourd'hui, le jugement de Dieu arrive comme une bonne nouvelle, car il promet la justice », a déclaré Justin Welby, l'archevêque de Cantorbéry et primat de la Communion anglicane, lors de son sermon de Noël, vendredi 25 décembre, dans la cathédrale de Cantorbéry, au sud-est de l'Angleterre.
Il faisait référence au roi de Judée, au pouvoir de l'an 37 avant Jésus-Christ jusqu'à sa mort, en - 4. Selon les historiens, Hérode a assassiné plusieurs membres de sa famille et, d'après l'Évangile selon Matthieu, ordonné le meurtre de tous les enfants de moins de deux ans de Bethléem pour tenter d'empêcher l'avènement de Jésus.
« Fausse apocalypse »
Les djihadistes de Daech, a poursuivi Justin Welby, « détestent la différence, qu'elle provienne de musulmans qui pensent autrement, de yézidies ou de chrétiens. À cause d'eux, les chrétiens sont menacés d'éradication dans la région même où la foi chrétienne est née. »
Évoquant une « fausse Apocalypse », l'archevêque de Cantorbéry a encore déclaré que les djihadistes de Daech, « usant d'une force et d'une cruauté indescriptible, semblent accueillir favorablement toute opposition, persuadés que la guerre ainsi déclenchée confirme qu'on arrive en effet à la fin des temps ».
« Ce dont nous souffrons en ces jours est l'absence de miséricorde »
Méditant sur l'actualité internationale, lors de l'homélie de la messe de la nuit de Noël en l'église Sainte-Catherine de Bethléem, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, a pour sa part déploré « que nous avons perdu notre humanité et nos valeurs spirituelles, la religion devenant un motif pour tuer au nom de Dieu, au lieu d'inviter à la fraternité ». À ses yeux, « ce dont nous souffrons en ces jours est l'absence de miséricorde – comme si l'avènement du Christ et le message de Noël furent vains ».
Devant le président de l'État de Palestine Mahmoud Abbas et son premier ministre Rami al Hamdallah, qui participaient à la cérémonie au premier rang, avec de nombreux diplomates et responsables politiques venus du monde entier, le patriarche latin a appelé à la solidarité avec « ces millions de réfugiés éparpillés dans des camps et des baraques, en proie à un froid mordant… Nous songeons à ceux qui fuient les zones de conflit, traversant la mer dans des barques de fortune, faisant se transformer la mer en un gigantesque cimetière. »
« Tout n'est pas perdu »
Il a salué les États qui ont ouvert leurs portes aux exilés : la Jordanie, le Liban, la Turquie, et de nombreux pays européens. « Oui, il existe encore une miséricorde, et aussi une bonté, dans ce monde. Tout n'est pas perdu ! », a-t-il lancé, précisant que les semences de la miséricorde sont implantées dans toutes les religions.
Quand la miséricorde devient une composante de l'action publique, elle sera alors capable de transférer le monde de la sphère des intérêts égoïstes à celle des valeurs humaines, a-t-il insisté : « La miséricorde est un acte politique par excellence, à condition de définir la politique dans son sens le plus noble, c'est-à-dire la prise en charge de la famille humaine à partir des valeurs éthiques. »
La ville qui a vu naître Jésus était cette année sous haute tension en raison de la violence quotidienne qui règne à Jérusalem et dans les territoires palestiniens occupés. Mgr Twal a ainsi évoqué les « maisons démolies à Jérusalem et en Palestine », les « terrains expropriés », et les « hommes touchés par une punition collective ». « Nous songeons aux victimes du terrorisme, partout, de quelque peuple que ce soit. Ils sont tous nos frères en Humanité. Que leur cri devienne le nôtre ; abattons ensemble la barrière de l'indifférence ! »
Avec Apic et AFPJtk
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