SYRIE : Le message de foi des chrétiens d'Alep
SYRIE- Quelque 240 000 morts, - dont 12 000 enfants -, 12 millions de personnes nécessitant une aide d'urgence, des millions de réfugiés et déplacés : voici, selon les dernières estimations, le bilan du conflit armé qui ravage la Syrie depuis 4 ans.
Nombreux sont les chrétiens syriens à avoir choisi la voie de l'exode ; plusieurs ont choisi de rester, notamment à Alep, ville au nord du pays, prise en étau entre l'armée de Bachar Al-Assad et les forces rebelles. Deux prêtres et trois religieuses de l'Institut du Verbe Incarné s'y trouvent actuellement. C'est pour les visiter que le père Marcelo, le provincial de cette congrégation argentine, s'est rendu à Alep. Nous l'avons rencontré à son retour.
Quelle est la situation sur place?
Il y a énormément de quartiers détruits autour d'Alep. Les rebelles dits "modérés" et les islamistes entourent la ville. On entend régulièrement les bruits de bataille, les échanges de tirs, les bombardements.
Les conditions de vie des populations sont évidemment très difficiles. Les familles vivent sur leurs réserves d'eau, car il n'y en a plus à disposition. Pas non plus d'électricité ; plusieurs groupes électrogènes ont été mis en place, et les habitants peuvent aller acheter des ampères à l'heure, pour 1 ou 2 heures par jour. Mais les magasins sont ouverts, les marchés aussi ; les transports publics fonctionnent. La vie continue…
Vous avez rencontré les communautés chrétiennes sur place. Dans quelles conditions vivent-elles? Quel est leur état d'esprit?
Les chrétiens sont à la même école que les autres. Ils souffrent de la situation, et sont tentés par l'émigration. Il n'y a pas de statistiques officielles, mais on estime que près de 60% des chrétiens d'Alep sont partis.
Ceux qui sont restés, -une majorité de catholiques-, continuent de vivre, malgré tout, dans un esprit de foi et d'espérance absolument admirable. Mais ils restent confrontés à un dilemme, devant le danger ; certains craignent l'arrivée de Daech, et songent à partir. D'autres sont décidés à rester, quoi qu'il arrive. « La Syrie c'est ma vie, ma patrie, m'ont dit plusieurs personnes, je ne veux pas partir ». Pour moi, cette épreuve doit être vécue comme un temps de purification spirituelle pour nos frères chrétiens de Syrie.
Quel message leur avez-vous transmis ?
Un message de proximité, de solidarité avant tout. Ils sont touchés de voir et d'entendre que le Pape François et les chrétiens du monde entier prient pour eux. Ils apprécient également la présence de missionnaires parmi eux ; des missionnaires qui ont fait le choix de venir en Syrie, et d'y rester, malgré la guerre. Et finalement ce sont eux, ces chrétiens et ces missionnaires, qui nous délivrent un message de maturité, de patience, de foi et d'espérance.
Des propos recueillis par Manuella Affejee
20 novembre 2015
Jtk
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