Les deux Églises maronite et grecque-melkite catholique tiennent, depuis hier, leurs synodes annuels respectifs, l'une à Bkerké, l'autre à Aïn Trez, résidence d'été patriarcale. Les deux assemblées partagent des appréhensions communes, notamment sur l'impact de la guerre et des clivages politiques régionaux sur la présence et la mission des chrétiens en Orient.
À l'ouverture des travaux du synode maronite, le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, en a présenté ainsi l'ordre du jour : la formation des prêtres, le renouveau liturgique, les tribunaux religieux, le service de la justice et de la réconciliation conjugale (NDLR : augmentation du nombre des procès), l'enseignement théologique officiel de l'Église catholique, dans ses volets dogmatique et moral (NDLR : rappel à l'ordre, semble-t-il), les occupations et missions des évêques ayant atteint l'âge de la retraite, les questions administratives et financières, les missions et les évêchés au Liban et dans la diaspora, les préparatifs à l'entrée de l'Église maronite dans l'Année de la vie consacrée, décrétée par le pape François.
Le patriarche a exhorté les évêques à s'exprimer librement, tout en leur rappelant l'obligation de conscience qu'ils ont à respecter la confidentialité des travaux.
Il a poursuivi par ces mots : « Au cours de la retraite spirituelle qui a précédé nos travaux, à l'occasion de la fête du Sacré-Cœur, en accueillant la statue de Notre-Dame de Fatima, en renouvelant la consécration du Liban et des pays du Moyen-Orient à son Cœur Immaculé, nous avons prié. Poursuivons nos prières pour qu'un nouveau président de la République soit élu, pour la stabilité et une réconciliation générale au Liban. Aucun Libanais sincère n'accepte cette vacance au niveau de la fonction présidentielle qui est entrée dans sa deuxième année et qui provoque des dysfonctionnements au niveau des institutions constitutionnelles, ainsi que de la pauvreté et de l'anarchie. Est-ce ainsi que l'on se prépare à célébrer le centenaire de la proclamation du Grand Liban (2020) ? »
Et le patriarche Raï de conclure sur cette exhortation : « Nous avons prié pour que la guerre prenne fin par les voies diplomatiques en Syrie, en Irak, au Yémen, et pour que la paix soit instaurée en Palestine-Terre sainte et dans tous les pays du Moyen-Orient. La prière demeure le moyen le plus puissant pour mériter l'intervention de Dieu dans notre histoire maculée de sang, de guerre, de violence et de terrorisme. À Lui éternelle gloire. »
Le synode de l'Église grecque-melkite
Par ailleurs, le synode annuel de l'Église grecque-melkite catholique se tient depuis hier à Aïn Trez, sous la présidence du patriarche Grégorios III. À l'ordre du jour, comme pour le synode maronite, la situation de la famille – en crise – en prévision du synode sur la famille qui se tient à Rome (5-25 octobre 2015) ; les paroisses et diocèses affectés par la guerre en Syrie, en particulier les diocèses de Homs et d'Alep.
À Alep, a précisé Grégorios III, deuxième capitale chrétienne de Syrie, presque toutes les églises ont été endommagées. Dans la vieille ville, le bâtiment du diocèse et sa cathédrale ont été sérieusement endommagés. Cet examen nous engage à penser aux paroisses de Damas, vers lesquelles ont reflué la majorité des chrétiens affectés par l'exode intérieur et qui déploient de grands efforts d'assistance (entre 40 et 50 000 dollars d'aide par mois). Des rapports circonstanciés seront lus par les évêques concernés, sur ces différentes situations.
L'émigration des chrétiens
« Il est triste et terrible de voir combien les crises – notons le pluriel – qui affectent le Moyen-Orient poussent les chrétiens de cette région à l'émigration, a souligné dans son discours inaugural le patriarche, reflétant une inquiétude commune à tous les patriarches orientaux. Cette émigration n'est pas sans graves conséquences sur ce qui fait l'essence même de la mission des chrétiens dans un Moyen-Orient à majorité musulmane, celle d'édifier ce que beaucoup, après le père Corbon s.j., ont appelé l'Église des Arabes. »
« Mais notre tristesse est encore plus profonde quand nous observons que cette émigration touche l'équilibre même du Liban et la présence des chrétiens. Selon un récent sondage, 60 % des Libanais songent à l'émigration et 35 % d'entre eux sont effectivement dans l'attente d'un visa. »
« Les candidats à l'émigration sont, en majorité, des chrétiens. Si tel est le cas pour le Liban, qu'en sera-t-il dans les pays de moindre stabilité ? À nous de travailler pour tenter de freiner cette hémorragie », a conclu le patriarche.
Grégorios III a annoncé au passage que le dossier de canonisation du prêtre salvatorien Béchara Abou Mrad, déjà proclamé vénérable, progresse et qu'un miracle de guérison qui lui est attribué a été versé à son dossier. Il a annoncé que la cause de béatification d'un laïc, Boutros Kassab, fondateur d'écoles catholiques à Saïd, sera introduite à Rome au cours de cette année.
Pour mémoire
Double appel du synode des évêques maronites aux députés libanais et aux chrétiens du M-O
Les évêques maronites appellent les députés à « se décider »
Envoyé de mon Ipad
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