L'attention continue du pape pour les « martyrs d'aujourd'hui »
Le pape François n'a pas eu de geste destiné spécifiquement aux chrétiens d'Orient pour Noël, comme en 2014. Mais il n'a pas manqué de rappeler, plus largement, le sort de « nos frères, persécutés dans de nombreuses parties du monde à cause de la foi », comme au cours de son message pour la Nativité avant sa traditionnelle bénédiction urbi et orbi. « Ce sont nos martyrs d'aujourd'hui », a-t-il ajouté.
Une expression qu'il a reprise le 26 décembre à midi, avant l'angélus pour la fête de Saint-Etienne, premier martyr du christianisme. Le même jour, le Saint-Siège diffusait, aux 25 millions d'abonnés au compte twitter du pape, un message invitant à « (prier) pour les chrétiens qui sont persécutés, souvent avec le silence honteux de beaucoup ».
Prions pour les chrétiens qui sont persécutés, souvent avec le silence honteux de beaucoup.
— Pape François (@Pontifex_fr) 26 Décembre 2015
Les limites de la diplomatie dans le cas du terrorisme
Un silence dénoncé à maintes reprises par Jorge Bergoglio qui, dans son message de Noël, a de nouveau demandé « que l'attention de la communauté internationale soit unanimement dirigée à faire cesser les atrocités », se gardant d'expliciter de quelle manière.
Si elle promeut toujours le dialogue dans les conflits, la diplomatie vaticane en mesure les limites dans le cas du terrorisme.
« On peut se demander comment il est possible de dialoguer avec qui n'est pas ouvert au dialogue et refuse même de reconnaître l'humanité de l'autre, ou encore comment il est possible de dialoguer en face de positions fondamentalistes », s'interrogeait le 14 décembre le « ministre des affaires étrangères » du pape, Mgr Paul Gallagher, lors d'une soirée-débat coorganisée par La Croix, au centre Saint-Louis de Rome. « Il est licite et urgent d'arrêter l'agression par l'action multilatérale et un usage proportionné de la force », déclarait-il.
Le pape insiste sur les bienfaits du pardon devant les persécutions
Sans reprendre son expression de « troisième guerre mondiale par morceaux », le pape François a rappelé, le 25 décembre, les lieux qui ont été touchés « par d'atroces actions terroristes » au cours de l'année 2015, énumérant les attentats en « Égypte, à Beyrouth, Paris, Bamako et Tunis ».
Décrivant les « effroyables souffrances » infligées aux populations d'Irak, de Syrie, du Yémen et d'Afrique subsaharienne, il a déploré que ce terrorisme touche aussi « le patrimoine historique et culturel de peuples entiers », à l'exemple des ruines détruites à Palmyre (Syrie).
Mais faire cesser les atrocités n'exclut pas le pardon dans un monde, dépeint dans son homélie la nuit de Noël, « trop souvent dur avec le pécheur et mou avec le péché ». Alors que les célébrations du temps de Noël se déroulent durant le jubilé de la miséricorde, le pape a aussi insisté sur les bienfaits du pardon devant les persécutions.
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Il a ainsi rappelé comment saint Étienne, à l'exemple du Christ sur la croix, avait demandé à Dieu de ne pas compter les péchés de ceux qui le lapidaient et comment Saul – futur saint Paul –, qui cherchait à détruire l'Église chrétienne naissante, avait ainsi été pardonné par Étienne.
« Nous pouvons dire que Paul est né de la grâce de Dieu et du pardon d'Étienne », a-t-il conclu. Ce besoin de pardonner pour avancer était encore au cœur de son homélie, dimanche 27 décembre, pour la fête de la Sainte Famille.
Sébastien Maillard (envoyé spécial permanent à Rome)Jtk