Confusion autour de l'aide aux chrétiens d'Orient
Pourquoi l'œuvre d'Orient s'adresse-t-elle à ses donateurs ?
Dans un courrier daté du 9 décembre, adressé à ses donateurs, l'Œuvre d'Orient met en garde contre le risque de confusion entre cette dernière, présente depuis plus d'un siècle et demi auprès des communautés chrétiennes du Proche-Orient (22 pays), et la jeune association « SOS chrétiens d'Orient », très active dans les médias et sur le terrain depuis deux ans. « Nous souhaitons lever clairement l'ambiguïté : il n'y a aucun lien entre nos deux associations », souligne Pierre Sabatié-Garat, le président de l'Œuvre d'Orient. Selon les responsables de cette œuvre d'Église dirigée par Mgr Pascal Gollnisch, la proximité des noms, les objectifs affichés et les documents émis par « SOS Chrétiens d'Orient » induisent en erreur nombre de donateurs. « Après avoir libellé leur chèque à SOS chrétiens d'Orient, ils se tournent vers nous pour obtenir leur reçu fiscal, détaille-t-on auprès de l'Œuvre d'Orient. D'autres encore s'étonnent de recevoir sans cesse de la publicité agressive qui ne vient pas de chez nous. » S'il rappelle dans sa lettre que les chrétiens d'Orient « ne sont évidemment la propriété de personne », le président de l'Œuvre d'Orient met aussi en garde contre la récupération de leur cause « à des fins de politique intérieure française ».
Qui sont « SOS Chrétiens d'Orient » ?
Fondée il y a deux ans par Charles de Meyer, ancien assistant du député d'extrême droite Jacques Bompard, et Benjamin Blanchard, ancien collaborateur de l'eurodéputée Marie-Christine Arnautu (FN), SOS chrétiens d'Orient se présente sur son site Internet comme une « association qui œuvre à la réalisation de projets concrets promouvant la fraternité avec les chrétiens d'Orient ». Ses dirigeants revendiquent l'envoi, en deux ans d'existence, de plus de 400 volontaires (essentiellement des étudiants) en Syrie, en Irak, au Liban et en Jordanie, ainsi que la levée annuelle de 3,5 millions d'euros. L'association a su se signaler sur le terrain par une multitude d'actions à forte visibilité : distributions de cadeaux à Noël et de nourriture, aide à la construction d'écoles et de logements pour les réfugiés, avec publication en temps réel de compte rendu sur les réseaux sociaux. Elle a aussi organisé des voyages « touristiques » en Syrie et la venue dans ce pays du député chrétien-démocrate Jean-Frédéric Poisson, avec à la clé la rencontre de Bachar-Al-Assad. « Notre but est d'être intégralement indépendants », affirme Charles de Meyer, se défendant de toute tentative de récupération des donateurs de l'Œuvre d'Orient : « Nos 35 000 donateurs ont un profil plus militant et sont intéressés par le côté dynamique de nos actions. »
Un « dynamisme » jugé toutefois excessif par les instances dirigeantes de l'Œuvre d'Orient. Un récent appel aux dons caricaturait ainsi les propos du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius en lui prêtant la phrase : « Le Front Al-Nosra (NDLR : branche syrienne du groupe islamiste Al-Qaida) fait du bon boulot », détournant celle-ci de son contexte. « On peut critiquer une position gouvernementale sans pour autant agresser un ministre », fait remarquer Mgr Gollnisch.
Samuel LievenJtk
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