Au début de sa visite de trois jours en Turquie, vendredi 28 novembre, le pape François a fait valoir la « grande responsabilité » d'Ankara pour mettre fin aux violences à ses frontières, qui entraînent l'afflux de réfugiés
Il a appelé à la « solidarité de tous les croyants » contre le fanatisme, associant chrétiens et musulmans
La guerre qui sévit aux frontières de la Turquie s'est imposée comme la préoccupation majeure du pape François, au premier jour de sa visite en Turquie. Reçu dans le fastueux palais présidentiel flambant neuf de Recep Tayyip Erdogan, après son arrivée à Ankara, vendredi 28 novembre en milieu de journée, le pape a placé le pays devant ses « choix ».
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La Turquie « a une grande responsabilité », a-t-il affirmé au terme de son discours aux autorités du pays, après avoir décrit les ravages des « violences terroristes » en allusion à celles commises actuellement par Daech en Syrie et en Irak. « Les choix que fait la Turquie et son exemple sont très significatifs et peuvent être d'un secours considérable (..) pour identifier des chemins viables de paix », a-t-il souligné.
Une manière délicate de mettre le doigt sur l'ambiguïté d'Ankara dans ses rapports avec l'organisation terroriste semant la terreur dans son voisinage. Le pays n'a pas rejoint la coalition internationale constituée pour l'éliminer. Le président Erdogan a condamné devant le pape le « terrorisme d'État » en Syrie, s'en prenant « au tyran » en référence à Bachar Al Assad. Il a également vitupéré contre le terrorisme du PKK. Il regrette « l'identification entre islam et terrorisme » et « une perception négative contre les musulmans ».
« Licite d'arrêter l'agresseur injuste »
Le pape François est le premier chef d'État à être accueilli dans le nouveau palais présidentiel, « Maison-Blanche » à la construction coûteuse et controversée sur les hauteurs d'Ankara. Même les gardes alignés pour son arrivée, sous un ciel frais mais lumineux, étrennaient leur uniforme bleu clair impeccable.
Évoquant à deux reprises le « courage » que requiert la recherche de la paix, le pape a réaffirmé les conditions du soutien implicite du Saint-Siège aux frappes contre Daech. Répétant qu'il est « licite, tout en respectant le droit international, d'arrêter l'agresseur injuste », il a souligné que la solution au conflit ne pouvait pas être que « par une réponse militaire ». Une position diplomatique du Saint-Siège déjà affirmée à l'occasion du consistoire sur le Moyen-Orient le mois dernier.
Mettre fin aux violences commises au nom de la religion exige aussi, selon le pape François, que chrétiens et musulmans fassent cause commune contre elles. « Le fanatisme et le fondamentalisme (..) doivent être contrés par la solidarité de tous les croyants ». « Les peuples et les États du Moyen-Orient sont dans un urgent besoin de cette solidarité afin qu'ils puissent inverser la tendance », a-t-il déclaré.
Dans l'immédiat, le pape François s'est préoccupé du sort des réfugiés fuyant l'Irak et la Syrie, qu'il a évoqués brièvement devant la presse à bord du vol aller. Au palais présidentiel, il a remercié la Turquie de les héberger. Le pays en accueille plus de deux millions aujourd'hui sur son sol. « La communauté internationale a l'obligation morale d'assister la Turquie pour prendre soin des réfugiés », a-t-il demandé.
Liberté religieuse pour tous
Les affaires intérieures turques n'étaient pas non plus absentes du discours. Le pape a exprimé les attentes de l'Église catholique à l'égard de la liberté religieuse dans le pays. Son voyage survient à un moment où le pouvoir du président Erdogan est soupçonné d'islamisme rampant dans une République attachée depuis sa création par Atatürk à une laïcité très affirmée. Entre ces deux tendances, la petite minorité chrétienne cherche toujours à faire respecter sa place dans la société turque. Preuve de son petit nombre, il n'y avait aucune foule amassée pour saluer le passage du pape, dont le voyage se fait sans papamobile.
Le christianisme y est toutefois d'implantation très ancienne. Le pape François a commencé son discours devant le président Erdogan en énumérant les grands noms chrétiens associés à la Turquie, depuis saint Paul aux conciles tenus sur ces terres. « Il est essentiel que tous citoyens, musulman, juif, chrétien (..) bénéficient des mêmes droits et respectent les mêmes devoirs », a-t-il souligné, reprenant des appels déjà formulés par ses prédécesseurs dont il a rappelé les visites passées en Turquie.
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Des demandes que le pape François devait reprendre devant le président des affaires religieuses dans l'après-midi du vendredi 28 novembre. L'occasion d'insister sur ce que chrétiens et musulmans partagent en commun. Y compris dans leur secours aux réfugiés, auprès de qui le pape pourrait se rendre.
> Lire aussi le discours du pape au palais d'Ankara :« Avec l'aide de Dieu, nous pouvons et nous devons toujours renouveler le courage de la paix ! »
Envoyé de mon Ipad
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