23/3/2013- Entre 20.000 et 30.000 chrétiens ont quitté Alep
Mgr Antoine Audo, évêque syrien d'Alep, a estimé jeudi entre 20.000 et 30.000 le nombre de chrétiens ayant quitté la grande ville, et a exprimé à l'AFP son inquiétude pour deux jeunes prêtres enlevés depuis près d'un mois et demi.
L'évêque chaldéen, qui se trouve à Rome en tant que responsable de la Caritas-Syrie pour une réunion des organismes régionaux de secours catholique, a fait état de sa situation "douloureuse" de ne plus pouvoir être avec ses fidèles.
"Je fais mon travail depuis Damas. Je suis en contact avec mon vicaire, mes prêtres, mes amis et mes parents. La fermeture de l'aéroport d'Alep et les routes dangereuses ont empêché mon retour", a-t-il expliqué ajoutant "on me déconseille d'y aller, malgré mon fort désir d'être auprès de mon peuple".
"Il y a un mois et dix jours à Alep, deux jeunes prêtres ont été enlevés. Des rançons de 15 millions de livres syriennes, soit 150.000 dollars, ont été demandées", a-t-il confié.
L'air fatigué mais pesant ses mots, pour éviter toute déclaration pouvant encore aggraver la situation, le prélat a parlé d'une "inquiétude sous-jacente" ayant conduit au départ de 20.000 à 30.000 chrétiens sur les 160.000 que comptait Alep au début du conflit.
Il a aussi déclaré avoir entendu parler d'une attaque aux armes chimiques près d'Alep, mais n'avoir aucune information sur ses modalités et ses auteurs.
L'évêque a évoqué les trois types de déplacés : il y a d'abord ceux à l'intérieur de la Syrie, par exemple ceux qui vont de la périphérie de Damas vers le centre-ville. "Les chrétiens, dit-il, ne vont presque jamais dans les camps de réfugiés. C'est une question de dignité humaine. Ils se sentiraient mendiants".
La deuxième catégorie compte ceux qui partent au Liban, "pays chrétien" avec lequel les liens sont "historiques", où il y a des écoles et des ONG très actives, où le marché du travail peut offrir des opportunités, même si la vie y est très chère. "La majorité des riches chrétiens d'Alep est au Liban", selon lui.
Une troisième catégorie part vers le Canada ou les Etats-Unis, où se trouvent déjà des communautés syriennes, ainsi que vers la Suède, où des communautés syriaques et chaldéennes, également venues d'Irak, sont installées.
Interrogé sur un changement de régime éventuel, Mgr Audo s'est contenté de répondre : "les chrétiens de Syrie craignent qu'il arrive ce qui est arrivé en Irak".
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