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212/3/2013-La mission très difficile de Béchara Raï | Politique Liban | L'Orient-Le Jour
212/3/2013-La mission très difficile de Béchara Raï | Politique Liban | L'Orient-Le Jour
L'éclairage Au terme du sommet qui a regroupé, au siège du patriarcat maronite de Rome, le président de la Chambre Nabih Berry et le Premier ministre Nagib Mikati, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a pris en charge la mission de convaincre les leaders maronites de l'opportunité du scrutin mixte. Et pour cause : le projet de loi du Rassemblement orthodoxe n'a pu générer autour de lui un consensus national. Quant à la loi de 1960, tout le monde en parle désormais au passé. Les trois hommes se sont efforcés de ne rien filtrer des deux réunions tenues dans la cité aux sept collines pour ne pas tuer l'initiative dans l'œuf et éviter les attaques de part et d'autre. Mais des sources bien informées précisent que l'entretien a en effet porté sur la tenue du scrutin législatif dans les délais impartis et s'est conclu par un accord sur une nouvelle formule de loi électorale garantissant une saine représentation et acceptable par tous.
De source ministérielle, l'on précise ainsi que l'accord se rapproche énormément de la proposition du chef du courant du Futur, le député Saad Hariri, visant à sortir le pays de la crise. Il englobe l'adoption du scrutin mixte : soit sur base de 64 sièges élus sur base de la proportionnelle et 64 sur base du scrutin majoritaire, ou bien 60 % des sièges au scrutin majoritaire et 40 % à la proportionnelle. La première option serait pour l'instant favorisée. Ensuite, les élections du Sénat se dérouleraient sur base du projet Ferzli, le jour même de la tenue des législatives. Enfin, les trois hommes se sont entendus sur la nécessité de respecter les délais constitutionnels impartis, la formation d'un nouveau cabinet neutre, formé de non-candidats, et chargé de superviser les élections et un accord préalable sur un cabinet de partenariat national après les élections. La mission de convaincre les leaders maronites a été confiée au patriarche Raï, dans la mesure où un accord global chrétien faciliterait la promotion de cet accord ultérieurement.
De toute évidence, le bloc du Changement et de la Réforme s'est empressé de rejeter le projet mixte et d'exprimer son attachement au projet dit orthodoxe ou à la circonscription unique avec la proportionnelle. Le CPL a également demandé de transférer le projet Ferzli à la Chambre en séance plénière avant qu'un nouveau projet ne soit discuté. L'objectif étant, pour Michel Aoun et ses alliés, de pousser les Forces libanaises et le parti Kataëb jusque dans leurs derniers retranchements, pour voir s'ils iraient jusqu'au bout et voteraient pour le projet Ferzli... Un moyen comme un autre de leur faire passer un test de sincérité devant l'opinion publique, tout particulièrement chrétienne. En cas d'échec des deux formations au « test de chrétienté » aounien, le CPL pourrait aussitôt lancer une campagne féroce contre elles, les accusant de spolier les droits des chrétiens et de céder à la pression du courant du Futur, de Walid Joumblatt et des autres composantes du 14 Mars. Le général Aoun pourrait aussitôt bâtir sa propagande électorale comme en 2005, sur une éventuelle « trahison des chrétiens » sur le dossier de la loi électorale. Propagande qui, en 2005, lui avait rapporté gros, rappelons-le.
Dans le cas contraire – un vote Kataëb-FL en faveur du projet Ferzli – le chef du CPL et ses alliés s'en frotteraient les mains : l'attitude FL et Kataëb provoquerait la dislocation totale du 14 Mars et Michel Aoun triompherait quand même, puisque les deux partis, victimes de la surenchère chrétienne aouniste, se retrouveraient isolés sur la scène nationale.
De même, Nabih Berry n'est pas très enthousiaste concernant le projet Ferzli : il a promis à son allié de toujours, Walid Joumblatt, de ne convoquer l'assemblée plénière qu'en cas d'accord global sur la loi électorale et de ne pas soumettre le projet dit orthodoxe au vote. Encore une position qui renforce Michel Aoun, très fort pour jouer sur les faiblesses et les contradictions des autres.
De l'aveu d'un ministre aouniste, le CPL n'a lancé le projet Ferzli que pour embarrasser ses adversaires, chrétiens et courant du Futur réunis, améliorer sa position dans les négociations en cours et rallier autour de lui l'électorat chrétien. Les milieux aounistes sont d'ailleurs extrêmement surpris de l'attitude du président de la République, qui s'est hâté de faire savoir qu'une telle loi sectaire ne passerait pas et qu'il présenterait un recours devant le Conseil constitutionnel pour s'en assurer. « Quels sont les objectifs qui animent réellement le chef de l'État ? Pourquoi ne laisse-t-il pas le 14 Mars lui-même constituer le fer de lance à ce projet », s'interroge un ministre aouniste. Ce ministre précise qu'un émissaire du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme doit se rendre incessamment chez le chef de l'État pour expliciter la position aouniste au sujet de la loi Ferzli : le CPL n'est pas en sa faveur, mais a juste voulu coincer ses adversaires et s'assurer que la loi de 1960 serait définitivement hors jeu, dit-il, sans cacher sa crainte d'une résurrection de cette loi de 1960, malgré son rejet par toutes les composantes libanaises. Pourtant, un hôte récent du général Aoun raconte que ce dernier reste attaché à la loi orthodoxe... ou bien à la circonscription
unique avec la proportionnelle! En tout état de cause, un projet de loi mixte est complètement rejeté par le chef du CPL, qui affirme, catégorique, qu'il n'y a qu'une seule solution en dehors des deux projets qu'il favorise : il n'y aura pas d'élections. Et que, le cas échéant, Michel Aoun serait en faveur d'un maintien du cabinet jusqu'en 2014.
En fait, un ministre bien informé des derniers développements estime que le rôle du patriarche maronite, au lendemain du sommet de Rome, est d'assurer une couverture à un report des élections s'il s'avère impossible de respecter les délais constitutionnels. Le patriarche Raï tentera dans les jours qui viennent de promouvoir l'idée d'un autre projet que celui du Rassemblement orthodoxe dans les milieux chrétiens garantissant la parité islamo-chrétienne. D'où la convocation des chefs de partis chrétiens à Bkerké à la fin de la semaine pour les tenir au courant des résultats de ses concertations à Rome... S'il échoue, il n'aura plus qu'un seul recours : proposer un report des élections.
De source ministérielle, l'on précise ainsi que l'accord se rapproche énormément de la proposition du chef du courant du Futur, le député Saad Hariri, visant à sortir le pays de la crise. Il englobe l'adoption du scrutin mixte : soit sur base de 64 sièges élus sur base de la proportionnelle et 64 sur base du scrutin majoritaire, ou bien 60 % des sièges au scrutin majoritaire et 40 % à la proportionnelle. La première option serait pour l'instant favorisée. Ensuite, les élections du Sénat se dérouleraient sur base du projet Ferzli, le jour même de la tenue des législatives. Enfin, les trois hommes se sont entendus sur la nécessité de respecter les délais constitutionnels impartis, la formation d'un nouveau cabinet neutre, formé de non-candidats, et chargé de superviser les élections et un accord préalable sur un cabinet de partenariat national après les élections. La mission de convaincre les leaders maronites a été confiée au patriarche Raï, dans la mesure où un accord global chrétien faciliterait la promotion de cet accord ultérieurement.
De toute évidence, le bloc du Changement et de la Réforme s'est empressé de rejeter le projet mixte et d'exprimer son attachement au projet dit orthodoxe ou à la circonscription unique avec la proportionnelle. Le CPL a également demandé de transférer le projet Ferzli à la Chambre en séance plénière avant qu'un nouveau projet ne soit discuté. L'objectif étant, pour Michel Aoun et ses alliés, de pousser les Forces libanaises et le parti Kataëb jusque dans leurs derniers retranchements, pour voir s'ils iraient jusqu'au bout et voteraient pour le projet Ferzli... Un moyen comme un autre de leur faire passer un test de sincérité devant l'opinion publique, tout particulièrement chrétienne. En cas d'échec des deux formations au « test de chrétienté » aounien, le CPL pourrait aussitôt lancer une campagne féroce contre elles, les accusant de spolier les droits des chrétiens et de céder à la pression du courant du Futur, de Walid Joumblatt et des autres composantes du 14 Mars. Le général Aoun pourrait aussitôt bâtir sa propagande électorale comme en 2005, sur une éventuelle « trahison des chrétiens » sur le dossier de la loi électorale. Propagande qui, en 2005, lui avait rapporté gros, rappelons-le.
Dans le cas contraire – un vote Kataëb-FL en faveur du projet Ferzli – le chef du CPL et ses alliés s'en frotteraient les mains : l'attitude FL et Kataëb provoquerait la dislocation totale du 14 Mars et Michel Aoun triompherait quand même, puisque les deux partis, victimes de la surenchère chrétienne aouniste, se retrouveraient isolés sur la scène nationale.
De même, Nabih Berry n'est pas très enthousiaste concernant le projet Ferzli : il a promis à son allié de toujours, Walid Joumblatt, de ne convoquer l'assemblée plénière qu'en cas d'accord global sur la loi électorale et de ne pas soumettre le projet dit orthodoxe au vote. Encore une position qui renforce Michel Aoun, très fort pour jouer sur les faiblesses et les contradictions des autres.
De l'aveu d'un ministre aouniste, le CPL n'a lancé le projet Ferzli que pour embarrasser ses adversaires, chrétiens et courant du Futur réunis, améliorer sa position dans les négociations en cours et rallier autour de lui l'électorat chrétien. Les milieux aounistes sont d'ailleurs extrêmement surpris de l'attitude du président de la République, qui s'est hâté de faire savoir qu'une telle loi sectaire ne passerait pas et qu'il présenterait un recours devant le Conseil constitutionnel pour s'en assurer. « Quels sont les objectifs qui animent réellement le chef de l'État ? Pourquoi ne laisse-t-il pas le 14 Mars lui-même constituer le fer de lance à ce projet », s'interroge un ministre aouniste. Ce ministre précise qu'un émissaire du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme doit se rendre incessamment chez le chef de l'État pour expliciter la position aouniste au sujet de la loi Ferzli : le CPL n'est pas en sa faveur, mais a juste voulu coincer ses adversaires et s'assurer que la loi de 1960 serait définitivement hors jeu, dit-il, sans cacher sa crainte d'une résurrection de cette loi de 1960, malgré son rejet par toutes les composantes libanaises. Pourtant, un hôte récent du général Aoun raconte que ce dernier reste attaché à la loi orthodoxe... ou bien à la circonscription
unique avec la proportionnelle! En tout état de cause, un projet de loi mixte est complètement rejeté par le chef du CPL, qui affirme, catégorique, qu'il n'y a qu'une seule solution en dehors des deux projets qu'il favorise : il n'y aura pas d'élections. Et que, le cas échéant, Michel Aoun serait en faveur d'un maintien du cabinet jusqu'en 2014.
En fait, un ministre bien informé des derniers développements estime que le rôle du patriarche maronite, au lendemain du sommet de Rome, est d'assurer une couverture à un report des élections s'il s'avère impossible de respecter les délais constitutionnels. Le patriarche Raï tentera dans les jours qui viennent de promouvoir l'idée d'un autre projet que celui du Rassemblement orthodoxe dans les milieux chrétiens garantissant la parité islamo-chrétienne. D'où la convocation des chefs de partis chrétiens à Bkerké à la fin de la semaine pour les tenir au courant des résultats de ses concertations à Rome... S'il échoue, il n'aura plus qu'un seul recours : proposer un report des élections.
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