Le Liban craint d'être submergé par les réfugiés syriens
par Michael Stott et Samia Nakhoul
BEYROUTH (Reuters) - Dans un entretien accordé lundi à l'agence Reuters, le président libanais Michel Sleimane invite la communauté internationale à partager le fardeau des réfugiés syriens qui, dit-il, risque d'embraser et de submerger son petit pays.
"Lorsqu'un incendie éclate chez votre voisin, vous devez supposer que les flammes vont s'étendre et il faut tenter de les arrêter", explique cet ancien général dans son palais de Baabda, qui domine la capitale et n'est distant que de 40 km de la frontière syrienne.
Pour le chef de l'Etat de confession maronite, la présence sur le sol libanais d'un million de Syriens, s'ajoutant à celle, plus ancienne, de réfugiés palestiniens équivaut au quart de la population du Liban.
"Cette proportion surpasse les capacités de tout pays quel qu'il soit. Ce n'est pas seulement une question d'aide matérielle et d'assistance; nos capacités géographiques et démographiques sont saturées et les problèmes découlant de cet afflux massif nous affectent sur les plans social, économique et sécuritaire", explique-t-il.
Le Pays du cèdre, fragile mosaïque confessionnelle aux équilibres instables, affirme abriter aujourd'hui un million de Syriens fuyant les combats entre les insurgés et les forces restées loyales au président Bachar al Assad. Un tiers d'entre eux y ont officiellement le statut de réfugiés, le reste étant pour l'essentiel de la main d'oeuvre et les familles.
Ils vivent au sein d'une nation qui compte quatre millions de ressortissants et reste divisée entre chrétiens maronites et musulmans sunnites et chiites. Le pays, longtemps soumis à la tutelle du voisin syrien, reste traumatisé par la guerre civile qui a fait des milliers de morts entre 1975 et 1990.
"ÉTEINDRE L'INCENDIE"
Le président Michel Sleimane propose la tenue d'une conférence internationale permettant à d'autres pays de la région d'accueillir des réfugiés syriens, à la manière de la Convention de Genève de 1979 qui a permis aux nations occidentales d'accueillir des dizaines de milliers de "boat people" fuyant la guerre du Viêtnam.
"Le monde devrait songer à la manière dont on pourrait soulager le Liban de ce fardeau (...) Pour des raisons humanitaires, on ne peut pas refouler un seul réfugié affamé, blessé, terrifié ou persécuté. Mais qu'arrivera-t-il dans l'hypothèse d'une épidémie ou d'une famine?"
"Il faudrait ventiler les réfugiés syriens (dans d'autres pays)", propose-t-il.
Le Liban est la cible de violences sporadiques depuis le début, en mars 2011, du soulèvement syrien. Des dizaines de personnes ont été tuées lors de combats de rue à Tripoli, la grande cité portuaire du Nord-Liban, entre la majorité sunnite, qui soutient les insurgés syriens, et la minorité alaouite, proche de Bachar al Assad.
"Le danger est là. Il nous faut éteindre l'incendie", plaide le président libanais. "Nous devrions toujours posséder un extincteur. Une guerre est en cours mais la Syrie ne sera pas divisée ou partagée. Ce serait une catastrophe pour l'ensemble de la région mais cela n'arrivera pas."
Il a ajouté: "L'Europe, la Russie, les Etats-Unis et les grandes puissances devraient convenir d'une solution et l'imposer aux Arabes et aux Syriens."
Jean-Loup Fiévet pour le service français
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