Le Vatican a publié mardi 23 décembre une lettre du pape François aux chrétiens du Moyen-Orient.
À l'approche de Noël, il souhaite manifester son soutien à l'égard de communautés très éprouvées, en particulier par les exactions de l'organisation État islamique.
Il y livre un vibrant plaidoyer pour le dialogue interreligieux.
« Vous avez une grande responsabilité et vous n'êtes pas seuls à l'affronter. C'est pourquoi j'ai voulu vous écrire pour vous encourager pour vous dire combien votre présence et votre mission sont précieuses en cette terre bénie par le Seigneur. »
C'est une lettre du pape François empreinte d'une particulière gravité que le Vatican a rendu publique mardi 23 décembre. Dans ce message aux « chrétiens du Moyen-Orient », traduit en huit langues, dont l'arabe, et envoyé à quelques jours de Noël, le pape entend surtout marquer ses encouragements à l'égard de communautés très éprouvées.
Il y manifeste son soutien en plusieurs temps. Après avoir invité les chrétiens de la région à rester attachés au Christ, souhaitant que « l'épreuve » fortifie leur foi et leur fidélité, il les exhorte longuement à « collaborer avec des personnes d'autres religions ».
L'antidote du dialogue
Dans ce vibrant appel au dialogue, il martèle : « Le dialogue interreligieux est d'autant plus nécessaire que la situation est plus difficile. Il n'y a pas d'autre voie. » Le dialogue, poursuit-il, est « le meilleur antidote à la tentation du fondamentalisme religieux ».
Le pape s'adresse en particulier aux chrétiens vivant « dans un milieu à majorité musulmane » : « Vous pouvez aider vos concitoyens musulmans à présenter avec discernement une image plus authentique de l'islam ».
Il prodigue également ses encouragements, tout particulièrement aux jeunes (« N'ayez pas peur ni honte d'être chrétiens »), aux personnes âgées (« vous êtes la mémoire de vos peuples ») et aux religieux présents sur place. Enfin, le pape soutient ceux qui œuvrent dans les domaines de la charité et de l'éducation. « Vous contribuez aussi à la paix dont la région a faim comme de pain », leur écrit-il.
Présence précieuse
Il insiste, enfin, sur l'importance des chrétiens au Moyen-Orient, alors que nombre d'entre eux souhaitent fuir leur pays : « Votre présence même est précieuse pour le Moyen-Orient. Vous êtes un petit troupeau, mais avec une grande responsabilité en cette terre, où est né et où s'est répandu le christianisme. »
Ce message rappelle celui adressé le 8 décembre aux chrétiens d'Irak, à l'occasion de la « fête des Lumières » organisée par le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, à Erbil, la capitale du Kurdistan. « Les chrétiens sont en train d'être chassés du Moyen-Orient, dans la souffrance », avait déploré le pape, en leur assurant prier pour eux.
« Vous êtes, en ce moment même, ce roseau, avait-il affirmé dans un message vidéo. Vous pliez avec douleur, mais vous avez cette force qui vous fait tenir bon dans votre foi, et c'est pour nous un témoignage. Aujourd'hui, vous êtes les roseaux de Dieu ! »
Abus indignes de l'homme
Des encouragements rendus nécessaires, selon le pape, par l'aggravation de la situation dans la région, en particulier en raison de l'organisation État islamique.
Sans jamais la citer, il fustige dans sa lettre une « organisation terroriste », qui « commet toutes sortes d'abus et de pratiques indignes de l'homme, en frappant de manière particulière certains d'entre vous qui ont été chassés de façon brutale en de leurs propres terres, où les chrétiens sont présents depuis les temps apostoliques ». À nouveau, il exhorte les responsables musulmans à une condamnation « unanime » et « sans aucune ambiguïté » de ces « crimes ».
Celui qui a invité, en juin, les présidents israélien et palestinien à une prière pour la paix dans les jardins du Vatican, avait aussi marqué les esprits, un mois auparavant, lors de son voyage en Terre sainte, en priant au pied du mur de séparation, à Bethléem, et près du mur occidental de Jérusalem.
Pour le pape, cette lettre est aussi un message de plus adressé à la communauté internationale, et une occasion d'insister sur la nécessité de poursuivre le « travail diplomatique », et sur sa condamnation du « trafic d'armes ».
Mgr Sako : le pape peut venir en Irak
« J'espère beaucoup avoir la grâce de venir personnellement vous visiter et vous réconforter », conclut François. Une volonté qui fait écho à celle exprimée par Mgr Louis Raphaël Sako, patriarche de Babylone des Chaldéens, d'accueillir le pape dans son pays.
« Sa sécurité en Irak peut être garantie, assurait-il dans un récent entretien à l'Aide à l'Église en détresse. Sa visite serait bien plus qu'une visite. Elle aurait une énorme valeur pastorale et spirituelle ».
Mgr Sako suggère que l'évêque de Rome, « sur une seule journée », puisse rencontrer les membres du gouvernement irakien, puis célébrer une messe à Erbil. La possibilité de faire escale dans cette ville du nord de l'Irak, un temps envisagée à l'occasion du voyage du pape en Turquie, avait été abandonnée par le Saint-Siège pour des questions de sécurité.
Envoyé de mon Ipad
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