Pour les Coptes d'Egypte, un premier Noël sous un pouvoir islamiste
Les Coptes orthodoxes d'Egypte célèbrent lundi leur premier Noël sous un pouvoir issu des Frères musulmans, dans un climat d'inquiétude face à la montée en puissance de l'islam politique, en dépit des assurances des autorités."Je ne me sens pas vraiment en sécurité", assure Ayman Ramzi, résumant le sentiment grandissant dans cette communauté chrétienne, la plus nombreuse du Moyen-Orient et l'une des plus anciennes, qui se rassemblera dimanche soir pour la messe de minuit avant de célébrer Noël lundi. Ayman, 38 ans, évoque la multiplication des déclarations "hostiles" dans certains milieux islamistes radicaux, même si le chef de l'Etat, Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, a promis d'être "le président de tous les Egyptiens".
Une fatwa diffusée depuis plusieurs jours sur des sites internet par une association proche des fondamentalistes salafistes, "le comité légitime pour les droits et la réforme", dont fait partie le numéro deux de la confrérie des Frères musulmans Khairat al-Chater, demande ainsi de ne pas adresser des voeux aux Coptes à l'occasion de leurs fêtes.Tout récemment, le journal indépendant al-Watan a donné la parole à un responsable salafiste, Hicham al-Achri, présenté comme le fondateur d'une "Commission pour la promotion de la vertu et la prévention du vice".
Ce fondamentaliste souhaite aller à la rencontre des Coptes devant leurs églises pour les encourager à se convertir à l'islam et réclame que les chrétiennes portent le foulard islamique.
"Je suis vraiment consternée par la multiplication de déclarations réactionnaires de ce genre", déclare Madonna Nagi, étudiante copte de 23 ans, qui s'indigne aussi de la multiplication des déclarations dans la presse ou de personnalités islamistes, pointant du doigt les chrétiens comme les instigateurs de la récente vague de contestation de M. Morsi.
Depuis son élection en juin, le président a promis à plusieurs reprises de garantir les droits et l'égalité de tous les citoyens, sans distinction de religion, et a adressé ses félicitations au nouveau patriarche copte, Tawadros II, intronisé en novembre.
Mais ces propos n'ont pas suffi à rassurer les Coptes, qui représentent 6 à 10% des quelque 83 millions d'Egyptiens.
Beaucoup d'entre eux parlent désormais de l'exil, citant l'exemple de proches ou de voisins.
"Ma soeur a peur pour l'avenir et elle est partie aux Etats-Unis avec ses enfants, mais je ne veux pas quitter mon pays", affirme Raymond Faez, 38 ans. Cet employé d'une compagnie aérienne évoque toutefois un "malaise général" au sein de la communauté chrétienne.
A Choubra, quartier populaire du Caire où vivent de nombreux chrétiens, des commerçants évoquent des lettres de menaces portant la signature d'islamistes radicaux adressées à la veille de Noël. "Ces lettres, nous en recevons depuis des années", affirme d'un air résigné Morkos Rouchdi, un boutiquier.
Comme du temps de l'ex-président Hosni Moubarak, la charia reste la "source principale de la législation", et selon ses détracteurs, la nouvelle Constitution adoptée en décembre pourrait ouvrir la voie à des interprétations radicales de cette loi islamique.
Les Coptes sont présents à travers tout le pays, avec des concentrations plus fortes en Moyenne-Egypte. On les trouve également dans toutes les catégories sociales, des pauvres éboueurs du Caire ("zabbaline") aux grandes familles patriciennes.
Déjà très peu représentés dans les instances gouvernementales et la haute fonction publique, ils redoutent de se voir davantage marginalisés. Ils déplorent également une législation très contraignante pour l'édification des églises, alors que la construction de mosquées est plus libre.
De nombreux affrontements, parfois meurtriers, entre chrétiens et musulmans ou avec les forces de l'ordre, ont jalonné la transition depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011.
Mais la communauté n'était pas épargnée du temps de l'ancien président. Dans la nuit du 1er janvier 2011, un attentat non revendiqué a fait 23 morts à la sortie d'une église copte d'Alexandrie, après la messe du Nouvel An.
Envoyé de mon iPad jtk
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