Nasrallah : Oui au projet de loi électorale orthodoxe
Le Hezbollah a levé hier l'ambigüité qui pouvait encore planer au sujet de ses options législatives en annonçant qu'il votera en faveur du projet de loi électorale dite orthodoxe élaboré par Élie Ferzli et appuyé par le Courant patriotique libre du général Michel Aoun.
Le projet de loi prévoit que chaque communauté votera pour ses propres députés, dans le but de réaliser une parité absolue entre les deux corps electoraux chretien et musulman.
Prenant la parole à l'occasion de la fête du Maouled (la naissance du Prophète), le secrétaire général du Hezbollah a affirmé « comprendre les appréhensions » qui animent les courants chrétiens et les poussent à rechercher une parité parfaite avec les candidats musulmans ».
« Le choix d'une loi électorale dans les circonstances actuelles est très délicat, plus délicat que jamais auparavant, en raison des circonstances que traversent le pays et la région et affectent tout particulièrement le Liban, a dit Hassan Nasrallah. Et tout naturellement, les appréhensions des chrétiens sont plus fortes, en particulier quand ils voient ce qui se passe dans la région, ce qui s'est passé avec les chrétiens d'Irak. Ils ont le droit d'avoir peur et de considérer que les événements sont déterminants et loin d'être ordinaires. C'est pourquoi ils abordent ces élections avec des idées fondatrices. »
(Lire aussi : Loi électorale : ne surtout pas se tromper de bataille ni d'adversaire)
En ce qui concerne la loi électorale, le secrétaire du Hezbollah a déclaré que ce qu'il considère « fondamental », c'est le scrutin proportionnel. Ce mode de scrutin est le plus à même de donner aux forces politiques en présence « leur véritable poids électoral » et de permettre au maximum de forces « significatives » d'accéder au Parlement, a-t-il dit.
Pour Nasrallah, le découpage des circonscriptions importe peu, pourvu que le mode de scrutin proportionnel soit adopté. Et d'ajouter que le parti acceptera tous les projets basés sur ce mode de scrutin, que le Liban soit adopté comme circonscription unique où que le découpage soit au niveau des mohafazats ; il a dit accepter aussi le projet avancé par le ministère de l'Intérieur prévoyant l'élection d'une partie seulement de la Chambre grâce à ce mode de scrutin.
« Une fois que la Chambre sera convoquée, a-t-il indiqué, nous le disons sans détour, nous voterons pour le projet de loi orthodoxe.
Les chrétiens affirment que le projet orthodoxe leur donnera l'occasion d'être représentés pleinement. Offrons-leur, comme musulmans, cette occasion et élisons un Parlement où personne ne pourra affirmer qu'il n'est pas équitablement représenté en fonction de son véritable poids électoral, et ce Parlement offrira peut-être au Liban l'occasion de corriger le système en place. »
Hassan Nasrallah avait rappelé, auparavant, qu'il avait été critiqué pour avoir parlé, il y a quelques mois, d'un « congrès constitutif ».
Il avait par ailleurs protesté contre ceux qui affirment que le projet de loi orthodoxe est « le projet du Hezbollah », y votant « une insulte aux chrétiens et à Bkerké ».
(Lire aussi : Une proposition bête, méchante et... dangereuse pour les chrétiens)
Les armes et l'argent
Après avoir contesté que les armes aient été utilisées pour influer sur l'issue du scrutin, en 2009, et avancé que le type d'arme qui peut influer sur un vote « ce ne sont pas les missiles, mais les kalachnikovs qui sont aux mains de tous », Hassan Nasrallah a affirmé qu'il existe, par contre, une arme bien plus significative qui peut fausser le scrutin : celle de l'argent.
Et de préciser avoir entendu « de ma propre oreille » un haut responsable, dont il a tu le nom, affirmer que lors de la campagne de 2009, « l'autre camp a dépensé 3 milliards de dollars ».
Le secrétaire général du Hezbollah a demandé qu'un débat soit ouvert sur la question, ajoutant qu'il doit également comprendre le rôle des médias.
Sur un autre plan, Hassan Nasrallah a demandé aux forces politiques de prendre garde au discours confessionnel et de ne plus parier sur un effondrement du régime syrien.
Nasrallah estime que les conflits qui secouent le monde arabe sont politiques avant tout. « Ne jouons pas avec le feu, ne prenons pas le risque de libérer le génie de la discorde confessionnelle de sa lampe ; nous ne pourrions plus l'y faire rentrer ! »
Lire aussi:
Les méfaits des systèmes électoraux de liste, la tribune de Carlos Eddé
Pour mémoire
Un microscope et des ciseaux..., l'analyse d'Elie Fayad
Pas très catholique..., le coup dépingle d'Elie Fayad
Envoyé de mon iPad jtk
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