Raï, Audi et Bustros appellent à une citoyenneté pacifiste
Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a présidé à Bkerké la messe du jour de l'An, consacré par le Vatican comme Journée mondiale de la paix. « L'aspiration à la paix se trouve à l'intérieur de chaque être humain, qui est créé à l'image de Dieu », a affirmé Mgr Raï dans son homélie. Reprenant en résumé la lettre adressée par le pape pour la nouvelle année, il a appelé chacun à assumer son rôle de « faiseur de paix ». « Celle-ci naît de la rencontre de l'homme avec Dieu. Elle est à la fois un don de Dieu et le fruit du labeur humain », a-t-il encore ajouté. En conséquence, « tout groupe, qu'il soit religieux ou laïc, pédagogique ou culturel, doit œuvrer pour la réalisation du bien à l'échelle de la société ». Le patriarche maronite a également mis l'accent sur « le respect de la vie humaine et des droits de l'homme comme base du travail pacifique », avant de dénoncer « les meurtres d'innocents incapables de se défendre, et l'impunité qui s'ensuit ».
Repenser l'économie pour produire le bonheur« Produire le bonheur est un apprentissage qui transcende toutes les appartenances communautaires », a-t-il précisé, rappelant que « les faiseurs de paix sont également ceux qui respectent la liberté de culte, ainsi que tous les droits civiques et politiques ». Il a appelé notamment à « la mise au point de politiques audacieuses et modernes pour accroître les opportunités de travail et défendre les droits des ouvriers ». Il a préconisé dans ce cadre « un modèle nouveau pour le développement et l'économie, fondé sur les valeurs spirituelles et morales ». Se désolant du « modèle de surconsommation et d'individualisme ayant prévalu au cours des dernières décennies », Mgr Raï a souhaité qu'un modèle nouveau se dégage de la crise économique actuelle, qui soit basé sur « le sens de l'initiative et des libéralités ». Il a enfin appelé à répandre la culture de la paix dans les familles, les établissements pédagogiques et au niveau des groupes religieux. « Que chacun œuvre pour surmonter les obstacles qui divisent et affermir les liens de l'amour », a-t-il conclu.
Par ailleurs, le patriarche maronite continuait de recevoir hier les délégations venues le féliciter pour les fêtes, parmi lesquelles les délégations respectives de l'école de Notre-Dame de Louaizé; de l'association La maison du Liban dans le monde, « Beyt Loubnan al-aalam » ; et de l'association islamique al-Ourfan. Il s'est également entretenu avec le ministre de l'Éducation Hassan Diab, qui a déclaré avoir résolu l'affaire des permis pour les écoles semi-gratuites « en un temps record », grâce notamment à l'appui du patriarche. Mgr Raï a également reçu respectivement la députée Bahia Hariri et le député Élie Aoun, les anciens ministres Roger Dib et Ziyad Baroud, ainsi que le président de la Fondation maronite dans le monde, l'ancien ministre Michel Eddé.
D'autre part, l'archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, ayant célébré la messe du jour de l'An en l'église Notre-Dame du Rosaire à Ras Beyrouth, a déclaré que « la paix imposée par les usurpateurs n'en est pas une. Les vainqueurs d'aujourd'hui sont les vaincus de demain ».
Audi : « Nous rêvons d'un État civil... »
De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth et de ses dépendances, l'évêque Élias Audi, a rappelé la recommandation de l'apôtre saint Paul, dont la teneur est que « la réputation sociale, économique et surtout humaine de notre patrie ne sera rétablie que par les fils honorables de cette patrie ». Célébrant la messe dans la cathédrale Saint-Georges (place de l'Étoile), Mgr Audi a valorisé l'union en tant que principe de vie, « même si la politique, les intérêts et les exigences de quelque appartenance nous éloignent l'un de l'autre ». Il a tenu à saluer dans ce cadre « chaque responsable dans ce pays qui s'exprime selon sa conscience, sans souci de ménager personne ni excès de zèle intéressé ». Rappelant que tous les hommes sont égaux devant Dieu, il a évoqué « notre rêve pour un État civil où tous les citoyens sont égaux ». Seul ce modèle serait en effet susceptible « d'éliminer la corruption qui ronge le Liban et en éloigner tous les éléments susceptibles de nuire à son rôle ».
L'appel de Bustros aux politiques
Pour sa part, le métropolite grec-catholique de Beyrouth, de Jbeil et de ses dépendances, Mgr Kiryllos Salim Bustros, a présidé la messe hier dans la cathédrale Saint-Élie au centre-ville. Son sermon a transmis l'espoir « que tous les citoyens, en particulier les politiques, se conforment cette année aux préceptes de paix et cessent leurs discours de haine et d'hostilité, qui contribuent à l'émiettement du pays ». Reconnaissant « l'image obscure que laisse l'année écoulée, qui s'achève sur un absentéisme des responsables et une aggravation des conditions socio-économiques des Libanais », Mgr Bustros a rappelé en même temps que « le Liban est la patrie définitive de tous les Libanais, toutes appartenances communautaires et politiques confondues ». Réaffirmer ce principe, « c'est percevoir l'autre en tant que partenaire pour l'édification du pays et faire fi des acteurs étrangers », a-t-il conclu.
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